Nous ne pouvons pas vous servir toute faite « la stratégie la plus efficace » puisque la commission de concertation n'a pas de critères clairs et objectifs sur lesquels baser son avis.
Ne vous laissez pas décourager mais soyez créatifs, en expérimentant dans le cadre des possibilités reprises ci-dessous. Nous connaissons de nombreuses expériences réussies. L'impact d'une décision dépend d'un bon équilibre entre les points suivants :
1. La nature et la force des arguments
Les arguments de toutes sortes sont autorisés : administrativo-juridiques, technico-urbanistiques, socio-économiques, émotionnels, symboliques, etc. La commission de concertation ne vous interroge pas sur ceux-ci. Elle ne doit pas non plus traiter de manière distincte les différentes remarques et objections, ni y répondre en les acceptant ou en les réfutant de manière motivée.
Bien que tous les arguments soient recevables, l'expérience nous a appris que les arguments juridiquement fondés sont une bonne base. Les autorités bruxelloises considèrent trop souvent l'aménagement du territoire sous un angle juridique plutôt qu'à partir d'une vision créative et globale des besoins, des qualités et des possibilités d'aménagement de l'espace. Une connaissance de base du cadre urbanistique légal en Région bruxelloise est une excellente chose.
2. Le nombre de personnes qui partagent un point de vue
À moins que vous ne soyez une personne influente ou un bon orateur, une réaction individuelle aura moins de force et d'impact qu'une réaction collective.
Essayez de mobiliser un maximum de gens et de les sensibiliser à votre point de vue et à vos arguments. Vous avez plus de chance d'influencer la décision sur un plan ou un projet lorsque vous préparez avec soin vos demandes d'intervention auprès de la commission de concertation, en accord avec un maximum de partenaires. Les réunions d'un comité de quartier sont l'occasion propice de préparer ces interventions. L'influence des habitants sur l'avis de la commission de concertation est relativement importante dans le cadre de projets de moindre ampleur, au niveau local. Le soutien d'associations de défense reconnues, de responsables politiques, d'experts agréés, etc., peut renforcer votre plaidoyer.
3. Moyens supplémentaires pour étayer des objections
Essayez de déployer un large éventail de moyens. Une pétition, une action ludique, un communiqué de presse ou une conférence de presse, etc., sont des possibilités parmi d'autres.
Une lettre à laquelle est jointe une pétition avec un grand nombre de signatures a la valeur d'une seule lettre de réclamation mais peut exercer une pression politique. Lorsque la lettre qui accompagne la pétition mentionne explicitement que tous les signataires désirent être entendus par la commission de concertation, ceux-ci sont tous convoqués. Même si le nombre de personnes peut sembler convaincant, faites tout de même en sorte d'avoir quelque chose à dire. Une action via la presse peut avoir une influence sur l'opinion publique et se répercuter ensuite sur la décision politique et l'avis des membres de la commission de concertation.
4. Le rapport avec la nature et l'ampleur du projet
En tant qu'habitant ou usager du quartier, vous êtes le mieux placé pour juger de la compatibilité du projet avec l'environnement. Efforcez-vous cependant d’inscrire vos objections et vos remarques dans un contexte plus vaste et faites preuve de réalisme.
En règle générale, l'influence des habitants pèse davantage sur l'avis de la commission de concertation pour des petits projets, au niveau local. Mais il est plus aléatoire pour les grands projets, pour lesquels les instances publiques et les promoteurs sont aux commandes. Il est toutefois possible d'obtenir, sous la pression des remarques et des objections, que le projet soit revu ou assorti de conditions.
5. La manière de communiquer un point de vue
La manière la plus efficace d'influer sur l'avis de la commission de concertation est d'expliciter oralement vos remarques et vos objections lors de la réunion de la commission de concertation. Nous avons l'impression qu'une simple réaction écrite a beaucoup moins d'impact.
Quelques points importants à respecter :
Ne tombez pas dans le piège d'une réaction trop négative. Tentez d'avoir un message positif, en faisant référence aux bons projets dans le quartier. Restez nuancé et constructif en faisant des propositions concrètes de changements, d'alternatives, ou en proposant une autre approche.
Regardez plus loin que le bout de votre nez : évitez de défendre un point de vue particulier mais proposez plutôt des positions et des arguments qui défendent un intérêt général et témoignent d'une vision sur l'évolution de votre quartier.
Exprimez vos positions et vos arguments de manière claire et concise. Quantité et qualité ne vont pas toujours de pair. Ciblez les bons arguments et évitez d'évoquer des thèmes extérieurs au débat.
Les membres de la commission de concertation n'ont qu'un temps limité à consacrer à chaque dossier. Ils doivent parfois traiter jusqu'à vingt dossiers par jour. Attendez-vous à ce qu'ils vous demandent d'éviter les redites, sans toutefois vous laisser intimider.
Soyez attentif à une conclusion bien structurée. Rédigez un résumé reprenant les points essentiels de votre argumentation, pour revenir uniquement sur les éléments centraux à la fin de votre exposé. Transmettez cette note de synthèse aux membres de la commission de concertation.
Notre brochure bilingue, téléchargeable gratuitement, reprend quelques exemples de stratégies mises en place par des comités d'habitants bruxellois pour peser sur les décisions politiques : Ook jij maakt de stad. / Participez à la Ville.