Lettre ouverte au Ministre bruxellois de l’Environnement et la Transition climatique Alain Maron et au Ministre-Président Rudi Vervoort Bruxelles,
Monsieur le Ministre Maron, Monsieur le Ministre-Président Vervoort,
Le nouveau Plan de Gestion de l'eau 2022-2027, la troisième édition, est en passe d'être finalisé. Ce plan de gestion, requis par l'Union européenne, vise à définir les lignes directrices qui devraient permettre à Bruxelles d'atteindre les objectifs fixés pour 2027 dans la directive-cadre européenne sur l'eau, c'est-à-dire l'atteinte du bon état des eaux souterraines et de surface. Aujourd'hui, l'état de certains cours d'eau bruxellois n'est toujours pas bon. La Senne et le canal, par exemple, reçoivent fréquemment de l'eau polluée via les trop-pleins des égouts, et ce toute l'année durant. Au total, il s'agit de 10 millions de m3 par an, sans compter les 6 millions de m3 qui passent par les stations d'épuration pour n'y être que sommairement filtrés quand le volume d'eau dépasse la capacité maximale en temps de pluie (pour référence, les deux stations d'épuration traitent à elles deux 125 millions de m3 par an). Ces déversements disproportionnés n'amènent pas seulement quantité de déchets visibles dans le canal et la Senne (plastique, rats morts etc.) mais ils sont surtout néfastes pour la qualité de l'eau. Tous les efforts futurs pour améliorer la biodiversité de ces cours d'eau, citons par exemple la mise à découvert de la Senne au Parc Maximilien, risquent de manquer leur cible si l'utilisation des trop-pleins n'est pas fortement réduite. La ville de Paris a aussi fait face, dans les années 80, à des déversements d'égouts de l'ordre de 15 à 20 millions de m3 par an mais ils ont pu être réduits grâce à de gros investissements et tournent aujourd'hui autour de 1 à 3 millions de m3 par an. Après complétion du projet Austerlitz en 2023, il ne devrait presque plus y avoir de déversements dans la Seine.
Nous demandons une reconnaissance de la gravité de ce problème environnemental à Bruxelles et plus d'ambition politique pour sa résolution. Les interventions planifiées actuellement, telles que la gestion dynamique des bassins d'orage existants, le rehaussement des seuils des trop-pleins et l'installation d'appareils de mesure, sont loin d'être suffisantes pour atteindre les objectifs fixés par la directive-cadre. Aujourd'hui, le discours politique s'oriente vers des mesures de gestion intégrée de l'eau de pluie mais il n'existe pas non plus de plan concret en vue du respect des objectifs mentionnés ci-dessus. Qui plus est, dans des aménagements récents, comme celui de la Place Rogier et de la Place Jourdan, pour n'en citer que deux, rien n'est prévu pour l'eau de pluie qui continue d'être évacuée via les égouts!