Bralcafé: Les arbres dans la ville : le compte rendu

24/03/2022
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Au cours du Bomencafé, notre premier BRALcafé en présentiel de l'année, Amy Philips, Simon de Muynck et Ans Persoons ont présenté les arbres sous différents angles. Les arbres dans la ville : ils sont plus que simplement de la nature et touchent différents aspects de la ville.

Au cours du Bomencafé, notre premier BRALcafé en présentiel de l'année, Amy Philips, Simon de Muynck et Ans Persoons ont présenté les arbres sous différents angles. Les arbres dans la ville : ils sont plus que simplement de la nature et touchent différents aspects de la ville.

Quelles sont les questions que nous prenons en compte ?

Amy Philips, la chercheuse de la VUB et CoNature a commencé par énumérer un certain nombre de points :

  • Les avantages des arbres comprennent leur valeur esthétique, le rafraîchissement qu'ils apportent, la biodiversité qu'ils attirent et maintiennent et le fait que les gens se sentent plus heureux grâce à leur présence. Ces avantages sont communément appelés les "services écosystémiques" et ils font référence aux bienfaits pour les êtres humains.
  • Le projet de recherche CoNature montre que de nombreux bruxellois·es sont favorables à la création d'espaces verts dans leurs quartiers et sous différentes formes. L'option la moins populaire est le parklet, où une place de parking est supprimée. La principale raison étant une crainte liée au manque d’entretien du dispositif. Ce qui est frappant, c'est que les personnes âgées sont particulièrement moins favorables à la plantation d'arbres. La justification du pourquoi ? n’a pas été donnée.
  • Les arbres peuvent également avoir un impact négatif. Par exemple, ils peuvent endommager l'infrastructure qui devra alors être entretenue.
  • Diverses études ont montré que la verdure peut rendre un quartier plus attrayant et donc plus cher. Il est donc nécessaire que le verdissement aille de pair avec une politique bien pensée qui protège les citadins de la flambée des prix des logements.
  • L'espace et les ressources (eau, temps et argent pour l'entretien) sont limités en ville. Cela signifie que nous devons faire des choix. Quel espace et quel investissement accordonsnous aux arbres ?

 

Simon de Muynck du Centre d'Ecologie Urbaine a balancé quatre projets en quinze minutes. Arboriculture Régionale Bruxelloise pour une Résilience Écologique et Solidaire (ARBRES), Carbone (Recircularisation des déchets végétaux bruxellois), Sonian Wood Coop et INEG sur l'inégalité environnementale à Bruxelles. Simon a survolé sa présentation, nous vous recommandons de la lire en entier car ça vaut vraiment la peine.

  • La variété des arbres fruitiers dans l'arrièrepays bruxellois est très faible.  Cette tendance se manifeste également au niveau de Bruxelles et de la Belgique. Un manque de diversité n'affaiblit pas seulement le patrimoine génétique. Une trop faible diversité affecte également la résilience et la capacité d'adaptation des plantes pour faire face aux maladies ou au changement climatique. Et cela menace la sécurité alimentaire à Bruxelles. Le projet ARBRES vise à accroître la sécurité alimentaire en plantant des arbres adaptés à la pollution des sols et fournissant certains services écosystémiques, et dont la gestion est adaptée au contexte local bruxellois.
  • Aujourd'hui, les déchets verts ménagers, municipaux et régionaux quittent la Région de BruxellesCapitale et sont traités comme des déchets. Il est nécessaire d'opérer un changement pour qu'il ne soit plus considéré comme un déchet. En limitant le nombre de kilomètres parcourus, nous pouvons réduire les coûts financiers et environnementaux. Aujourd'hui, nous n'avons aucune idée de l'évolution de ce processus une fois que les déchets auront quitté la région. La qualité du flux de déchets doit également être améliorée. Par exemple, il y a aujourd'hui beaucoup de microplastiques dans les déchets naturels. Cela est dû, par exemple, au fait que le sac orange se mélange aux déchets organiques "propres". La distribution de copeaux de bois par municipalité serait une bonne idée.
  • Dans un passé récent, la Région a vendu d'importants volumes de bois (de hêtre) de la forêt de Soignes à la Chine et au reste de l'Asie. La coopérative Sonian Wood remet en question ce modèle mondial. La coopérative souhaite utiliser cette richesse naturelle bruxelloise de manière locale et durable.
  • Il existe un lien étroit entre les inégalités sociales et la nature en ville. La comparaison entre le revenu des habitant·es de Bruxelles et les problèmes environnementaux donne lieu à des résultats intéressants. Par exemple, les habitant·es aux revenus les plus faibles souffrent le plus des conséquences négatives de la crise climatique et ont en même temps le moins accès à la verdure. À Forest, par exemple, on constate que les îlots de chaleur se trouvent principalement dans les parties les plus pauvres de la commune.

Ans Persoons souligne un certain nombre de lacunes qu'elle rencontre dans son travail d'échevine du Développement urbain et d’espaces publiques.

  • Les arbres ont des racines et ces racines ont besoin d'espace. Afin de mieux connaître les possibilités de plantation d'arbres, la Ville de Bruxelles travaille à une cartographie du soussol. Cela est dû au fait qu'il est rempli d’impétrants qui n'ont pas été disposés de manière structurée. L'idée est de planter un arbre partout là où ils le peuvent. Toutes les communes devraient disposer d'une telle carte, estime le BRAL.
  • Lorsque la ville de Bruxelles se penche sur le réaménagement des espaces publics, elle commence depuis peu par une étude phytosanitaire. Il s'agit d'une étude des arbres existants pour voir s'ils peuvent être conservés. Ils sont arrivés à la conclusion, par exemple, qu'il n'y avait aucune raison de couper les arbres de la place de Ninove.
  • La ville mène également une étude ambitieuse visant à utiliser une partie du tube de béton souterrain de la Jonction NordSud comme tampon face aux eaux de pluie qui descendent de la ville haute. De cette façon, une partie de l'avenue Pacheco pourrait être réaménagée en une zone d'infiltration humide allongée, avec des plantes et des arbres. Cela réduirait la quantité d’eau de pluie évacuée par les égouts.
  • Les valeurs historiques et l'importance des arbres sont souvent en conflit. Par exemple, l'étude historique de la Place de la Liberté montre qu'il n'y avait aucun arbre à cet endroit il y a 100 ans. La commission des monuments et des sites a alors émis l'avis contraignant (!) - qu'ils devaient être retirés. 
  • Les arbres ne doivent pas obstruer la vue des bâtiments historiques. Mais il y a des bâtiments historiques un peu partout dans le centre de Bruxelles. Il est donc de facto difficile de planter des arbres à de nombreux endroits.
  • N'y at-il pas lieu de prévoir des règles imposées par la Région pour encadrer la plantation d'arbres par les municipalités ? Et pour partager les connaissances sur les plantes qui prospèrent ?

Réflexions

Selon Ans Persoons, le vent a tourné et le changement de mentalité des politiques a commencé à prendre en compte le changement climatique et ses conséquences. L'étude phytosanitaire, la connexion ferroviaire comme tampon d'eau et la cartographie souterraine sont certainement des pas dans la bonne direction ! Mais notre public reste sur sa faim.

Les décideurs politiques prennent-ils le changement climatique suffisamment au sérieux et le considèrent-ils comme une question urgente ? Tout ne se passe-t-il pas trop lentement ? Où en est le partage des connaissances et des bonnes pratiques au niveau municipal et régional, par exemple sur le type d'arbres à planter à tel ou tel endroit ? Où est la coordination entre les différents services pour réguler les flux de déchets - ou mieux, la coordination pour transformer les déchets en une ressource pour les jardins locaux ?

Il est clair que notre public ne veut pas seulement continuer à planter des arbres, mais qu'il a envie de planter des graines à plus grande échelle.

Enfin, tous les membres du panel partagent le point de vue selon lequel il est indispensable de rendre un quartier plus agréable et plus vert. Tout le monde profite d'une ville plus verte. En particulier les habitants des zones densément bâties de la ville qui n'ont pas de jardin. Mais cela signifie que des interventions sont nécessaires pour contrer la hausse des prix de l'immobilier. De quoi alimenter une autre discussion !