Picnic The Bridge
A la Porte de Flandre, frontière entre Bruxelles et Molenbeek, le trafic automobile règne en maître comme jamais auparavant. Gros point noir avec une énorme pression automobile, de l'agressivité au volant, une qualité de l'air médiocre, de la pollution sonore et d'autres problèmes. Des résidents, commerçants, associations de quartier et mouvements de citoyens tirent tous la sonnette d'alarme.
A la Porte de Flandre, frontière entre Bruxelles et Molenbeek, le trafic automobile règne en maître comme jamais auparavant. Gros point noir avec une énorme pression automobile, de l'agressivité au volant, une qualité de l'air médiocre, de la pollution sonore et d'autres problèmes. Des résidents, commerçants, associations de quartier et mouvements de citoyens tirent tous la sonnette d'alarme.
Petit à petit, Bruxelles revit. La Voiture Reine fait lentement place aux piétons et aux cyclistes, aux personnes âgées assises sur des bancs et aux enfants jouant dans les rues. Ces changements nous enchantent mais Bruxelles compte encore trop de points noirs. Ce sont des endroits dans la ville où nous constatons, depuis des années, que l'insécurité routière est élevée et qui attendent, depuis des années également, une <intervention profonde. Récemment, l'enquête citoyenne CurieuzenAir a montré que c'est précisément autour de ces points noirs que la qualité de l'air est inacceptable.
La Porte de Flandre, frontière entre Bruxelles et Molenbeek, est l'un de ces points noirs. La qualité de l'air y est parmi les pires de Bruxelles. La petite ceinture, la rue Dansaert et la chaussée de Gand y déversent un flot de voitures continu. Les bus font la file entre les voitures. Les piétons et les cyclistes sont amassés sur des trottoirs et passages cloutés bien trop étroits. Ils bravent le flux de la circulation au péril de leur vie. Les trams frôlent les écoliers qui traversent.
Aux points noirs s'ajoute une problématique sociale. Cette pression automobile particulièrement élevée se situe justement dans des quartiers où plus de la moitié des habitants ne possèdent pas de voiture. La zone du canal est également une zone résidentielle à forte densité, avec une population jeune vivant dans des logements souvent exigus. Cette forte densité de population engendre un besoin important en espaces publics verts, alors qu'au contraire les rues sont dominées par les voitures et l'asphalte. Les nuisances sonores y sont en conséquence élevées. Et le manque affligeant d'arbres et de plantes provoque du stress et des températures extrêmes en été.
Au milieu de cette circulation intense, on en oublierait presque que la Porte de Flandre est un nœud vivant de commerce, de divertissement, de culture et d’écoles. Autour du pont, les mondes de Bruxelles et de Molenbeek fusionnent à merveille. Des centaines d'élèves vont à l'école à proximité immédiate du pont. La dynamique de la chaussée de Gand et du quartier Dansaert dépasse de loin l'échelle du quartier. De nombreuses initiatives, déjà existantes et nouvelles, autour du canal attirent des personnes de tout horizon. Il est clair que c'est un quartier vivant.
L'utilisation de la Porte de Flandre comme caniveau à voitures est d'autant plus remarquable à la lumière de l’ambition des futurs plans pour la zone du canal. Après des années d'abandon, les anciens quartiers industriels situés le long du canal sont dans le collimateur de développeurs immobiliers et de spéculateurs. De grands projets de construction avec des parkings souterrains sont dans les cartons. Faut-il vraiment attendre que la gentrification fasse son œuvre pour investir dans un espace public de qualité pour tous ? La population jeune et super-diverse de la zone du canal n'a-t-elle pas droit à un partage équitable de l’espace public ?
Enfin, dans le cadre du plan de mobilité régional GoodMove, aucun changement n’est prévu pour la Porte de Flandre. Il est plus que nécessaire de regarder la petite ceinture autrement, de la gare du Midi jusqu'à Sainctelette : non plus comme un déversoir de trafic de transit mais comme un boulevard urbain à la mesure des quartiers populaires avoisinants. Parallèlement, les chaussées pourraient être réorganisées en rues résidentielles et commerçantes apaisées. Le succès de la - beaucoup trop étroite - voie piétonne et cyclable du côté de Molenbeek montre que les deux côtés du canal doivent être pensés conjointement.
"Une touche de désobéissance civile est plus que justifiée en réponse à cette léthargie irresponsable", écrivait Philippe Van Parijs en 2012. Ainsi il donna le coup d'envoi de "Picnic The Streets", une série de pique-niques qui ont bloqué la circulation motorisée sur le boulevard Anspach. Le message de l'époque était clair : si les politiciens ne prennent pas la mesure des problèmes métropolitains, les citoyens doivent passer à l’action. Le reste appartient à l'histoire. Une artère de circulation surchargée a été transformée en une zone piétonne au moins aussi vivante et colorée que la digue de Blankenberge.
Actuellement, la Porte de Flandre est le symbole grandeur nature de l'insupportable lenteur de la politique bruxelloise. La commémoration du premier pique-nique sur la place de la Bourse, il y a exactement 10 ans, est le coup d'envoi approprié d'une nouvelle saison de désobéissance joyeuse. Aujourd'hui, il n'y a plus d'excuse pour le manque total de vision et la réticence à agir. Avec un pique-nique sur le pont de la Porte de Flandre, nous transformons le chaos quotidien de la circulation en un rassemblement festif. En 2022, l'ère de la Voiture Reine est terminée.
Sortez votre nappe de pique-nique du placard.
Picnic The Bridge, dimanche 12 juin, 14h à la Porte de Flandre