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Photo: Inter-Environnement Bruxelles

Benjamin du BRAL a réagi à l’enquête publique du Rempart des Moines. L'état vétuste des ensembles de logements sociaux en bordure de la Rue du Rempart des Moines représente une réelle occasion pour la Région, la Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois d’offrir du logement social et des équipements de qualité, et de rendre les espaces verts ouverts et la mobilité plus durable. Le projet dans son état actuel ne répond pas à ces défis et empire une situation déjà critique de par l’inaction politique au fil des années. Voici notre réaction.

L'état vétuste des ensembles de logements sociaux en bordure de la Rue du Rempart des Moines représente une réelle occasion pour la Région, la Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois de répondre à de nombreux enjeux essentiels de la ville de demain : logement social de qualité, espaces verts ouverts et agréables et une offre d’équipements répondant aux besoins d’une population mixte. Le projet dans son état actuel ne répond pas à ces défis et empire une situation déjà critique de par l’inaction politique au fil des années.  

Non à une réduction de la qualité et de la quantité d’espace public ouvert  

L’adage “le bâtiment le plus vert est celui qui existe déjà” n'est dans ce cas-ci plus valable étant donné le très mauvais état des cinq tours. Nous nous étonnons cependant du manque de considération de l’existant pour la conception de ce projet.

L’aménagement passé de la zone concernée par le permis rappelle évidemment celle des ensembles de logements d’après-guerre en deuxième couronne bruxelloise. Loin d’être idéale, elle permet néanmoins une réelle ouverture de la zone sur le quartier et la création de nombreuses possibilités d’espaces publics ouverts entre les tours comme elles ne sont pas bâties à front de rue. La situation projetée sera construite majoritairement à front de rue (Ilot Sud, Ilot Nord, Ilot Central) et marquera un changement important par rapport à la situation existante. Les développements à front de rue viendront bloquer les perspectives des riverains et réduira la quantité d’espace public.  

Outre l’espace public ouvert diminué, un tour rapide sur Google Street View permet de voir à quel point les plans du demandeur viendront gêner les riverains et écraser l’existant. Par exemple, la portion de la Rue du Rempart des Moines n°96-114 sera fortement impactée par l’Ilot Sud : ces maisons mitoyennes de gabarit R+1 feront face à un bâtiment R+5 à une distance de moins de dix mètres. La photo ci-dessous (prise à partir de la rue Notre-Dame-du-Sommeil en regardant vers le nord de la rue du Rempart des Moines) permet d’imaginer la situation. 

Mobilité

Des décisions en matière de mobilité ont été prises sans que le nouveau plan de mobilité annoncé par la Ville de Bruxelles soit clair. Il est donc très difficile pour les bruxellois·es de réagir à ces plans. Comment pouvons-nous évaluer l'impact des mesures actuelles si nous ne savons pas quel sera le futur plan de mobilité pour les rues environnantes et le Pentagone en général ?  

Le rapport d'incidences lui-même indique que le trafic automobile va augmenter, mais sous-estime ensuite l'impact de ce trafic sur le quartier. Les riverains indiquent déjà que la circulation aux alentours de la rue du Rempart des Moines est régulièrement bloquée, et l'impact de ce trafic motorisé sur la qualité de l'air et la qualité de vie dans le quartier est important. Nous ne sommes donc pas d'accord avec la conclusion du rapport d'incidences selon laquelle le plan proposé n'aura pas d'impact significatif sur le trafic automobile dans le quartier, malgré une augmentation de la circulation. Nous nous référons également aux récentes mesures de la pollution atmosphérique (NO2) effectuées par Les Chercheurs d'Air, qui montrent clairement que l'impact du trafic motorisé sur la qualité de l'air (et donc sur la santé publique) dans le Pentagone est particulièrement important.

En matière de stationnement, le projet choisit de construire des parkings souterrains (176 places supplémentaires), qui sera également source de beaucoup de trafic. En même temps, nous voyons peu d'attention dans ce projet encourageant la mobilité partagée. Par exemple, le nombre de places de stationnement privées pourrait être réduit au profit de places partagées, ce qui en réduirait le nombre total.   

Un aspect positif du plan est la décision de prévoir davantage de parkings à vélos sur et autour du site. Il s'agit en effet d'un choix nécessaire et important. La manière dont la circulation des vélos sera organisée à l'intérieur et à l'extérieur du site reste cependant très floue. Comme nous l'avons déjà mentionné, une grande partie de l'espace ouvert est supprimée, et les cyclistes et les piétons auront encore moins d'espace à se partager avec la circulation automobile.   

Logement sociale

Outre les qualités spatiales du projet, il y a bien sûr une question importante : pour qui concevons-nous ce quartier ? Qui y vivra ? Nous regrettons les choix faits pour réduire aussi drastiquement le nombre de logements sociaux dans le centre-ville. Les choix qui sont faits aujourd'hui réduisent la qualité de l'espace public et l'offre de logements abordables pour les personnes à faibles revenus. Cela rend l'ensemble non durable et non social.   

Dans une ville ou presque 50.000 ménages sont sur les listes d’attente de logements sociaux, est-ce qu’il existe une situation maximaliste de tels logements ? Si certains des logements dans l’ensemble de tours sont aujourd’hui vides, c’est parce qu’ils sont insalubres et ne permettent plus d’abriter des familles dans le besoin. Ce n’est pas dû à une demande absente.  

Nous applaudissons la volonté d’améliorer la qualité du logement en bâtissant une nouvelle offre moderne et qualitative mais nous exigeons que le nombre de logements sociaux ne diminue pas. Où seront relogés les personnes qui auraient pu bénéficier d’un des 112 logements sociaux transformés en logement moyen ? Le foncier public est une denrée rare à Bruxelles et il faut profiter de celui-ci lorsqu’il est idéalement situé plutôt que de systématiquement envoyer les bénéficiaires en 2ème couronne, à Neder-Over-Heembeek ou à Haren, par exemple.  

Pourquoi ne pas partir de l’existant ? 

Le dossier de la Rue du Rempart des moines est une belle leçon pour la Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois. La démolition-reconstruction des cinq tours aurait-elle été évitable si ces ensembles avaient été rénovés depuis les années 60 ? C’est possible.   

Au BRAL nous poussons pour une considération de l’existant, même lorsque les aménagements passés sont imparfaits. Ce grand site ouvert a certaines qualités qui auraient pu et dû servir de base pour l’aménagement futur de la zone des cinq blocs. Outre les bâtiments qui ne sont pour la plupart plus vivables, le site possède deux ensembles de qualité : son patrimoine arboré, riche de nombreuses décennies d’évolution et une salle de sport pour le quartier. 

67 arbres, dont cinq classés comme remarquables, seront abattus. N'est-il pas possible d’imaginer un ilot tenant compte de ce patrimoine arboré exceptionnel en plein centre-ville ? La fraicheur qu’ils permettent pour les humains et le refuge qu’ils offrent à la biodiversité urbaine n’est pas facilement reproductible, même en replantant 174 nouveaux arbres. 

L’article du Bruzz pointe du doigt l’apport cette fraîcheur autour des cinq blocs. Le remplacement d’espaces ouverts publics par des espaces verts privatifs et le cloisonnement du périmètre par la construction à front de rue ne permettra pas aux riverains de se rafraîchir lors d’épisodes de forte chaleur.   

La salle de sport construite en 2002, dans le cadre du Contrat de Quartier Rempart des Moines, sera intégralement démolie et reconstruite quelques mètres plus loin. N’était-il pas possible d’intégrer un bâtiment récent et fonctionnel dans les plans d’aménagements futurs ? Quelles sont les dispositions légales lorsqu’une commune démolit un bâtiment financé en grande partie par une convention régionale ?   

A lire les avis envoyés par les riverains et les associations et les propos recueillis dans le Bruzz, on se demande si les premiers concernés ont été consultés en amont. Dans quels types d’espaces privés et publics les habitant·es des logements sociaux voudraient-ils vivre ? Puisque la présence de logements sociaux ne dérange pas les riverains, comment voient-ils et elles leur cohabitation avec ce public fragile et mixte dans une zone qui se doit de rester dense ?   

Le réaménagement et la reconstruction de la zone nous donnent l’impression que les porteurs du projet sont passés à côté d’une belle opportunité de co-construire la ville de manière inclusive, durable et agréable. Puisque le permis n’est pas encore passé, nous espérons que la Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois prendront les commentaires constructifs en compte et se rendra compte de l’impératif de ne pas remplacer des logements sociaux par du logement moyen dans un quartier qui change rapidement et qui a besoin de conserver une population diversifiée. 

Benjamin Delori

Ce week-end, vous avez pu lire Tim du BRAL dans Le Métro sur la ventilation dans ... le métro : « On sait tous que dans des endroits fermés comme le métro, les particules fines ne peuvent pas être facilement évacuées. Cela présente donc un risque plus élevé de pollution. » Mais pas partout ! « J’ai fai des mesures à la station Saint-Guidon à Anderlecht et il n’y avait aucun problème et aucune différence par rapport à l’extérieur. Tout dépend de la manière dont l'air circule dans la station ». Nous espérons que les nouvelles stations de Bruxelles tiendront au moins compte de ce besoin d'air pur et auront des systèmes d’aération et de purification. Lisez l’article complet en annexe.

Tout comme notre lettre ouverte de l'année dernière, nous appelons les Ministres bruxellois.es à plus d'ambition pour s'attaquer au problème des rejets d'eaux usées et respecter la directive-cadre européenne sur l'eau en 2027. La réponse que nous avons reçue l'année dernière était plutôt décevante et n'indiquait pas que la problématique allait être attaquée d’une manière ambitieuse. Cette année, ils et elles recevront trois fois le plan de gestion des eaux 2022-2027 pour lecture avant son approbation. Avec tous les cosignataires, nous espérons que cet appel agira comme un stimulant supplémentaire pour faire approuver par le Parlement un plan ambitieux, assorti d'un budget ambitieux, dans le but d'empêcher tout rejet d'eaux usées.

Lettre ouverte au Ministre bruxellois de l'Environnement et du Climat Alain Maron et au Ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale Rudi Vervoort

Bruxelles, 2 mars 2022

Sujet : Déversements d’eaux usées dans les cours d’eau bruxellois

Monsieur le Ministre Maron, Monsieur le Ministre-président Vervoort,

Le Plan de Gestion de L’eau 2022-2027 vient d’être envoyé en première lecture au Parlement. Ce plan déterminera la santé des cours d’eau bruxellois dans un avenir proche. Il devrait avoir pour but de définir les lignes directrices qui permettront à Bruxelles d’atteindre les objectifs fixés pour 2027 dans la directive-cadre européenne sur l’eau de 2000, c’est-à-dire un bon état des eaux souterraines et de surface. Il y a exactement un an, nous vous avons envoyé une première lettre ouverte pour déplorer le manque d’ambition. Nous n’avons pas trouvé votre réponse satisfaisante. 21 ans après l’adoption de la directive-cadre et après 12 ans de plans de gestion de l’eau, la situation des cours d'eau bruxellois (Senne et canal) n'est toujours pas bonne et ce ne sera, il semble, toujours pas le cas d’ici 2027.

En 2021, on a comptabilisé 19 jours avec des déversements d’eaux usées dans le canal et 100 jours dans la Senne pour le trop-plein Paruck à Sainctelette. Pour celui de Maelbeek, on a comptabilisé 33 jours avec des déversements dans la Senne, et ce, après les travaux d’optimisation du déversoir en question. Ces deux déversoirs, ainsi que toute une série d'autres déversoirs à Bruxelles, entraînent chaque année le déversement de 10 millions de m3 d'eaux usées directement dans nos cours d'eau, auxquels s'ajoutent 6 millions de m3 d'eaux usées à peine épurées, car les stations d'épuration ne peuvent pas traiter toutes les eaux usées par temps de forte pluie. Le rehaussement de certains seuils de débordement permet de diminuer les déversements directs mais n’augmente-t-il pas le volume d’eaux usées non traitées par la station d’épuration ? En conséquence, nos cours d'eau restent pollués et de nombreuses formes de vie n'ont aucune chance de s'y épanouir. D'où cette lettre-vidéo ouverte.

Les Plans de Gestion de l'Eau 2009-2015 et 2016-2021 ont été approuvés par le Parlement sans prévoir de budget ou personnel supplémentaire pour mettre en oeuvre les mesures prescrites, en dehors du budget de fonctionnement normal des différents acteurs. Cela semble peu ambitieux ; une équipe de rameurs ne peut pas non plus atteindre la ligne d'arrivée d'une course sans rames. Le Plan de Gestion de l'Eau 2016-2021 calculait que 5 à 9 milliards d'euros seraient nécessaires pour le programme de mesures maximaliste afin d'atteindre les objectifs de la directive-cadre européenne, et 1,5 à 3 milliards d'euros pour le programme de mesures efficace. Pouvez-vous nous dire quel budget a effectivement été dépensé au cours de cette période et pour quelles mesures ?

Les exemples de villes ambitieuses sur ce plan ne manquent pourtant pas. Paris est en train de mettre la touche finale à sa nouvelle infrastructure pour atteindre l'objectif de zéro débordement d'égout dans la Seine d'ici 2023. Londres construit actuellement son "super" égout sous la ville pour épargner la Tamise d'ici 2024 et Copenhague travaille à son Cloudburst Management Plan pour un coût d'investissement de 1,2 milliard d'euros depuis 2016. Paris et Londres ont opté pour des solutions traditionnelles telles que des égouts, des tunnels et des bassins d’orage. Copenhague a opté pour un mélange de solutions de gestion de l'eau traditionnelles et intégrées. Le plan est composé de 300 projets différents répartis dans toute la ville. Certains donnent une visibilité à l’eau de pluie dans les rues, d’autres visent à créer des espaces publics qualitatifs à double fonction (par temps sec ou pluvieux). Cette approche apportera à la ville une valeur ajoutée socio-économique estimée à 600 millions d'euros au cours des 100 prochaines années. Ce sont là quelques exemples de villes qui ont élaboré des plans concrets, tournés vers l'avenir et avec un budget important, pour faire face au problème environnemental des débordements d'égouts et des inondations.

Les Plans de Gestion de l’Eau de Bruxelles sont très utiles mais ils contiennent plutôt des recommandations générales. Les interventions planifiées actuellement, telles que le rehaussement des seuils des déversoirs d'orage et l'installation d'appareils de mesure pour un monitoring amélioré, une gestion dynamique des bassins d'orage existants, une récupération des déchets flottants, bien qu'importants, sont loin d'être suffisantes pour atteindre les objectifs fixés par la directive-cadre. Aujourd'hui, le discours politique s'oriente vers des mesures de gestion intégrée de l'eau de pluie, ce qui est une bonne chose, mais il n'existe pas non plus de plan concret en vue du respect des objectifs mentionnés ci-dessus. Bruxelles a besoin d'un plan concret avec des objectifs ambitieux, un calendrier précis et un budget spécifique, qui inclue tous les acteurs et tous les niveaux d'autorité pour éviter les débordements d'égouts et les inondations. Le Plan de Gestion de l'Eau peut certainement servir de point de départ mais il faut faire une projection pour les 100 ans à venir afin de tenir compte du changement climatique et de l'intensification des pluies. Comme à Copenhague, cela nécessitera probablement un mélange de solutions de gestion de l'eau traditionnelles et intégrées, telles que le réaménagement de places, de rues et de parcs ainsi que la déconnexion des maisons et des bâtiments du réseau d'égouts pour les eaux de pluie.

Ce plan devra bien sûr être financé mais les dépenses qu’il nécessite aujourd’hui permettront de réduire d’autres dépenses demain. À ce sujet, pourriez-vous nous communiquer :

  • Le coût du vieillissement prématuré et des dommages causés aux canalisations d'égout par les eaux de pluie par rapport à celui des égouts qui ne traitent que le débit stable des eaux usées et qui ne sont jamais remplis à pleine capacité.
  • Le coût des travaux d'entretien, de dragage et d’autres travaux liés à la réparation de l’infrastructure pour les égouts et les cours d'eau à la suite des débordements.
  • Le coût supplémentaire au niveau des stations d'épuration causé par le traitement de grand volume d'eau de pluie et de ruisseaux, et par l’efficacité diminuée des installations (due aux différents degrés de dilution des pollutions et à l’inconstance des volumes à traiter); par temps sec, la moitié des eaux qui entrent dans les stations d'épuration sont des eaux parasites.
  • Le coût financier des dommages causés à la nature, comme la perte de biodiversité due aux débordements des égouts.
  • Le coût financier en termes de perte de qualité de vie, de santé physique et mentale, et de bien-être social et économique des Bruxellois en raison de l'absence de cours d'eau sains.
  • Le coût estimé des inondations pour les 100 prochaines années, en tenant compte des effets du changement climatique, si aucune modification n’était apportée aux infrastructures.

Malgré les efforts réalisés ces dernières années, Bruxelles garde un retard historique important par rapport à d’autres villes européennes, sur le plan de la gestion des eaux usées et des eaux de pluie, et dans sa relation à l’eau. Jusqu'en 2007, la plupart des eaux usées étaient déversées directement dans la Senne sans aucun traitement, et aujourd'hui, de nombreux Bruxellois ne savent même pas qu'une rivière traverse leur ville. Cette année, le Plan de Gestion de l'Eau 2022-2027 sera examiné trois fois par le Parlement. C'est l'occasion idéale de fixer des objectifs concrets, un budget et un calendrier ambitieux pour que Bruxelles se conforme à la directive-cadre européenne sur l'eau (sans report ou affaiblissement des objectifs prédéfinis), et surtout pour que les Bruxellois puissent commencer à rêver à des cours d'eau sains, riches en nature et biodiversité.

Nous espérons que vous accuserez bonne réception de cette lettre ouverte. Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions d'agréer l'expression de nos sentiments les meilleurs.

 

Signé par :

  • Canal It Up
  • Etats Généraux de l'Eau à Bruxelles
  • Brusseau
  • WWF
  • BRAL
  • Bond Beter Leefmilieu
  • Inter Environnement Bruxelles
  • Natuurpunt Brussel
  • Natagora Bruxelles
  • Pool Is Cool
  • Goodplanet Belgium
  • Parlement des Jeunes de l'Escaut
  • Jeunes et Nature
  • Bruxelles Nature asbl
  • Centre d'Ecologie Urbaine
  • Jane Goodall Institute Belgium
  • Surfrider Foundation
  • Sea Shepherd
  • Buûmplanters
  • Cercle des Régats de Bruxelles Kayak
  • Union Nautique de Bruxelles
  • Roodbaard
  • Less Beton
  • Les Visites de Mon Voisin 

Depuis mai 2017, la coopérative vélogistique Molenbike propose ses services de livraison aux entreprises et administrations bruxelloises.

D'ici fin mars (avant le 31/03/2022 pour être précis), nous devrons quitter nos locaux dans l'ancien centre de tri postal (projet Tri Postal de Communa ASBL).

Nous sommes donc à la recherche urgente d'un nouveau local (même temporaire) pour stocker nos vélos et notre matériel.

Nous sommes à la recherche d'un espace :

  • qui peut être verrouillé
  • d'au moins 20 à 30m2
  • accessible aux vélos cargo (rez-de-chaussée ou pente)
  • avec de l'électricité (certains vélos sont électriques et notre smartphone a besoin d'être rechargé)
  • dans le pentagone ou en première couronne 
  • coûts minimaux (location et/ou charges)
  • coworking attenant est un plus

Tu connaîs un espace qui répond à nos besoins? Envoi-nous un mail : info@molenbike.be!

Mettons Bruxelles en selle !

Antoine Struelens pour l’ Équipe Molenbike

www.molenbike.be

En octobre 2021, 3.000 Bruxellois.es ont pris part à la plus grande recherche jamais menée sur la qualité de l’air en Région de Bruxelles-Capitale. Sélectionnés sur plus de 5.000 inscriptions, ce sont des particuliers, des familles, des écoles, des entreprises et des associations qui pendant un mois ont mesuré la qualité de l’air dans la région. En effet, tous étaient soucieux de connaitre la qualité de l’air qu’ils respirent dans leur rue, leur quartier, leur ville. Cette curiosité se justifie notamment au regard des recommandations de l’OMS revues à la baisse récemment à la suite de nouvelles découvertes scientifiques.

Le vendredi 18 mars, 6 mois après le début de campagne, l’heure de vérité est arrivée, les résultats vont être dévoilés au public et nous souhaitons vous inviter à vous joindre à nous pour une soirée d'info des résultats CurieuzenAir.

Le BRAL a le plaisir de vous inviter à une soirée d'information de CurieuzenAir dans votre quartier. Lors de cet événement, vous pourrez vous renseigner sur la qualité de l'air dans votre quartier ou votre rue. Vos questions les plus pressantes trouveront une réponse. Et vous pourrez débattre des mesures qui pourraient améliorer la qualité de l'air.

En pratique :

Cette année, BRAL soutient à nouveau le Belgian Housing Action Day. Nous vous invitons à nous rejoindre. Aujourd’hui, plus que jamais, nos revendications restent d’actualité. Ces derniers mois, marqués par la crise sanitaire du COVID-19, ont encore accentué une situation déjà intolérable et si le confinement a bien montré une chose, c’est que le logement est un besoin fondamental. Que nous avons toutes et tous besoin d’un toit, d’un endroit où nous reposer, prendre soin de nous, nous sentir en sécurité, nous sentir chez nous.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de porter nos revendications dans la rue et dans le débat public. Il est temps de mettre le droit au logement à l’agenda. Nous – un collectif d’associations et d’individus – avons décidé de relayer en Belgique l’appel à action européen pour le droit au logement du 27 mars : le Housing Action Day. Voici l'appel complet.

Appel

Se loger est un droit fondamental. Pourtant, aujourd’hui en Belgique, des milliers de personnes dorment dans la rue. Des milliers de personnes n’arrivent pas à payer leur loyer. Des milliers de personnes vivent dans un logement insalubre, ou trop petit, et des milliers d’autres ont PEUR de ne pas trouver à se loger ou à se reloger dans des conditions décentes. Souvent, nous nous sentons seul·e·s et désarmé·e·s devant les difficultés liées au logement, nous avons honte, et pourtant il s’agit bien là d’un problème collectif.

En Belgique comme dans de nombreux pays d’Europe, nous sommes confronté·e·s aux mêmes dynamiques, qui toutes nous appauvrissent, excluent celles et ceux qui n’ont pas assez d’argent et discriminent celles et ceux qui n'ont pas le bon genre, la bonne couleur de peau ou les bons papiers. Nos villes et nos espaces de vie sont vendus, transformés en action boursières. Partout, les loyers augmentent, les prix de vente des appartements et des maisons explosent et nos salaires stagnent. Nous payons donc une part de plus en plus importante de nos revenus pour nous loger. Le nombre de logements sociaux, lui, augmente à peine, voire diminue dans certains endroits. En même temps, nous sommes des milliers à nous être endetté·e·s auprès d’une banque pour devenir propriétaires alors que nous n’en avons pas vraiment les moyens, parce que tout nous pousse vers la propriété privée. Face à cette situation, certains trouvent le squat comme solution. Mais le squat a été rendu illégal, alors qu’il s’agit juste d’occuper des bâtiments que des propriétaires laissent vides ! Dans nos villes, on construit des appartements trop chers, qui font augmenter le prix de tous les logements. On transforme des logements en bureaux ou en appartements de vacances ! Dans nos villes, on change les quartiers, on "rénove" les quartiers populaires, on en fait des espaces rentables : les anciens cafés sont fermés, remplacés par des lieux plus chics, plus branchés. Dans nos villes et nos campagnes, les rares terrains publics sont vendus à des promoteurs privés. Dans nos villes et nos campagnes, nous sommes des milliers à galérer, à nous faire expulser, à louer des appartements trop petits, en mauvais état pour des loyers trop élevés. Partout, nous sommes des milliers à rembourser des crédits hypothécaires illégitimes, à craindre la fin du mois, voire même à louer notre grenier mal isolé à quelqu'un·e de plus pauvre que nous, simplement pour "joindre les deux bouts".
Des familles sont expulsées de chez elles, certaines personnes n’ont pas d’autre choix que la rue.

Nous ne voulons plus tolérer cette injustice et cette violence. Nous résistons et faisons preuve de solidarité. La vente des villes et villages dans l’intérêt de quelques-un·e·s n’est pas une loi de la nature, mais la conséquence de choix, d’un système économique débridé et d’une politique qui semble avoir perdu son sens de la responsabilité sociale. Ensemble, nous pouvons changer cela ! Ces dernières années, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer des politiques de la ville et du logement équitables, la dernière fois pour la Journée européenne d’action le 6 avril 2019 dans presque cinquante villes. Suite à ces mobilisations, à Berlin, iels ont obtenu le gel des loyers ! Nous pouvons également obtenir une victoire en Belgique : nos loyers n’ont pas à augmenter pour des logements vétustes et mal isolés !

Nous, une alliance nationale d’associations et de collectifs actifs dans la santé, la lutte contre la pauvreté, le droit à la ville et le droit au logement exigeons :

  1. Une baisse immédiate et un encadrement des loyers. Le logement n’est pas une marchandise.
  2. La fin des expulsions et un logement pour toutes les personnes sans-abri. Des logements dignes, salubres abordables et adaptés aux besoins des familles et des individus.
  3. La fin des logements vides ! Nous voulons que les sanctions contre les propriétaires qui laissent leurs logements vides en attendant que la valeur de leur bien augmente soient réellement appliquées. La fin de la criminalisation des occupations et du squat ! Nous demandons l’abrogation de la loi anti-squat tout en réfutant l’idée que squatter constitue une solution structurelle. L’immobilisme politique doit cesser.
  4. Une véritable gestion collective de nos logements et de nos lieux de vie, la reconnaissance de droits collectifs pour les locataires. Nous refusons que nos lieux de vie ne soient que le produit d’intérêts privés et de grands investisseurs.
  5. La construction massive de logements sociaux et la rénovation du parc social vétuste. Nous voulons plus de terrains et de bâtiments publics. Nous appelons au développement de coopératives de locataires, et à la gestion collective de nos immeubles. Le logement est trop important pour être laissé aux mains du marché.
  6. Un développement urbain et rural solidaire et écologique ! Un environnement de qualité, une isolation des bâtiments, une garantie d’accès à l’eau et à l’énergie pour toutes et tous.

FOCUS 2022 : "POUR UNE BAISSE DES LOYERS !"

Se loger est la base d’une vie décente.

Le bien-être, la santé physique et mentale, le niveau d’éducation des enfants et l’accès aux droits sociaux sont directement liés à un logement décent.

Avec l'explosion des loyers et les revenus qui augmentent trop peu voire baissent), de plus en plus de ménages se fragilisent, voire basculent dans la précarité car mal-logés. La pression sur les loyers est un problème qui ne touche plus seulement les ménages précaires, elle menace l’ensemble de la population.

En effet, un bien de première nécessité tel que le logement est considéré comme un placement sûr et rentable par les investisseurs. Cette spéculation grandissante sur le marché immobilier entraîne une hausse générale des prix de vente qui rend toujours plus impossible l’accès à un logement décent et abordable. [Notons que parmi les pays de l'OCDE, la Belgique est le pays qui a connu la pire augmentation de la part du coût du logement par rapport aux revenus (x350% pour les 20% des ménages les plus pauvres entre 1988 et 2020 selon l'enquête Eurostat 2020 sur le budget des ménages)].

A cette crise structurelle du logement sont venus s'ajouter la crise économique liée à la pandémie, l'explosion du coût de la vie et particulièrement des prix de l'énergie, ainsi que le drame des inondations qui ont détruit des milliers de foyers en Wallonie.

Le logement est un droit fondamental, et c’est à ce titre que la régulation du marché locatif est un objectif légitime d’intérêt public : le logement n’est pas, et ne devrait pas être considéré comme un bien marchand comme un autre.

Parmi tous les marchés relatifs à l’accès à des biens de première nécessité, le marché locatif est celui qui est sans doute le moins bien régulé. Malgré l’existence de nombreuses normes (salubrité, non-discrimination, PEB, enregistrement du bail,…), le contrôle effectif est absent.

En matière de logement l'intérêt général devrait toujours primer sur l'intérêt privée alors que c'est l'inverse qui se passe de manière flagrante, au détriment des couches sociales les plus précaires Le propriétaire privé est complètement libre de fixer le montant du loyer sans aucune limite. Tout ceci dans un pays où le taux de logements sociaux est excessivement bas.

Les mesures en vigueur pour amadouer les propriétaires bailleurs et les promoteurs montrent leur inefficacité d’année en année. Elles créent très peu de logements abordables, coûtent de l’argent public et accentuent la dynamique d’investissement lucratif qui met la pression sur le marché locatif. Ces mesures sont d’autant plus insensées que les revenus locatifs ne sont pas taxés à hauteur du bénéfice qu’ils procurent.

Il n'est pas normal que les détenteurs de logements à louer considèrent ces biens comme un investissement à faire fructifier, tout en faisant porter les coûts et les risques de leur exploitation sur la collectivité ! Il n'est pas normal que les locataires doivent se saigner pour payer leur loyer !

Il est temps que les pouvoirs publics prennent des mesures pour faire baisser effectivement les loyers et se dote d’un arsenal effectif de contrôle des obligations pesant sur les propriétaires.

Le logement est un droit fondamental, nous exigeons qu’il soit reconnu comme tel. Il devrait être considéré comme un des piliers de la sécurité sociale au même titre que la santé et l’éducation. La marchandisation de nos lieux de vie nous prive de ce droit et nous sommes là pour le défendre.

Venez aussi à la manifestation nationale pour le droit au logement ! Rdv le dimanche 27 mars à 16h place du Jeu de balle à Bruxelles !

 

CurieuzenAir, la plus grande enquête citoyenne jamais réalisée sur la qualité de l'air à Bruxelles, a publié ses résultats aujourd'hui. 3 000 habitants de Bruxelles ont mesuré la concentration de dioxyde d'azote dans l’air en octobre 2021. La carte avec les résultats peut être consultée ici. Le BRAL est un fier partenaire de CurieuzenAir. Pour nous, c'est le point culminant d'années de travail sur la qualité de l'air à Bruxelles. Raf Pauly, coordinateur BRAL, réagit aux résultats de CurieuzenAir.

Enfin, les résultats de CurieuzenAir sont là. Le résultat d'un effort collectif de milliers de Bruxellois et Bruxelloises. Le BRAL est extrêmement fier du travail accompli. Non seulement pour cette campagne, mais aussi pour le combat pour une meilleure qualité de l'air que de nombreux Bruxellois·es ont mené ces dernières années. Bruxelles possède une société civile particulièrement forte et active, et sans leurs années d'efforts pour mettre la qualité de l'air à l'ordre du jour, CurieuzenAir n'aurait pas vu le jour.

Que nous apprennent ces résultats ? Qu'il y a des progrès dans la qualité globale de l'air à Bruxelles. Nous en sommes très heureux. En même temps, il y a encore beaucoup de travail à faire. La carte à points montre une grande disparité à Bruxelles, entre un centre "rouge-jaune" et une périphérie "bleu-vert". Plus on s'éloigne du centre, plus l'air est bon. Nous connaissons trop bien cette représentation des inégalités à Bruxelles. Nous voyons des cartes similaires lorsque nous examinons les inégalités économiques, la qualité du logement, l'accès à des espaces verts de qualité, l'éducation et l'emploi, ... Que cette inégalité si caractéristique de Bruxelles se reflète également dans les résultats de CurieuzenAir n'est donc malheureusement pas surprenant.

La pollution atmosphérique nous affecte tous. Les tubes de mesure sont fixés à un endroit, mais les gens ne restent pas immobiles, bien sûr. Les CurieuzenAirs ont principalement mesuré leur lieu de résidence, mais les gens se déplacent dans la ville pour travailler, faire de l'exercice, se détendre, etc. L'impact de la qualité de l'air sur la santé publique est important pour chaque habitant de Bruxelles. En outre, l'OMS a récemment renforcé les normes relatives au dioxyde d'azote, car il est de plus en plus évident que l'impact sur la santé commence déjà à partir d'une concentration de dioxyde d'azote dans l'air beaucoup plus faible que ce qui était supposé auparavant (10 µg/m³ au lieu de 40 µg/m³). Si l'on prend cette nouvelle norme comme référence, plus de 98 % de la population bruxelloise vit, étudie ou travaille dans un environnement où la qualité de l'air est nocive.

Alors, que faut-il faire ? On sait depuis longtemps que le trafic motorisé est la principale source de pollution par le NO2. La campagne CurieuzenAir montre une fois de plus clairement que la qualité de l'air est la plus mauvaise dans les endroits où la circulation est intense et la ventilation insuffisante : les rues étroites avec de hautes façades (les "canyons de rue"). La bonne nouvelle, c'est que la Région bruxelloise a déjà pris de nombreuses mesures pour améliorer la qualité de l'air dans tout Bruxelles : il existe un plan de mobilité visant à rendre les quartiers plus apaisés (Good Move), et il y a déjà une zone à faibles émissions qui empêche les voitures les plus polluantes d'entrer dans Bruxelles. Cependant, ce plan de mobilité a encore du chemin à parcourir. Il appartient maintenant aux 19 communes de Bruxelles de concevoir des quartiers qui diminuent le trafic de transit et donc réduisent les émissions. Ce processus est ... laborieux. Il existe une proposition d’un péage urbain visant à réduire le trafic automobile total à Bruxelles (Smart Move). Là aussi, les négociations politiques sont difficiles. La zone de faible émission a été mise en œuvre depuis un certain temps, et a certainement un effet. La question est de savoir si tout cela ne peut pas être fait plus rapidement et plus strictement.

Que CurieuzenAir aide donc surtout les Bruxellois.es à faire valoir leurs revendications pour une ville saine et vivable. Quiconque doute du soutien à une politique urbaine ambitieuse peut s'appuyer sur la mobilisation massive des CurieuzenAirs. Le BRAL contribuera à faire avancer la cause ! Vous pouvez nous aider. En influençant la politique, en partageant les connaissances et en bougeant.

- Raf Pauly

PS : Nous sommes heureux·euses de vous inviter à une soirée d'information et de débat gratuite et bilingue sur les résultats. Vérifiez où et quand nous serons près de chez vous et inscrivez-vous sur www.bral.brussels/presentscurieuzenair.

CurieuzenAir est une initiative de l'Université d'Anvers, de BRAL et de l'Université Libre de Bruxelles, en étroite collaboration avec Bloomberg Philanthropies, Leefmilieu Brussel, De Standaard, Le Soir et BRUZZ.

  • Pendant un mois, 3 000 Bruxellois ont cartographié la concentration de dioxyde d'azote dans leur rue, un indicateur clé de la pollution atmosphérique due au trafic.
  • L'ensemble de données unique de CurieuzenAir montre en détail l'impact du trafic, mettant en évidence que les quartiers socio-économiquement vulnérables sont plus susceptibles de souffrir d'une mauvaise qualité de l'air.
  • CurieuzenAir montre que la qualité de l'air à Bruxelles s'est améliorée, mais que l'impact sur la santé reste important
  • Les résultats de CurieuzenAir ne fournissent pas seulement des informations détaillées sur Bruxelles, mais montrent également des modèles et des tendances pertinents pour d'autres villes européennes.

Du 25 septembre au 23 octobre 2021, 3 000 Bruxellois ont participé à CurieuzenAir, la plus grande enquête citoyenne jamais menée sur la qualité de l'air dans notre capitale. Les citoyens scientifiques ont mesuré la concentration de dioxyde d'azote (NO2) dans leur rue pendant un mois à l'aide d'un appareil de mesure placé sur leur façade. Le projet se traduit par un ensemble de données unique qui permet de dresser une carte très détaillée de l'influence du trafic sur la qualité de l'air à Bruxelles. Les résultats vont d'une qualité de l'air "excellente" à une qualité de l'air "extrêmement mauvaise" dans tout Bruxelles, avec un contraste marqué entre les quartiers socio-économiquement vulnérables et les quartiers verts et aisés. Enfin, CurieuzenAir apporte également de bonnes nouvelles : les données montrent que la qualité de l'air à Bruxelles s'est considérablement améliorée ces dernières années.

Des différences significatives et marquantes à travers Bruxelles

Sur la carte interactive à points, chaque point de mesure s'est vu attribuer une couleur correspondant à la valeur mesurée. En observant la carte, il est étonnant de constater que la qualité de l'air diffère fortement d'un quartier à l'autre, et même d'une rue à une autre. Des points bleus (0-15 µg/m3 ; "très bon") à un certain nombre de points noirs (>50 µg/m3 ; "extrêmement mauvais"), l'ensemble des données de CurieuzenAir indique clairement que ces différences s'expliquent par les émissions du trafic bruxellois.

La plus faible concentration de NO2, 6,2 µg/m3, a été mesurée au milieu de la forêt de Soignes, un endroit épargné des émissions du trafic. La plus faible concentration de NO2 dans une zone résidentielle (8,1 µg/m3) a été mesurée sur une façade de la Rue Chant d’Oiseaux à Anderlecht. Il s'agit d'une valeur remarquable pour un environnement urbain, où les valeurs mesurées inférieures à 10 µg/m3 sont généralement moins fréquentes. Cette valeur indique qu'il existe également des zones résidentielles à Bruxelles où la qualité de l'air est très bonne.

À l'autre bout du spectre, il y a aussi des valeurs aberrantes. La valeur de mesure la plus élevée (60,5 µg/m3) a été enregistrée le long du très fréquenté Boulevard de Nieuport, mais certains points de mesure le long du Petit Ring dépassent également la limite de 50 µg/m3. Ces valeurs élevées s'expliquent par la combinaison d'un trafic intense et d'une faible circulation de l'air due aux immeubles de grande hauteur. Olivier Brasseur, expert qualité de l’air à Bruxelles Environnement, explique que : “Les concentrations les plus élevées en dioxyde d'azote sont atteintes dans les sites à trafic dense et amplifiées par un "effet canyon", c'est-à-dire la présence de bâtiments de part et d'autre de la rue qui limite la dispersion des polluants. On constate aussi, et c’est plus surprenant, que les concentrations de NO2 peuvent varier significativement au sein d'une même rue. Cela peut s'expliquer par la configuration de la rue qui peut être plus ou moins ventilée suivant l'endroit considéré.” En outre, la circulation aux carrefours et les embouteillages aux heures de pointe du matin et du soir provoquent une augmentation des émissions et des pics élevés. Cela se traduit par des points rouges et violets sur la carte à points de CurieuzenAir.

Le télétravail et un parc automobile plus propre contribuent à améliorer la qualité de l'air

Grâce au grand volume de données récoltées, Curieuzenair peut estimer l'exposition au NO2 de toute la population de Bruxelles. CurieuzenAir a constaté que 1,4% des Bruxellois (17.000 personnes) sont exposés à une qualité de l'air dépassant les 40 µg/m3 des normes européennes de qualité de l'air. En outre, 98,4 % de la population (1 200 000 habitants) vivent ou travaillent dans des zones exposées à une pollution supérieure à la nouvelle valeur seuil de l'Organisation mondiale de la santé, c’est-à-dire supérieure à 10 µg/m3, ce qui montre le large impact de la pollution atmosphérique sur la santé publique de la population.

“Il n'est certainement pas agréable d'apprendre que l'on vit ou travaille dans un endroit rouge”, déclare le professeur Filip Meysman (UAntwerpen), coordinateur de CurieuzenAir. “Mais c'est aussi l'objectif de notre recherche : rendre visible les hotspots de la pollution atmosphérique et faire en sorte que les responsables politiques au niveau local puissent améliorer la situation du trafic. En revanche, nous sommes surpris de constater qu'il s'agit d'un pourcentage relativement faible. Il y a seulement deux ans, on estimait qu'il était d'environ 10 %, et il y a dix ans, même la moitié de la population bruxelloise était au-dessus de la norme. Les stations de mesure officielles de Bruxelles Environnement montrent la même tendance à la baisse. La qualité de l'air à Bruxelles est donc en nette amélioration.” Les chercheurs voient un certain nombre d'explications importantes à cette récente amélioration. L'effet corona a entraîné du télétravail et donc moins de trafic pendant la période de mesure. Mais le parc automobile de plus en plus propre, l'utilisation accrue de la bicyclette et la zone à basses émissions jouent également un rôle, et ce sont des effets durables. Les données de CurieuzenAir montrent que de telles mesures améliorent effectivement la qualité de vie dans une grande ville. 

Malgré les résultats de mesure encourageants, il faut continuer à agir pour améliorer la qualité de l'air en ville. En septembre 2021, l'Organisation mondiale de la santé a présenté une nouvelle valeur seuil : au-delà de 10 µg/m3, les premiers effets sur la santé sont perceptibles. Il y a matière à réflexion : sur base des données de CurieuzenAir, 98,4 % de la population, soit 1 200 000 Bruxellois, vivent ou travaillent dans des zones exposées à une pollution supérieure à cette norme sanitaire.             

Alain Maron, Ministre bruxellois chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l’Action sociale et de la Santé: “CurieuzenAir est un excellent exemple de l'importance de la science citoyenne. Grâce à tous les citoyen.ne.s qui ont participé au projet, nous avons recueilli des résultats sans précédent sur la pollution atmosphérique à Bruxelles, afin de mieux comprendre ce problème dans notre ville. Si nous constatons que la situation s'améliore doucement, les concentrations mesurées restent encore inacceptables, et appellent à des actions fortes rapidement. Nous devons agir pour que tous les Bruxellois .es, quels que soient leurs revenus et le quartier dans lequel ils vivent, puissent respirer un air pur et sain.”

“Nous savons que l'on ne peut pas gérer ce que l'on ne mesure pas - et ces données et recherches de grande valeur permettront à la Région de Bruxelles-Capitale, à Bruxelles Environnement et à la société civile de lutter contre cette crise de la pollution de l’air ", a déclaré Antha Williams, responsable du programme environnement et climat à Bloomberg Philanthropies. "S'attaquer à la pollution de l'air à Bruxelles permettra de sauver des vies, et profitera particulièrement aux plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées qui sont les plus vulnérables aux effets néfastes d'une mauvaise qualité de l'air.”

Une bonne qualité de l'air, c’est important pour tous les Bruxellois

La base de données CurieuzenAir fournit une image très détaillée de la qualité de l'air dans les différents quartiers de Bruxelles. Les concentrations de NO2 montrent des différences remarquables entre les quartiers, les rues et parfois au sein d'une même rue. Les chercheurs de l'Université libre de Bruxelles ont comparé les données de CurieuzenAir aux caractéristiques socio-économiques des différents quartiers. “Les trois quartiers où la qualité de l'air est la meilleure de la région sont situés à Uccle et les trois quartiers où la concentration de NO2 est la plus élevée se trouvent dans le centre-ville et près de la Peinte Ceinture.” explique Dirk Jacobs, professeur en sociologie à l'ULB.

Les quartiers à forte densité de population ont tendance à être moins bien lotis en termes de qualité de l'air. En outre, il existe un lien évident entre les revenus et la qualité de l'air de là où l'on vit : plus le quartier est pauvre, plus la qualité de l'air est mauvaise. "Ironiquement, cela signifie également que dans les quartiers où le nombre de voitures par ménage est plus faible, la qualité de l'air est tout de même plus mauvaise en raison de l'impact du trafic à proximité.”

“Les résultats de CurieuzenAir montrent que les effets sur la santé des Bruxellois sont inégaux. Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne”, déclare Raf Pauly du BRAL, mouvement urbain bruxellois et co-initiateur de CurieuzenAir. “Mais le résultat du point de mesure dans votre rue n'est pas égal à votre propre exposition quotidienne. Nous ne passons qu'une partie de notre temps à la maison. Les habitants de la périphérie bleu-vert vont également étudier, travailler ou faire des achats dans le Pentagone. Nous avons donc tous intérêt à voir la qualité de l'air à Bruxelles s'améliorer considérablement et nous devons travailler dur pour y parvenir.”

CurieuzenAir est une initiative de l’Université d’Anvers, le BRAL- mouvement citoyen et de l’Université libre de Bruxelles, en étroite collaboration avec Bruxelles Environnement, De Standaard, Le Soir et BRUZZ. Ce programme est soutenu par le Brussels Clean Air Partnership de Bloomberg Philanthropies.

Nous connaissons les résultats de Curieuzenair, nous avons une image claire de la qualité de l'air. Le 25 avril, les citoyen.nes entreront en dialogue avec les politicien.nes. Que peut-on faire pour améliorer la qualité de l'air ? Au niveau régional et local ? Comment le faire de manière sociale ?

Vous pouvez vous inscrire ici.

Depuis sa naissance, début 2020, la plate-forme citoyenne Bas-les-PAD (1) dénonce la nature anti-démocratique et destructrice des PAD, tant sur le plan environnemental que social. Cela, face à un gouvernement qui invoque les bienfaits de la densification pour faire front à l‘évolution démographique bruxelloise et qui n’hésite pas à taxer ceux qui s’opposent de NIMBY! BAS-les-PAD et les associations signataires1 attendent que le gouvernement bruxellois soit en cohérence avec les réalités d’aujourd’hui, avec les attentes des bruxellois.es, avec la nécessité de protéger les espaces naturels en ville et de réaliser des logements sociaux. Puisque la croissance démographique annoncée est désormais divisée par 5, divisons les volumes bâtis des PAD par 5 aussi pour se concentrer sur la réalisation de logements sociaux et laisser la place à la nature en ville.

En 2018, le gouvernement de la Région bruxelloise sort de son chapeau réglementaire le Plan d’Aménagement Directeur (PAD), l’outil magique de régulation pour déréguler. L’objectif affiché : l’urgence à répondre à la croissance accélérée de la population bruxelloise en densifiant certains territoires. Depuis, cette croissance s’est effondrée, passant de 10.000 habitant.es par an à 2.000 selon les prévisions de Statbel élaborées en 2022(2). La crise sanitaire doublée d’une crise environnementale et climatique est passée par là, incitant plus que jamais de nouvelles vagues d'habitant.es à quitter la ville dense pour s’installer en périphérie.

Il est vrai que les projets imaginés par les ministres en charge de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire n’avaient pas de quoi faire rêver les habitants de notre Région de Bruxelles-Capitale : escadrilles de nouvelles tours, construction de logements spéculatifs peu accessibles, densification supplémentaire des quartiers populaires centraux déjà denses et destruction d’espaces naturels remarquables (friche, forêt urbaine, habitats de biodiversité, etc…) au prétexte d’une croissance démographique qui est surtout le fait des plus précaires, lesquels sont incapables de se payer les logements privés planifiés par les PAD.

Ce programme peu convaincant met à mal tant les espaces naturels que l’offre en logement public accessible, deux fonctions dites « faibles » de la ville c‘est-à-dire peu rentables économiquement (3). Elles se trouvent mises en concurrence, dans une logique libérale, avec les fonctions « fortes » que sont le bureau, et depuis quelques années le logement privé. Mise en concurrence renforcée par un marché de l’immobilier de plus en plus financiarisé et déconnecté des besoins réels. Face à ces évolutions, le collectif Bas-les-PAD demande de préserver, voire d’augmenter, les espaces verts en ville et que le foncier public, restant définitivement public, comporte au moins 60 % de logements sociaux. Les PAD visaient à la création de 20.000 nouveaux logements privés et publics confondus mais dont une large majorité était privés. Produisons sur ces terrains 4000 logements sociaux et préservons les espaces de biodiversité tout en travaillant aux mesures permettant le recyclage et la réquisition des espaces vacants pour les affecter à ces fonctions « faibles » mais essentielles à la vie urbaine. Pour Bas-les-PAD et les associations signataires, faire face aux urgences consiste à défendre un aménagement du territoire démocratique soucieux de protéger et de développer les fonctions vitales de la ville, sans avoir à se mesurer toujours aux fonctions marchandes et rentables.

Contacts presse :

ARAU / Marion Alécian, m.alecian@arau.org 0472 542 917
Bas-les-PAD : marco schmitt, marco.schmitt@mar-sch.net 0497 122 770
BRAL  : Steyn Van Assche, steyn@bral.brussels, 0498 132 586
IEB : Claire Scohier, claire.schohier@ieb.be 0473 667 505
Natagora : Amandine, amandine.tiberghien@natagora.be 0476 297 208
RBDH : Werner Van Mieghem, werner@rbdh.be 02 502 84 63

(1) Bas-les-PAD soutenu par l’ARAU, le BRAL, IEB, Natagora et le RBDH.
(2) Selon les chiffres de Statbel de 2022, alors que le nombre d’habitants dans la Région de Bruxelles-Capitale a augmenté en moyenne de 9 000 habitants par an sur la période 1992-2020, cette augmentation est de 2 000 habitants par an sur la période 2021-2070.
(3) Les espaces naturels et le logement social sont des fonctions faibles au même titre que les équipements de la petite enfance, les écoles, certaines activités productives,... lesquels doivent également être prises en considération dans les arbitrages à opérer au sein des priorités de la planification urbaine.

Au cours du Bomencafé, notre premier BRALcafé en présentiel de l'année, Amy Philips, Simon de Muynck et Ans Persoons ont présenté les arbres sous différents angles. Les arbres dans la ville : ils sont plus que simplement de la nature et touchent différents aspects de la ville.

Quelles sont les questions que nous prenons en compte ?

Amy Philips, la chercheuse de la VUB et CoNature a commencé par énumérer un certain nombre de points :

  • Les avantages des arbres comprennent leur valeur esthétique, le rafraîchissement qu'ils apportent, la biodiversité qu'ils attirent et maintiennent et le fait que les gens se sentent plus heureux grâce à leur présence. Ces avantages sont communément appelés les "services écosystémiques" et ils font référence aux bienfaits pour les êtres humains.
  • Le projet de recherche CoNature montre que de nombreux bruxellois·es sont favorables à la création d'espaces verts dans leurs quartiers et sous différentes formes. L'option la moins populaire est le parklet, où une place de parking est supprimée. La principale raison étant une crainte liée au manque d’entretien du dispositif. Ce qui est frappant, c'est que les personnes âgées sont particulièrement moins favorables à la plantation d'arbres. La justification du pourquoi ? n’a pas été donnée.
  • Les arbres peuvent également avoir un impact négatif. Par exemple, ils peuvent endommager l'infrastructure qui devra alors être entretenue.
  • Diverses études ont montré que la verdure peut rendre un quartier plus attrayant et donc plus cher. Il est donc nécessaire que le verdissement aille de pair avec une politique bien pensée qui protège les citadins de la flambée des prix des logements.
  • L'espace et les ressources (eau, temps et argent pour l'entretien) sont limités en ville. Cela signifie que nous devons faire des choix. Quel espace et quel investissement accordonsnous aux arbres ?

 

Simon de Muynck du Centre d'Ecologie Urbaine a balancé quatre projets en quinze minutes. Arboriculture Régionale Bruxelloise pour une Résilience Écologique et Solidaire (ARBRES), Carbone (Recircularisation des déchets végétaux bruxellois), Sonian Wood Coop et INEG sur l'inégalité environnementale à Bruxelles. Simon a survolé sa présentation, nous vous recommandons de la lire en entier car ça vaut vraiment la peine.

  • La variété des arbres fruitiers dans l'arrièrepays bruxellois est très faible.  Cette tendance se manifeste également au niveau de Bruxelles et de la Belgique. Un manque de diversité n'affaiblit pas seulement le patrimoine génétique. Une trop faible diversité affecte également la résilience et la capacité d'adaptation des plantes pour faire face aux maladies ou au changement climatique. Et cela menace la sécurité alimentaire à Bruxelles. Le projet ARBRES vise à accroître la sécurité alimentaire en plantant des arbres adaptés à la pollution des sols et fournissant certains services écosystémiques, et dont la gestion est adaptée au contexte local bruxellois.
  • Aujourd'hui, les déchets verts ménagers, municipaux et régionaux quittent la Région de BruxellesCapitale et sont traités comme des déchets. Il est nécessaire d'opérer un changement pour qu'il ne soit plus considéré comme un déchet. En limitant le nombre de kilomètres parcourus, nous pouvons réduire les coûts financiers et environnementaux. Aujourd'hui, nous n'avons aucune idée de l'évolution de ce processus une fois que les déchets auront quitté la région. La qualité du flux de déchets doit également être améliorée. Par exemple, il y a aujourd'hui beaucoup de microplastiques dans les déchets naturels. Cela est dû, par exemple, au fait que le sac orange se mélange aux déchets organiques "propres". La distribution de copeaux de bois par municipalité serait une bonne idée.
  • Dans un passé récent, la Région a vendu d'importants volumes de bois (de hêtre) de la forêt de Soignes à la Chine et au reste de l'Asie. La coopérative Sonian Wood remet en question ce modèle mondial. La coopérative souhaite utiliser cette richesse naturelle bruxelloise de manière locale et durable.
  • Il existe un lien étroit entre les inégalités sociales et la nature en ville. La comparaison entre le revenu des habitant·es de Bruxelles et les problèmes environnementaux donne lieu à des résultats intéressants. Par exemple, les habitant·es aux revenus les plus faibles souffrent le plus des conséquences négatives de la crise climatique et ont en même temps le moins accès à la verdure. À Forest, par exemple, on constate que les îlots de chaleur se trouvent principalement dans les parties les plus pauvres de la commune.

Ans Persoons souligne un certain nombre de lacunes qu'elle rencontre dans son travail d'échevine du Développement urbain et d’espaces publiques.

  • Les arbres ont des racines et ces racines ont besoin d'espace. Afin de mieux connaître les possibilités de plantation d'arbres, la Ville de Bruxelles travaille à une cartographie du soussol. Cela est dû au fait qu'il est rempli d’impétrants qui n'ont pas été disposés de manière structurée. L'idée est de planter un arbre partout là où ils le peuvent. Toutes les communes devraient disposer d'une telle carte, estime le BRAL.
  • Lorsque la ville de Bruxelles se penche sur le réaménagement des espaces publics, elle commence depuis peu par une étude phytosanitaire. Il s'agit d'une étude des arbres existants pour voir s'ils peuvent être conservés. Ils sont arrivés à la conclusion, par exemple, qu'il n'y avait aucune raison de couper les arbres de la place de Ninove.
  • La ville mène également une étude ambitieuse visant à utiliser une partie du tube de béton souterrain de la Jonction NordSud comme tampon face aux eaux de pluie qui descendent de la ville haute. De cette façon, une partie de l'avenue Pacheco pourrait être réaménagée en une zone d'infiltration humide allongée, avec des plantes et des arbres. Cela réduirait la quantité d’eau de pluie évacuée par les égouts.
  • Les valeurs historiques et l'importance des arbres sont souvent en conflit. Par exemple, l'étude historique de la Place de la Liberté montre qu'il n'y avait aucun arbre à cet endroit il y a 100 ans. La commission des monuments et des sites a alors émis l'avis contraignant (!) - qu'ils devaient être retirés. 
  • Les arbres ne doivent pas obstruer la vue des bâtiments historiques. Mais il y a des bâtiments historiques un peu partout dans le centre de Bruxelles. Il est donc de facto difficile de planter des arbres à de nombreux endroits.
  • N'y at-il pas lieu de prévoir des règles imposées par la Région pour encadrer la plantation d'arbres par les municipalités ? Et pour partager les connaissances sur les plantes qui prospèrent ?

Réflexions

Selon Ans Persoons, le vent a tourné et le changement de mentalité des politiques a commencé à prendre en compte le changement climatique et ses conséquences. L'étude phytosanitaire, la connexion ferroviaire comme tampon d'eau et la cartographie souterraine sont certainement des pas dans la bonne direction ! Mais notre public reste sur sa faim.

Les décideurs politiques prennent-ils le changement climatique suffisamment au sérieux et le considèrent-ils comme une question urgente ? Tout ne se passe-t-il pas trop lentement ? Où en est le partage des connaissances et des bonnes pratiques au niveau municipal et régional, par exemple sur le type d'arbres à planter à tel ou tel endroit ? Où est la coordination entre les différents services pour réguler les flux de déchets - ou mieux, la coordination pour transformer les déchets en une ressource pour les jardins locaux ?

Il est clair que notre public ne veut pas seulement continuer à planter des arbres, mais qu'il a envie de planter des graines à plus grande échelle.

Enfin, tous les membres du panel partagent le point de vue selon lequel il est indispensable de rendre un quartier plus agréable et plus vert. Tout le monde profite d'une ville plus verte. En particulier les habitants des zones densément bâties de la ville qui n'ont pas de jardin. Mais cela signifie que des interventions sont nécessaires pour contrer la hausse des prix de l'immobilier. De quoi alimenter une autre discussion !

Le 12 mars 2022 sera retenu comme la première journée des quartiers populaires à Bruxelles. Au programme : huit balades démarrant de six lieux autour du canal, un repas offert aux participant·es une fois arrivé·es au Centre Communautaire Maritime (CCM) et une après-midi dédiée au partage d’expériences et à l’élaboration de pistes d’actions. Au total, ce sont une petite centaine habitant·es débordant d’énergie, de tous les âges et venant de différents quartiers populaires à Bruxelles qui auront animé cette journée inspirante. Le tout dans une ambiance conviviale et une salle décorée avec des affiches reprenant nombreuses luttes urbaines bruxelloises.

Deux tours à vélo et six balades auront d’abord permis aux groupes de s’imprégner du paysage changeant autour du canal. Loyers exorbitants, nouvelles constructions façon gated communities ou encore du pain à 5€ dans une boulangerie branchée font partie des éléments ayant marqué les esprits. En arrivant au CCM, les participant·es ont imprimé les photos prises lors des balades et indiqué où ils habitaient sur une carte de Bruxelles.
Suite au repas convivial et un premier moment d’échange en petits groupes abordant des questions plutôt générales, nous nous sommes rassemblés en quatre plus grandes tables pour penser concret et par thématique : l’encadrement des loyers, le logement (vraiment) social, la participation citoyenne dans les quartiers populaires et les promoteurs immobiliers. Chaque table a préparé des slogans, dessiné des affiches et a présenté son travail à la salle.

J’y suis, j’y reste – et on continue !

Si chaque quartier fait face à des transformations et des pressions émanant de diverses sources, les ressentis partagés aux tables de discussion se rejoignaient. Les réaménagements prévus et les développements immobiliers (souvent privés et hors de prix) ne correspondent pas à leurs besoins. L’impression d’une ville devenant de plus en plus lisse et un centre-ville destiné aux touristes. Des commerces qui changent de visage et de gamme de prix. Pourtant, l’envie de rester dans les quartiers populaires est forte. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que la plupart des discussions tournaient au tour des questions de logement abordables et décents.

L’énergie débordante ressentie par les associations et les participant·es doit à présent être canalisée en actions concrètes. Il est essentiel de ne pas en rester là et de trouver des méthodes pour s’organiser et mobiliser les troupes. Tout en gardant en tête les actions précédentes qui n’ont pas abouties et éviter de les répéter. Une prochaine journée est prévue après l’été mais la forme qu’elle prendra reste à définir : dans quel commune/quartier l’organiser ? Faut-il interpeller le politique ? Quelles actions mener ?

Au-delà d’une belle collaboration entre 12 associations, cette journée était surtout un moment mêlant émotions, vécus et connaissances du terrain en vue d’activer des habitant·es ne se sentant pas écouté·es. Découvrez le reportage de BX1 en attendant celui d’IEB et Molenzine qui arrivera prochainement.

Belgian Housing Action Day

Cette année, nous concentrons nos revendications autour de la baisse des loyers. Le logement pour les gens, pas pour le profit ! RDV dimanche 27 mars, 16:00, Place du Jeu de Balle. Venez ! https://fb.me/e/1dUTbttxP. Lire l’appel sur www.housing-action-day.be

Benjamin Delori