Articles

Thème

debat vraag publiek

 

Le fossé entre la politique (ceux qui aspirent à un (nouveau) mandat politique) et le public était douloureusement palpable malgré la tentative de mettre les deux sur un pied d'égalité. La nécessité d'un espace de dialogue entre les deux parties est évidente. Mais il est clair qu'il n'existe pas encore de vision commune sur la manière d'aller de l'avant avec l'espace public.

54 bancs symboliques

Après le débat, plus de 300 activistes ont marché avec les 54 bancs fabriqués par leurs soins depuis l'Ancienne Belgique jusqu'à la Place Saint-Cathérine, l'endroit où tout a commencé. Par cette protestation ludique, plusieurs jeunes et organisations ont voulu se réapproprier leur place en redonnant symboliquement aux bancs enlevés leur place parmi les nombreuses terrasses qui occupent désormais l'espace public à Bruxelles. Une atmosphère de solidarité était clairement palpable sur la place.

 

bankjes verplaatsen

 

L'importance de l'espace public apparaît clairement ici, regardez combien nous sommes nombreux. Voilà à quoi devrait ressembler l'espace public.

Maud Boey (27 ans)

 

Après une décennie, juste avant les élections, nous sommes de retour ici. Non pas avec 4, mais avec 54 bancs.

Vincent Van Hoof (28 ans)

 

Le changement vient de la base.

Nel Boeykens (28 ans)

 

Les politiciens doivent prendre la responsabilité de rendre la ville aux habitants. Et cela commence par une répartition équitable de l'espace.

Pepijn Kennis (36 ans)

 

Les bancs que nous plaçons ici ce soir sont plus que de simples bancs. Ils symbolisent un espace public accessible et gratuit où les habitants peuvent se rencontrer. Et c'est aussi ce qui s'est passé ce soir, des gens jouant au football, discutant, se rencontrant sur et autour de ces bancs.

Lieselotte Gevens (28 ans)

 

54 bankjes

 

Les bancs de rêve pour le centre-ville

Une chose particulière s’est déroulée dès ce lundi matin à partir de la place Sainte-Catherine. Les bancs placés là lors de l’action dimanche se sont métamorphosés. Comme s’ils avaient subitement des jambes, ils ont bougé doucement et subtilement à travers les rues avoisinantes. Le vieux marché aux grains, les quais, les abords de l’église, la place du samedi ou encore la place du béguinage ont accueillis des nouveaux compagnons. Par endroits c’était pour tenir compagnie aux bancs existants. Ailleurs c’était la première occurrence d’un banc, du moins depuis un petit temps. Où qu’ils soient placés, quelle que soit l’heure et malgré la météo, les bancs étaient rapidement utilisés dès que le soleil pointait le bout de son nez. Les bancs rendaient service aux jeunes et plus vieux passants par là. Ils remplissaient une fonction trop absente dans le centre, des lieux où le repos, la détente et le loisir étaient possible. Le centre-ville a, le temps de quelques jours, été doté des bancs dont il rêve.

Mission accomplie, alors ?

L'euphorie a été de courte durée, car moins de 70 heures après l'action de dimanche, les bancs ont été brusquement retirés de l'espace public par la ville de Bruxelles. Une fois de plus, les nombreux citoyens concernés et les dizaines d'organisations qui s'étaient investis corps et âme dans l'événement n'ont pas été entendus ....

 

frontal AB
Frontal
stakatak
Stakatak
verwijderde bankjes

 

Park Ouest

Heureusement, il y avait un plan B(anc). Mercredi matin, lors de l'enlèvement des bancs, on a chuchoté aux services de nettoyage de la ville que les bancs pouvaient aller à Park Ouest, au lieu du dépôt. Park Ouest a alors reçu un coup de téléphone de l'échevin autorisé demandant si les bancs pouvaient y être emmenés.

La réponse était oui.

 

Bien que les bancs aient été retirés, l’expérience grandeur nature a porté ses fruits. Nous encourageons la nouvelle majorité qui sera formée à partir du 14 octobre à utiliser cette dynamique pour repenser l’espace public de façon plus conviviale et inclusive.

 

Le 1er septembre, le MR, Les Engagés et le PS ont annoncé le report de deux ans de l’échéance 2025 de la zone à faibles émissions (LEZ) à Bruxelles. La justification ? Donner aux citoyens plus de temps pour s'adapter. Pourtant, ce calendrier est déjà en place depuis ... 2018. En effet, c'est à l’initiative de la ministre de l'Environnement de l'époque, Céline Fremault (Les Engagés - anciennement cdH), il y a deux législatures, que ce calendrier a été fixé. La proposition des trois partis soulève des questions sur l’engagement des responsables politiques à préserver la santé publique.

Car c’est ce calendrier qui est porteur d’espoir pour de nombreux Bruxellois. Particulièrement, pour ceux qui souffrent de troubles respiratoires. Ils rêvent d’une vie où l’on ne serait pas obligé de rester chez soi fréquemment à cause des pics de pollution de l’air. Pour les jeunes enfants et leurs parents qui espèrent une vie sans suie de diesel dans leur corps encore en développement. Mais aussi pour les personnes âgées, qui aimeraient marcher sans que leur nez ne soit tourmenté par des gaz puants. Ou bien encore aux sportifs, qui aimeraient courir sans risquer des réactions inflammatoires dans leurs poumons… Toutes des attentes qui nous sont venues lors de nos pratiques, nos ateliers, notre travail avec les nombreux bruxellois.es victimes de la pollution atmosphérique. S’il se fait, le report annoncé laissera toutes ces personnes sur le carreau. Adieu l’espoir d’un air meilleur. Deux ans, c'est long dans le développement d'un enfant.

Impact LEZ avéré

Certains d’entre eux nous disent qu'ils veulent quitter la ville maintenant. D'autres, vivant souvent dans les quartiers les plus fragilisés de Bruxelles, n'ont pas cette possibilité. Ils subissent déjà un environnement dégradé, et constatent que la ville insalubre redevient une fatalité dans l'esprit de certain.e.s politicien.nes. 

Pourtant, la cohérence politique porte ses fruits. Ces dernières années, la qualité de l'air s'est nettement améliorée à Bruxelles. L'enquête CurieuzenAir1, nous a révélé que certains endroits de la ville respectent désormais les normes de l'Organisation Mondial de la Santé (OMS), un objectif qui paraissait hors d’atteinte avant l’instauration de la LEZ. Une étude des Mutualités Libres2 confirme que la pollution a diminué plus rapidement à Bruxelles que dans d’autres villes comparables, notamment dans les quartiers défavorisés.

Bruxelles est en péril

Néanmoins, le chemin reste long. Les mesures du projet ExpAIR3 montrent que la pollution dépasse encore les normes européennes dans certaines zones, y compris des rues résidentielles comme la rue Piers à Molenbeek, où la population est particulièrement vulnérable. De plus, ces normes doivent être révisées à la baisse. Une nouvelle directive européenne, plus stricte, devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année. Pour le dioxyde d'azote, par exemple, les normes seront réduites de moitié. Si le report de la LEZ est maintenu, Bruxelles risque de ne pas être en conformité avec ces nouvelles exigences en 2030.

Les Bruxellois.es ont le droit de vivre dans une ville où leur santé n'est pas menacée.

En avril dernier, 140 médecins, experts en santé et organisations ont réclamé un renforcement des politiques contre la pollution de l’air, qui est une des formes les plus nocives de nuisances environnementales. Il est donc surprenant et inquiétant de voir ces trois partis choisir une voie contraire. Nous vous demandons de renoncer à ce report et de maintenir une trajectoire claire et ambitieuse. Les exemples internationaux montrent qu'une politique de qualité de l'air a besoin d'un cap ferme et clairement défini. C'est le respect de ce cap ferme, au cours de deux législatures, qui a mis la Région de Bruxelles-Capitale sur un trajet qui mènera au respect à minima des nouvelles normes de l'UE d'ici 2030. Et avec une politique renforcée, même les normes de l'OMS ne sont pas hors de portée. Plutôt que de faire marche arrière, nous vous demandons de vous engager vers cet objectif. Les Bruxellois.es ont le droit de vivre dans une ville où leur santé n'est pas menacée.  

Signataires :

Tim Cassiers (BRAL) 

Xavier Brenez (Mutualités Libres) 

Pierre Dornier (Chercheurs d’air) 

Marion Alecian (ARAU) 

Alexandre Almorad (cardiologue) 

Berthold Aman (neuropédiatre) 

Catherine Bouland (professeure Ecole de la Santé Publique ULB) 

Cultures&Santé asbl 

Kobe Boussauw (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Anne Brumagne (Brukselbinnenstebuiten) 

Marie Bruyneel (pneumologue) 

Eric Corijn (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Florine Cuignet (GRACQ - Les Cyclistes Quotidiens) 

Nicolas Dauby (infectiologue ; Maître de Conférence, ULB) 

Aurelia David (cardiologue) 

Thomas De Beenhouwer (cardiologue) 

Karen D’Hoore (Comité Yser/IJzer-Sainctelette, ambassadeur ExpAir) 

Tessa Goetghebuer (pédiatre) 

Vanessa Gouder de Beauregard (pédiatre)  

Quentin de Hemptinne (cardiologue) 

Oliver Kozak (EU Cycling Group, ambassadeur ExpAIR) 

Johan Leman (Foyer vzw/asbl, ambassadeur ExpAIR) 

Agnes Libois (infectiologue)  

An Macharis (Avansa Citizenne vzw, ambassadeur ExpAIR) 

Charlotte Martin (infectiologue)  

Nathalie Pigeon (Oudercomité Basisschool Sint-Ursula Laken, ambassadeur ExpAir) 

Arne Robbe (walk.brussels) 

Claudia Schönborn (médecin, Ecole de la Santé Publique ULB)  

Leticia Sere (Kidical Mass Brussels) 

Inge Smolders (Fietsersbond) 

Cedric Vaessen (Maison de quartier Bonnevie, ambassadeur ExpAir) 

Lore Van Bruwaene (pneumopédiatre)  

Anna Vanderfaeillie (pediatre) 

Bas van Heur (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Annekatrien Verdickt (Filter Café Filtré Atelier)

 

A la suite de CurieuzenAir, le BRAL a lancé il y a un an une nouvelle étude sur la qualité de l’air à Bruxelles appelée "ExpAIR". Cette étude comporte deux volets : (1) un monitoring de la qualité de l’air sur l’ensemble de la région : 24 points de mesure répartis sur le territoire bruxellois qui constituent un réseau secondaire. (2) un monitoring ciblé sur certains quartiers avec la mise en place de Réseaux locaux par le BRAL. Les habitant.e.s peuvent installer des appareils de mesure et décider eux-mêmes le lieu et la durée des mesures dans les rues de leur quartier.

Cette étude a commencé par cinq points dans le quartier Collignon/Stephenson, qui ont ensuite été étendus à 13 points. Dans chaque cas, il appartenait aux citoyen.ne.s de décider l'emplacement des points de mesure. Par exemple, ils ont choisi “des canyons urbains”, des rues étroites avec des bâtiments élevés des deux côtés, où la pollution de l’air reste fortement concentrée, comme dans la rue de la Poste. Des rues plus calmes ont également été mesurées afin de mettre les résultats en perspective. Pendant six mois, des mesures ont été effectuées à ces 13 points.  

Les résultats obtenus dans ces rues résidentielles sont alarmants, selon le BRAL. La plupart des valeurs de dioxyde d'azote (NO2) sont largement supérieures à la moyenne recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (10µg/m³). En plus, plusieurs points sont très proches des moyennes mesurées sur des axes très fréquentées comme Arts-Loi et ce dans un environnement où les gens vivent et les enfants jouent.   

Les habitant.e.s concernés par les mesures sont inquiet.e.s et demandent au futur Conseil communal d’agir.  

Voici le témoignage d’une habitante de la rue Rubens :

Maintenant que j’ai conscience de la situation, j'avoue que j'ai beaucoup du mal à fermer les yeux à nouveau. J’ai du mal à me dire : OK, on va laisser la rue comme elle est et continuer à vivre comme si de rien n’était. Savoir tout cela me rend même réticente à ouvrir mes fenêtres. Je vis dans une ville mais est-ce que ça retire mes droits d’une bonne qualité de l'air ?

Tant la Région que les communes peuvent prendre des mesures pour améliorer la qualité de l'air à Bruxelles. 53% du NO2 (dioxyde d'azote) présent dans notre air provient du trafic routier. Selon le BRAL, la commune de Schaerbeek a déjà fait des efforts pour réduire la circulation automobile dans les rues résidentielles, mais il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité de l'air.

une des participant.e.s  s'inquiète pour ses enfants et a décidé, sur base de ces résultats, de déménager. L'appareil de mesure est accroché à côté des fenêtres de la chambre des enfants.

---

Explication complémentaire des résultats ci-dessous : Il s'agit des valeurs de dioxyde d'azote (NO2). La valeur de la rue Rubens 19 (LN001) était de 30,7 µg/m³ en moyenne, ce qui est juste en dessous des 31,3 µg/m³ mesurés à la station d’Arts Loi.

Code Station  Moyenne estimée 2023 
41REG1  Régent  35,3    
41B001  Arts-Loi  31,3    
LN013  School Paviljoen    31,1  ** 
LN001  Rue Rubens bas  30,7    
LN012  Rue Coteaux   30,1    
41BUL1  Boulevard du Midi   28,5    
41CHA1  Ganshoren (Charles Quint)  26,7    
LN003  Rue Rubens haute  25,7    
LN011  Sint-Maria straat  25,4    
LN002  Rubens51  25,3  * 
LN014  Jenatzystraat   24,7  ** 
LN004  Poststraat  24,4    
LN005  Metsysstraat   24,0    
LN006  Haachtsestwg (Pogge)  23,4    
41R002  Ixelles  23,2    
LN009  BRAL1  23,1  * 
LN007  Florisstraat  22,6    
41N043  Haren  22,3    
41R001  Molenbeek-St-Jean  21,4    
41B004  Sainte-Catherine  20,5    
LN010  BRAL2  20,3    
41B006  Parlement européen  19,3    
41MEU1  Parc Meudon  16,9    
LN008  Paviljoenplein  16,5  ** 
41B011  Berchem-St-Agathe  12,7    
41R012  Uccle  11,3   

(*) validité faible => période de mesure < 3 mois 
(**) validité très faible => période de mesure < 1,5 mois