L'Alliance Emploi-Environnement "Ressources et Déchets", une aubaine pour RESSOURCES et ses membres

27/02/2013

Nos déchets sont des ressources. C'est ce constat qui a amené la fédération des entreprises d'économie sociale (EES) actives dans la réutilisation et le recyclage à adopter ce nom. De même, les promoteurs de l'Alliance Emploi-Environnement (AEE) axe 3 « déchets » ont-ils décidé d'insérer ce mot dans le nom de l'alliance consacrée aux déchets. Une aubaine donc pour Ressources et ses membres puisque nous partageons la même vision que les promoteurs de l'AEE.

 

L’AEE ? Par cette Alliance, le Gouvernement bruxellois entend mobiliser des moyens et obtenir des engagements concrets de la part de tous les acteurs concernés (publics et privés) et est prêt à soutenir plusieurs initiatives en vue de créer des emplois dans le secteur des déchets.

Les activités des membres de Ressources relèvent du bon sens : ne jetons pas ce qui peut encore servir. Et pourtant, ils rencontrent de nombreux freins dans le développement de leurs activités. C'est pourquoi, Ressources est particulièrement active dans l'AEE, qui est à ses yeux, une occasion à saisir pour promouvoir la lutte contre le gaspillage. Lutte effectuée par des entreprises qui poursuivent également des objectifs sociétaux, dont la création d'emplois, objectif poursuivi par l'AEE.

Les principaux freins identifiés sont les suivants :

• L'accès au gisement : pour développer leurs activités, les membres de Ressources doivent pouvoir accéder aux gisements des déchets réutilisables. Actuellement, cet accès est réalisé en marge du système de gestion publique des déchets. Les entreprises d'économie sociale (EES) reçoivent les dons de particuliers (encombrants, textiles, etc.) ou d'entreprises (mobilier de bureau, ordinateurs, etc.). Mais cela reste insuffisant. Il ne faut pas être un spécialiste des déchets pour savoir que chaque jour, des objets encore utilisables sont jetés. L'objectif poursuivi dans les travaux menés dans l'AEE est de déboucher sur un mécanisme qui permette l'accès à ces biens en bon état qui sont encore jetés actuellement. Différentes modalités peuvent être envisagées, mais il est une contrainte qui ne peut être levée : la collecte de ces objets doit préserver le potentiel de réemploi. Autrement dit, la collecte et la manutention de ces objets ne doivent pas les endommager. Ce qui est le cas lorsque la collecte est effectuée dans des camions broyeurs, et les objets lourds manipulés avec des engins de manutention (clarcks, etc.). Ce type de collecte  requière davantage de main d'œuvre, ce qui s'inscrit parfaitement dans le cadre de l'AEE.

• La reconnaissance du rôle du réemploi dans la gestion des déchets. En effet, actuellement, il existe un arrêté qui prévoit l'agrément et le subside des EES qui font de la réutilisation, mais ce dispositif est insuffisant pour mener une politique pro-active. Par ailleurs, alors qu'il vise le développement du réemploi, le dispositif prévoit un facteur qui plafonne le montant du subside si un certain seuil est atteint. Autrement dit, ce dispositif n'incite pas un réel développement de l'activité. Par ailleurs, lorsque les EES doivent évacuer leurs déchets, ce qu'elles ont collecté mais n'ont pu réutiliser, elles le font au même tarif que n'importe quelle entreprise privée. Un comble, quand on sait que ces déchets sont en fait des déchets ménagers.

• La formation du personnel est également un élément important. Actuellement, à Bruxelles, il n'existe pas de formation pour le personnel chargé de collecter, trier, réparer, estimer le prix des encombrants et du textile par exemple. L'apprentissage est directement réalisé en situation. Cette absence de formalisation de l'acquisition des compétences, ne contribue pas à diffuser une image professionnelle des EES.

• La dégradation de la qualité des produits. Cette dégradation affecte toutes les filières : les textiles qui ne résistent pas au lavage, le mobilier qui s'effondre après plusieurs montages/démontages, les équipements électriques qui sont conçus pour ne pas être réparés, les ordinateurs et GSM dont les cycles de mode sont de plus en plus courts, etc. A cette baisse de qualité, s'associe souvent une baisse de prix. Malheureusement, dans un état fédéral comme le nôtre, la compétence des normes de produits est du ressort de l'état fédéral et non des régions. Les travaux réalisés dans le cadre de l'AEE pourront au mieux, sensibiliser les autorités fédérales à ces thématiques.

L'AEE est un processus important pour Ressources car il vise à décloisonner et mettre en présence, des acteurs qui se rencontrent rarement. Il est toutefois dépendant de la bonne volonté des acteurs en présence ou d'une volonté politique très forte. Pour influencer ces paramètres, Ressources dispose d'un argument imparable : la preuve par l'activité de ses membres, que gestion des déchets et création d'emplois sont compatibles.

Pour plus d'informations sur les membres et les activités du réseau :  www.res-sources.be.

Qui sont les membres de RESSOURCES ? Ils sont une soixantaine, présents en Wallonie et à Bruxelles où ils  reçoivent, collectent, trient, réparent, recyclent et revendent des produits auxquels ils redonnent vie. Ils sont actifs dans les filières classiques (textile, encombrants, équipements électriques et électroniques) ainsi qu’émergentes (bois, vélos, déchets de construction, déchets verts, services industriels ou encore cartouches d’imprimantes).

Ces entreprises privilégient leurs objectifs sociaux (formation, insertion socio-professionnelles, maisons d'accueil, soutien à des projets dans les pays du sud, etc.) en place du profit.

Une autre caractéristique des membres de Ressources est de privilégier le réemploi quand c'est possible.  Attention, le réemploi est souvent confondu avec le recyclage mais il en diffère de la manière suivante :

* le réemploi consiste en toute opération par laquelle des produits sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.  Il permet, en prolongeant la durée de vie d'un produit, de retarder son arrivée dans le dispositif de collecte et de traitement des déchets.

* alors que le recyclage est toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins. Il y a donc un traitement qui porte sur la matière de l'objet (papier, bois, plastique, etc.).

Cecile Patris, Ressources