Appel Belgian Housing Action Day
Cette année, BRAL soutient à nouveau le Belgian Housing Action Day. Nous vous invitons à nous rejoindre. Aujourd’hui, plus que jamais, nos revendications restent d’actualité. Ces derniers mois, marqués par la crise sanitaire du COVID-19, ont encore accentué une situation déjà intolérable et si le confinement a bien montré une chose, c’est que le logement est un besoin fondamental. Que nous avons toutes et tous besoin d’un toit, d’un endroit où nous reposer, prendre soin de nous, nous sentir en sécurité, nous sentir chez nous.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de porter nos revendications dans la rue et dans le débat public. Il est temps de mettre le droit au logement à l’agenda. Nous – un collectif d’associations et d’individus – avons décidé de relayer en Belgique l’appel à action européen pour le droit au logement du 27 mars : le Housing Action Day. Voici l'appel complet.
Appel
Se loger est un droit fondamental. Pourtant, aujourd’hui en Belgique, des milliers de personnes dorment dans la rue. Des milliers de personnes n’arrivent pas à payer leur loyer. Des milliers de personnes vivent dans un logement insalubre, ou trop petit, et des milliers d’autres ont PEUR de ne pas trouver à se loger ou à se reloger dans des conditions décentes. Souvent, nous nous sentons seul·e·s et désarmé·e·s devant les difficultés liées au logement, nous avons honte, et pourtant il s’agit bien là d’un problème collectif.
En Belgique comme dans de nombreux pays d’Europe, nous sommes confronté·e·s aux mêmes dynamiques, qui toutes nous appauvrissent, excluent celles et ceux qui n’ont pas assez d’argent et discriminent celles et ceux qui n'ont pas le bon genre, la bonne couleur de peau ou les bons papiers. Nos villes et nos espaces de vie sont vendus, transformés en action boursières. Partout, les loyers augmentent, les prix de vente des appartements et des maisons explosent et nos salaires stagnent. Nous payons donc une part de plus en plus importante de nos revenus pour nous loger. Le nombre de logements sociaux, lui, augmente à peine, voire diminue dans certains endroits. En même temps, nous sommes des milliers à nous être endetté·e·s auprès d’une banque pour devenir propriétaires alors que nous n’en avons pas vraiment les moyens, parce que tout nous pousse vers la propriété privée. Face à cette situation, certains trouvent le squat comme solution. Mais le squat a été rendu illégal, alors qu’il s’agit juste d’occuper des bâtiments que des propriétaires laissent vides ! Dans nos villes, on construit des appartements trop chers, qui font augmenter le prix de tous les logements. On transforme des logements en bureaux ou en appartements de vacances ! Dans nos villes, on change les quartiers, on "rénove" les quartiers populaires, on en fait des espaces rentables : les anciens cafés sont fermés, remplacés par des lieux plus chics, plus branchés. Dans nos villes et nos campagnes, les rares terrains publics sont vendus à des promoteurs privés. Dans nos villes et nos campagnes, nous sommes des milliers à galérer, à nous faire expulser, à louer des appartements trop petits, en mauvais état pour des loyers trop élevés. Partout, nous sommes des milliers à rembourser des crédits hypothécaires illégitimes, à craindre la fin du mois, voire même à louer notre grenier mal isolé à quelqu'un·e de plus pauvre que nous, simplement pour "joindre les deux bouts".
Des familles sont expulsées de chez elles, certaines personnes n’ont pas d’autre choix que la rue.
Nous ne voulons plus tolérer cette injustice et cette violence. Nous résistons et faisons preuve de solidarité. La vente des villes et villages dans l’intérêt de quelques-un·e·s n’est pas une loi de la nature, mais la conséquence de choix, d’un système économique débridé et d’une politique qui semble avoir perdu son sens de la responsabilité sociale. Ensemble, nous pouvons changer cela ! Ces dernières années, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer des politiques de la ville et du logement équitables, la dernière fois pour la Journée européenne d’action le 6 avril 2019 dans presque cinquante villes. Suite à ces mobilisations, à Berlin, iels ont obtenu le gel des loyers ! Nous pouvons également obtenir une victoire en Belgique : nos loyers n’ont pas à augmenter pour des logements vétustes et mal isolés !
Nous, une alliance nationale d’associations et de collectifs actifs dans la santé, la lutte contre la pauvreté, le droit à la ville et le droit au logement exigeons :
- Une baisse immédiate et un encadrement des loyers. Le logement n’est pas une marchandise.
- La fin des expulsions et un logement pour toutes les personnes sans-abri. Des logements dignes, salubres abordables et adaptés aux besoins des familles et des individus.
- La fin des logements vides ! Nous voulons que les sanctions contre les propriétaires qui laissent leurs logements vides en attendant que la valeur de leur bien augmente soient réellement appliquées. La fin de la criminalisation des occupations et du squat ! Nous demandons l’abrogation de la loi anti-squat tout en réfutant l’idée que squatter constitue une solution structurelle. L’immobilisme politique doit cesser.
- Une véritable gestion collective de nos logements et de nos lieux de vie, la reconnaissance de droits collectifs pour les locataires. Nous refusons que nos lieux de vie ne soient que le produit d’intérêts privés et de grands investisseurs.
- La construction massive de logements sociaux et la rénovation du parc social vétuste. Nous voulons plus de terrains et de bâtiments publics. Nous appelons au développement de coopératives de locataires, et à la gestion collective de nos immeubles. Le logement est trop important pour être laissé aux mains du marché.
- Un développement urbain et rural solidaire et écologique ! Un environnement de qualité, une isolation des bâtiments, une garantie d’accès à l’eau et à l’énergie pour toutes et tous.
FOCUS 2022 : "POUR UNE BAISSE DES LOYERS !"
Se loger est la base d’une vie décente.
Le bien-être, la santé physique et mentale, le niveau d’éducation des enfants et l’accès aux droits sociaux sont directement liés à un logement décent.
Avec l'explosion des loyers et les revenus qui augmentent trop peu voire baissent), de plus en plus de ménages se fragilisent, voire basculent dans la précarité car mal-logés. La pression sur les loyers est un problème qui ne touche plus seulement les ménages précaires, elle menace l’ensemble de la population.
En effet, un bien de première nécessité tel que le logement est considéré comme un placement sûr et rentable par les investisseurs. Cette spéculation grandissante sur le marché immobilier entraîne une hausse générale des prix de vente qui rend toujours plus impossible l’accès à un logement décent et abordable. [Notons que parmi les pays de l'OCDE, la Belgique est le pays qui a connu la pire augmentation de la part du coût du logement par rapport aux revenus (x350% pour les 20% des ménages les plus pauvres entre 1988 et 2020 selon l'enquête Eurostat 2020 sur le budget des ménages)].
A cette crise structurelle du logement sont venus s'ajouter la crise économique liée à la pandémie, l'explosion du coût de la vie et particulièrement des prix de l'énergie, ainsi que le drame des inondations qui ont détruit des milliers de foyers en Wallonie.
Le logement est un droit fondamental, et c’est à ce titre que la régulation du marché locatif est un objectif légitime d’intérêt public : le logement n’est pas, et ne devrait pas être considéré comme un bien marchand comme un autre.
Parmi tous les marchés relatifs à l’accès à des biens de première nécessité, le marché locatif est celui qui est sans doute le moins bien régulé. Malgré l’existence de nombreuses normes (salubrité, non-discrimination, PEB, enregistrement du bail,…), le contrôle effectif est absent.
En matière de logement l'intérêt général devrait toujours primer sur l'intérêt privée alors que c'est l'inverse qui se passe de manière flagrante, au détriment des couches sociales les plus précaires Le propriétaire privé est complètement libre de fixer le montant du loyer sans aucune limite. Tout ceci dans un pays où le taux de logements sociaux est excessivement bas.
Les mesures en vigueur pour amadouer les propriétaires bailleurs et les promoteurs montrent leur inefficacité d’année en année. Elles créent très peu de logements abordables, coûtent de l’argent public et accentuent la dynamique d’investissement lucratif qui met la pression sur le marché locatif. Ces mesures sont d’autant plus insensées que les revenus locatifs ne sont pas taxés à hauteur du bénéfice qu’ils procurent.
Il n'est pas normal que les détenteurs de logements à louer considèrent ces biens comme un investissement à faire fructifier, tout en faisant porter les coûts et les risques de leur exploitation sur la collectivité ! Il n'est pas normal que les locataires doivent se saigner pour payer leur loyer !
Il est temps que les pouvoirs publics prennent des mesures pour faire baisser effectivement les loyers et se dote d’un arsenal effectif de contrôle des obligations pesant sur les propriétaires.
Le logement est un droit fondamental, nous exigeons qu’il soit reconnu comme tel. Il devrait être considéré comme un des piliers de la sécurité sociale au même titre que la santé et l’éducation. La marchandisation de nos lieux de vie nous prive de ce droit et nous sommes là pour le défendre.
Venez aussi à la manifestation nationale pour le droit au logement ! Rdv le dimanche 27 mars à 16h place du Jeu de balle à Bruxelles !