Are we lost in public space ? Une désillusion plus riche ?
Le dimanche 8 septembre, nous voulions interpeller les politiciens sur l'espace public de la ville. Malgré le cadre attrayant et l'action ludique, les politiciens n'ont eu que peu ou pas de réponse substantielle à l'appel clair en faveur de plus de bancs et de moins de terrasses.
Le dimanche 8 septembre, l'AB a ouvert ses portes pour le débat (alternatif) sur l'espace public que nous avons organisé avec Free 54 et de nombreuses autres organisations motivées. La salle était comble et les politiciens présents, issus de tous les partis démocratiques, ont été stupéfaits de voir la simulation d'un espace public. Un espace où l'on pouvait se faire couper les cheveux, faire sérigraphier son T-shirt, manger une glace ou même boire un Cara.
Dans cet espace, nous les avons invités à engager une conversation avec le public. L'enthousiasme, tant de la part du public que des politiciens, semblait grand.
La première question était claire et nette et allait directement au cœur du problème :
Si vous êtes au pouvoir, allez-vous restaurer l'espace public de la place Sainte-Catherine en supprimant les terrasses et en remettant tous les bancs en place ?
Bruno Bauwens (PVDA-PTB) et M'hamed Kasmi (Team Fouad Ahidar) ont tous deux répondu par un oui retentissant. Fabian Maingain (Défi) a quant à lui ouvertement dit non, tout en précisant qu'il effectuait davantage de contrôles sur les terrasses. Mathilde Vermeire (CD&V) veut plus de bancs mais aussi des terrasses plus petites. Frederik Ceulemans (Open VLD-MR) ne veut pas toucher aux terrasses, mais il veut installer plus de bancs. Bart Dhondt (Groen-Ecolo) a parlé de l'espace public comme d'une extension du salon. Mathias Vanden Borre (NVA) a estimé qu'il était important de souligner que le touriste n'est pas l'ennemi. Anaïs Maes (Vooruit-PS) a déclaré que certaines terrasses pourraient disparaître et a plaidé principalement pour la participation, avec certainement assez de place pour l'égalité des sexes.
Les rôles ont également été brièvement inversés. Pas de réponses de la part des politiciens cette fois-ci, mais des questions posées au public.
La première question était une invitation à s'inscrire sur les listes électorales. La deuxième question portait sur l'aspect que le public, assis sur cinquante-quatre (54 !) bancs faits maison, souhaitait donner à ces bancs.
La main tendue des hommes politiques n'a donc pas été très loin. Là où nous espérions amener les politiciens à une réflexion plus approfondie, nous avons souvent tourné autour de questions superficielles et nous avons manqué de vision claire et d'idées nouvelles.
De ce qui, délibérément, ne ressemblait pas trop à une scène, on pouvait voir une salle pleine de potentiel et d'engagement. Des centaines de personnes de plusieurs générations qui ont renoncé à une dernière chaude soirée d'été pour réfléchir ensemble à l'espace public qui leur est cher. Pendant ce temps, le débat prenait une dimension supplémentaire, avec des intermèdes de performances punk, de danse et de rap qui ont fait sortir les politiciens de leur zone de confort.
Et ce public affamé a apporté des réponses et des propositions claires :
Il n'y a pas de toit sur l'espace public.
Les écoles devraient toujours être publiques en dehors des heures de cours.
Donner une chance aux défavorisés.
Donner un toit aux sans-abri.
Il a rapidement été noté que de nombreuses personnes ont besoin d'un espace public parce qu'elles n'ont pas d'espace chez elles. Plusieurs appels à l'investissement dans le secteur social ont été lancés : « les gens sur le terrain ont déjà tellement de connaissances, ils manquent juste de ressources ». Les jeunes ont demandé une réelle participation, des ressources et une véritable confiance dans les citoyens.
Le fossé entre la politique (ceux qui aspirent à un (nouveau) mandat politique) et le public était douloureusement palpable malgré la tentative de mettre les deux sur un pied d'égalité. La nécessité d'un espace de dialogue entre les deux parties est évidente. Mais il est clair qu'il n'existe pas encore de vision commune sur la manière d'aller de l'avant avec l'espace public.
54 bancs symboliques
Après le débat, plus de 300 activistes ont marché avec les 54 bancs fabriqués par leurs soins depuis l'Ancienne Belgique jusqu'à la Place Saint-Cathérine, l'endroit où tout a commencé. Par cette protestation ludique, plusieurs jeunes et organisations ont voulu se réapproprier leur place en redonnant symboliquement aux bancs enlevés leur place parmi les nombreuses terrasses qui occupent désormais l'espace public à Bruxelles. Une atmosphère de solidarité était clairement palpable sur la place.
L'importance de l'espace public apparaît clairement ici, regardez combien nous sommes nombreux. Voilà à quoi devrait ressembler l'espace public.
Maud Boey (27 ans)
Après une décennie, juste avant les élections, nous sommes de retour ici. Non pas avec 4, mais avec 54 bancs.
Vincent Van Hoof (28 ans)
Le changement vient de la base.
Nel Boeykens (28 ans)
Les politiciens doivent prendre la responsabilité de rendre la ville aux habitants. Et cela commence par une répartition équitable de l'espace.
Pepijn Kennis (36 ans)
Les bancs que nous plaçons ici ce soir sont plus que de simples bancs. Ils symbolisent un espace public accessible et gratuit où les habitants peuvent se rencontrer. Et c'est aussi ce qui s'est passé ce soir, des gens jouant au football, discutant, se rencontrant sur et autour de ces bancs.
Lieselotte Gevens (28 ans)
Les bancs de rêve pour le centre-ville
Une chose particulière s’est déroulée dès ce lundi matin à partir de la place Sainte-Catherine. Les bancs placés là lors de l’action dimanche se sont métamorphosés. Comme s’ils avaient subitement des jambes, ils ont bougé doucement et subtilement à travers les rues avoisinantes. Le vieux marché aux grains, les quais, les abords de l’église, la place du samedi ou encore la place du béguinage ont accueillis des nouveaux compagnons. Par endroits c’était pour tenir compagnie aux bancs existants. Ailleurs c’était la première occurrence d’un banc, du moins depuis un petit temps. Où qu’ils soient placés, quelle que soit l’heure et malgré la météo, les bancs étaient rapidement utilisés dès que le soleil pointait le bout de son nez. Les bancs rendaient service aux jeunes et plus vieux passants par là. Ils remplissaient une fonction trop absente dans le centre, des lieux où le repos, la détente et le loisir étaient possible. Le centre-ville a, le temps de quelques jours, été doté des bancs dont il rêve.
Mission accomplie, alors ?
L'euphorie a été de courte durée, car moins de 70 heures après l'action de dimanche, les bancs ont été brusquement retirés de l'espace public par la ville de Bruxelles. Une fois de plus, les nombreux citoyens concernés et les dizaines d'organisations qui s'étaient investis corps et âme dans l'événement n'ont pas été entendus ....
Park Ouest
Heureusement, il y avait un plan B(anc). Mercredi matin, lors de l'enlèvement des bancs, on a chuchoté aux services de nettoyage de la ville que les bancs pouvaient aller à Park Ouest, au lieu du dépôt. Park Ouest a alors reçu un coup de téléphone de l'échevin autorisé demandant si les bancs pouvaient y être emmenés.
La réponse était oui.
Bien que les bancs aient été retirés, l’expérience grandeur nature a porté ses fruits. Nous encourageons la nouvelle majorité qui sera formée à partir du 14 octobre à utiliser cette dynamique pour repenser l’espace public de façon plus conviviale et inclusive.