BRAL Réponse au plan de gestion des eaux

02/05/2023
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L'enquête publique sur le plan de gestion des eaux de Bruxelles a pris fin après six mois. Nous avons réagi au plan et appelé les Bruxellois à faire de même. Après une discussion fructueuse au Bralcafé l'eau dans la ville, nous avons recueilli suffisamment d'informations pour rédiger notre réponse.

L'Eau dans la ville?

Dans le Plan de gestion de l'eau 2022-2027, on peut lire : "en raison des changements climatiques, on peut s'attendre à davantage de précipitations en Europe, avec des précipitations particulièrement courtes et extrêmes, un climat pluvieux toute l'année, un climat plus chaud en toutes saisons, une diminution de la recharge des nappes phréatiques, avec une baisse de la nappe phréatique moyenne de près d'un mètre d'ici 2100[1]." Dans la présentation de Bruxelles Environnement, nous avons vu des graphiques montrant des projections de précipitations, d'évaporation et de remplissage des nappes phréatiques, ces dernières donnant une légère tendance à la baisse pour les 75 prochaines années.

Bruxelles est construite sur des marais - d'où notre nom "Broek-zele", la colonie sur le marais. Si le canal est le cours d'eau artificiel le plus connu, la Zenne, le Maelbeek, la Woluwe et le Molenbeek sont les plus grands cours d'eau naturels. Ces cours d'eau ont créé des vallées qui présentent le plus grand risque d'inondation. On le voit bien sur la carte avec les interventions des pompiers pour les inondations résidentielles. Il est donc encourageant que la coopération avec safe.brussels soit renforcée.

Nous avons également reçu le tableau de l'état actuel de la qualité des eaux de surface, où le rouge - "mauvais" prédomine, seuls les polluants spécifiques dans la Woluwe ont été étiquetés "bons". Vous pouvez lire la présentation complète ci-jointe.

Le plan de gestion de l'eau 2022-2027 compte pas moins de 800 pages et repose sur huit piliers :

  1. les eaux de surface,
  2. les eaux souterraines,
  3. zones protégées,
  4. l'eau abordable,
  5. le changement climatique,
  6. l'eau dans l'environnement,
  7. ressources en eau,
  8. la coordination des politiques et le partage des connaissances.

Une réponse cocréative

Comme nous ne sommes pas nous-mêmes des experts en la matière, nous avons invité le 19 avril un certain nombre d'acteurs du paysage bruxellois à donner leur avis et à lancer la discussion. Grâce aux contributions critiques mais constructives d'Amandine Tiberghien de Natagora, de Tim Van Cauwenberghe de Coordination Zenne, de Patrick Panneels d'Ecotechnic, de l'EGEB, de Super Terram, ... et de Pieter Elsen de Canal It Up, nous avons pu rédiger notre réponse. 

En bref : 

Le plan de gestion de l'eau 2022-2027 est actuellement en cours sans approbation, couvrant à peine six ans. Comme la qualité de l'eau doit être bien meilleure, nous devons en fait nous projeter plus loin dans l'avenir. À Copenhague, par exemple, le plan de gestion des tempêtes est prévu pour les 20 prochaines années. 

Bien que ce plan soit assez holistique, nous insistons sur le fait que les mesures sociales et écologiques peuvent être mieux combinées - par exemple, nous demandons une attribution automatisée de l'allocation sociale. Un plan transversal nécessite également une coopération transversale entre les acteurs avec et sans connaissances. Cela nécessite de nombreux cafés autour d'une table avec tous les acteurs concernés afin de planifier et d'exécuter les projets le mieux possible et de faire appel à des hydrologues supplémentaires pour partager leurs connaissances. Les fréquents hommes rouges - le symbole qui indique un manque de personnel - nous incitent à plaider pour des ressources et une main-d'œuvre suffisantes.

Le plan a besoin des municipalités pour réussir, alors qu'il ne fait que présumer de la bonne volonté de ces dernières. Un retour en arrière sur le Plan régional de mobilité ? Ce n'est pas seulement l'engagement des communes qui est nécessaire, mais aussi l'implication des Bruxellois dans sa mise en œuvre qui est nécessaire pour l'acceptation du plan et pour augmenter ses chances de succès.  Malheureusement, le plan ne fixe pas d'objectifs quantifiés à ce qu'il vise à atteindre, de sorte que son succès sera difficile à évaluer. Par exemple, aucun chiffre n'est associé à la réduction des débordements que l'on souhaite atteindre.

Relation avec l'aménagement du territoire 

La Région de Bruxelles-Capitale, on le sait, est aujourd'hui un territoire urbanisé : les deux tiers de la Senne sont voûtés et 47 % du territoire sont couverts. Plus de 50 % des espaces ouverts sont compactés. Il s'agit de zones très fréquentées comme les parcs ou les zones bâties. Le sol bruxellois régule le cycle de l'eau grâce à l'infiltration. Les zones pavées sont plus exposées aux inondations[2].

Cette forte couverture et ce durcissement de notre sol nous rendent vulnérables à la chaleur et aux inondations. Il est donc nécessaire de créer de l'espace pour l'eau à partir d'une vision globale et spatiale. 

Nous saluons l'inclusion de la gestion intégrée de l'eau dans le plan, malgré l'absence de projets concrets. Nous craignons que l'accent soit mis sur les bassins d'orage et que la gestion intégrée des eaux de pluie soit laissée de côté. Nous plaidons pour l'ajout plus explicite de la gestion intégrée de l'eau avec la participation et la co-création, car les questions explicitement écrites ont une bien meilleure chance d'être mises en œuvre.

Nous mettons en garde contre une approche fragmentée. Certains instruments de planification tels que le Plan Régional d'Aménagement du Territoire (PRAS) et le Code de l'Aménagement du Territoire de Bruxelles (BWRO) n'ont pas été suffisamment pris en compte dans ce plan. Ces réformes, qui sont maintenant en cours, devraient mieux faire partie de ce plan.

La préoccupation va également dans l'autre sens : aujourd'hui, l'eau n'est pas suffisamment prise en compte dans ces instruments de planification et l'on pourrait être encore plus ambitieux en ce qui concerne l'eau. Le plan de gestion de l'eau dépend de la mise en œuvre d'autres plans tels que l'ordonnance sur le développement urbain régional. 

La question clé reste de savoir ce qui peut être rendu juridiquement valide avec ce plan, quel est son pouvoir ? Nous espérons tous que l'importance de l'eau dans la ville et l'intérêt qu'elle suscite pourront s'accroître.

C'est pourquoi, malgré la taille et l'exhaustivité du plan, nous souhaitons que certaines choses soient clarifiées, ajustées et intégrées. Vous pouvez lire notre réponse complète en annexe.

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