ExpAIR : un nouveau projet de mesure de l'air

02/12/2022
Aperçu Stadsbiografie-MaximVandenBossche-06.jpg
Aperçu 317301865_1307628319778906_4277022095278895473_n (1).jpg

Le BRAL commence de nouvelles mesures de NO2 dans l'air extérieur en collaboration avec Bruxelles Environnement.  Suite à la vue d’ensemble fournie par CurieuzenAir, nous optons pour des mesures ciblées dans les lieux présumés les plus pollués et pour des mini-campagnes de mesure en fonction des changements dans l'espace public. Vous pouvez vous aussi y contribuer. Nous expliquons comment.

Photo: Stadsbiografen, Maxim Van Den Bossche

Le BRAL commence de nouvelles mesures de NO2 dans l'air extérieur en collaboration avec Bruxelles Environnement.  Suite à la vue d’ensemble fournie par CurieuzenAir, nous optons pour des mesures ciblées dans les lieux présumés les plus pollués et pour des mini-campagnes de mesure en fonction des changements dans l'espace public. Vous pouvez vous aussi y contribuer. Nous expliquons comment.

Questions ouvertes sur l'évolution de l'air de Bruxelles

Au cours de la campagne scientifique citoyenne à grande échelle CurieuzenAir, nous avons cartographié l'air de Bruxelles en collaboration avec l'Université d'Anvers et les Bruxellois.es. Les résultats ont montré que - bien que l'évolution sur plusieurs années soit positive - il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

98% des Bruxellois respirent un air qui ne respecte pas la valeur seuil fixée par l'Organisation mondiale de la santé (concentration de 10µg/m³ de NO2). Pire encore, il existe encore des endroits où la qualité de l'air ne répond pas aux normes européennes actuelles (concentration de 40µg/m³ de NO2).

Dans le même temps, nous avons constaté que la qualité de l'air était meilleure que ce à quoi nous nous attendions parfois. La zone à faibles émissions, la zone piétonne dans le centre de Bruxelles, les interventions infrastructurelles en plusieurs endroits, le nombre croissant de personnes qui choisissent de faire du vélo et de marcher, ... ont leurs effets positifs. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a un espoir qu'un jour nous puissions respirer un air sain. Seulement, cela avance encore trop lentement.

Après CurieuzenAir, nous avons toujours quelques points d’interrogation. Quel a été l'effet de l'après-coup de la période covid-19 ? Dans les stations de surveillance officielles, par exemple, nous constatons que la pollution atmosphérique augmente à nouveau. La tendance générale à la baisse se poursuit-elle ou est-elle malheureusement à nouveau brisée ? Les lieux les plus pollués sont-ils à la traîne de l'amélioration générale ? Cela creuse-t-il le fossé de la justice environnementale ? L'amélioration va-t-elle assez vite, sachant qu'en 2022, nous nous concentrons toujours sur les valeurs de l'UE rendues obsolètes par la science ? Les politiques actuelles, telles que Good Move ou Renolution, contribuent-elles à l'accélération ?

Assez de questions pour continuer à examiner l'état de notre air. Des questions suffisantes aussi pour continuer à sensibiliser et à mobiliser autour de l'importance d'un air sain. Car encore beaucoup de Bruxellois.es ne sont pas suffisamment conscient.es de l'impact négatif de la mauvaise qualité de l’air sur leur santé et celle de leurs enfants. Nous entendons encore trop peu parler de la façon dont les niveaux élevés de pollution atmosphérique rendent parfois impossible une vie agréable pour les Bruxellois.es souffrant de problèmes respiratoires. Encore trop d'habitant.es considèrent la pollution atmosphérique comme un fait quasi "naturel" de la vie en ville. Les politicien.nes et les décideurs.euses politiques continuent de promouvoir un air sain comme étant nécessaire, mais en même temps, ils et elles s'opposent aux mesures qui devraient y conduire.

C'est pourquoi le BRAL lance, en collaboration avec Bruxelles Environnement, un nouveau projet de mesure de l'air sous le nom déjà connu d'ExpAIR. Bien que nous construisions sur CurieuzenAir, cette fois nous ne visons pas la grande échelle. Nous préférons mesurer là où le besoin est le plus grand. Où nous savons/ craignons que la pollution de l'air est hors normes et où nous pensons que la politique a un impact positif ou négatif. Le projet comprend donc deux parties :

1) un réseau secondaire de mesures (semi-) permanentes dans les endroits les plus pollués ;

2) mesures avec les citoyen.nes, les collectifs, les communes, ... autour de l'emplacement d'une certaine mesure comme les plans de circulation ou les rues des écoles.

Un réseau de mesure secondaire

La législation européenne, transposée dans le Code de l'air, du climat et de l'énergie de Bruxelles, est claire. Au-dessus de 40µg/m³ de concentration de NO2, la qualité de l'air est illégale. Il ne s'agit pas d'une moyenne pour l'ensemble de la région, mais d’une mesure précise sur chaque lieu. A aucun endroit de Bruxelles, l'air ne doit dépasser cette concentration. Pourtant, les modèles réalisés par Irceline et confirmés par CurieuzenAir montrent que c'est le cas dans de nombreux endroits à Bruxelles. La plupart de ces endroits sont de grands boulevards et des rues canyons avec une bonne dose de trafic. Bien que le réseau de mesures géométriques de Bruxelles représente ces endroits avec des stations de mesure sur l'avenue du Régent, la rue de la Loi et le boulevard Charles Quint, cela ne suffit pas toujours pour identifier l'ampleur réelle de ces dépassements.

C'est pourquoi, dès l'année prochaine, nous participerons à un réseau de mesure secondaire. À l'aide d'échantillonneurs passifs - vous vous souviendrez de la technique utilisée pour CurieuzenAir - nous prendrons des mesures permanentes aux endroits présumés les plus pollués de la région. Nous parlons de mesures mensuelles, afin de pouvoir faire le point sur l'évolution mensuelle de l'air dans ces lieux.

Nous disposons initialement d'un espace pour 20 sites de mesure qui pourrait être étendu plus tard. Pour la sélection de ces lieux, nous nous tournons vers CurieuzenAir et les Chercheurs d'Air. En outre, nous pouvons inclure des endroits où il n'y avait pas de compteur pendant l'enquête de CurieuzenAir, ou bien où nous soupçonnons que le trafic était exceptionnellement faible à ce moment-là. Vos suggestions pour ces lieux sont les bienvenues.

Outre la mesure elle-même, le projet vise à associer étroitement les résidents et les organisations locales. Nous ne demandons pas d'engagement de mesure pour l'instant, car le protocole de mesure implique un grand nombre d'interventions sur une plus longue période. Toutefois, nous informerons, sensibiliserons et mobiliserons localement autour des résultats et de la manière dont nous pouvons travailler avec eux, en vue d'une politique et de mesures. Si vous et votre collectif ou association êtes prêts à rejoindre la communauté autour de cette question, faites-le nous savoir.

Dans tous les cas, nous reviendrons vers vous ultérieurement et plus précisément lorsque la sélection des sites de mesure aura été faite.

Mesures de l'impact local

La deuxième partie du projet porte sur des mesures ciblées des effets de certaines mesures politiques. Bien que l'amélioration de la qualité de l'air et la protection de la santé publique nécessitent une approche globale et relèvent de la compétence de la région, il est également possible de faire la différence au niveau local. Les mesures axées sur la circulation peuvent permettre de remédier aux dépassements locaux causés par le trafic transversal ou les canyons de rue. On pense, par exemple, aux rues des écoles, aux rues des jeux, aux plans de circulation, aux filtres, etc.  Si, en tant que collectif ou municipalité, vous envisagez d'introduire une mesure de contrôle de la circulation et souhaitez en surveiller l'impact, veuillez nous contacter.

Souvent, l'amélioration de la qualité de l'air figure parmi les objectifs qui sous-tendent ces mesures. Mais tout aussi souvent, il n'y a pas de suivi approprié de ces politiques pour voir si elles y parviennent. Les mesures prises améliorent-elles effectivement la qualité de l'air ? Les mesures prises à un endroit ont-elles un impact négatif à un autre endroit ? En mesurant avant, pendant et après, nous pouvons déterminer si et où des ajustements sont nécessaires, si des mesures supplémentaires sont requises, etc.

Nous y associons également une composante de science citoyenne. Nous abordons ces mesures collectivement, dans un dialogue ouvert avec toutes les parties prenantes. Nous décidons ensemble où mesurer, pendant quelles périodes et sur la base de quelles questions de recherche. Au cours des ateliers, nous découvrons également ce que nous pouvons et ne pouvons pas mesurer, quelles sont les limites, comment mesurer efficacement, comment interpréter les résultats, etc. De cette manière, la mesure contribue également au développement de connaissances collectives.

Faites votre part

En résumé, une nouvelle campagne de mesure. Le BRAL et Bruxelles Environnement sont responsables des mesures. Mais le BRAL ne serait pas le BRAL si vous ne pouviez pas contribuer aussi.

Pour les points de mesure fixes, veuillez nous indiquer quels sont, selon vous, les endroits où nous devons vraiment mesurer. Quels sont les grands boulevards qui, selon vous, manquaient à CurieuzenAir ? Dans quel rue canyon avez-vous du mal à respirer ? Faites votre liste et envoyez-la-nous.

Pour les mesures de la qualité de l’air locales, contactez-nous si votre collectif, association, école souhaite connaître l'impact des mesures politiques. Y aura-t-il une rue de l'école devant votre école ? Vous organisez une rue d'été ? Introduisez-vous un plan de circulation en tant que municipalité ? Nous examinons avec vous les possibilités de mesure et réunissons toutes les parties prenantes autour de la table pour lancer une campagne de mesure ciblée.

Tim Cassiers

Contact: expair@bral.brussels