Articles

Thème

A la Porte de Flandre, frontière entre Bruxelles et Molenbeek, le trafic automobile règne en maître comme jamais auparavant. Gros point noir avec une énorme pression automobile, de l'agressivité au volant, une qualité de l'air médiocre, de la pollution sonore et d'autres problèmes. Des résidents, commerçants, associations de quartier et mouvements de citoyens tirent tous la sonnette d'alarme.

Petit à petit, Bruxelles revit. La Voiture Reine fait lentement place aux piétons et aux cyclistes, aux personnes âgées assises sur des bancs et aux enfants jouant dans les rues. Ces changements nous enchantent mais Bruxelles compte encore trop de points noirs. Ce sont des endroits dans la ville où nous constatons, depuis des années, que l'insécurité routière est élevée et qui attendent, depuis des années également, une <intervention profonde. Récemment, l'enquête citoyenne CurieuzenAir a montré que c'est précisément autour de ces points noirs que la qualité de l'air est inacceptable.

La Porte de Flandre, frontière entre Bruxelles et Molenbeek, est l'un de ces points noirs. La qualité de l'air y est parmi les pires de Bruxelles. La petite ceinture, la rue Dansaert et la chaussée de Gand y déversent un flot de voitures continu. Les bus font la file entre les voitures. Les piétons et les cyclistes sont amassés sur des trottoirs et passages cloutés bien trop étroits. Ils bravent le flux de la circulation au péril de leur vie. Les trams frôlent les écoliers qui traversent.

Aux points noirs s'ajoute une problématique sociale. Cette pression automobile particulièrement élevée se situe justement dans des quartiers où plus de la moitié des habitants ne possèdent pas de voiture. La zone du canal est également une zone résidentielle à forte densité, avec une population jeune vivant dans des logements souvent exigus. Cette forte densité de population engendre un besoin important en espaces publics verts, alors qu'au contraire les rues sont dominées par les voitures et l'asphalte. Les nuisances sonores y sont en conséquence élevées. Et le manque affligeant d'arbres et de plantes provoque du stress et des températures extrêmes en été.

Au milieu de cette circulation intense, on en oublierait presque que la Porte de Flandre est un nœud vivant de commerce, de divertissement, de culture et d’écoles. Autour du pont, les mondes de Bruxelles et de Molenbeek fusionnent à merveille. Des centaines d'élèves vont à l'école à proximité immédiate du pont. La dynamique de la chaussée de Gand et du quartier Dansaert dépasse de loin l'échelle du quartier. De nombreuses initiatives, déjà existantes et nouvelles, autour du canal attirent des personnes de tout horizon. Il est clair que c'est un quartier vivant.

L'utilisation de la Porte de Flandre comme caniveau à voitures est d'autant plus remarquable à la lumière de l’ambition des futurs plans pour la zone du canal. Après des années d'abandon, les anciens quartiers industriels situés le long du canal sont dans le collimateur de développeurs immobiliers et de spéculateurs. De grands projets de construction avec des parkings souterrains sont dans les cartons. Faut-il vraiment attendre que la gentrification fasse son œuvre pour investir dans un espace public de qualité pour tous ? La population jeune et super-diverse de la zone du canal n'a-t-elle pas droit à un partage équitable de l’espace public ?

Enfin, dans le cadre du plan de mobilité régional GoodMove, aucun changement n’est prévu pour la Porte de Flandre. Il est plus que nécessaire de regarder la petite ceinture autrement, de la gare du Midi jusqu'à Sainctelette : non plus comme un déversoir de trafic de transit mais comme un boulevard urbain à la mesure des quartiers populaires avoisinants. Parallèlement, les chaussées pourraient être réorganisées en rues résidentielles et commerçantes apaisées. Le succès de la - beaucoup trop étroite - voie piétonne et cyclable du côté de Molenbeek montre que les deux côtés du canal doivent être pensés conjointement.

"Une touche de désobéissance civile est plus que justifiée en réponse à cette léthargie irresponsable", écrivait Philippe Van Parijs en 2012. Ainsi il donna le coup d'envoi de "Picnic The Streets", une série de pique-niques qui ont bloqué la circulation motorisée sur le boulevard Anspach. Le message de l'époque était clair : si les politiciens ne prennent pas la mesure des problèmes métropolitains, les citoyens doivent passer à l’action. Le reste appartient à l'histoire. Une artère de circulation surchargée a été transformée en une zone piétonne au moins aussi vivante et colorée que la digue de Blankenberge.

Actuellement, la Porte de Flandre est le symbole grandeur nature de l'insupportable lenteur de la politique bruxelloise. La commémoration du premier pique-nique sur la place de la Bourse, il y a exactement 10 ans, est le coup d'envoi approprié d'une nouvelle saison de désobéissance joyeuse. Aujourd'hui, il n'y a plus d'excuse pour le manque total de vision et la réticence à agir. Avec un pique-nique sur le pont de la Porte de Flandre, nous transformons le chaos quotidien de la circulation en un rassemblement festif. En 2022, l'ère de la Voiture Reine est terminée.

Sortez votre nappe de pique-nique du placard.

Picnic The Bridge, dimanche 12 juin, 14h à la Porte de Flandre

Avec ses 900 mètres de long et ses 28 mètres de large de façade à façade, le Piétonnier de Bruxelles-Ville offre suffisamment d'espace pour que chacun puisse s'exprimer respectueusement sur le réaménagement et, dix ans après le premier pique-nique, se féliciter pour le travail accompli. De l'usager au visiteur, du pique-niqueur actif et du citoyen au secrétaire d'État à l'urbanisme, tous et toutes sont les bienvenus au deuxième plus grand Piétonnier d'Europe.

Il y a beaucoup de place pour les partisans, les opposants enragés, les désillusionnés et les souvenirs des beaux moments de la longue lutte d'il y a dix ans. Nous ne sommes pas tous obligés d'être d'accord sur comment, avec qui et par qui cela est arrivé, comment nous le vivons aujourd'hui, comment nous pouvons changer et améliorer cette zone piétonne et ses quartiers environnants à l'avenir. Il y a beaucoup de place pour toutes ces pensées, opinions et réflexions sur ce nouvel espace public de 25.200 m² au cœur de l'Europe.

Un endroit où nous pouvons faire toutes sortes de choses dans la ville qui étaient auparavant impensables. Un endroit pour expérimenter, pour étudier comment nous allons gérer cela dans les années à venir. C'est aussi un lieu où le débat sur la ville dans tous ses aspects doit rester possible, sur la politique, l'art, la pauvreté, le logement abordable, l'adaptation au climat, etc. Les discussions qui avaient lieu dans les cafés et qui étaient souvent réglées dans les arrière-salles politiques peuvent et doivent également avoir lieu sur cette nouvelle agora urbaine.

La révolution du centre-ville mérite de la nuance

Bruzz m'a contacté il y a deux semaines pour une réaction sur les 10 ans de Picnic the Streets et une courte évaluation du Piétonnier. Lorsque le journaliste m'a demandé quels étaient les éléments positifs et négatifs du réaménagement, j'ai été assez perturbé et j'ai demandé à ce qu'on me rappelle une heure plus tard, afin que je puisse y réfléchir. Je n'avais pas envie de faire des déclarations audacieuses, car je voulais présenter une histoire nuancée. Ce n'est pas devenu une interview de questions et de réponses, de déclarations, mais une longue conversation, avec beaucoup de nuances. C'est aussi ce que mérite cette révolution du centre-ville. [Vous pouvez lire les résultats de cette conversation ici].

Ce dont nous n'avons pas besoin dans cette rétrospective, c'est d'une nouvelle forme de paternalisme : « Nous savons ce qui est bon pour les citoyens. » Le ricanement de l'ancien bourgmestre dans le journal cette semaine était une expression, une sublimation de l'ancienne culture politique. Lors de grands tournants, on espère secrètement que les habitants et habitantes soient impactés positivement et ne seront pas encore plus figés. Plutôt qu’être une figure de proue, le politique est celui ou celle qui donne un coup de pouce à sa ville tout en remerciant ses citoyens et citoyennes pour le soutien politique permettant le changement. Sans lequel cette transformation n’aurait pas été possible. Le doigt levé, qui a clairement fait sa réapparition, est une chose dont nous pouvons nous passer dans les débats urbains.

Ce qui est urgent et qui n'a pas été retenu dans l'article avec Bruzz, c'est mon appel à nous tous - citoyens, société civile, universités et politiques - à réfléchir à la direction que nous voulons prendre avec cette zone piétonne et par extension l'hypercentre de la Ville de Bruxelles. À quoi cela ressemblera-t-il en 2050, en tenant compte de tous les défis et besoins de ses citoyens et citoyennes en premier lieu.

Ce qui ne s'est pas passé comme prévu...

Il est trop crû de dire que le collège communal n'avait pas de vision pour cette intervention majeure à l'époque. Cependant, il peut être objectivement établi qu'un certain nombre de choses ne se sont pas déroulées comme espéré et proposé ou n'ont jamais été programmées. Voici quelques exemples :

1.           La reconstruction des avenues centrales était liée à une vision dépassée de la mobilité, comprenant 4 nouveaux parkings, qui hypothèqueraient la ville pour encore 50 ans. Heureusement, les citoyens et la société civile ont été suffisamment attentifs pour contrecarrer cette dernière. Je n'entends personne se vanter de cela. Depuis juin 2015, nous constatons au quotidien que ce plan de mobilité ne colle pas avec l'espace public renouvelé. Espérons que le nouveau plan de stationnement et de mobilité apporteront un certain soulagement.

2.           Un réaménagement de cet ordre devrait normalement aussi inclure un plan stratégique garantissant le maintien d'un équilibre entre les différentes fonctions - du commerce à l'espace pour les artistes, des équipements collectifs pour les citoyens à l'espace disponible pour les jeunes, les activités sportives. Idéalement, ce plan prend en compte tous les âges et tous les citadins. Il n'est pas question de refaire une nouvelle rue commerçante. Nous avons déjà une Rue Neuve, nous n'avons pas vraiment besoin d'une deuxième, même si Uplace et Neo ne voient jamais le jour.

3.           L'un des leviers de cet équilibre des fonctions est le grand nombre de propriétés appartenant à la Ville et à la Région dans le centre-ville. Avec cela, ils pourraient orienter, compenser, si l'équilibre est perturbé par le marché libre et les opportunistes qui ne pensent qu'à leur propre portefeuille. Même s'ils vendent cela comme « nous faisons du bien à la ville ». Il est donc regrettable que seule l'ancienne échevine de la mobilité signale ce potentiel dans son interview de cette semaine. Sa solution est, comme toujours, diamétralement opposée à son analyse. Vendre du patrimoine public au privé, c'est céder ses bijoux de famille.

4.           Les années de travail de Brussels Studies Institute- Brussels centre observatory (BSI-BCO), son analyse de l'hypercentre sous tous ses aspects, ses recommandations sur l'espace public, la mobilité, le commerce, le logement, ne sont pas prises en compte.[1] Comment pouvez-vous gouverner une ville et ignorer tout simplement ces études et d'autres encore ? Comment pouvez-vous prêcher la participation si vous ignorez les connaissances et l'expertise ? Bien sûr, gouverner signifie faire des compromis, mais si même cette étude étendue et approfondie, ayant coûté beaucoup d’argent au contribuable, est simplement classée, alors on peut être critique à ce sujet, n'est-ce pas ?

Il est important et nécessaire d'énumérer les points positifs de ce changement spatial comme point de départ de la réflexion. Mais il doit aussi y avoir de la place pour les frustrations, les déceptions. Et être critique ne signifie pas que vous ne vous souciez pas de cette zone piétonne, au contraire.

... peut encore être réparé        

Il est clair que la rénovation urbaine n'est pas quelque chose que l'on fait tout seul ; la rénovation urbaine n'est jamais terminée. Même un super bon plan n'est jamais terminé. La ville vit, un plan ne vit pas.

C'est pourquoi je réitère mon appel à impliquer les citoyens et citoyennes et la très large et active société civile de Bruxelles dans la rénovation urbaine. Faites-le non seulement dès les premières idées pour le permis d’urbanisme, mais aussi dans le suivi après les travaux, dans l'évaluation après quelques années et dans l'adaptation éventuelle des plans à la réalité changeante.

Où voulons-nous emmener cette zone piétonne et, par extension, l'hyper-centre de la ville de Bruxelles en 2050 ? Réfléchissons-y avec les citoyens, la société civile, les universités et les politiques.

Donnez une plateforme ou une scène à toutes ces voix, même si elles sont critiques. Sinon, vous sapez notre démocratie dans sa forme actuelle. La condition, bien sûr, est que ces commentaires, ces critiques, soient suffisamment fondés sur des faits et des arguments raisonnables et ne soient pas simplement une voix d'opposition. Une fois cette condition remplie, écoutez l'expertise, les connaissances des milliers de citoyens actifs qui travaillent sans relâche et le plus souvent bénévolement pour leur ville.

Depuis l'extension de la zone piétonne, l'espace public du centre de Bruxelles est suffisamment grand pour donner une place à toutes ces différences et opinions et pour servir de scène à la ville, où les discussions naissent et où l'on peut certainement ne pas être d'accord.

C'est aussi ça, le Piétonnier de Bruxelles.

Tom Lootens, président de BRAL, mouvement urbain pour Bruxelles

[1] Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez lire la note de synthèse de 2017 ou le livre « Au-delà du Pentagone: Le centre-ville métropolitain de Bruxelles », que vous pouvez acheter à BSI ou emprunter dans la bibliothèque du BRAL, Place du Samedi 13, 1000 Bruxelles.

Carte blanche à l’initiative de la plateforme logement (FéBUL, RBDH, CSC Bruxelles, FGTB Bruxelles, Equipes Populaires Bruxelles, Inter-Environnement Bruxelles, MOC Bruxelles) paru sur la RTBF le 3 juin.

Signataires : Syndicat des locataires, Front commun des SDF, Front rendre visible l’Invisible, Droit à un Toit – Recht op een DAK, Infirmier de Rue, Syndicat des Immenses, CGEE, DoucheFLUX, Convivence, Hobo, Job Dignity, Action Logement Bruxelles, Le Forum – Bruxelles contre les inégalités, Fédération des maisons médicales, Union des locataires Quartier Nord, Communa ASBL, Réseau Wallon pour le Droit à l’Energie (RWADE), Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP), Fédé AMA, Fédération des Services Sociaux, Mouvement chrétien pour la paix, DUNE asbl, Union des locataires de Schaerbeek, Loyers Négociés, RWDH, Tuiniersforum des jardiniers, GAFFI asbl, Front Anti Expulsion, Comité de Défense de Saint-Gilles, Union des Locataires de Forest, Les ami.e.s du champ des cailles, Angela D. Union des Locataires d’Anderlecht Cureghem.

Le 27 janvier dernier, nous nous étions réjoui·es d'apprendre que le gouvernement bruxellois planchait sur une limitation de l'indexation des loyers à 2%. L'urgence sociale touchant de plus en plus de ménages à Bruxelles, comme dans l’ensemble du pays, cette mesure nous semblait non seulement amplement justifiée, mais aussi tout à fait réalisable. Et pourtant, la majorité régionale n’a pu se mettre d’accord sur la proposition de la Secrétaire d’État Madame Ben Hamou, le blocage semblant résulter d’un véto du parti Défi et des réticences de l’Open Vld.

Une inaction criminelle

On ne peut pas dire que la situation des locataires - qui représentent plus de 60% des ménages bruxellois - s'est soudainement améliorée. Bien au contraire. Ils et elles doivent faire face dans le même temps à une augmentation des loyers continue et disproportionnée (ces 10 dernières années, ils ont augmenté de 20% au-delà de l'indexation), une flambée des prix de l'énergie (pour certain·es, cela signifie un triplement de la facture d'énergie), le tout après deux ans de crise Covid, ponctués de diminution voire de perte de revenu.

Le dernier diagnostic de perspective.brussels nous rappelle en effet l'impact très lourd qu'a eu la pandémie pour de nombreux·ses Bruxellois·es, en particulier pour celles et ceux qui passent entre les mailles du filet de la sécurité sociale. Le risque de surendettement, de précarité énergétique et d'expulsion augmente. Avec celui-ci, le besoin d'intervention des services publics et services d'aide sociale. Les Bruxellois·es consacrent en moyenne 35% de leur budget au coût du logement (loyer et charges) mais cette moyenne cache de véritables disparités entre les ménages. Pour les plus pauvres, il ne reste quasiment plus rien une fois le loyer payé. Certain·es allocataires sociaux·ales consacrent en effet jusqu’à 70% de leur maigre allocation pour se loger. Des ménages postposent un rendez-vous chez le médecin, se privent d'une alimentation de qualité ou encore d'achat de matériel nécessaire pour le suivi scolaire de leurs enfants pour pouvoir payer (trop cher) le droit de vivre dans un logement trop souvent de mauvaise qualité et/ou surpeuplé[1].

La limitation de l'indexation : c’est légal et réaliste

Contrairement à l'idée répandue par les partis politiques refusant la limitation de l'indexation des loyers, celle-ci n'est ni inconstitutionnelle, ni irréaliste, ni irréalisable. Cette limitation vise à garantir le droit au logement, elle poursuit donc un intérêt général ; compte tenu de la croissance des loyers - bien supérieure à l’inflation - au cours des vingt dernières années à Bruxelles, ce n'est pas une limitation de l'indexation des loyers à 2% qui va soudainement plonger la plupart des bailleur·euses dans la précarité. Par contre, elle permettra à de nombreux ménages locataires de garder la tête hors de l'eau.

Une mesure désirable mais insuffisante

Au regard de l'urgence sociale et de la détresse grandissante des ménages bruxellois - gardons en tête que derrière chaque chiffre se cachent des situations familiales dramatiques, complexes et traumatisantes, dont il est pour certain·es difficile d'en sortir indemne -, la limitation de l'indexation des loyers est une mesure simple et rapide à mettre en place, mais clairement insuffisante dans un objectif sérieux de lutte contre la pauvreté.

Nous sommes à mi-mandat, et nous, œuvrant au sein d’associations de lutte contre la pauvreté au sens large, sommes inquiet·es et scandalisé·es. Inquiet·es, car c'est maintenant que les locataires subissent les conséquences de l'augmentation des coûts du loyer et de l'énergie. Inquiet·es, car les retours du terrain nous font part de services de première ligne déjà saturés, qui doivent faire face à des situations de détresse de plus en plus critiques. Inquiet·es et scandalisé·es, car nous constatons un immobilisme de certain·es responsables politiques en matière de lutte contre le mal-logement. Scandalisé·es de constater que les drames que vivent nos concitoyen·nes n'émeuvent pas suffisamment une partie de la sphère politique pour mettre en place des mesures simples et efficaces. Scandalisé·s de constater que pour certain·es, il est préférable de laisser sombrer une partie grandissante de notre population dans des situations dramatiques (expulsions domiciliaires, sans-abrisme...) plutôt que d'agir de manière structurelle sur le marché du logement. Scandalisé·es de ce blocage politique. Pourtant, il sera toujours socialement plus désirable - et même plus efficace - de prévenir la misère sociale plutôt que de tenter de la soigner.

Si des solutions peuvent être recherchées pour la petite minorité de propriétaires bailleurs précaires, il est temps de reconnaître que la majorité à protéger - y compris par une règle sur les montants des loyers - se trouve bien du côté des locataires.

Nous continuerons de dénoncer cet immobilisme. Parce que l’urgence sociale le nécessite, parce qu’aucune autre mesure ne permettra de le faire : ni la construction de logements neufs[2], ni une augmentation de l’aide sociale. Si l’on s’intéresse au bien-être de l’ensemble des habitant·es de Bruxelles, il faut accepter et soutenir les initiatives visant à réguler le marché locatif privé, en ce compris la limitation de l’indexation des loyers.

[1] La moitié de la population bruxelloise en situation de risque de pauvreté vit dans des logements considérés comme trop exigus par rapport à la taille de leur ménage, cfr rapport perspective.brussels https://perspective.brussels/fr/actualites/diagnostic-socio-economique-territorial-et-environnemental-de-la-region-de-bruxelles-capitale-suite

[2] Voir à ce sujet l’article du Bral : https://bral.brussels/fr/artikel/des-logements-suppl-mentaires-ne-feront-pas-baisser-les-prix

Des habitants d'Anderlecht et une association de protection de la nature ont eu raison de résister à la construction d'un hangar colossal dans la vallée du Vogelzangbeek.

Dans son jugement du 2 juin 2022, le Conseil flamand du Contentieux des Permis (Raad voor Vergunningsbetwistingen) a annulé le permis d'environnement accordé par la province du Brabant flamand pour la construction d'un énorme hangar agricole qui aurait entrainé une importante imperméabilisation du sol, dans une prairie à côté du Vogelzangbeek, qui forme la frontière entre Sint-Pieters-Leeuw et Anderlecht. Avec ce jugement, l'association de protection de la nature CCN Vogelzang CBN et les riverains de la rue du Chant d’Oiseaux à Anderlecht ont obtenu une victoire importante. Auparavant, le Conseil avait déjà suspendu le permis dans un jugement du 25/03/2021.

La décision du Conseil se fonde sur trois constatations importantes.

  1. L'enquête publique organisée par la commune de Sint-Pieters-Leeuw en novembre 2019 n’était pas valable. Il n'y avait pas d'affiche annonçant le projet à l’endroit où le hangar était prévu, au Kortvondelweg. En conséquence, les résidents et l'association de défense de la nature n'ont pas pu exercer leur droit de participation à un stade précoce du dossier.
  2. La prairie où la construction de cet énorme hangar était prévue est, selon le plan régional d’affectation du sol, située dans une zone agricole de grande valeur paysagère. Avec une hauteur de 11,8 mètres, ce hangar serait beaucoup plus haut que les bâtiments agricoles existants sur la parcelle, et les 4 000 m² d’imperméabilisation prévus par le projet entraîneraient une détérioration considérable de la structure écologique de la vallée. L'argumentation de la Province selon laquelle ce hangar ne causerait pas de dommages significatifs au paysage a été rejetée par le Conseil.
  3. Le Conseil évoque le doute quant à la capacité de l'installation de refroidissement envisagée à respecter les conditions légales de Vlarem II en matière de bruit. Bien que la Province, lors de l'octroi du permis, ait imposé des mesures de bruit après la mise en service, afin de remédier à d'éventuels dépassements par la suite, le Conseil affirme que ces mesures de bruit n'apportent aucune certitude quant au respect des conditions environnementales applicables.

Les vallées sont cruciales dans la lutte contre les effets négatifs du changement climatique

Dimanche 5 juin, pour la énième fois consécutive, nous avons été confrontés aux destructions et aux souffrances humaines causées par les inondations. Les prairies traditionnellement humides dans les vallées doivent pouvoir jouer à nouveau leur rôle de zone de tampon et apporter ainsi une contribution importante à la lutte contre les effets négatifs du changement climatique. Les bonnes intentions ne manquent pas dans les plans politiques des différentes autorités compétentes. La province du Brabant flamand accorde la priorité à la restauration des qualités vertes et bleues des zones de vallée, et la commune de Sint-Pieters-Leeuw indique qu'il faut exclure tout nouveau drainage dans les vallées. Comment est-il donc possible qu'une demande située dans une vallée vulnérable et classée en zone inondable puisse se voir accorder un permis en première instance par la Commune, puis en appel par la Province ?

Les habitants de la rue Chant d’Oiseaux à Anderlecht et les habitants de Negenmanneke à Sint-Pieters-Leeuw ne connaissent que trop bien les terribles conséquences des inondations de ces dernières années. L’annulation du permis d'environnement contesté est donc un grand soulagement.

Il reste à savoir si c'est la fin de l'affaire, car la Province a cinq mois pour prendre une nouvelle décision.

Contacts

Association nature:
CCN Vogelzang CBN: Bernadette Stallaert, bernadette.stallaert@gmail.com, 0478/344 142

Habitants:
Davy Deschepper: davydeschepper@gmail.com, 0486/563 820

Avocats : Gwijde Vermeire (vermeire.gwijde@telenet.be) et Hendrik Schoukens (Hendrik.Schoukens@UGent.be)

Facebook : CCN Vogelzang CBN: https://www.facebook.com/ccnvogelzangcbn/

Jugement du Raad voor Vergunningsbetwistingen: ci-joint, l’arrêté du 2/06/2022 n° RvVb-A-2122-0805

Le BRAL se bat pour un Bruxelles solidaire et respectueux de la santé de ses habitants et de l’environnement. De la mobilité à l’urbanisme, nous plaçons les Bruxellois au cœur de notre action. Nous les soutenons grâce à nos connaissances et les aidons à prendre eux-mêmes des initiatives. Ensemble, nous défendons notre vision auprès des pouvoirs publics. Autour de la table quand c’est possible, sur des barricades quand il le faut. Nous sommes critiques mais constructifs, un brin rebelles mais toujours nuancés.

Pour notre fonctionnement interne, nous recherchons un ou une responsable du secrétariat à temps plein pour une durée indéterminée.

Vos tâches

Voici les tâches associées à votre poste :

  • Réception & administration des membres
    Vous vous occuperez de la réception au bureau, par téléphone et via l'adresse e-mail général  (NL & FR). Vous serez en contact avec nos membres et assurerez le suivi des dossiers d'adhésion.
  • Personnel
    Vous travaillerez avec le secrétariat social sur l'administration du personnel. En collaboration avec le coordinateur, vous répondez aux questions relatives à la politique du personnel (règlement de travail, absences, congés, maladie, etc.).
  • Comptabilité et finances
    Vous suivrez la comptabilité quotidienne (paiements et enregistrement) avec le coordinateur. Vous suivrez de près le suivi administratif et financier des dossiers de subventions. Vous aiderez à faire rapport aux autorités.
  • Logistique
    Vous organisez le côté pratique de notre bureau : courrier, commandes, approvisionnements, services externes pour l'informatique et la maintenance, ... Vous gérerez un registre précis de notre bibliothèque et de nos archives.
  • Communication et activités
    Vous aiderez la responsable de la communication en publiant des articles sur le site web, en composant la newsletter, en envoyant des courriels aux membres, etc. Vous aiderez les collègues à organiser des activités si nécessaire, comme la recherche d'un lieu ou d'un traiteur.

Vos talents

  • Vous avez une bonne connaissance du néerlandais et du français. Un peu d'anglais est un plus.
  • Vous communiquez avec aisance et amabilité dans ces deux langues.
  • Vous travaillez de manière précise et méticuleuse.
  • Vous prenez l'initiative de faire avancer les choses.
  • Vous travaillez bien en équipe. Vos collègues peuvent compter sur votre engagement et votre enthousiasme.
  • Vous avez une bonne connaissance des logiciels de bureautique de base (MS Office : Word, Excel, Access, Outlook). Vous vous repérez rapidement dans diverses applications en ligne.
  • Vous pouvez gérer la comptabilité d'une petite asbl, grâce à votre expérience ou à une formation que vous avez suivie. Si ce n'est pas le cas, vous êtes prêt à suivre une formation ou un enseignement complémentaire.
  • Vous êtes prêt à travailler occasionnellement en dehors des heures de bureau (soirs, week-ends) lorsque le travail l'exige.

Notre offre

  • Un travail varié et vivant dans lequel vous contribuerez, dans les coulisses, au développement durable de Bruxelles.
  • Un environnement de travail stimulant laissant place à l'initiative et à la créativité.
  • Des contacts avec un groupe diversifié de citoyens, de comités et d'organisations bruxellois.
  • Un contrat à temps plein à durée indéterminée, négociable à 80 %.
  • Date de début : discuter ensemble.
  • Salaire selon les barèmes du secteur socio-culturel (niveau B1c de la commission paritaire 329.01). Nous tenons compte de votre expérience professionnelle pertinente.
  • Remboursement de vos trajets en transports publics ou indemnité vélo.
  • Horaire de travail flexible en tenant compte de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
  • Si vous manquez de certaines connaissances ou d'expérience, nous vous donnons la possibilité de suivre la formation ou l'enseignement nécessaire.
  • Au BRAL, vous ne travaillez pas seul. Vous êtes soutenu par une équipe de collègues enthousiastes, prêts à vous conseiller et à vous aider. Notre bureau lumineux situé au cœur de Bruxelles (13, place du Samedi) est un lieu où vous pouvez non seulement travailler, mais aussi réfléchir, discuter ou vous détendre avec vos collègues.

L’offre vous intéresse ? Chouette !

Envoyez-nous votre lettre de motivation et votre CV au coordinateur, Raf Pauly:

  • par e-mail : info@bral.brussels, à l'attention de Raf Pauly.
  • ou par courrier : Raf Pauly (coordinateur), BRAL – Mouvement urbain pour Bruxelles, place du Samedi 13, 1000 Bruxelles.

Déroulement du processus de recrutement

  • Nous sélectionnons d'abord les candidats sur la base de leur CV et de leur lettre de motivation.
  • Nous vous informons si vous êtes sélectionné ou non.
  • Nous invitons les personnes sélectionnées à un test écrit (environ 1 heure) et à un entretien avec un jury.
  • Nous informons les candidats de notre décision.

Des questions sur l’offre d’emploi ou la procédure ? Besoin de clarifications ? N’hésitez pas à nous contacter via info@bral.brussels ou au 02 217 56 33.

 

Il y a un an, le ministre-président Rudi Vervoort a annoncé que le gouvernement bruxellois a modifié le Plan d’Aménagement Directeur (PAD) Mediapark. Depuis lors, silence radio. Cela laisse les riverains avec beaucoup d’incertitudes sur les développements du plan. Le BRAL a parlé avec le Comité de quartier Mediapark pour s’informer des derniers changements sur le terrain.

Un an après l'annonce, aucune information n'est publiée sur les développements du PAD Mediapark, aucune enquête publique n'est lancée. Le comité de quartier Mediapark s’inquiète du fait qu’il n’y a pas encore un bilan carbone (une évaluation des émissions du projet), de la préservation de l'habitat des lérots localisée sur le terrain (nombreuses observations en juin ces dernières semaines), de la diminution de hauteur de bâtiments non précisés, et des nouvelles propositions imprévues sur le tracé du tram 25. Selon le comité de quartier Mediapark, le projet manque aussi encore de profondes études économiques et sociales.

Qualité de vie des personnes et des lérots

Fin 2021, Bruxelles Environnement a lancé la carte de valeur biologique. Le Bois Georgin, localisé sur le PAD Mediapark, est indiqué sur la carte comme site de valeur biologique importante. Le comité souligne également l'importance de la forêt comme îlot de fraîcheur au moment où les canicules sont et seront encore plus fortes et fréquentes et sont un élément déterminant de santé publique pour tous. Selon le comité de quartier, cela signifie que toute la forêt (8 ha.) doit absolument être préservée. Les plans initiaux datant de 10 ans, sont devenus obsolètes et ne suivent plus ni l'actualité ni la réalité.

Depuis plusieurs années, des lérots (espèce protégée, et presque menacée de disparition!), ont été localisés dans le Bois Georgin. Une recherche a inventorié cette présence de lérot et recommande aux administrations régionales les solutions environnementales correspondantes. Le rapport d'incidences environnementales (RIE) du PAD avait osé imaginer un plan pour relocaliser les lérots, dit le comité de quartier :

“L'idée de la région, c'était que s'il y a des lérots, on les prend et on les met autre part, en les remplaçant par du béton!”

Le comité du quartier, avec les citoyens, experts et organisations naturalistes, s'oppose à cette relocalisation d’habitat des lérots, qui est inacceptable au niveau politique, environnemental et public en 2022. Ce serait un écocide. Leur habitat doit être préservé en déplaçant la construction du bâtiment H en un autre endroit dans le périmètre du projet, hors du Bois Georgin.

Un nouveau plan pour le tram 25

En ce qui concerne le transport en commun, le cabinet de la mobilité a finalement lancé son plan pour le Mediatram. En 2019, le gouvernement bruxellois a envisagé une ligne de tram 25 sur le terrain de PAD Mediapark dont 2 tracés le long du boulevard urbain (ex E40). En mars 2022, 3 ans après, le cabinet de la mobilité a annoncé un plan différent faisant passer le tram le long de la rue Colonel Bourg à Schaerbeek et Evere.

“Il faut attendre que les nouveaux bâtiments soient par terre pour faire la ligne de tram. Maintenant il y a déjà des embouteillages énormes dans les rues. Les trams n'ont pas la capacité de recevoir tout le monde en fin d'après-midi ou au début de la journée. Comment est-ce qu'on fait quand les nouveaux bâtiments sont prêts et accueillent de nombreuses nouvelles personnes?” se demande le Comité Mediapark.

Ce nouveau plan va affecter des milliers de riverains, qui ne sont pas du tout consultés sur ce nouveau tracé.

Le plan actuel est contraire aux trois options délimitées par le gouvernement en 2019. Comme alternative, les riverains ont récemment proposé un projet au commission de concertation de la commune Sint-Lambrechts-Woluwe qui combine une piste cyclable avec la ligne de tram 25 le long du boulevard urbain (ex E40), mais ce projet a été rejeté.

La hauteur des bâtiments

Une autre priorité du comité reste la hauteur des bâtiments. “Après le changement de l'année passée, le ministre-président a dit “on va baisser un série de l'immeuble d'édifices”, mais on ne sait pas où, quand, comment, pourquoi, on sait rien”.” Les bâtiments en construction de la RTBF, VRT (fin prévue en 2006) et FRAME (BX1) ainsi que les deux immeubles privés le long du boulevard Reyers et les logements sociaux ont tous une hauteur de 7 étages à partir du rez-de-chaussée. “Donc on dit à la région pourquoi, quand tous les bâtiments sont de 7 étages, vous voulez construire 10 bâtiments de 12, 14, 20 étages? C'est non respectueux ni en harmonie avec tous les gabarits de la zone.”

Maintenant les riverains attendent le nouveau PAD Mediapark et ils espèrent que ça va être revu en profondeur. “Pour le PAD Josaphat, ils ont pris à peu près l'ancien projet qu’il y a 10 ans, ils ont remis avec quelques petites modifications.

Nous, on espère que ça prend du temps parce qu'ils sont en train de refaire sérieusement le projet,

avec toutes les infos qu'on a apporté de manière constructive et positive.”

À la mi-juin, le nouveau bâtiment de la VRT a reçu son permis. En tant que BRAL, nous regrettons que des projets individuels soient approuvés dans le cadre du PAD, alors que le plan global est toujours en attente, et que nous soyons finalement mis devant le fait accompli.

Eline Kristel Inghelbrecht
Stagiaire de BRAL

La Ville de Bruxelles a communiqué en mars son plan de circulation pour le Pentagone, la mise en œuvre du plan régional de mobilité Good Move. Quel est le but de la ville elle-même ? Elle souhaite “rendre votre quartier plus accessible, plus agréable et plus sûr pour tous les modes de déplacement (à pied, à vélo, en transports en commun ou en voiture).” En tant que BRAL, nous ne pouvons qu’applaudir. Il s’agissait aussi d’une des neuf recommandations de L’autre Atelier.

Mais le plan est-il réussi selon nous ? Nous vous présentons notre analyse, un analyse de analyse van ARAU, BRAL, Buurtcomité Alhambra, Chercheurs d’Air, Clean Cities, Critical Mass Brussels, EU Cycling Group, Fietsersbond, FietserbondGRACQ1000, Filter Café Filtré, GRACQ, Heroes for Zero, johanna.be, Netwerk Duurzame Mobiliteit et Walk.Brussels. Vous pouvez lire la version courte ci-dessous. Dans la pièce jointe, vous pouvez lire l'analyse complète.

Un quartier apaisé selon nous

Tout d’abord, nous énumérons quels devraient, selon nous, être les objectifs d’un quartier apaisé, afin de préciser clairement par rapport à quoi nous allons évaluer le plan : 

  • Lors de l’aménagement des rues et places, soutenir les piétons et cyclistes de manière conséquente en leur donnant davantage d’espace et de l’espace suffisant pour se déplacer en toute sécurité afin que ces modes de transport soient stimulés dans le quartier apaisé
  • Améliorer la sécurité routière en réduisant l’intensité du trafic, en réduisant les vitesses et en organisant mieux les points problématiques
  • Augmenter la qualité de l’espace public, de sorte que le plan de circulation modifié améliore également la qualité générale de logement et de vie
  • La limitation de l’espace occupé par la circulation automobile, tant les voitures qui roulent que celles qui sont stationnées, de sorte que de l’espace soit libéré pour les piétons, les cyclistes, les transports en commun et autres activités de séjour urbain
  • La réduction de la pression automobile dans les quartiers, avec comme effet une amélioration de la qualité de l’air  

Donc, le plan est-il une réussite ?  

Le plan pour faire du Pentagone un quartier apaisé est un pas dans la bonne direction. Mais si nous comparons avec ce qui sont pour nous les objectifs les plus importants, des aspects cruciaux sont manquants. 

  • Le principe STOP, qui est mis en avant dans Good Move, n’est pas suffisamment mis en œuvre. Le plan part de l’automobiliste et ne montre pas suffisamment les avantages pour les autres usagers et la qualité de vie. Les piétons, les cyclistes et les usagers des transports en commun ne sont pas suffisamment soutenus. Parce que le principe STOP n’est pas mis en œuvre, ils sont envoyés vers des axes de transit potentiels où la qualité de l’air est déjà mauvaise actuellement.
  • Un plan de circulation devrait veiller à ce que moins d’espace soit occupé par le trafic motorisé. Pour le pentagone, cela semble plutôt limité. En-dehors de quelques nouvelles zones piétonnes, peu d’espace est libéré. Ainsi, les nouvelles rues à sens unique demeurent encore souvent à double sens pour les bus.
  • La qualité de l’espace public est surtout abordée via des projets temporaires.
    En outre, le plan de circulation semble, en tant que tel, apporter peu de changements pour la qualité de vie dans la ville parce que peu d’espace supplémentaire est libéré. 
  • En ce qui concerne l’impact sur la sécurité routière, divers ZACA sont pris en compte. Ce n’est qu’après l’instauration du plan qu’on verra clairement s’ils deviennent alors bel et bien sûrs. Lors des changements des directions de roulage, il faut bien penser à la manière dont la sécurité pourra être garantie. 
  • Alors que le Pentagone compte parmi les plus mauvais scores en matière de qualité de l’air, ceci ne semble pas résolu d’emblée par le plan de circulation. Les axes de transit potentiels recouvrent les points ayant la plus mauvaise qualité de l’air, de sorte qu’une amélioration ne semble pas s’annoncer d’emblée.

Et nous attendons maintenant jusqu’au 16 août lorsque le plan sera instauré ...

ARAU, BRAL, Buurtcomité Alhambra, Chercheurs d’Air, Clean Cities, Critical Mass Brussels, EU Cycling Group, Fietsersbond, FietserbondGRACQ1000, Filter Café Filtré, GRACQ, Heroes for Zero, johanna.be, Netwerk Duurzame Mobiliteit, Walk.Brussels

St-Josse et Molenbeek veulent-ils protéger leur population de l’air nocif ? Sont-ils au courant des possibilités à leur disposition pour y remédier ? Nous aimerions attirer leur attention à ce sujet avec cette lettre cosignée par un tas de partenaires.

La semaine dernière, nous avons envoyé une lettre ouverte au conseil municipal de Molenbeek et de Saint-Josse-ten-Noode. La lettre demande que la qualité de l'air soit prise en compte dans les plans de circulation. Elle est cosignée par les organisations où nous avons organisé un atelier pour CurieuzenAir, ainsi que par un certain nombre d'autres sympathisants. Vous pouvez lire la lettre complète dans la pièce jointe ci-dessous. En bref, cela se résume à ceci.

Au cours de l'année écoulée, plus de 2.500 citoyen.ne.s et associations ont mesuré la qualité de l'air partout dans la région bruxelloise, dans le projet CurieuzenAir porté par le BRAL, UAntwerpen et l'ULB, avec le soutien de Bloomberg Philanthropies et l'assistance de Bruxelles Environnement.

Les résultats de cet exercice de mesure donnent une bonne image de l'étendue spatiale de la pollution atmosphérique. Pour rappel, la mauvaise qualité d’air provoque chaque année 6.500 morts prématurées en Belgique et impacte la qualité de vie d’à moitié de la population bruxelloise. Une politique globale est nécessaire pour améliorer la qualité de l'air presque partout à Bruxelles afin de respecter la valeur guide de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de sorte qu'aucun.e Bruxellois.e ne court le risque de souffrir d'effets sur la santé dus à la pollution atmosphérique.

CurieuzenAir montre surtout que les Bruxellois.es ne sont pas égaux devant ce tueur silencieux. En général, la population au centre et en première couronne souffre d’une qualité d’air bien pire que la plupart des habitants en deuxième couronne. En effet, les populations de St-Josse et de Molenbeek sont systématiquement exposées à un air de mauvaise qualité.

Les populations de St-Josse et de Molenbeek sont systématiquement exposées à un air de mauvaise qualité.

Dans plusieurs rues à St-Josse et à Molenbeek, la qualité de l'air approche ou dépasse même la norme européenne en NO2 (40 µg/m³) : elle y est donc illégale. Dans les deux municipalités, on trouve non seulement des axes régionaux très fréquentés, mais aussi des canyons de rues, des rues étroites entourées de bâtiments hauts et denses qui piègent les gaz d'échappement.

Heureusement, les municipalités peuvent prendre les rênes elles-mêmes.

Heureusement, les municipalités peuvent prendre les rênes elles-mêmes. Les municipalités peuvent localement intervenir afin de remédier aux pires cas et/ou aux endroits fréquentés par une population particulièrement vulnérable. Nous pensons notamment à l’installation des rues écoles ou encore des rues à jeux pendant la saison estivale. Les communes sont également capables d’installer des mailles apaisées avec des moyens auprès de la région. Avec les résultats de CurieuzenAir en main, les communes peuvent diminuer le trafic de transit dans leurs quartiers et visant les endroits les plus pollués dans le quartier, notamment les streets canyons, avec comme objectif de diminuer les émissions directes dans ces rues.

Si les municipalités veulent améliorer l'air que respirent leurs citoyens, elles peuvent bien sûr faire appel à nous pour jeter le pont entre le rêve et l'action.

À Molenbeek
BRAL, la Maison Médicale Norman Béthune, Buurthuis la Maison de Quartier Bonnevie,  WGC De Brug - La Passerelle, Foyer vzw, La Rue, Atelier Groot Eiland, Molembike, 1080/0

À Saint-Josse-ten-Noode
BRAL, Maison de Santé Atlas, EYAD asbl, Fabrik asbl, GC Ten Noey, SJAZOR, 1210/0, Sima asbl, Gracq St-Josse

 

 

Merci, merci, merci, merci !

Nous étions nombreux et nombreuses le vendredi 24 juin à la Festiv'Assemblée pour parler lutte pour le droit au logement et organisation collective. En espérant que cette journée vous a donné de l'espoir et l'envie de participer aux luttes à venir et au mouvement que nous allons construire ensemble !

L'assemblée nous a permis de définir 4 groupes de travail afin de concrétiser l'organisation du Housing Action Day prévu pour le 26 mars 2023. Les voici :

  • Narratif politique commun - Personne de contact : Pernelle
    Objectif du groupe : penser un narratif politique commun aux 3 régions (Flandre - Wallonie - Bruxelles) à partir de l'appel du Housing Action Day et des positions communes des années précédentes, permettant à chacune de s'y retrouver. Quel est le message principal que nous voulons mettre en avant pour l'édition 2023 ?
  • Communication externe - Personne de contact : Tanita
    Objectif du groupe : imaginer et créer le matériel de communication en vue de la manifestation du 26 mars 2023 : stickers, affiches, newsletters, publications à diffuser sur les réseaux sociaux, repenser la cohérence visuelle et le site web.
  • Mobilisation - Personne de contact : Caroline 
    Objectif du groupe : se saisir du matériel créé par le groupe "Communication Externe" pour mobiliser les gens à participer au mouvement logement et à se joindre aux actions et à la manifestation, l'idée étant de sortir du cercle associatif et/ou militant et faire le lien avec d'autres luttes sociales
  • Organisation interne : Personne de contact : Anne-Sophie
    Objectif du groupe : Comment s'organise-t-on entre nous ? Quel moyen utilise-t-on pour communiquer entre nous ? Comment décide-t-on de décider ? À quelle fréquence nous réunissons-nous ? Comment se déroulent les réunions ?

Si l'un de ces groupes de travail vous parle, n'hésitez pas à envoyer un mail à la personne de contact pour être mis·e au courant des réunions et des échanges ! Plus d'informations à retrouver dans le PV de la Festiv'Assemblée.

Chaque groupe de travail s'organise de manière autonome pour arriver à des propositions concrètes qui seront partagées lors de la prochaine assemblée, prévue pour le jeudi 29 septembre 2022. Le but étant d'enclencher la mobilisation et la communication du Housing Action Day 2023 à ce moment-là.

Pour chacun des groupes de travail une attention particulière est demandée au lien entre les 3 régions linguistiques et à l'usage d'une communication FR/NL afin de créer un mouvement logement impactant à l'échelle nationale !

Rappels importants :

  • Le Cloud est la plateforme centrale où se regroupent toutes les informations concernant le Housing Action Day : les précédentes éditions, les PV de réunions passées, les prises de notes de la Festiv'Assemblée, les différents visuels (photos, posters, logos) et bien plus encore. Jetez-y un coup d'oeil !
  • Les pages Facebook et Instagram sont des moyens de partage d'informations sur le Housing Action Day et les luttes pour le droit au logement tout au long de l'année, n'hésitez pas à nous faire parvenir des nouvelles pertinentes ainsi que des évènements et/ou actions à partager.
     

Celles et ceux qui désirent organiser la prochaine assemblée (fixer une date et heure, un lieu de réunion, rédger un ordre du jour et partager les informations via les différents canaux de communication) : merci de nous faire signe par retour de ce mail. Toutes les énergies sont les bienvenues !

Et last bust not least, encore un tout grand merci à Naast Monique de nous avoir accueuilli·es dans leurs espaces. Merci également à Brieuc Van Elst pour les belles photos de la journée ainsi qu'à DJ Oker, DJ Viral et Ladies Sket pour leurs sons ! Une après-midi et une soirée à refaire.

Lors du débat de CurieuzenAir, le public a posé des questions sur la crise énergétique et les poêles à bois. Bien que la qualité de l'air extérieur soit en voie d'amélioration, il est à craindre que Bruxelles soit laissée dans le froid l'hiver prochain, les citoyen.nes se tournant de plus en plus vers les poêles à bois ou d'autres combustibles fossiles pour se réchauffer. Que cette énergie coûtera de plus en plus cher en raison des décisions géopolitiques et des mouvements du marché libre. Et que la qualité de l'air intérieur se verra compromise.

En 2020, Martin Casier a posé à Alain Maron une question sur le chauffage au bois au sein de la commission de l'environnement. Sa réponse à l'époque était la suivante : nous ne savons pas quoi en faire ; trop difficile, trop délicat. Nous allons donc continuer à mesurer et à surveiller. Le ministre Maron a fait preuve de clairvoyance pendant le débat en 2022. "Ce sera une catastrophe cet hiver, je ne suis pas rassuré par cette crise", qu'il estime être encore pire que le COVID. "Nous prévoyons un parapluie grâce au tarif social auquel 30 % de la population a droit, mais ce sera tout de même très difficile." Le gouvernement assurera la protection sociale pour le gaz et l'électricité et donnera aux CPAS des ressources supplémentaires pour aider les gens. Mais ce n'est pas une solution à long terme : les factures élevées sont insoutenables. "Nous devons réussir à réduire la consommation et nous pouvons le faire en améliorant la performance des bâtiments."

Au moment du débat, il n'y avait pas de calendrier des politiques décidées pour le Plan Air, Climat et Énergie, mais il est désormais en place. Après plus d'un an d'étude, le gouvernement a approuvé le PACE (Plan Air-Climat-Energie).  "Dans ce plan, l'ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre est resserrée à - 47 % en 2030 par rapport à 2005 (contre - 40 % aujourd'hui), conformément au paquet européen "fit for 55"." Dans la chronologie, nous ne lisons rien de spécifique sur les poêles à bois, mais nous lisons sur le mazout. En 2025, les nouvelles installations de chauffage au fioul seront interdites.

Il faut des formes d'énergie pour chauffer, mais il est également important de conserver cette énergie. C'est ce que veut faire Rénolution, la stratégie de rénovation de la région. M. Maron a déclaré que nous sommes "au point" en ce qui concerne les nouvelles constructions - elles doivent être passives. Il a déclaré qu'avec la Rénolution, il réunissait les propriétaires, les bailleurs, les locataires et le secteur de la construction pour tripler ce que nous devons faire pour les objectifs climatiques. Le chemin à parcourir est long, mais le ministre est plein d'espoir en mettant beaucoup d'argent sur la table, en simplifiant les primes et en fournissant des ressources aux personnes en situation précaire. Il est attentif à la circularité des matériaux et souhaite également rendre les livraisons moins polluantes dans les quartiers de la ville. 

L'une des mesures auxquelles ils pensent, outre les primes, sont les prêts sans intérêt. La question est de savoir s'il sera en mesure de tenir cette promesse dans le climat économique actuel et à venir, marqué par la hausse des taux d'intérêt. Nous espérons, avec Maron, qu'il le pourra. Et sinon : des bons d'Etat, quelqu'un ? La Banque nationale de Belgique a récemment été chargée par l'Europe de financer le projet européen Next Generation. Il est temps que la Banque nationale l'utilise pour faire quelque chose d'utile pour les générations futures au lieu de financer la crise climatique !

Les ambitions ont dû être revues à la hausse pour atteindre les objectifs climatiques et, comme toujours, il faut trouver un compromis entre ambition et inconvénients, à court et à long terme. Et ces désagréments s’empireront cet hiver, alors que le chauffage est un droit fondamental. Le BRAL estime qu'il est important de faire une distinction entre la pauvreté énergétique et l'utilisation occasionnelle. Dans le cas de la pauvreté énergétique, les personnes optent systématiquement pour des sources de chauffage plus polluantes par nécessité. Nous nous retrouvons ensuite dans la politique de lutte contre la pauvreté, où un soutien structurel est nécessaire. Lorsqu'il s'agit d'une utilisation occasionnelle, nous pensons aussi à l'intimité et à la vivacité d'un feu de cheminée ! Depuis des siècles, les gens se réunissent autour d'un feu pour raconter des histoires, pour chanter, pour des rituels... Nous ne voulons priver personne de cette expérience humaine pure. Mais c'est autre chose que d'alimenter un feu 24 heures sur 24 alors que d'autres sources de chauffage sont disponibles dans votre budget... Conclusion pour nous : ici aussi, la nuance et le sens de l'humain sont importants. 

Nous souhaitons au ministre Maron beaucoup de courage et de persévérance dans sa recherche d'autres techniques de chauffage ! Peut-être pourrait-il s'inspirer de Bond Beter Leefmilieu, du VVSG et de Gawein Van Daele qui ont récemment organisé une journée sur les réseaux de chaleur et bien sûr donner à notre propre coopérative énergétique bruxelloise Brupower les ailes dont elle a besoin.

Annexe : Une feuille de route PACE

  • 2023 : Abattement fiscal pour soutenir la rénovation énergétique des logements à la mutation
  • 2023 : Fin des subsides aux énergies fossiles et renforcement du soutien aux alternatives
  • 2023 : Fixation d’un objectif énergétique ambitieux (150kWh/m²/an) pour les projets de rénovation lourde
  • 2023 : Mise en route du délai de 10 ans pour que les logements avec une classe PEB F et G réalisent une rénovation énergétique
  • 2024 : Tri obligatoire des biodéchets (UE) & intention de la Région de se mettre en ordre de marche dès 2023
  • 2024 : Mise en place d’un soutien à la rénovation groupée et développement d’une dynamique de rénovation groupée des bâtiments par quartier dans le cadre de la rénovation urbaine
  • 2024 : Verdurisation de 20 premières cours de récréation dans des zones en carence d’espaces verts
  • 2025 : Fin du chauffage aux combustibles fossiles pour les bâtiments neufs ou faisant l’objet d’un rénovation lourde (permis d’urbanisme demandés à partir du 1er janvier 2025)
  • 2025 : Interdiction de nouvelles installations de chauffage au mazout
  • 2025 : L’ensemble du bâti bruxellois devra avoir réalisé un certificat PEB
  • 2025 : 16 projets de réaménagement d’axes urbains de manière multimodale
  • 2025 : Mise en place de 25 quartiers au trafic apaisé
  • 2026 : Mise en service de l’unité de biométhanisation
  • 2027 : Réalisation de plan de rénovation pour l’ensemble des copropriétés bruxelloises
  • 2030 : Sortie complète du chauffage au mazout pour les bâtiments publics
  • 2030 : Réorientation de tous les outils économiques de la Région pour qu’ils soutiennent en priorité les entreprises qui font le choix de l’exemplarité sociale et environnementale
  • 2030 : Sortie des véhicules diesel
  • 2030 : Réduction de 30% du flux de déchets à destination de l’incinérateur
  • 2030 : Mise en cohérence de l’ensemble des soutiens de la Région aux pouvoir locaux avec les objectifs régionaux en matière d’air, de climat et d’énergie
  • 2030 : Réduction de 50% des émissions de GES des bâtiments tertiaires publics en 2030
  • 2033 : Échéance pour la rénovation des passoires énergétiques (PEB F et G)
  • 2035 : Sortie complète du chauffage au mazout pour l’ensemble des secteurs
  • 2035 : Sortie des véhicules thermiques
  • 2035 : Finalisation du développement d’un réseau de 11.000 bornes de recharge de véhicules électriques accessibles au public
  • 2040 :  Atteinte de l’objectif de 100kWh/m²/an par SISP et de la neutralité énergétique pour les bâtiments publics non-résidentiels
  • 2045 : Les bâtiments de classe D et E devront avoir fait l’objet d’une rénovation énergétique

Les autorités ont l'obligation de protéger la population. Mais outre des cadres normatifs conformes aux avis scientifiques, nous avons également besoin d'imagination. Et oh oui, qu'en est-il de Smart Move, d'ailleurs ?

Le débat politique de CurieuzenAir a eu lieu le 23 mai. Dans le panel : les ministres de la Mobilité Elke Van den Brandt, de l'Environnement Alain Maron, Dirk Jacobs (ULB), Annekatrien Verdickt (Filter Café Filtré Atelier), Ugo Taddei (Client Earth), Tim Cassiers (BRAL). Margot Otten assurait la modération. Cela fait déjà un moment, alors nous nous tournons vers l'avenir. Nous vous invitons à nous rejoindre dans la campagne et le compte à rebours jusqu'au 26 octobre 2022. Notez bien cette date, car le Parlement européen et les ministres de l'environnement débattront alors de la proposition de la Commission concernant la nouvelle directive sur la qualité de l'air. Cette directive déterminera ce que les Etats membres devront faire au niveau national comme objectif - mais sans imposer comment (avec quelles lois) ils atteindront cet objectif.

L'Organisation mondiale de la santé : comme un cheveux dans la soupe

Le dioxyde d'azote ou NO2 a été mesuré avec CurieuzenAir à l'aide de tubes qui ont été accrochés aux façades de 3 000 Bruxellois pendant un mois. Il s'agit d'un indicateur de l'effet du trafic sur la qualité de l'air. Nous avons mesuré le NO2 car il affecte le système respiratoire et notre santé. La mauvaise qualité de l'air provoque chaque année 6 500 décès prématurés en Belgique et a un impact négatif sur la qualité de vie de la moitié de la population bruxelloise.

Quel est l'enjeu ? Nous l'avons déjà écrit : l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a ajusté ses valeurs consultatives pour déterminer ce que signifie un « air malsain ». Et ce seuil a été considérablement abaissé, car les scientifiques ont réussi à établir des liens de causalité entre ces substances provenant des émissions des transports motorisés et leurs effets sur la santé publique. Si ce lien était déjà soupçonné auparavant, il est désormais écrit noir sur blanc. L’OMS a donc décidé d'abaisser sa valeur consultative de 40 microgrammes par mètre cube par an à 10 microgrammes par mètre cube par an. L'OMS est consciente qu'il s'agit d'une tâche considérable et propose donc une approche progressive.

Fran Lauriks, chef de projet et scientifique à l'Université d'Anvers, a montré ce que cette différence signifiait pour Bruxelles. Jetons un rapide coup d'œil aux chiffres (voir également les diapositives dans la pièce jointe ci-dessous). En 2021, Bruxelles comptait 1 219 970 habitants. Les résultats de CurieuzenAir ont montré que plus de 16 000 habitants vivent dans un endroit qui se trouve au-dessus du seuil actuel de 40 microgrammes. À l'inverse, seuls 19 000 Bruxellois vivent dans un endroit qui atteint le futur seuil de 10 microgrammes fixé par l'Organisation mondiale de la santé. La majorité des plus d'un million d'habitants de Bruxelles vivent donc dans un endroit qui n'atteint pas le seuil de l'OMS.

Un enfant peut colorier les résultats sur une carte en fonction de cercles concentriques : un centre rouge-orange et une périphérie bleu-vert. (Bien qu'il existe de grandes différences au niveau local : la zone piétonne et le parc de Bruxelles sont clairement plus positifs que les rues avoisinantes). Malgré l'amélioration globalement positive de la qualité de l'air à Bruxelles au fil des ans, ce schéma d'inégalité persiste, comme le démontre l'étude réalisée par Interface Demography et CurieuzenAir.

Comment Bruxelles va-t-elle faire face à cette situation ?

Il est clair que nous avons parcouru un petit bout de chemin. La LEZ écartant les voitures les plus polluantes de la route ou la zone 30 font effet, mais ce n'est pas encore suffisant.

  1. Le ministre Maron nous a dit, lors du débat politique au KVS, que, malheureusement, le gouvernement ne tient pas sa promesse d'adopter la valeur consultative de l'OMS pour Bruxelles, contrairement à ce que fait l'Europe. Il s'intéresse plutôt à la réforme en cours de l'AAQD (Ambient Air Quality Directive) de l'UE, où Bruxelles préconise les directives les plus ambitieuses. Mais pourquoi attendre l'UE ici, et risquer que ce qui en sortira soit un compromis entre les intérêts sanitaires et économiques ? Nous considérons donc qu'il est de notre devoir de continuer à inciter Bruxelles à être pionnière en la matière et à adopter cette ambition de l'OMS, afin que l'Europe ne soit pas laissée pour compte par la suite.
    Entre-temps, nous visons également le niveau européen en tant que membre de HEAL, l'organisation européenne de coordination pour un air sain (Health and Environment Alliance). Car comme l'a noté Ugo Taddei de Client Eart, « Les autorités ont l'obligation de protéger la population et la première étape doit être de réglementer les cadres normatifs en fonction des avis scientifiques. Sans cela, les conseils restent des promesses en l’air. » Nous vous tiendrons au courant de nos exploits en matière de lobbying et de la manière dont nous allons vous faire participer à la campagne !
  2. Bien que la qualité de l'air sur les grands axes de circulation soit assez mauvaise que pour être illégale, nous devons également mettre en œuvre une politique systématique de réduction du trafic partout afin d'améliorer la santé dans les quartiers où vivent souvent des personnes vulnérables. C'est pourquoi Tim du BRAL a immédiatement ouvert le tour des questions en demandant où en était Smart Move, la version bruxelloise d'un système de tarification routière intelligente. Mme Van den Brandt a fait savoir qu'il n'est pas si mal que l'on n'entende pas beaucoup parler de Smart Move, car cela signifie que des négociations se déroulent en coulisses. Malheureusement, c’est par les bruits de couloirs suivant le débat que nous avons entendu que Smart Move ne viendra probablement pas au cours de cette législature. Dommage !
  3.  Les ministres Maron et Van den Brandt reconnaissent que les personnes les plus vulnérables de la société sont les plus durement touchés par la mauvaise qualité de air. Leur projet est de sensibiliser aux conséquences de la pollution de l'air sur la santé et de mettre en place un réseau de mesures secondaires pour impliquer et sensibiliser les citoyens. De notre côté, nous poursuivons nos ateliers au niveau local et les portons également au niveau communal.
  4. Afin de libérer les gens du mauvais air au niveau local, la Région s'est engagée à créer pas moins de 50 quartiers apaisés. Chaque quartier aura son propre plan de circulation local avec un certain nombre d'axes structurants. Comparez-le au système respiratoire, avec les quartiers comme poumons sains et les tuyaux d'air comme artères de circulation. Le ministre a fait référence à Gand où les plans de circulation réduisent la pression du trafic et où les gens prennent des alternatives pour des distances plus courtes. Toutefois, nous mettons en garde le gouvernement bruxellois contre la création de « rues malchanceuses »(pineutstraten), c'est-à-dire, contre le « trafic de raccourci » dans des rues à caractère résidentiel. Une solution pour cela ? Réduire la pression globale de la voiture grâce à Smart Move. 
  5. La LEZ continue de se renforcer. L'interdiction du diesel est prévue en 2030 et l'électrification complète de la flotte pour 2035. L'électrification des bus serait réalisée d'ici 2036.

Appel à l'imagination

Un espace public agréable, l'adoucissement de l'eau pour permettre son passage, plus de transports publics, ... Il y a tellement de domaines dans lesquels des améliorations peuvent encore être apportées pour améliorer notre qualité de vie. Bruxelles est un lieu où tout est proche et accessible à pied

Annekatrien l'a bien dit : la ville est l'avenir et nous le construisons maintenant. C'est bien d'expliquer aux gens ce qu’on veut, mais il faut aussi faire travailler l'imagination ! Montrez comment la ville pourrait être. Si vous créez un imaginaire et abordez les gens de manière positive, l'opposition peut disparaître comme neige au soleil. « Oui, je veux vivre dans cette ville ! »

Interdire temporairement la circulation dans une rue a un effet immédiat. Le potentiel des plans de circulation est d'utiliser l'espace libéré pour des expériences. Non seulement pour les touristes au centre-ville, mais aussi pour ceux qui y vivent, étudient, travaillent et font du sport dans l'espace public. Dès que nous aurons fermé la rue (ou est-elle ouverte ?), les gens sortiront de derrière les façades.

Photos : Giulia Massenz

Dans le cadre de l'Assemblée d'été 2030, l'équipe de Super Terram a organisé une ‘dérive’ - une exploration semi-programmée d'un terrain inconnu - sur Schaerbeek-Formation. Ce site ferroviaire - le plus grand espace ouvert et non aménagé de la région de Bruxelles-Capitale - est peu connu des Bruxellois.es.

Au cours de cette dérive, une trentaine de participants ont exploré le site et expérimenté des approches alternatives aux sols urbains qu'il contient. Les participants ont exploré le terrain en huit étapes. Ils sont allés de point en point par groupes, s'inspirant de fragments de récits historiques, de science-fiction, de notes archéologiques, etc.

Le résultat a été une déambulation ludique, créative et collective d'où ont émergé des histoires alternatives pour Schaerbeek-Formation ainsi que pour la vie liée aux sols qui s'y trouvent.