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Quand ?

Mardi 10 septembre 2024. Accueil à partir de 19h30, début de la projection à 20h.

Où ?

BE-HERE : Rue Dieudonné Lefèvre 4, 1020 Bruxelles.

 

Cette lettre ouverte a été signée par le BRAL et a été publiée dans Le Soir le 12/08/2024.

 

Monsieur De Wever, mesdames et messieurs les négociateur·rices,

2024 restera probablement dans les livres d’histoire comme une année des records de chaleur. Le réchauffement de la planète s’est accéléré, entraînant une série choquante de phénomènes météorologiques extrêmes : sécheresses, vagues de chaleur, inondations, tempêtes intenses et incendies de forêt. Le chaos, les souffrances humaines et les pertes économiques causés par ces phénomènes sont incalculables.

Notre pays n’a pas été épargné. « Les pires de l’histoire » : c’est ainsi que les habitant·es de la commune limbourgeoise des Fourons décrivent les inondations qui les ont frappés récemment. L’eau est montée jusqu’hauteur de poitrine. Les habitant·es ont dû fuir leur maison. Les souvenirs, traumatisants, des inondations en Wallonie, en 2021 ont été ravivés. Il y a à peine un mois, nous avons commémoré les premiers « morts climatiques » belges. 

Sur le plan économique également, le bilan de 2024 est lourd : il suffit de penser aux mauvaises récoltes et aux cultures pourries que nos agriculteurs et agricultrices ont dû endurer en raison des précipitations sans précédent. Mais ce n’est qu’un signe avant-coureur de ce qui nous attend à mesure que les dérèglements se poursuivent. Les données scientifiques sont claires et précises : chaque fraction de degré de réchauffement supplémentaire a des conséquences dévastatrices pour nos écosystèmes, la santé publique et les économies du monde entier. On estime que la crise climatique pourrait coûter plus de 9,5 milliards d’euros par an à la Belgique en raison d’événements météorologiques extrêmes. 

Le climat doit donc être une priorité absolue pour les négociateur·rices politiques. Des ambitions claires et des mesures sociales concrètes en matière de climat sont essentielles pour relever les défis. Mais les documents de négociation qui ont fait l’objet de fuites ne laissent entrevoir que des révisions, des reculs et des remises en question des engagements existants sur le climat. 

Nous profitons de la fin de la « semaine de pause » dans les négociations pour rappeler aux formateur·rices fédéraux la situation exceptionnelle et inquiétante dans laquelle nous nous trouvons. Pour stopper le réchauffement, les émissions de gaz à effet de serre doivent être drastiquement réduites avant 2030. La Belgique doit y contribuer. Non seulement en réduisant ses propres émissions, mais aussi en s’engageant dans une coopération internationale et européenne forte. 

Pour les pays qui ont le moins contribué à la crise climatique, les conditions météorologiques extrêmes sont une réalité quotidienne depuis de nombreuses années. Les typhons, les sécheresses et les ouragans augmentent et exacerbent les inégalités. La crise climatique ne s’arrête pas à la frontière belge. La solidarité et la coopération internationales sont essentielles pour faire face à cette crise climatique.

Jusqu’à présent, la Belgique n’a pas pris au sérieux cet appel urgent. Les plans actuels de réduction de nos émissions ne sont pas conformes aux accords européens. Ils ne sont pas non plus conformes à l’arrêt de l’affaire climat, qui a statué que la politique climatique de la Belgique violait les droits humains de ses citoyens et qui impose une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030. C’est le strict minimum que notre pays doit faire pour éviter un réchauffement dangereux de plus de 1,5°C. 

Cette négligence est écologiquement, économiquement et socialement irresponsable. Les solutions et les technologies nécessaires à une politique climatique forte sont disponibles. Une politique qui associe le climat et la justice sociale peut permettre de réduire les coûts énergétiques, d’améliorer considérablement la santé grâce à un air plus pur, de créer des emplois dans les technologies propres et de restaurer une nature vivante et résiliente. En outre, le soutien est là : depuis des années, une majorité de Belges se prononce en faveur d’une politique climatique vigoureuse. Des sondages tels que l’Eurobaromètre (2024) le montrent. 82 % des Belges se disent directement concernés par les problèmes environnementaux, 91 % pensent qu’une législation européenne est nécessaire pour limiter les conséquences du changement climatique et protéger l’environnement, et 82 % estiment que nous devrions aider les pays non européens dans leur politique climatique.

Il n’y a donc aucune raison de ne pas placer la transition climatique en tête de l’agenda. Faire preuve de courage politique aujourd’hui signifie un monde plus sûr et plus prospère pour toutes et tous demain. Nous appelons les négociateur·rices fédéraux à faire preuve de la détermination et de l’ambition nécessaires pour faire face à cette crise. Pour garantir à nouveau une société vivable et saine, aujourd’hui et dans l’avenir de nos enfants et petits-enfants.  Il n’y a pas de meilleur moment que celui de la formation du gouvernement.

 

La très grosse enquête publique sur le CCN, le bâtiment qui jouxte la gare du Nord a démarré le 19 aout. Encore pendant la période de vacances scolaires donc. Comme plus de la moitié de l'enquête est organisée hors de la période de vacances scolaires, l'enquête publique respecte le Code Bruxellois de l'Aménagement du Territoire (CoBAT). "Typique", comme l'a bien rappelé notre coordinateur Raf lorsqu'il a été contacté par Bruzz en aout. Mais pour un dossier de cet envergure, cela pose de sérieuses questions démocratiques. Plus de 1.200 pages d'étude d'incidences environnementales et c'est sans compter les nombreux plans difficilement lisibles. Comment un citoyen est-il sensé décortiquer le projet à partir de la rentrée - et ce dans son temps libre - s'il ne dispose même pas de 30 jours pour le faire ? Cela est déjà compliqué pour les associations qui se plongent dedans... 

Hub multimodal

Le dossier est dans le viseur du BRAL depuis quelques années maintenant. Nous avions suivi l'enquête publique pour la modification du PPAS n°19 à la fin 2022. Mis à part le fait que la modification avait été taillée sur mesure pour le projet privé et approuvée avec très peu de contrôle démocratique (nos alertes destinées au Conseil Communal de Schaerbeek n'ayant pas abouti), c'est son timing qui est encore plus choquant. La demande de permis pour les quatre tours actuellement à l'enquête avait été introduite avant même que le PPAS ait été modifié et approuvé. La charrue avant les boeufs quelqu'un ?

Quitte à densifier Bruxelles, autant le faire proche d'une des grandes gares de la Région, vous diriez nous ? Certainement, et ce n'est pas contre la densification en tant que telle que l'on s'active mais la densification faite de cette manière-ci. Le hub multimodal essentiel que représente la Gare du Nord et le besoin de rendre le quartier plus agréable pour ceux et celles qui y vivent déjà ou habiteront par après, qui y passent ou qui y travaillent devraient être les points de départ d'un redéveloppement. Malheureusement, le projet en question ne fera qu'empirer la situation.

Des espaces publics invivables

Pourtant, les intentions étaient bonnes. La Région a lancé un "Masterplan fonctionnel et paysager des abords de la gare du Nord" ayant pour but de guider le redéveloppement du quartier en tant que hub mobilité (train, tram, bus locaux et internationaux, cyclistes et piétons). Avant même que les résultats de celui-ci soient connus, nous voici à l'enquête publique. Il est déjà inquiétant de lire que l'étude d'incidence soulève que la situation générale en termes de mobilité sera empirée après le projet. Et ce en figeant la situation peu souhaitable pour de décennies alors que les habitudes de mobilité seront amenées à changer. On risque de s'embourber dans un chemin où il sera difficile de faire marche arrière. 

Alors oui, le quartier est truffé de tours de bureau ayant émergé depuis les années 60 et rappelant la monofonctionnalité des abords de la Gare. C'est pourtant oublier que certaines personnes y vivent déjà et sont oubliées par les décideurs. La Résidence Nord, ce bâtiment Amelinckx où environ 1 000 personnes vivent, sera la première impactée par le nouveau développement sur l'ancien site CCN. Ombres, perte de lumière naturelle, chantier continu depuis des années et prévu jusqu'en 2030 au moins et aucune considération dans le processus décisionnel marquent leur quotidien. Si la vie de quartier ne fera que s'empirer pour eux, qui voudra venir vivre aux pieds de quatre nouvelles tours venant accentuer les effets de vent rendant les espaces publics invivables ?

C'est maintenant qu'il faut agir

Comme nos sonnettes d'alarme au conseil communal schaerbeekois n'avaient pas été écoutées, nous avons avec l'ARAU, IEB et un citoyen de la Résidence Nord introduit un recours devant le Conseil d'Etat pour annuler le PPAS cadrant ce projet. La décision se fait encore attendre mais pourtant, les promoteurs et les pouvoirs publics foncent. Nous risquons de nous retrouver dans une situation où les bâtiments, une fois construits, deviendront illégaux si notre recours aboutit. 

Si on se mobilise, c’est maintenant. Il faut dire stop à ce projet tout droit sorti d'un autre temps et partir sur des bonnes bases permettant de faire de la Gare du Nord un vrai hub mobilité où il est agréable de vivre, travailler ou passer. On a jusqu’au 17 septembre pour envoyer notre avis à la commission de concertation mmp@1030.be. Il faut également demander à pouvoir être entendu lors de celle-ci. C’est vraiment important. Le quartier nord mérite mieux qu’une carte blanche donnée à la promotion immobilière privée.  

Enquête jusqu’au 17/09. Concertation 30/09. Inscription via mpp@1030.be avant le 17/09.

 

Le dimanche 8 septembre, l'AB a ouvert ses portes pour le débat (alternatif) sur l'espace public que nous avons organisé avec Free 54 et de nombreuses autres organisations motivées. La salle était comble et les politiciens présents, issus de tous les partis démocratiques, ont été stupéfaits de voir la simulation d'un espace public. Un espace où l'on pouvait se faire couper les cheveux, faire sérigraphier son T-shirt, manger une glace ou même boire un Cara.

Dans cet espace, nous les avons invités à engager une conversation avec le public. L'enthousiasme, tant de la part du public que des politiciens, semblait grand.

La première question était claire et nette et allait directement au cœur du problème : 

Si vous êtes au pouvoir, allez-vous restaurer l'espace public de la place Sainte-Catherine en supprimant les terrasses et en remettant tous les bancs en place ?

Bruno Bauwens (PVDA-PTB) et M'hamed Kasmi (Team Fouad Ahidar) ont tous deux répondu par un oui retentissant. Fabian Maingain (Défi) a quant à lui ouvertement dit non, tout en précisant qu'il effectuait davantage de contrôles sur les terrasses. Mathilde Vermeire (CD&V) veut plus de bancs mais aussi des terrasses plus petites. Frederik Ceulemans (Open VLD-MR) ne veut pas toucher aux terrasses, mais il veut installer plus de bancs. Bart Dhondt (Groen-Ecolo) a parlé de l'espace public comme d'une extension du salon. Mathias Vanden Borre (NVA) a estimé qu'il était important de souligner que le touriste n'est pas l'ennemi. Anaïs Maes (Vooruit-PS) a déclaré que certaines terrasses pourraient disparaître et a plaidé principalement pour la participation, avec certainement assez de place pour l'égalité des sexes.

Les rôles ont également été brièvement inversés. Pas de réponses de la part des politiciens cette fois-ci, mais des questions posées au public.

La première question était une invitation à s'inscrire sur les listes électorales. La deuxième question portait sur l'aspect que le public, assis sur cinquante-quatre (54 !) bancs faits maison, souhaitait donner à ces bancs.   

La main tendue des hommes politiques n'a donc pas été très loin. Là où nous espérions amener les politiciens à une réflexion plus approfondie, nous avons souvent tourné autour de questions superficielles et nous avons manqué de vision claire et d'idées nouvelles. 

De ce qui, délibérément, ne ressemblait pas trop à une scène, on pouvait voir une salle pleine de potentiel et d'engagement. Des centaines de personnes de plusieurs générations qui ont renoncé à une dernière chaude soirée d'été pour réfléchir ensemble à l'espace public qui leur est cher. Pendant ce temps, le débat prenait une dimension supplémentaire, avec des intermèdes de performances punk, de danse et de rap qui ont fait sortir les politiciens de leur zone de confort.

 

Dakh
Dakh

 

Et ce public affamé a apporté des réponses et des propositions claires :

Il n'y a pas de toit sur l'espace public.

Les écoles devraient toujours être publiques en dehors des heures de cours.

Donner une chance aux défavorisés.

Donner un toit aux sans-abri.

Il a rapidement été noté que de nombreuses personnes ont besoin d'un espace public parce qu'elles n'ont pas d'espace chez elles. Plusieurs appels à l'investissement dans le secteur social ont été lancés : « les gens sur le terrain ont déjà tellement de connaissances, ils manquent juste de ressources ». Les jeunes ont demandé une réelle participation, des ressources et une véritable confiance dans les citoyens.

 

debat vraag publiek

 

Le fossé entre la politique (ceux qui aspirent à un (nouveau) mandat politique) et le public était douloureusement palpable malgré la tentative de mettre les deux sur un pied d'égalité. La nécessité d'un espace de dialogue entre les deux parties est évidente. Mais il est clair qu'il n'existe pas encore de vision commune sur la manière d'aller de l'avant avec l'espace public.

54 bancs symboliques

Après le débat, plus de 300 activistes ont marché avec les 54 bancs fabriqués par leurs soins depuis l'Ancienne Belgique jusqu'à la Place Saint-Cathérine, l'endroit où tout a commencé. Par cette protestation ludique, plusieurs jeunes et organisations ont voulu se réapproprier leur place en redonnant symboliquement aux bancs enlevés leur place parmi les nombreuses terrasses qui occupent désormais l'espace public à Bruxelles. Une atmosphère de solidarité était clairement palpable sur la place.

 

bankjes verplaatsen

 

L'importance de l'espace public apparaît clairement ici, regardez combien nous sommes nombreux. Voilà à quoi devrait ressembler l'espace public.

Maud Boey (27 ans)

 

Après une décennie, juste avant les élections, nous sommes de retour ici. Non pas avec 4, mais avec 54 bancs.

Vincent Van Hoof (28 ans)

 

Le changement vient de la base.

Nel Boeykens (28 ans)

 

Les politiciens doivent prendre la responsabilité de rendre la ville aux habitants. Et cela commence par une répartition équitable de l'espace.

Pepijn Kennis (36 ans)

 

Les bancs que nous plaçons ici ce soir sont plus que de simples bancs. Ils symbolisent un espace public accessible et gratuit où les habitants peuvent se rencontrer. Et c'est aussi ce qui s'est passé ce soir, des gens jouant au football, discutant, se rencontrant sur et autour de ces bancs.

Lieselotte Gevens (28 ans)

 

54 bankjes