Pas besoin d'un PAD pour mieux habiter le quartier Midi !

05/11/2021
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L’enquête publique sur le projet de PAD Midi se clôturait hier. Par ce projet, la Région dit vouloir corriger certaines erreurs du passé dans ce quartier traumatisé depuis de nombreuses années : expropriation massive de logements, construction de 300.000 m² de bureaux neufs, chantiers permanents, espace public chaotique, mobilité infernale…. Le Collectif Midi Moins Une !, soutenu par les associations, a pris connaissance du projet et n’est clairement pas convaincu (voir les avis des associations et de la Commune ci-dessous) !

L’enquête publique sur le projet de PAD Midi se clôturait hier. Par ce projet, la Région dit vouloir corriger certaines erreurs du passé dans ce quartier traumatisé depuis de nombreuses années : expropriation massive de logements, construction de 300.000 m² de bureaux neufs, chantiers permanents, espace public chaotique, mobilité infernale…. Le Collectif Midi Moins Une !, soutenu par les associations, a pris connaissance du projet et n’est clairement pas convaincu (voir les avis des associations et de la Commune ci-dessous) !

En juin 2018, la Région annonce son intention d’élaborer un PAD pour le quartier Midi. Le Plan reposerait sur le postulat de faire de la gare du Midi une « gare habitante ». Il est vrai que le quartier juste autour de la gare est aujourd’hui très mono-fonctionnel : 75% de bureaux pour 12 % de logements. Ce déséquilibre est le fruit du choix fait par la Région fin des années 90 de faire du quartier Midi un central business district nécessitant la démolition de quatre îlots d’habitations. Aujourd’hui, la Région voudrait corriger son erreur en reconstruisant 200.000 m² de logements ce qui permettrait à remonter la part de cette fonction au sein du quartier à 35 %. 
En réalité, le plan accompagne, plus qu’il n’encadre, un vaste deal immobilier entre la SNCB et un consortium privé (Immobel-BPI-Besix) où ce dernier s’engage à construire le nouveau siège de la SNCB en surélévation de l’ancien centre de Tri Postal, avenue Fonsny, en échange de la réception des 200.000 m² occupés aujourd’hui dans le quartier par l’opérateur ferroviaire.

Vivre à l’ombre d’un PAD

Ce soi-disant rééquilibrage entre bureaux et logements se fait par le haut en proposant des densités et des hauteurs écrasantes alors que les quartiers adjacents (Cureghem et le bas de Saint-Gilles) sont déjà parmi les quartiers les plus denses de la Région. Les îlots « Tintin » et « Tri Postal Fonsny » pourraient atteindre des densités supérieures à celles de la Tour du Midi. À plusieurs endroits, le PAD autorise des hauteurs allant de 100 à 150 m de haut (hauteur de la tour du Midi). Il en résulte que des espaces publics et d’habitations se retrouveront à l’ombre, soumis à des tourbillons de vent, et de nombreuses vues seront durablement bouchées ! Les nouvelles barres et tours envisagées s’imposeront de manière chaotique dans le paysage de la vallée de la Senne, un non-sens urbanistique !

2000 logements inaccessibles

Les logements construits dans les mètres carrés lâchés au privé ont peu de chance de l’être à un prix abordable pour les bruxellois.e.s. Les consortiums privés à l’œuvre n’ont nullement l’intention de construire du logement public et la Région ne semble pas vouloir les y contraindre. Le projet de PAD ne garantit pas la construction du moindre logement social malgré le fait que le bureau d’étude considère qu’une offre en logements sociaux constitue « une réelle nécessité dans ce périmètre » (Résumé non technique du rapport d’incidences environnementales du PAD, p.54.) qui ne contient que 4 % de logements sociaux. Des bureaux seront démolis pour être remplacés par des logements qui ne répondent qu’à un seul besoin : satisfaire l’appétit des promoteurs.

Un plan d’aménagement destructeur !

La création des logements en question repose sur la reconversion d’une partie des bureaux existants. Mais cette reconversion s’opère par la démolition de près de 300.000 m² de bureaux dont certains ont été construits il n’y a même pas 20 ans, comme les bureaux du SPF Emploi. Or les opérations de démolition-reconstruction sont énergivores (création de tonnes de déchets, charroi de camions…) et en totale contradiction avec toute ambition écologique et de réduction de l’impact sur le climat. Le plan planifie l’obsolescence du bâti bruxellois sans qu’aucune étude n’analyse un scénario de rénovation possible. Un projet de rénovation rendrait la facture environnementale moins salée et éviterait la mise en chantier permanente du quartier.

Mais où sont les crèches, les écoles, les parcs ?

Qui seront ces nouveaux habitants, si abstraits qu’ils semblent pouvoir se passer de crèches et d’écoles ? 2000 ménages sans enfants ? À 1 km de là, le bassin de Biestebroeck est destiné à accueillir 4000 nouveaux ménages. Or, en l’état, les deux territoires (Midi et Biestebroeck) sont déjà en déficit d’équipements de la petite enfance et d’écoles secondaires. Une corrélation devrait pourtant être prévue entre la production de logements et d’équipements, de façon à contraindre la production d’équipements proportionnellement à la réalisation de logements. En l’état, le PAD Midi prévoit seulement la création d’un équipement scolaire. C’est manifestement insuffisant. La même chose pour les espaces verts : un parkeke plus petit que celui de la Porte de Hal sur un territoire qui restera à 90 % minéral.

Pour Midi Moins Une !, l’ARAU, le BRAL, le Codes, IEB et le CRU, le PAD Midi a manifestement été réalisé dans le but de valoriser au mieux le foncier de ces gros acteurs immobiliers privés ou semi-publics en leur autorisant à faire s’envoler les hauteurs des constructions et à ne produire que du logement privé inaccessible. Le PAD Midi opère donc une confusion manifeste entre intérêt général et intérêts immobiliers particuliers de ces gros propriétaires, fussent-ils semi-publics. Les aspects positifs, liés essentiellement à l’amélioration des espaces publics, n’ont pas besoin du PAD et seront pratiquement annulés par les effets négatifs liés à la densité, à la hauteur autorisée des bâtiments et à l’augmentation importante des déplacements routiers engendrés par le programme prévu.

Avis des associations relatifs à l’enquête publique du PAD Midi :

Contacts :

– Jean-Michel Bleus (ARAU) – 02 219 33 45 – jm.bleus@arau.org

– Raphaël Rastelli (Midi moins une !) – 0484 94 20 61

– Benayad Abderazzak (CRU) – 0468 49 90 84

– Claire Scohier (IEB) – 0473 66 75 05 – claire.scohier@ieb.be

Signataires : ARAUBRALCentre de Rénovation Urbaine (CRU)Collectif Midi moins une !Comité de Défense de Saint-Gilles (CODES)Inter-Environnement Bruxelles

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