LEZ : Gardez le cap pour une ville saine

18/09/2024

Le BRAL, en collaboration avec Les Chercheurs d'Air et Mutualités Libres, a rédigé une carte blanche qui a été publiée dans De Standaard et Le Soir.

Le 1er septembre, le MR, Les Engagés et le PS ont annoncé le report de deux ans de l’échéance 2025 de la zone à faibles émissions (LEZ) à Bruxelles. La justification ? Donner aux citoyens plus de temps pour s'adapter. Pourtant, ce calendrier est déjà en place depuis ... 2018. En effet, c'est à l’initiative de la ministre de l'Environnement de l'époque, Céline Fremault (Les Engagés - anciennement cdH), il y a deux législatures, que ce calendrier a été fixé. La proposition des trois partis soulève des questions sur l’engagement des responsables politiques à préserver la santé publique.

Car c’est ce calendrier qui est porteur d’espoir pour de nombreux Bruxellois. Particulièrement, pour ceux qui souffrent de troubles respiratoires. Ils rêvent d’une vie où l’on ne serait pas obligé de rester chez soi fréquemment à cause des pics de pollution de l’air. Pour les jeunes enfants et leurs parents qui espèrent une vie sans suie de diesel dans leur corps encore en développement. Mais aussi pour les personnes âgées, qui aimeraient marcher sans que leur nez ne soit tourmenté par des gaz puants. Ou bien encore aux sportifs, qui aimeraient courir sans risquer des réactions inflammatoires dans leurs poumons… Toutes des attentes qui nous sont venues lors de nos pratiques, nos ateliers, notre travail avec les nombreux bruxellois.es victimes de la pollution atmosphérique. S’il se fait, le report annoncé laissera toutes ces personnes sur le carreau. Adieu l’espoir d’un air meilleur. Deux ans, c'est long dans le développement d'un enfant.

Impact LEZ avéré

Certains d’entre eux nous disent qu'ils veulent quitter la ville maintenant. D'autres, vivant souvent dans les quartiers les plus fragilisés de Bruxelles, n'ont pas cette possibilité. Ils subissent déjà un environnement dégradé, et constatent que la ville insalubre redevient une fatalité dans l'esprit de certain.e.s politicien.nes. 

Pourtant, la cohérence politique porte ses fruits. Ces dernières années, la qualité de l'air s'est nettement améliorée à Bruxelles. L'enquête CurieuzenAir1, nous a révélé que certains endroits de la ville respectent désormais les normes de l'Organisation Mondial de la Santé (OMS), un objectif qui paraissait hors d’atteinte avant l’instauration de la LEZ. Une étude des Mutualités Libres2 confirme que la pollution a diminué plus rapidement à Bruxelles que dans d’autres villes comparables, notamment dans les quartiers défavorisés.

Bruxelles est en péril

Néanmoins, le chemin reste long. Les mesures du projet ExpAIR3 montrent que la pollution dépasse encore les normes européennes dans certaines zones, y compris des rues résidentielles comme la rue Piers à Molenbeek, où la population est particulièrement vulnérable. De plus, ces normes doivent être révisées à la baisse. Une nouvelle directive européenne, plus stricte, devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année. Pour le dioxyde d'azote, par exemple, les normes seront réduites de moitié. Si le report de la LEZ est maintenu, Bruxelles risque de ne pas être en conformité avec ces nouvelles exigences en 2030.

Les Bruxellois.es ont le droit de vivre dans une ville où leur santé n'est pas menacée.

En avril dernier, 140 médecins, experts en santé et organisations ont réclamé un renforcement des politiques contre la pollution de l’air, qui est une des formes les plus nocives de nuisances environnementales. Il est donc surprenant et inquiétant de voir ces trois partis choisir une voie contraire. Nous vous demandons de renoncer à ce report et de maintenir une trajectoire claire et ambitieuse. Les exemples internationaux montrent qu'une politique de qualité de l'air a besoin d'un cap ferme et clairement défini. C'est le respect de ce cap ferme, au cours de deux législatures, qui a mis la Région de Bruxelles-Capitale sur un trajet qui mènera au respect à minima des nouvelles normes de l'UE d'ici 2030. Et avec une politique renforcée, même les normes de l'OMS ne sont pas hors de portée. Plutôt que de faire marche arrière, nous vous demandons de vous engager vers cet objectif. Les Bruxellois.es ont le droit de vivre dans une ville où leur santé n'est pas menacée.  

Signataires :

Tim Cassiers (BRAL) 

Xavier Brenez (Mutualités Libres) 

Pierre Dornier (Chercheurs d’air) 

Marion Alecian (ARAU) 

Alexandre Almorad (cardiologue) 

Berthold Aman (neuropédiatre) 

Catherine Bouland (professeure Ecole de la Santé Publique ULB) 

Cultures&Santé asbl 

Kobe Boussauw (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Anne Brumagne (Brukselbinnenstebuiten) 

Marie Bruyneel (pneumologue) 

Eric Corijn (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Florine Cuignet (GRACQ - Les Cyclistes Quotidiens) 

Nicolas Dauby (infectiologue ; Maître de Conférence, ULB) 

Aurelia David (cardiologue) 

Thomas De Beenhouwer (cardiologue) 

Karen D’Hoore (Comité Yser/IJzer-Sainctelette, ambassadeur ExpAir) 

Tessa Goetghebuer (pédiatre) 

Vanessa Gouder de Beauregard (pédiatre)  

Quentin de Hemptinne (cardiologue) 

Oliver Kozak (EU Cycling Group, ambassadeur ExpAIR) 

Johan Leman (Foyer vzw/asbl, ambassadeur ExpAIR) 

Agnes Libois (infectiologue)  

An Macharis (Avansa Citizenne vzw, ambassadeur ExpAIR) 

Charlotte Martin (infectiologue)  

Nathalie Pigeon (Oudercomité Basisschool Sint-Ursula Laken, ambassadeur ExpAir) 

Arne Robbe (walk.brussels) 

Claudia Schönborn (médecin, Ecole de la Santé Publique ULB)  

Leticia Sere (Kidical Mass Brussels) 

Inge Smolders (Fietsersbond) 

Cedric Vaessen (Maison de quartier Bonnevie, ambassadeur ExpAir) 

Lore Van Bruwaene (pneumopédiatre)  

Anna Vanderfaeillie (pediatre) 

Bas van Heur (professeur Cosmopolis Centre for Urban Research, VUB) 

Annekatrien Verdickt (Filter Café Filtré Atelier)

 

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