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Avez-vous déjà essayé de brûler des tomates ?  Pas génial comme combustible, vous dites ? Et pourtant, à Bruxelles, c’est rentable. Le Gouvernement régional les utilise et finance l’opération depuis quelques mois avec des certificats verts (CV). Ces CV sont une forme de soutien financier pour des nouvelles installations de production d’électricité renouvelables. Ils sont achetés par les fournisseurs d’électricité qui doivent en obtenir un certain quota. Objectif : réduire des émissions de CO2.

Réduire sans réduire

La décision de la Région d’accorder des CV à la production d’électricité « en provenance de la combustion des déchets organiques de l’incinérateur bruxellois », où nos déchets (entre autres) de cuisine sont brûlés, fait preuve d’une certaine créativité politique. En effet, cet incinérateur n’est guère nouveau ; il est en fonction depuis 1985. Les CV ne seront pas non plus utilisés pour améliorer ou moderniser l’installation.

C’est pourquoi le Conseil de l’Environnement de la Région de Bruxelles Capitale, où le Bral siège à coté de nos collègues d’Inter-Environnement Bruxelles, des employeurs, des syndicats et d’autres instances, a émis un avis unanimement défavorable, et cela dès septembre 2014. Dans son avis, le Conseil rappelle que « le mécanisme des CV a été instauré en vue de réduire la production de CO2 liée aux installations de production d’électricité en soutenant les énergies renouvelables et la cogénération. Dans le cas de l’incinérateur, aucune réduction des émissions de CO2 n’interviendra par la mise en œuvre du mécanisme de soutien ici prévu.”

Incitation à l’incinération

L’intention d’accorder des CV à l’incinérateur n’est pas nouvelle. Tant Emir Kir que Rachid Madrane avaient déjà cette idée lorsqu’ils tenaient le portefeuille de Secrétaire d’Etat de la propreté publique. Mais ces plans se heurtaient à un ‘niet’ de la part d’Evelyne Huytebroeck, à ce moment-là Ministre de l’Environnement, qui considérait que ces CV seraient une forme d’incitation à l’incinération, inacceptable à ses yeux.

Finalement, le Gouvernement acceptait que la diminution du nombre de tonnes incinérées et, du coup, de la capacité de l’incinérateur était la piste qu’il fallait choisir. Le Plan Régional Déchets de 2010 dit : « L'objectif pour la Région doit être d'éviter de devoir investir dans un nouveau four d'incinération lorsqu'il faudra remplacer un des trois fours à Neder-over-Heembeek.”

Mais même avec une collecte sélective dans toutes les communes, une part importante de déchets organiques finira toujours dans le sac blanc et du coup, dans l’incinérateur. Il est clair que si cette fraction garantit un revenu à la Région, celle-ci sera moins encline à sensibiliser les Bruxellois à trier leurs déchets de cuisine.

Ce choix politique était en plus cohérent avec la réglementation européenne, qui oblige les Etats Membres et ses Régions d’atteindre le seuil de 50% de recyclage en 2020, seuil qui reste toujours hors de notre portée. Malheureusement, la nouvelle majorité semble avoir oublié cette obligation.

Par ici les petits sous !

Au Parlement Bruxellois, la décision a fait l’objet d’une critique sévère de la part de Ecolo/Groen et du MR. Selon eux, ces CV serviraient, dans ce cas, de taxe déguisée. Les CV pour l’incinérateur auront une valeur de 10 millions d’euros par an, et ceci pendant 10 ans. Puisque les fournisseurs d’électricité, qui doivent acheter ces certificats, répercutent ces coûts aux clients, ce sont les bruxellois qui payeront : c’est indirectement, via le gestionnaire de la turbine d’électricité de l’incinérateur, Electrabel, que l’argent sera intégralement versé au Trésor régional. Pour l’opposition, le minimum serait de l’octroyer à un fonds qui financerait l’énergie renouvelable.

Au Parlement Bruxellois, la décision a fait l’objet d’une critique sévère de la part de Ecolo/Groen et du MR. Selon eux, ces CV serviraient, dans ce cas, de taxe déguisée. 

Si la somme financière en question est non-négligeable, c’est parce que il s’agit d’une fraction de déchets importante: presque 40% de notre sac blanc reste constitué de déchets organiques. C’est vrai que la Région a effectivement commencé de collecter, de manière sélective, une partie de nos déchets de cuisine, et entend généraliser cette collecte. Mais même avec une collecte sélective dans toutes les communes, une part importante de déchets organiques finira toujours dans le sac blanc et du coup, dans l’incinérateur. Il est clair que si cette fraction garantit un revenu à la Région, celle-ci sera moins encline à sensibiliser les Bruxellois à trier leurs déchets de cuisine.

Aide au privé déloyale?

Mais les problèmes liés au dossier ne s’arrêtent pas là. Au Parlement, la N-VA demande si ces CV ont été déclarés auprès de la Commission Européenne qui doit vérifier s’il ne s’agit pas d’une aide déloyale à une entreprise privée. “Bien sûr que cela a été déclaré” avait répondu récemment la Ministre Fremault à la Commission de l’Environnement du Parlement Bruxellois. Mais quelques mois plus tard elle doit admettre que rien n’a été fait à ce niveau. Pas de souci, ajoute Fremault, les CV ne doivent pas être déclarés puisqu’ils ne constituent pas une aide à une entreprise privée, vu que les bénéfices reviennent à la Région. “Electrabel ne touche pas un seul certificat vert perçu par la turbine de l'incinérateur et ne tire donc aucun intérêt du processus d'octroi des certificats verts”, se défend la Ministre.

C’est la Commission Européenne qui doit décider si c’est, ou non, une aide déloyale et non pas le pouvoir public qui fournit l’aide. Dans ce contexte, tout un chacun peut déposer plainte auprès de la Commission, selon une députée de la N-VA.

Selon Liesbet Dhaene de la N-VA, la position de la Ministre est dangereuse. C’est la Commission Européenne qui doit décider si c’est, ou non, une aide déloyale et non pas le pouvoir public qui fournit l’aide. Dans ce contexte, tout un chacun peut déposer plainte auprès de la Commission, selon la députée.

Qui plus est, il n’est pas certain qu’aucune autre entreprise ne soit préjudiciée par ces CV. Même le Conseil d’Etat critique la mesure parce qu’elle serait ‘discriminatoire”. D’autres installations ne peuvent pas bénéficier d’une mesure comparable. Et la fédération du secteur des énergies renouvelables, Edora, déclare dans une note, qu’il “ne peut accepter qu’une taxe déguisée visant la gestion des déchets soit ponctionnée sur le consommateur d’électricité en étant qualifiée de soutien à l’électricité renouvelable, alors que la seule finalité est l’équilibre budgétaire. Cette mesure est contraire au principe de pollueur-payeur, elle compromet toute forme d’innovation et altère la performance économique globale”.

Méthaniser au lieu de brûler?

Mais quelles sont les alternatives pour l’incinération ? Dans son avis, le Conseil de L’Environnement de la RBC le mentionne : « L’octroi de CV à cette production d’électricité est, à ses yeux, de nature à inciter la combustion de déchets organiques plutôt qu’une autre valorisation de type bio-méthanisation située plus haut dans la hiérarchie et donc à mettre en œuvre en priorité.”

On vient de le dire : une partie de nos déchets de cuisine est déjà collectée de manière sélective. Mais au lieu de les méthaniser sur notre territoire, notre Administration des déchets doit les transporter vers… Ypres, en Flandre Occidentale !

En effet, la bio-méthanisation transforme les ordures biologiques en gaz qui peut être, à son tour, le combustible qui produira de l’électricité. Le fait que les déchets organiques sont très humides représente un obstacle majeur pour les brûler, mais les rends très appropriés à être méthanisés. Du coup, la méthanisation récupère beaucoup plus de l’énergie contenue dans les déchets que l’incinération. En plus, la méthanisation ne produit pas de pollution d’air et son résidu ne doit pas être mis en décharge : il s’agit d’un digestat qui peut servir de fertilisant.

S’agit-il donc d’une nouvelle technologie qui reste à découvrir en Région Bruxelloise ? On ne dirait pas. La Région nous avait en effet promis une usine de bio-méthanisation depuis des années ! On en parlait pour … 2010 !

Des promesses pour 2030

On vient de le dire : une partie de nos déchets de cuisine est déjà collectée de manière sélective. Mais au lieu de les méthaniser sur notre territoire, notre Administration des déchets doit les transporter vers… Ypres, en Flandre Occidentale !

Et l’usine de bio-méthanisation promise? Et bien, au mois d’octobre 2015, le Gouvernement a décidé « qu’il ne sera pas matériellement possible de réaliser une unité de bio-méthanisation sur le territoire de la Région bruxelloise pour 2020 et charge la Ministre de l’Environnement et de l’Energie ainsi que la Secrétaire d’Etat à la Propreté publique de faire réaliser (…) une étude relative à l’opportunité économique, sociale, environnementale (…) d’implanter une unité de bio-méthanisation ». Ce sera pour quand ça ? Réponse : cette étude s’inscrit « dans le cadre de la future stratégie renouvelable 2030 »  Significativement plus tard qu’initialement prévu…

Alors les plans de valorisation écologique de nos déchets organiques… plutôt au frigo, ou plutôt à la poubelle ?

Auteur: Piet Van Meerbeek - piet@bral.brussels

Comment voit-on l’avenir du pentagone ?  A quoi voulons-nous que ressemble le centre-ville d’ici quelques années ? Quelles forces entrent en présence? Comment contribuer positivement à ce débat? Cinq personnages fictifs racontent ce qu’ils vivent, chacun-e dans leur quartier.  Fictifs ? …ce qu’ils disent est pourtant basé sur du réel, car les auteurs ont couru les rues et fait plein de rencontres pour incarner ce récit. Un trajet assez élaboré d'histoires, tout en contrastes : c’est PLAN B-XL. Allez dis, quelle histoire !

 

 

Qualité de l’air et santé:

Polluants et effets, mécanismes, ampleur du problème, groupes vulnérables

1.    Les polluants

Les polluants sont peu présents dans la composition chimique de l’air (0.04%) mais un faible pourcentage de ces substances peut malgré tout avoir un effet sur notre santé.

Au regard de la définition des polluants, on relève que ce sont des composés indésirables qui sont la conséquence de processus qui peuvent être liés aux activités humaines (industries, transports, chauffage, activités domestiques, production d'énergie ...). et aux phénomènes naturels (volcans, feux de forêt) et qui sont préjudiciables pour la santé humaine et l'environnement. Les polluants que nous respirons peuvent être sous forme de gaz, de poussières, de fumée, de pollen ou encore d’aérosols. En fonction de la taille et de la réactivité des différentes substances qui se mélangent dans l'air, cela peut donner lieu à la production d'autres polluants. Il y a à la fois une pollution de proximité et une pollution de fond: au Benelux, on respire un air qui est un mélange de polluants émis dans le bassin de la Rhur en Allemagne, dans le Nord de la France et au Sud de l'Angleterre et qui avec les mouvements climatiques de la météorologie se mélangent et forme l'air que nous respirons.

On respire des substances qui sont présentes en faibles ou en fortes concentrations avec pour conséquence une exposition aiguë et chronique à celles-ci. 

On respire des substances qui sont présentes en faibles ou en fortes concentrations avec pour conséquence une exposition aiguë et chronique à celles-ci. A cela s’ajoute également le fait que la combinaison de deux polluants peut s’avérer plus dangereuse au niveau de leurs conséquences que si ces mêmes polluants étaient seuls, c'est ce que l’on nomme la synergie des polluants. Au niveau de l’hémisphère Nord, il y a une rotation des vents en altitude (dans l'atmosphère relativement haut) qui fait que nous polluons les américains, qui polluent les chinois et qui nous polluent nous, c'est le phénomène du déplacement et des rayons d'action des polluants. Ce phénomène a pour conséquence que dans cette couche de l'atmosphère, il y a toute une série de réactions qui se passent. On parle alors des aérosols primaires et secondaires qui sont un mélange des polluants et qui une fois dans l'air, se recombinent pour faire des particules plus grosses et moins légères. L'exposition aux polluants atmosphériques échappe en grande partie au contrôle individuel et nécessite des mesures au niveau local, régional, national et international pour améliorer la qualité de l'air que nous respirons à Bruxelles et dans toutes les capitales européennes. Nous sommes à la fois pollueur et victime.

On ne surveille qu'une partie des polluants qui sont émis dans l'air et ce en raison des moyens de mesure limités par notre technologie et de la disponibilité de ces mêmes instruments de mesure. Nous ne connaissons pas tous les polluants qui peuvent avoir un effet sur notre santé. Ce qui est surveillé conformément à la directive européenne 2008/50/CE c'est l'ozone, le dioxyde d'azote, les oxyde d'azote, du monoxyde de carbone, du dioxyde de souffre, des particules fines, le benzène, le toluène et le xylène. On ne mesure pas tout malheureusement. Dans le cadre de cette directive, sont fixées des limites à ne pas dépasser pour tous les EM de l'UE pour toute une série de polluants. Lorsque les concentrations sont dépassées, l'autorité compétente doit alors alerter les citoyens sur le fait que l'air est alors plus dangereux que d'habitude. Il était prévu en 2013 de réviser la directive avec l'addition de nouveaux composants à mesurer et à surveiller mais le projet a été abandonné. Maintenant tout le travail européen s'oriente à définir des plafonds d'émission à ne pas dépasser. Chaque véhicule, chaque industrie, chaque chauffage ne devra plus dépasser un seuil, un plafond, un quota fixé.

Ce sont deux manières différentes de travailler : l'une consiste à voir ce que l'on respire d'où que cela provienne et l'autre consiste à faire en sorte que chaque émetteur, chaque producteur de polluants produise un peu moins mais sans vérifier que cela a des conséquences au niveau de ce que l'on respire.

Toute la Belgique et non pas seulement Bruxelles est actuellement en infraction pour les oxydes d'azote. 17 pays sont en infraction car ils dépassent systématiquement la concentration maximale d'oxyde d'azote et de particules fines (qui sont par ailleurs les deux composants dépassés de manière systématique et un nombre de fois trop élevé par rapport aux seuils autorisés).

Premier polluant : les particules fines sont la partie liquido-solide que l'on peut trouver dans l'air. Le terme « poussière » désigne toutes les particules de matière en suspension dans l'air ambiant, on les appelle également « aérosols ou particulate matter ». Il s'agit d'un mélange complexe de petites particules solides et de gouttelettes liquides qui sont dans l'air et qui restent en suspension. Globalement les impacts sur la santé de cette exposition aux particules fines sont très multiples : augmentation des problèmes respiratoires (irritation, toux, difficultés à respirer),perte des fonctions respiratoires, asthme (à la fois son développement et son aggravation), bronchites chroniques, problèmes cardiaques ou mort prématurée (mort avant l'âge de son espérance de vie – exemple : une personne qui vivrait jusqu'à 92 ans, va mourir à 79 ans en raison de son exposition aux particules fines). Les particules fines représente un ensemble très hétérogène dont la nature physique, chimique et/ou biologique est fort variable selon les sources d’émission à l’échelle locale ou à plus longue distance, selon la saison ainsi que selon les méthodes de mesures employées. Les particules fines proviennent de la combustion des énergies fossiles, de (re)mises en suspension de poussières (plus elles sont petites et plus en restent en suspension longtemps) et de réactions dans la masse d'air (filtre à particules dans les pots d'échappement des véhicules diesel émettent des gaz très fins qui au contact de l'air et de son humidité relative forment des petites particules qui ensemble s'amalgament pour former des particules plus grosses). Ces particules se déplacent (notamment par le vent) car elles sont en suspension. La particule est comme une éponge, un squelette auprès duquel peut s'absorber du gaz, de la matière solide, de l'eau, des sels, des débris biologiques qui vont s'amalgamer. On surveille les particules en fonction de leur taille et non en fonction de leur composition. L'OMS définit des objectifs à ne pas dépasser. Objectifs qui seraient plus ou moins protecteurs de la santé. Pour les particules, on est comme avec un agent cancérigène, il suffit d'une molécule pour avoir une probabilité de risque. 20 microgrammes par mètre cube en moyenne annuelle pour des particules PM10 ne vont pas nous protéger mais ce sont des points de repères importants. La directive UE vise à 40 microgrammes par mètre cube en moyenne annuelle et 35 fois par an un dépassement de 50 microgrammes en 2005. Depuis 2010, c'est un maximum de 7 fois.

Il faut donc beaucoup d'appareils de mesure et d'analyse très différents pour pouvoir mesurer tout cela. Les particules en milieu urbain sont donc plus dangereuses que celles qui sont par exemple en plein désert.

Or à Bruxelles, il y a plus de 7 fois par an un dépassement significatif de 50 microgrammes. Les PM 10 pénètrent, les PM 2,5 descendent et les PM 1 vont jusque dans les alvéoles pulmonaires. Le danger vient de la taille et de la composition. Par exemple, une poussière qui a à sa surface un composant ou une substance encore plus dangereux (comme des suies, du benzène, des oxydes d'azote) se retrouve donc avec sa propre capacité de dangerosité multipliée par ces autres éléments et donc est donc au final beaucoup plus toxique. C'est la combinaison qui peut renforcer la dangerosité. Il faut donc beaucoup d'appareils de mesure et d'analyse très différents pour pouvoir mesurer tout cela. Les particules en milieu urbain sont donc plus dangereuses que celles qui sont par exemple en plein désert.

En hiver, les émissions de particules vont être moitié issues du transport (combustion non complète de combustibles fossiles), moitié issues du chauffage (feux ouverts, bois, pellets donc tout ce qui consiste à bruler du végétal avec une combustion incomplète). A Bruxelles, il est plus aisé d’agir sur les sources car elles sont connues (le transport et le chauffage). En effet, il y a peu d'industries émettrices quoique l'incinérateur de déchets est à garder à l'œil car là aussi, il y a une combustion incomplète avec du dioxyde.

En hiver, les émissions de particules vont être moitié issues du transport (combustion non complète de combustibles fossiles), moitié issues du chauffage (feux ouverts, bois, pellets donc tout ce qui consiste à bruler du végétal avec une combustion incomplète).

Deuxième polluant : le dioxyde d'azote et les oxydes d'azote. On a pu corréler une augmentation des hospitalisations dues à l'asthme, aux bronchites chroniques obstructives liées à des augmentations de concentration de NO2 mesurées avec une exposition aigue. La moyenne annuelle à ne pas dépasser selon la directive est égale à 40 et il y a un seuil d'alerte fixé à 3 heures consécutives par lequel les médecins généralistes reçoivent une alerte afin d’inviter les patients fragiles et sensibles à rester à l'intérieur. Le directive est un compromis politique et donc la respecter n'est peut-être pas suffisant pour protéger la santé quand on regarde les valeurs de l'OMS. En effet, ce n’est pas parce que l’on respecte les valeurs, qu’il n’y a pas d'effets sur la santé. Il s'agit ici une fois encore de quotas à ne pas dépasser. Le trafic est un gros pourvoyeur d'oxyde d'azote.

Autres polluants en été et au printemps : polluant secondaire qu'est l'ozone avec des effets d'irritation, des effets respiratoires. Au-delà du seuil de 180 microgrammes par cube, faut prévenir la population que l'on est en épisode d'ozone.

Il y a aussi les composés organiques volatiles solvants : benzène (qui est cancérigène donc devrait être à zéro), le monoxyde du carbone (intérieur, tunnels ...).

2.    Effets des polluants sur la santé

Problèmes cardio-vasculaires, respiratoires, allergie, cancer, perturbations du système endocrinien, maladies neuro-développementales, suspicion de problèmes métaboliques comme le diabète. Avec des effets immédiats, aigus et à long terme/chronique.
632 personnes meurent à Bruxelles des suites de la pollution et de l’exposition aux particules fines.

Maladies cardio-vasculaires

  • Pollution atmosphérique: PM10, PM2,5 (aggravation maladies cardiaques, néonatalité/âgés), CO (céphalées tenaces, une fatigue et une instabilité caractérielle, des difficultés de concentration, des troubles mnésiques, de la dépression, des troubles digestifs, des précordialgies, des arythmies cardiaques et des vertiges).
  • Bruit (hypertension, symptômes cardio-vasculaires, >>60 dB(A) et risque d’infarctus du myocarde).
  • Métaux: plomb (augmentation de la tension artérielle), arsenic (pathologie vasculaire périphérique si ingestion), cadmium (facteur de risque de maladies cardio-vasculaires pour maladies rénales), mercure (risque possible d’infarctus du myocarde et interaction avec micronutriments vers augmentation de la tension artérielle).
  • Tabagisme: tabagisme actif et passif.

 

Les affections chroniques du système respiratoire, notamment les bronchites, les troubles obstructifs chroniques des voies respiratoires (BPCO), emphysèmes et asthmes, maladies respiratoires chroniques  constituent un lourd fardeau sur les individus et sur la société (fréquence élevée, chronicité, impact sur les activités normales, coût du traitement). La pollution représente également un cout économique important !

Lors de l’inhalation des particules fines, au niveau des poumons, des réactions inflammatoires locales produisent un stress oxydatif (excès de radicaux libres) et pouvant entraîner une inflammation globale (dans tout l’organisme)

  • Altérations du système vasculaire.
  • Modification de la viscosité du sang, de la coagulation.
  • Risque d’infarctus, d’ischémie.
  • Perturbation du système nerveux autonome et troubles du rythme cardiaque.
  • Risques d’arythmie et d’arrêt cardiaque

 

Comme dit précédemment la taille et la composition des particules jouent un rôle important.

Maladies respiratoires

Particules fines, SO2, NOx, NO2, CO, Ozone troposphérique, Pollution intérieure.
Les affections chroniques du système respiratoire, notamment les bronchites, les troubles obstructifs chroniques des voies respiratoires (BPCO), emphysèmes et asthmes, maladies respiratoires chroniques  constituent un lourd fardeau sur les individus et sur la société (fréquence élevée, chronicité, impact sur les activités normales, coût du traitement). La pollution représente également un cout économique important !
Au niveau respiratoire, on meure moins de la pollution mais cela grève de manière importante les capacités physiques.​

Cancer

Benzène

  • Classification CIRC: cancérogène avéré (gpe1).
  • Leucémie infantile.

Avec une exposition plus importante dans les villes, à l'intérieur des véhicules motorisés, par la fumée du tabac et à proximité du stockage distribution d’essence.

La perturbation du système endocrinien c’est-à-dire le lien entre notre cerveau et nos organes par les hormones de croissance, de reproduction ... Un perturbateur endocrinien est « une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien, et induisant donc des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou sous-populations », soit 

  • en imitant l’action d’hormones naturelles et en déclenchant des réactions chimiques similaires dans l’organisme,
  • en bloquant les récepteurs des cellules recevant les hormones, empêchant ainsi l’action des hormones naturelles,
  • en agissant sur la synthèse, le transport, le métabolisme et l’excrétion des hormones, modifiant ainsi les concentrations d’hormones naturelles.

On peut avoir par l'exposition à certaines substances, des problèmes de la reproduction, neurocomportementaux, atteintes du système immunitaire, perturbation des hormones de croissance, de l’insuline, des hormones adéno-corticales et des cancer hormonaux.

Impact de certaines expositions au niveau du développement du système nerveux, hyperactivité, autisme en lien à des expositions à certaines substances qui peuvent être dans l'air.

Nous sommes tous exposés aux mêmes polluants mais nous ne sommes pas vulnérables de la même manière. 

Problèmes neuro-développementaux chez l'enfant, avec des effets plus tard à l'adolescence ou à l’âge adulte suite aux expositions pendant l'enfance. Exposition in-utéro avec une augmentation du risque de retard neuro-développemental.
Perturbations du métabolisme avec les maladies liées aux métabolisme comme le diabète de type 1 (mais pas encore de consensus scientifique) et survenue plus précoce du diabète de type 2 avec la présence de certains polluants dans l'air.
Études épidémiologiques suggèrent que la pollution de l’air augmente le risque d’obésité infantile par la perturbation de l'expression des gènes (épigénétique), interférence avec la manière dont les cellules se reproduisent. Ces études suggèrent des évidences mais n'expliquent pas de lien direct.

Nous sommes tous exposés aux mêmes polluants mais nous ne sommes pas vulnérables de la même manière. Par rapport au nombre de particules, les cyclistes et les personnes en voiture respirent à peu près la même chose mais par rapport à la masse de ces particules, les cyclistes en respirent plus. Donc il n’y a pas de différence quant au nombre mais bien quant à la masse des particules respirées. Le cycliste n'a pas intérêt à être dans le trafic et à se mélanger aux voitures donc tout intérêt à séparer les pistes cyclables et les voitures. Le cycliste respire plus de pollution dans le trafic. 

Les enfants et les personnes âgées et celles fragilisées par la maladie sont aussi des groupes vulnérables. Le système respiratoire prend du temps à murir et donc tout problème d'exposition qui va ralentir ou arrêter le développement du système respiratoire et des poumons va durer et avoir des répercussions et conséquences toute la vie. Et on ne peut jamais revenir en arrière, on garde toute sa vie la même capacité respiratoire. Risque de diminution de la taille du fœtus, de naissance avant terme, de conséquence sur l'autisme, de développement du QI ... en raison de l'exposition à l'air.

Impact en cardiologie

Le nombre d'infarctus méchants (artère coronaire obstruée) en Belgique a été corrélés à l'échelle nationale avec le taux de pollution observé. Les particules fines déclenche des infarctus du myocarde mais on a constaté que le facteur numéro un est le dioxyde d'azote. L’augmentation des infarctus en est le double qu'avec les particules fines. La population âgée (+ 75 ans) est sensible aux particules fines tandis que la population plus jeune est elle sensible au dioxyde d'azote car c'est un gaz que l'on rencontre le plus dans la pollution diesel et donc, les jeunes y sont plus soumis du fait qu’ils ont une vie sociale et professionnelle plus importante et donc qu'ils circulent davantage.

Le cycliste a une exposition plus importante qu'un automobiliste en raison du phénomène de ventilation. La respiration moyenne au repos est de 5 litres par minutes, elle passe à 40 litres par minutes au pic de l'effort. Donc la quantité de particules fines inhalées à l'effort est beaucoup plus importante pour le cycliste. L’étude a montré le lien entre le taux de ventilation par minute et la quantité de particules inhalées et les effets cardio-vasculaires sur des sujets en bonne santé au repos et à l'effort (en les faisant pédaler). Relation linéaire donc au plus la quantité de particules inhalée est importante, au plus l'effet vasculaire va être important. L’effet des particules fines inhalées est donc augmenté par l'effet de ventilation à l'effort.

Comme exposé ci-avant, la directive européenne fixe des normes à ne pas dépasser tandis que les recommandations de l'OMS visent à mieux protéger la santé. Toute diminution des expositions est bonne pour la santé et si l'Union européenne appliquait les normes de l'OMS, ce serait nettement mieux. UE= 20 microgrammes par mètre cube, OMS = 10 et les US ont l'année passée diminué leur seuil de 15 à 12 comme seuil à ne pas dépasser.

Combien de jours par an, dépasse-t-on à Bruxelles le seuil de PM 2,5 fixée par la Commission européenne ? Il n’y a pas de norme de la Commission européenne pour l'exposition journalière pour les particules fines (seulement une norme annuelle). Pour les PM 10, il y a une norme pour l'exposition journalière. L’OMS en a fait une en 2005 pour l'exposition aux particules fines, soit un taux de particules 2,5 fixé à 25 microgrammes par mètre cube par 24 heures à ne pas dépasser, BXL dépasse 1 jour sur 5 le taux recommandé par l'OMS pour les particules fines.

Ce qui est mesuré n'est pas représentatif du tout de ce que l’on respire. Les capteurs sont positionnés à 3 ou 4 mètres de hauteur et on respire au niveau des sources où sont émis les dioxydes d'azote et les particules (qui sont au sol et qui se mélangent et se re-mélangent). Et on passe aussi beaucoup de temps à l'intérieur. Et les types de particules à l'intérieur sont différentes de celles à l'extérieur. Au niveau européen, il y a une volonté de comparabilité entre des zones qui devraient être plus ou moins comparables pour avoir une idée de la qualité de l'air dans les 28 EM. La directive européenne a, par rapport au placement des stations de mesure, un objectif de documentation de l'environnement et non un objectif de santé. Pas de lien entre l'environnement et les conséquences sur la santé.

License: CC BY NC SA S. Etienne / Bruxsel’AIR / C. Bouland

 

Conférence “citizen-science” du Prof. Catherine Bouland, ULB - Santé Publique (8 Novembre 2016, MQ Malibran)

Rédactrice du résumé: Stéphanie Etienne, groupe citoyen Bruxsel’AIR

 

Aujourd'hui se clôture l’enquête publique sur le Plan régional de Développement durable (PRDD), le projet de ville tant attendu par les Bruxellois.e.s. Tant attendu parce que la mouture précédente date d'il y a quinze ans (PRD, 2002) et que son actualisation dure depuis six ans. Dans l'attente, de nombreux plans et réformes, parfois réglementaires, qu'il aurait dû précéder ont avancé sans lui... au point qu'il a perdu sa fonction élémentaire qui est de donner à la Région une vision claire à long terme dans laquelle doivent s'inscrire ses politiques de développement durable.

Sous la précédente législature, en 2011, la société civile a été baladée d'ateliers en ateliers pour plancher sur le projet d'actualisation du PRD de 2002. En janvier 2014, un site (www.prdd.be) présentait la version adoptée par le gouvernement en invitant qui voulait à donner son avis, tout en annonçant, dans le même temps, par la voix de son Ministre-Président qu’il serait « impossible d'adopter le PRDD définitivement sous cette législature. »

Le manque de temps n'a cependant pas empêché le même gouvernement d’adopter au pas de charge, au nom de l’urgence d’un boom démographique (aujourd'hui quelque peu relativisé), un nouveau PRAS dit « démographique » qui bouleverse profondément les affectations du sol. Les conséquences ? Un relèvement global des valeurs foncières dans les quartiers populaires qui bordent le canal où les anciennes zones industrielles sont reconverties en logement sous la houlette de la promotion immobilière privée. Le sol s’est dérobé sous les pieds des Bruxellois.e.s sans que la digue du PRDD n’ait été construite, malgré les alarmes émises par nombre d’acteurs de la société civile[1].

Depuis lors, le projet de ville qui aurait dû cadrer plans et réformes et donner l'élan d'un projet de ville renouvelé est resté en rade, laissant les Bruxellois.e.s démuni.e.s devant l'accumulation des difficultés : crise du logement (social), dualisation sociale et précarisation, pénurie de crèches, d’écoles, d’équipements sociaux, disparitions d'espaces (ou)verts au profit des intérêts privés, crises environnementales...

Une inversion planologique antidémocratique

Depuis juillet 2014, début de nouvelle législature, alors que la société civile s’attend à la mise à l'enquête publique du PRDD, elle assiste abasourdie à des réformes en chaîne : nouvelle gouvernance urbaine à travers la structuration de nouveaux organismes d’intérêt public placés sous la tutelle du Ministre-Président (BBP, SAU,...), nouvelle ordonnance pour la rénovation urbaine (contrats de rénovation urbaine, contrats de quartier), réforme du Code Bruxellois de l'Aménagement du Territoire (CoBAT),... vidant peu à peu de son sens l’adoption d’un PRDD, en dépit des demandes répétées des habitants, des associations et des conseils d’avis régionaux de procéder dans l’ordre des choses non par maniaquerie procédurale mais par éthique démocratique.

Si le gouvernement a pour mission d’arbitrer et trancher, il doit être aussi le garant du cadre démocratique que nous nous sommes donnés. Ce cadre exige que le projet de ville soit débattu de manière approfondie avec le tissu social puis défini AVANT de mettre en œuvre d’éventuelles réformes réglementaires. Or en ce début 2017, le gouvernement invitait habitants et associations à se prononcer en deux mois sur un texte flou et peu opérationnel. Pire, un texte qui dans l’ensemble ne fait qu’avaliser les réformes opérées préalablement par le gouvernement, réformes menées sans débat public. Autrement dit, la version du PRDD qui nous est présentée aujourd’hui est en totale déconnexion avec les constats mis sur la table et les revendications avancées en 2011. Il n'a donc fait l'objet d'aucune discussion avec la société civile.

Une très mauvaise parade à la crise du système socio-économique et institutionnel

Les modifications substantielles du PRAS avant l’adoption du PRDD ont bouleversé non seulement les logiques de la hiérarchie planologique régionale mais ont aussi affaibli la capacité de la Région à articuler entre elles l'ensemble des problématiques territoriales.

Sans entrer ici dans le détail de nos craintes quant au contenu du PRDD, nous voulons souligner le risque réel qu'il fait courir à Bruxelles de voir se réaliser de manière prioritaire, voire exclusive, les fonctions les plus fortes de la ville, plus rentables pour les promoteurs, au détriment des fonctions faibles, celles, fondamentales, qui répondent aux besoins actuels de la population : logements sociaux, espaces verts ou libres, équipements (écoles, crèches, structures communautaires...), activités productives (génératrice d'emplois pour les peu qualifiés), etc.

A l’instar de la logique qui préside à la réforme du CoBAT, le PRDD se présente finalement comme un plan d’investissement immobilier qui valide le PRAS pour nous fournir plus de tours, de logements haut de gamme, d'infrastructures de prestige (nouveau stade, centre de congrès), et autres giga centres commerciaux, sans compter un métro coûteux...

Ce que nous voulons

Les associations veulent que le gouvernement s'engage dans un processus démocratique digne de ce nom et prévoie une large consultation qui laisse un temps suffisant aux habitants et aux autres acteurs de la société civile ainsi qu’aux différents conseils d'avis régionaux.

Ce nouveau processus doit hiérarchiser les besoins des Bruxellois.e.s en les définissant et en les chiffrant à partir des données objectivées notamment en termes de besoins en logements sociaux, en équipements de proximité, en crèches et établissements scolaires, en espaces verts et de biodiversité, en transports publics de surface et en activités productives pourvoyeuses d’emplois,... Ce nouveau projet devra être en concordance avec les constats et les recommandations issus d’un rapport d’incidences environnementales réactualisé et présenter des garanties de réalisation en déterminant conformément au CoBAT « les moyens à mettre en œuvre de manière transversale et sectorielle pour atteindre les objectifs définis ». 

Nous ne sommes pas les seuls à penser qu’afin de mériter l’adjectif de « durable », ce Plan régional de Développement doit inverser, enfin, la vapeur et, plutôt que de livrer des friches ferroviaires ou industrielles aux appétits des promoteurs, doit mettre en exergue sur l’ensemble du territoire des objectifs, des critères, des indicateurs et des processus d’évaluation des politiques publiques qui visent concrètement à répondre aux besoins réels des Bruxellois précité.e.s.

Contacts presse 

ARAU : Isabelle Pauthier - isabelle.pauthier@arau.org, 0477 33 03 78
Bral : Hild Geens - hilde@bral.brussels /  0472 83 45 74
Inter-Environnement Bruxelles : Claire Scohier – claire.scohier@ieb.be / 0473 66 75 05
RBDH : Werner Van Mieghem – 02/502 84 63
Réseau Habitat : Marilène De Mol - mdemol@reseauhabitat.be | 0473/83 03 99
Bruxelles Nature : Mario Ninanne :  mario.ninanne@gmail.com   /  0473/66 75 05
Natagora : Amandine Tiberghien : amandine.tiberghien@natagora.be  /   02/893 09 25

[1]Lire notamment le communiqué conjoint de l’ARAU, du BRAL, d’IEB et du RBDH en juillet 2011: PRAS démographique : hold up sur le PRDD ! : http://www.ieb.be/PRAS-demographique-hold-up-sur-le.

Bruxelles Mobilité a lancé sa démarche de consultation pour le réaménagement des espaces publics du tronçon Louise-Porte de Namur. En voilà une belle initiative, mais pourquoi un si mauvais timing et peu d’engagement vis-à-vis des citoyens ? A quand un vrai débat sur la Petite Ceinture dans son ensemble ?

Bonne nouvelle pour les Bruxellois : tous ont enfin l’occasion de donner leur avis… et à propos d’un beau projet, de surcroit. En effet, les plans projetés montrent une réelle volonté de changement et d’évolution en direction d’une ville plus agréable. Une ville où piétons et cyclistes reçoivent la place qu’ils méritent. Une ville avec davantage d’endroits où « se poser ». Une ville où marcher et flâner sur les grands boulevards est à nouveau tendance. Un ville où l’on peut à nouveau bruxeller !

Oui, mais… car il y a toujours un mais…

Lancer une enquête en pleine période d’été, c’est plutôt un mauvais timing. Entre les longs week-ends, les encore-plus-longues vacances, les tonnes d’emails au retour, les stages des petits… Vous imaginerez bien la liste complète des distractions estivales. La taux de participation risque d’être très réduit. Comment dès-lors assurer une démarche représentative ? Pas vraiment crédible, cette belle intention.

Bon, ne soyons pas trop négatifs. Cette consultation existe et il faut la saluer. Cependant, elle ne clarifie pas comment et jusqu’où les avis seront pris en compte. Pour l’instant, le processus semble se limiter à une simple « boite à idées en ligne » où l’on piochera les propositions compatibles au projet. Quelle place pour des idées alternatives, qui sortiraient du cadre prévu ?

Et comment s’assurer que ces avis ne seront pas oubliés plus tard dans le processus, comme ça a été le cas auparavant pour des projets similaires ? Ou qu’ils ne serviront pas à légitimer certaines décisions dans le futur ? Une belle valorisation de ce processus démocratique serait de s’engager à prendre en compte un besoin ou un avis dès qu’il atteint un certain quota. Comme on ne peut pas tout faire, pourquoi ne pas se concentrer sur les éléments prioritaires cités par les citoyens?

Le réaménagement de cet axe stratégique mérite plus qu’une simple récolte d’idées à propos d’un tronçon commerçant. Il doit plutôt s’organiser autour d’un processus où tous les acteurs, des habitants aux commerçants, des propriétaires aux associations, participent activement au projet. C’est finalement bien eux qui travaillent, vivent et sont la ville.

Le réaménagement de cet axe stratégique mérite plus qu’une simple récolte d’idées à propos d’un tronçon commerçant.

Au BRAL, on pense qu’il est temps de parler de la Petite Ceinture dans son ensemble. Établir une vision discutée entre toutes les personnes concernées. Pensons au-delà de l’autoroute urbaine qu’elle est aujourd’hui, et questionnons vraiment cette infrastructure du passé, comme l’a fait petiteceinture.be. C’est certain, le débat ne fait que commencer…

Florence Lepoudre, collaboratrice mobilité du BRAL – mouvement urbain pour Bruxelles.

Le Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS), entré en vigueur le 3 mai 2017, définit le cadre légal régissant l’avenir du site. Il indique les limites de ce qui est autorisé. Le promoteur ne doit pas tout réaliser (ouf !), mais en a néanmoins le droit (zut !).

Le programme

Le PPAS constitue un ensemble complexe de zones, de fonctions, de prescriptions relatives à la hauteur des immeubles et à leur superficie, etc., qui s’accompagne en outre de variables, minima et maxima de toutes sortes. Les chiffres ci-dessous vous donneront une petite idée des constructions possibles.

  • Logement : minimum 185.000 m². Ce qui correspond plus ou moins à 50 % de la surface totale. Sur ces 185.000 m², 0 % est réservé au logement social et 11 % au logement « conventionné citydev », c’est-à-dire des habitations moyennes.
  • Équipements collectifs : minimum 18.500 m² (5 %). La zone dans laquelle les écoles devraient se trouver ne fait pas partie du PPAS.
  • Commerce : 37.000 m² (10 %)
  • Hôtel : maximum 30.000 m² (8 %)
  • Bureaux : maximum 148.000 m² (environ 39 %)

 

Levier ? 

Nous avons analysé ce PPAS à l’aune des défis et besoins les plus urgents des quartiers environnants (voir article Tour & Taxis, un levier) et ne pouvons en tirer qu’une seule conclusion : le PPAS menace de devenir un levier dans la mauvaise direction.

371.000 m2 de nouveaux bâtiments

Le plan prévoit de rajouter dans ces quartiers déjà densément peuplés pas moins de 371.000 m2 de nouveaux immeubles mesurant jusqu’à 24 m de hauteur le
long de la rue Picard et jusqu’à 100 à 150 m de hauteur aux alentours du bâtiment de Bruxelles Environnement.

Pour vous aider à mieux vous représenter la situation, sachez qu’une surface 371.000 m² correspond à 7,5 le volume de la Tour du Midi.

0 % de logements sociaux et manque d’équipements publics

Parmi toutes ces nouvelles habitations, aucun logement social n’est prévu et seuls 12  % de ce projet seront dédiés aux logements conventionnés. Les nouveaux volumes du PPAS n’apportent par ailleurs aucune réponse concrète aux besoins des jeunes d’aujourd’hui et de demain habitant le quartier en termes de formation et d’emploi. Le plan ne prévoit pas non plus de lien entre les futurs travaux de construction et un quelconque projet dans ces deux domaines, qui s’impose pourtant de toute urgence.

L’offre et la répartition des 5 % d’équipements d’« intérêt commun » et de « service » public, un pourcentage déjà très faible, ne sont pas spécifiées. Outre ces 5 % d’équipements collectifs obligatoires, deux nouvelles écoles ont également été promises sur le site (triangle bleu sur le plan). Or, la réalisation et l’entrée en fonction de ces écoles ne sont aujourd’hui pas garanties. Le point positif, c’est que si ces écoles se construisent – et elles doivent se construire –, elles ne seront plus coincées derrière un amoncellement de logements mais borderont le parc. Ces écoles se révèleraient tout aussi bénéfiques pour le caractère public du parc et le lien entre les quartiers.

Public ?

Le PPAS indique (heureusement) que les zones de parc « doivent être dans leur totalité ouvertes et accessibles au public ». Mais le site – y compris le parc – appartient entièrement à un investisseur privé. Pour le moment, il y a donc un vaste jardin dans lequel les riverains peuvent venir se promener, avec l’autorisation du propriétaire. En d’autres termes, si le propriétaire le souhaite, il peut leur en interdire l’accès. Ce serait bien mieux si le parc et par extension, les voiries du site étaient transférés aux pouvoirs publics. Les négociations à ce sujet traînent depuis des années. Dans une interview (voir plus bas), Kris Verhellen (le patron de Tour & Taxis) et notre Ministre-Président annoncent cependant que les choses commencent à bouger rapidement. La prochaine étape consiste en une gestion sociale durable permettant à chacun de se sentir bien accueilli et impliqué dans le parc. En résumé, il faut que l’esprit de Parckfarm fasse tache d’huile.

Spéculation

Le PPAS risque d’augmenter la pression sur les quartiers limitrophes. Un projet immobilier de cette ampleur sur une parcelle restée vide pendant des années attire de nouveaux habitants et visiteurs. Si bien que quoi qu’on fasse, il aura un impact sur son environnement proche. Des propriétaires vendent leurs maisons, des investisseurs lancent des projets pour des bâtiments inoccupés mais dans le même temps, de nouveaux immeubles se vident en raison de la spéculation. Si nous voulons que les riverains bénéficient du développement de T&T, nous devons veiller à ce qu’ils puissent rester dans le quartier. Ce qui sera possible uniquement si des mesures complémentaires sont prises pour freiner la spéculation immobilière et la hausse des loyers. Or, aucune mesure de ce genre n’existe à ce jour. Pire, le PPAS ne prévoit pas de logements sociaux ou abordables. Dans des zones où quatre habitants sur cinq sont locataires, une telle approche menace de devenir un levier d’érosion du bien-être pour la population actuelle.

Congestion du trafic

Venons-en à la ligne de tram. D’innombrables études ont été effectuées sur le sujet et des tracés préférentiels ont même été proposés. Ce tram revêt une importance vitale et doit notamment desservir Tour & Taxis. Il faut en effet gérer les 15.000 déplacements individuels supplémentaires attendus. Or, ce tram a été rayé des plans ! Précisons tout de même que dans cette zone, le réseau routier arrive déjà à saturation. Compte tenu des 371.000 m² d’immeubles prévus, cette décision ne constitue rien de moins qu’une abstention coupable. Les quartiers avoisinants peuvent donc s’attendre à une congestion du trafic due aux embouteillages.

Gain

Le PPAS de Tour & Taxis constitue en tout cas un levier financier pour les promoteurs immobiliers. Si les volumes maximaux sont construits, sa valeur marchande s’élèvera à un milliard d’euros, soit un gain potentiel d’environ 300 millions. Un calcul délicat, mais qui donne à tout le moins un ordre de grandeur. Il est donc indispensable d’engager correctement les charges d’urbanisme, une sorte de taxe qui écrème une (petite) partie de la plus-value.

Malgré ces charges, la qualité de la vie dans les quartiers avoisinants risque de baisser encore. Pour garantir que le PPAS réponde aux exigences de Bruxelles en général et des quartiers entourant Tour & Taxis en particulier, nous avons besoin d’une attitude volontariste, de la part tant des pouvoirs publics que du propriétaire.

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Si le patrimoine industriel de Tour & Taxis existe encore, c’est en grande partie au travail de Guido Vanderhulst qu’on le doit. Dans l’interview qui suit, il nous explique comme il s’y est pris.

Guido Vanderhulst est le fondateur et l’ancien directeur de La Fonderie, le Musée bruxellois des industries et du travail. Cette éminence grise a ensuite poursuivi sa lutte en faveur de la préservation du patrimoine industriel bruxellois au poste de président de l’association BruxellesFabriques. Il a par ailleurs publié d’innombrables articles sur le patrimoine industriel, social et portuaire de la capitale.

Guido, qu’est-ce qui vous a poussé à l’époque à vous investir autant en faveur du patrimoine de Tour & Taxis ?

« Avec La Fonderie, nous avons mis sur pied une exposition consacrée à Tour & Taxis dès 1986. Nous connaissions ainsi sa valeur patrimoniale jusque dans les moindres détails. Le génie technique qui caractérise l’organisation du site et la construction de ses bâtiments à la fin du 19e siècle est vraiment impressionnant. Si bien que dans les années 90, lorsque nous avons appris qu’une grande partie des immeubles serait démolie pour céder la place à une gigantesque salle de concert (Music City), nous nous y sommes opposés de toutes nos forces. Nous n’avions pas le choix, car le manque de connaissances sur le patrimoine industriel était choquant. Même l’architecte qui travaillait pour le ministre a qualifié les bâtiments de "frietkot". Ridicule ! »

Qu’avez-vous fait concrètement pour protéger ce patrimoine ?

« Outre l’exposition que j’ai déjà évoquée, nous avons organisé de multiples visites guidées pour tout le monde ou presque. Y compris pour Leasinvest d’ailleurs (devenue Extensa). Ce promoteur privé a repris le projet Music City en 1999 et racheté les terrains et bâtiments annexes au Port de Bruxelles. Pour attirer davantage (encore) l’attention sur la valeur patrimoniale des lieux, nous avons également invité une équipe d’experts étrangers. Une réussite ! Le Fonds mondial pour les monuments a inscrit le site au patrimoine de l’humanité. Mais nous ne nous sommes pas cantonnés à des initiatives de sensibilisation, nous sommes aussi passés à l’action. Dans ce cadre, nous avons collaboré étroitement avec des comités de riverains et des associations urbaines comme le BRAL, IEB et l’ARAU. En dernière instance, nous avons même joué la carte juridique, mais sans résultat. Malgré tout, le projet a été abandonné ! Probablement parce que le promoteur avait alors pris conscience de la valeur de ce patrimoine et que la viabilité financière du projet posait question. Au sein du comité de quartier ‘Le Maritime‘ siégeait un expert financier qui avait de sérieux doutes à ce sujet. »

Même l’architecte qui travaillait pour le ministre a qualifié les bâtiments de "frietkot". 

L’histoire de Tour & Taxis se manifeste-t-elle encore dans les quartiers avoisinants ?

« Certainement. Au moment de sa construction au 19e siècle, un grand nombre de logements sociaux sont sortis de terre aux alentours du site. Sa fonction de lieu de transbordement a aujourd’hui disparu, mais les logements sociaux demeurent. En ne tenant pas compte du caractère populaire des quartiers environnants, on extrait l’ensemble du site de son contexte. »

Que pensez-vous des projets actuels pour Tour & Taxis ?

« Honnêtement, je n’ai pas une vue complète sur ces projets. Ce que je regrette, c’est que le site ne semble pas appelé à devenir un endroit emblématique en termes de durabilité. L’eau de pluie qui ruisselle sur tous ces toits et zones asphaltées sera-t-elle remise en circulation ? Et les eaux usées ? Les déchets serviront-ils à produire de l’énergie ? Etc. Un site d’une telle ampleur permet pourtant de prendre sérieusement en considération le concept de recyclage et d’innover sur le plan écologique. »

Le Fonds mondial pour les monuments a inscrit le site au patrimoine de l’humanité

La lutte en faveur du patrimoine semble gagnée, mais certains éléments pourraient-ils encore être améliorés ?

« La lutte a en effet débouché sur de belles victoires. La gare maritime va par exemple être rénovée. À cet égard, j’aimerais que les quais soient réhabilités. Les trains y entraient chargés de fruits, de légumes, de vin et de tabac en provenance du sud de l’Europe pour y décharger leur contenu, qui était ensuite distribué. Par contre, tous les bâtiments n’ont pas été sauvés de la démolition. Le pavillon du signaleur a ainsi été abattu. Dommage, car il symbolisait l’ancienne fonction douanière du site. Il faut savoir qu’en plus d’être cette plaque tournante de distribution, Tour & Taxis était aussi un centre douanier. Tous les produits soumis à un contrôle y étaient en effet inspectés, après quoi il fallait payer des taxes à l’importation. Les trains transportant des marchandises « sous régime de douane » devaient passer devant ce pavillon. Il remplissait donc une fonction importante sur le site...

Tour & Taxis s’articule d’ailleurs autour des voies de chemin de fer. Ce sont elles qui définissent son agencement. Si la plupart des immeubles ont été sauvés, la structure des lieux est irrémédiablement gâchée. Notamment en raison de l’implantation des nouveaux bâtiments de Bruxelles Environnement (le « grille-pain ») et du Gouvernement flamand. La lutte pour le patrimoine n’est donc pas tout à fait victorieuse. »

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En ce début d’année, BRAL démarre un nouveau projet de co-création : Looper. Ce projet européen a lieu en parallèle à Vérone, Manchester et Bruxelles. C’est plus précisément à Schaerbeek, dans le quartier Helmet, que le BRAL et la VUB travailleront avec les acteurs du quartier à des solutions mobilité à mettre en place !

Le projet débutera officiellement ce jeudi 8 janvier par un drink de lancement. L’occasion de rassembler un premier groupe d’intéressés et d’émettre quelques idées. Toutes les infos se trouvent sur la page de l’évènement : https://bral.brussels/fr/kalender-item/drink-de-lancement-du-projet-looper-helmet-penser-ensemble-aux-solutions-mobilit-pour

Looper en quelques mots

Looper est un projet participatif qui a pour objectif de travailler sur les nuisances dues à la mobilité. Au-delà du processus participatif, le but est de trouver et mettre en place, avec tous les acteurs du quartier, une mesure concrète pour pallier le(s) problème(s) identifié(s).

Cette recherche-action permet de mettre en place et tester le concept des « learning loops » :

“A learning loop is a new way of decision-making, which brings together citizens, stakeholders and policy-makers to learn how to address urban challenges in a participatory co-creation platform.”

Le deuxième objectif est donc de faciliter le partage d’expérience et un apprentissage mutuel entre les citoyens et les pouvoirs publics.

Le projet se déroulera en 3 étapes : identification du problème, co-design d’une solution et ensuite, la mise en place de cette solution.

Qu’est-ce qui rend Looper spécial ?

Le processus se déroule par une co-création en ligne, grâce à une plateforme, et offline par le biais de réunions régulières.

Les différents acteurs du quartier sont impliqués dans toutes les étapes du projet et créent ensemble les étapes pour le futur. De cette manière, leur rôle n’est pas limité à une seule partie. Ils sont présents du début à la fin et participent au développement du projet de quartier. Ils sont impliqués dans le rassemblement de données et la mise en place d’une mesure concrète, qu’ils auront choisie ensemble.

Les trois étapes du projet sont répétées dans un deuxième cycle. Cette méthodologie permet de réitérer l’expérience en apprenant des erreurs du premier cycle.

Pour en savoir plus

Contactez Florence : florence@bral.brussels ou 02 217 56 33

Des trouble-fêtes s'invitent au repas !

Plein d’émotions à Kuumba le soir du mardi 13 mars 2018 ! Un repas convivial, organisé par le BRAL, est soudainement perturbé par deux saboteurs !

Ces « trouble-fêtes » s’infiltrent dans la soirée, empêchent l’animateur de faire son travail et critiquent le projet Connecteurs : « Est-ce qu’il y a de l’argent ? » « Qu’est-ce que c’est que ce questionnaire ? » « Ce sont des Blancs qui l’ont fait ? » « Et c’est quoi, ce cadeau sur la table ? ».

Une fois la curiosité attisée, les « trouble-fêtes » sortent des panneaux qui disent : « Co-créons l’avenir de Matongé, connectons-nous ». Et l’un des saboteurs-acteurs explique : « Ce petit théâtre, juste pour vous rappeler que ce projet appartient à nous tous. » Les tabous et la glace étant ainsi brisés, une soirée fructueuse a pu avoir lieu.

Un temps de réflexion est introduit par une mise en scène préparée par un travailleur du BRAL et deux connecteurs (tous deux comédiens). Une mise en scène qui avait pour but de faire ressortir les critiques éventuelles du projet Connecteurs et de mettre en avant l’envie de réaliser ce projet ensemble (et non pas des chercheurs qui observent, des travailleurs qui animent et des participants qui écoutent).

Près de 40 personnes ont participé à ce moment de rencontre et d’échange autour du quartier Matongé, ses ressources et sa reconnaissance culturelle à Kuumba. Le projet « Connecteurs » vise à mettre en avant les ressources et les atouts (compétences, savoir-faire, passions, …) de Matongé, des personnes qui habitent ou fréquentent le quartier, afin de soutenir des initiatives citoyennes collectives.

Le projet « Connecteurs » est né, entre autres, du déni de reconnaissance culturelle de la communauté subsaharienne de Matongé (frustrations et souffrances identitaires, discriminations quant à l’emploi, le logement et l’accès à la culture...). Le projet est une recherche-action participative qui vise l’émergence d’initiatives citoyennes, sur base d’un partage des savoirs entre citoyens, associations et chercheurs.

Repas des connecteurs

La rencontre s’est déroulée en deux temps : d’abord un moment convivial, avec le “repas des connecteurs”. C’est autour de la grande table, avec une soupe africaine aux carottes épicée à la main, que les participants se retrouvent.   

Les nouveaux arrivants se présentent et, curieux d’en apprendre davantage, posent des questions sur les objectifs du projet et son déroulement jusqu’à ce jour. Certains découvrent l’installation qui collecte les atouts et la complètent. D’autres discutent de leurs projets en cours, comme par exemple l’envie de lancer une radio temporaire à Matongé ou l’avancement du collectif coopératif de commerçants. Ces derniers souhaitent créer un statut juridique et fixent la date d’une prochaine réunion.

« L’installation des atouts » est une structure légère, facile à monter/démonter dans l’idée de pouvoir les atouts et les rêves du quartier. On peut y afficher des photos et les cartes « des atouts » complétées par les personnes rencontrées, un petit baffle y est installé et diffuse les interviews audio réalisées. 

La deuxième partie de la soirée est dédiée à un temps de réflexion. Les participants sont enthousiastes à l'idée de pouvoir nouer des contacts ou d'établir une coopération saine avec le pouvoir communal (les usagers du quartier– les commerçants – les habitants). Ils sont également motivés à participer à une réflexion partagée, un état des lieux collectif autour du quartier Matongé, ses ressources et sa reconnaissance culturelle (discriminations, dénis de reconnaissance culturel ou autres).

Différentes tâches ont été attribuées aux participants pour assurer le bon fonctionnement de la réunion : distribution de la parole, gardien du temps, photographe, prise de notes au tableau, compte-rendu écrit...

Quel avenir pour Matongé ? Y-a-t-il déjà un cadre institutionnel qui prend en compte ses atouts/ressources ? Qu’est-ce qui (a) fait que Matongé est Matongé ? Quelles sont ses ressources ? Et ses limites ? Comment pourrait-on soutenir des initiatives citoyennes sur base des ressources du quartier ?

Ces questions sont proposées par les travailleurs du BRAL et la chercheuse Chloé Mercenier de l’ULB. Elles souhaitent enclencher la discussion sur l’identité, l’originalité et le futur du quartier. Ici, l’idée est simplement de donner des pistes de réflexion pour que les participants puissent en proposer d’autres.

  Tout le monde est d’accord : par ses couleurs pétillantes, ses odeurs et ses goûts exotiques, Matongé est un quartier où l’expression « vivre ensemble » n’est pas qu’une idée. Cette devise est renforcée par la diversité des personnes (Belges, Français, Congolais, Camerounais, Guinéens, Togolais, Pakistanais, ...) et des cultures présentes. Le quartier est fortement fréquenté, convivial et dynamique ; il s’intègre bien dans le tissu urbain bruxellois. Matongé est un quartier convoité, en pleine mutation et en cours de rénovation. 

Les pieds sur place et la tête en Afrique

La question des ‘limites du quartier’ n’a pas été très approfondie cette fois-ci. Le terme « limites de Matongé » est interprété de différentes manières et prête à confusion. Dans ce cas-ci, la question porte sur les freins ou blocages de Matongé : avoir « les pieds sur place (en Belgique) et la tête en Afrique ». Cette expression, empruntée à un participant de la soirée, illustre bien le fait que certaines personnes avec une histoire d’immigration aiment garder le cordon ombilical avec leurs pays d’origine, tout en essayant de s’intégrer dans le nouveau pays.

Tout le monde s’accorde sur le fait que les frontières de Matongé sont subjectives et difficile à définir avec exactitude.

La reconnaissance culturelle 

C’est surtout cette question-ci qui attire l’attention : Y-a-t-il déjà un cadre institutionnel qui prend en compte ses atouts/ressources ?

« Non ! »…  Il n’y a pas de dialogue franc avec les institutions… il faut que nous soyons entendus ! »… « Le pouvoir public exige le même résultat de bénévoles que de ceux qui sont payés et ce n’est pas normal ! »…

Catégoriques, les participants ont souligné ce manque de soutien de la part des institutions à Matongé. « L’animation est là, mais le problème est le manque de moyen et le manque de soutien de l’institutionnel depuis 20-30 ans » …. Un grand nombre d’associations actives à Matongé manquent de soutien de la part des institutions et ne sont pas souvent reconnus dans leurs expertises, par exemple les asbl Interface Culture, Bawasa asbl, Bibliothèque Lumumba…

« Matongé restera Matongé ! Ceux qui veulent le faire disparaître auront un gros morceau ! » L’inauguration de la nouvelle galerie « Matongé », promise par les autorités communales tarde à venir. Ainsi, changement de nom de la « Galerie d’Ixelles » vers « Galerie Matongé », ne toujours pas effective, jusqu’à ce jour. Un participant a soulevé le cas du non-entretien des galeries commerçantes. Quelqu’un dans la salle attire l’attention des participants sur le fait que la commune semblait vouloir relier l’Avenue Louise avec le Quartier Européen. Matongé se retrouve entre les deux. Les habitants et les commerçants seraient donc poussés dehors. D’où la polémique autour du changement de nom du quartier l’année passée vers « Quartier des Continents » …

En fin de soirée, un vote à main levée permet de jauger la volonté de poursuivre les discussions. Pour les mois à venir, l’enjeu est de continuer cette dynamique de co-production des savoirs. Cela pourrait se faire à travers différentes formes de co-création comme, par exemple, la rédaction d’un article sur le quartier, des interviews audio ou vidéo montrant l’avancement du projet ou les réflexions, le tout diffusé via une radio temporaire. Affaire à suivre !

 Le projet « Connecteurs », tente d’expérimenter une nouvelle forme de développement urbain, basée sur les capacités citoyennes, l’émergence et le renforcement d’initiatives locales, leur mise en réseau et leur articulation avec d’autres échelles et acteurs. Cette approche vise à renforcer les solidarités horizontales et à impulser ou solidifier des communautés urbaines dans leur capacité à construire leur bien-être et des solutions pour les défis auxquels elles sont confrontées. Le projet veut donc favoriser le renforcement et/ou l’émergence d’initiatives citoyennes (économiques, sociales, écologiques ou autres), tendant à l’autogestion. Le projet vise donc à valoriser les atouts du quartier et de ses habitants ou de ses usagers, d’une part, en allant à leur rencontre pour créer des liens utiles, et, d’autre part, en cartographiant les capacités et les compétences existantes (cartographier les ressources, les capacités des habitants, leurs rêves et envies). Il a pour objectif de renforcer la cohésion sociale tout en facilitant une meilleure compréhension et une appropriation citoyenne de l’espace public et des enjeux urbains. Le projet « Connecteurs » fait partie du projet Citizendev  et du projet Connecteurs Athenée, faisant partie du Contrat de Quartier Durable Athenée, en collaboration avec Habitat et Rénovation. Cette partie est menée par l’asbl BRAL et la Faculté d’Architecture de l’ULB et soutenu par Innoviris. En savoir plus ? Contactez Kinch (kinch@bral.brussels) ou Piet (piet@bral.brussels).

Depuis plusieurs années, c’est sûr, le quartier Nord se vide. Dans une des tour WTC, parmi les sols orphelins de moquettes, on voit apparaître depuis peu une nouvelle faune d’architectes, de créatifs, et d’étudiants en architecture dans une sorte d’apothéose de l’occupation temporaire. Mais que font-ils ? Sont-ils envoyés pour œuvrer à l’amélioration du quartier ? Par qui, pour qui ? Qui est qui ? A l’heure où l’administration et les rapports public-privé se réaménagent en temps réel à Bruxelles, regarder le quartier Nord fascine, tant les variables semblent se recomposer sous nos yeux tout en nous échappant. Le BRAL est allé jeter un coup d’œil …

Le quartier Nord aujourd’hui

Depuis plusieurs années, le quartier Nord se vide. C’est sûr, c’est le principe du monofonctionnel qui est pointé du doigt, et on comprend : le tout au bureau ne marche pas, alors place au logement et à d’autres choses ! Mais pour attirer le logement et toutes ces « autres choses », les propriétaires des tours savent que le quartier doit (re)devenir attractif. Et comme les pouvoirs publics ne semblaient pas s’occuper du quartier, eux n’ont pas attendu.

Rassemblés pour l’occasion en ASBL (Up4North) les grands propriétaires du quartier (AXA Belgium, Allianz Benelux, Befimmo, et le semi-publique Belfius Insurance, …) ont invité une armée d’architectes et créatives (Lab North) pour repenser le futur du quartier. Les derniers, a leur fois, ont invité des étudiants, collectifs et associations à occuper les lieux vacants, temporairement. 

First step le WTC. Et voici que depuis 2016 toute une fine fleur du milieu créatif colonise les couloirs et open spaces vides avec pour leitmotiv d’intégrer des acteurs locaux pour « activer le site à l’échelle 1/1 ». Mobilier temporaire, potagers, foodtruck, … leur envie est d’ « activer le quartier », et de tenter d’amener in fine les pouvoirs publics à collaborer à un projet ambitieux.

Le quartier Nord hier

50 ans après les premières pierres du traumatisant plan Manhattan, on trouve par-delà tous ces élans enthousiastes pourtant quelques craintes confuses. Ces dynamiques participatives temporaires ne seront-elles pas finalement instrumentalisées pour revaloriser le foncier privé ? Les autorités publiques ne vont-elle pas répondre à l’appel en finançant des infrastructures –espaces publics, voiries, mobilité, …- au bénéfice principal des propriétaires en place ? Un fantôme passe : celui du plan Manhattan et de ses 12 000 personnes expropriées … [1]

Mais une chose est sûre : le pire, lui, a tout l’air d’être déjà arrivé 

Le quartier est déjà monofonctionnel depuis près de 50 ans et les pouvoirs publics n’y ont (quasi) plus de maîtrise foncière. Il n’y a donc plus grand-chose à perdre. Parmi les vieilles moquettes usagées et les parkings désaffectés, il n’y a peut-être plus grand-chose à perdre, OK mais qu’y a-t-il encore à gagner ?

Voyons toutes les questions qu’un réaménagement de ce quartier pourrait amener, tous les enjeux et potentiels que cela ouvre encore.

Le quartier Nord demain : quels enjeux ?

Le quartier Nord est un quartier d’affaire qui doit se reconvertir. Et qui plus est, un quartier de grande gare. Comment cadrer aujourd’hui cette reconversion?

Concernant les tours WTC, leur propriéataire s’oriente vers plus de « multifonctionnalité » avec 20 000 à 30 000 m² de logement, des commerces, un hôtel, des salles de conférences en plus des bureaux dont une nouvelle tour juste pour eux. Des potagers urbains couvriront une partie des socles. Mais d’ « autres choses » sont-elles aussi à prévoir ? Et puis faut-il un ‘moratoire’ sur les bureaux à Bruxelles ? Quels avantages peut apporter la formule du co-working vers laquelle tant d’entreprises semblent se tourner de plus en plus, dont les propriétaires des tours ? Et toutes ces ressources sous-exploitées - parkings souterrains, socles de tours, infrastructure routière (!) … Comment en tirer parti ? Où mettre les activités productives, l’emploi non qualifié, et toute la panoplie d’équipements et commerces qu’attendent les riverains ? Bref, comment tirer de la plus-value d’un relifting du quartier au bénéfice de tous ?

La liste des questions est longue, on continue ?

Des liens seront-il fait avec les projets de mobilité, avec la potentielle ligne de tram traversant le canal ? Des ponts seront-ils jetés par-delà les fractures spatiales et sociales ? Fera-t-on place dans les logements pour des habitants susceptibles de s’ancrer dans le quartier ainsi que pour les habitants moins argentés ? Faut-il plus d’appartements par exemple et moins de studios dans les nouvelles tours mixtes? Pour le Bral c’est une évidence, la réponse doit être oui. Et concernant le besoin en logements abordables à Bruxelles, rappelons qu’il n’est d’ailleurs plus à démontrer (quoique … faut-il répéter pour ceux du fond ?…Els Ampe ?), et que de toutes façons un geste envers des classes à faible revenus dans le quartier – celles-là mêmes qui en furent massivement dégagées près de 50 ans plus tôt - , passerait quelque part ô tellement pour justice rendue.

Le quartier Nord demain : mais que peut-on encore concrètement?

Justement, boum, voici maintenant que la Région vient de répondre à l’appel du pied d’Up4North, et qu’elle entre dans la danse. Perspective Brussels, l’organisme régional en charge de la rénovation urbaine, entend désormais suivre ces développements de plus près. La Région vient en plus de s’offrir des outils tout neufs pour planifier, nommons le CRU et le PAD[2].

Super donc. Nous sommes curieux de voir la suite ! Que pourra encore la Région ? Perspective sera-t-elle à même d’imposer ou cadrer les réponses à toutes ces questions ? Plus encore : sera-t-elle à même de se concerter avec les autres acteurs décisionnels – Bruxelles Mobilité et Bruxelles Ville, les acteurs de terrains ? L’avenir du quartier Nord semble aujourd’hui encore confus, et ce même pour la plupart des protagonistes. Mais il nous le dira bien.

L’avenir nous dira si les outils régionaux flambant neufs – les CRU et les PAD par exemple, fonctionnent. Il nous dira si la formule d’Up4North fonctionne. Et pour qui. Si l’architecture temporaire et les foodtrucks peuvent effectivement servir de couche d’accroche pour un urbanisme … inclusif ? Si c’est vraiment aux investisseurs privés de prendre à leur charge l’aménagement d’une ville durable et inclusive là où les pouvoirs publics semblent faire défaut ?

Le Fonds du Quartier Européen fut créé en 2001 par des promoteurs ayant des intérêts économiques dans le quartier pour en améliorer l'image, sans attendre les pouvoirs publics. Sous les auspices de la Fondation Roi Baudouin, il s’est profilé comme partenaire privilégié dans l’élaboration du Règlement Régional d’Urbanisme Zoné (dit RRUZ). Ce RRUZ permit de construire des tours avec une large plus-value foncière pour certains promoteurs. Le Fonds a donné naissance à une ASBL, Equama, pour ‘améliorer le vivre ensemble dans le quartier européen’ avec l’ambition de coordonner et contrôler toutes les initiatives en espace public.

Même si d’autres acteurs tels qu’Architecture Workroom et la Faculté d’architecture de la KUL ont rejoint le mouvement dans le quartier Nord, ce sont en fait grosso modo les mêmes groupes immobiliers, les mêmes personnes, et les mêmes intérêts privés que l’ASBL Up4North représente, mais 15 ans plus tard.  

Une recette qui marche ? Car alors d’autres quartiers bruxellois pourraient suivre. Le quartier du midi par exemple ? En mal d’attractivité chronique comme son voisin plus au nord, il attend lui aussi de faire peau neuve : la SNCB est en effet sur le point de vendre d’importants terrains. A qui ? Des développeurs privés.

Un appel à la transparence et une promesse de BRAL

L’actualité urbaine semble nous échapper. Où sont les résultats des ateliers participatifs mené par Up4North l’été passé ? Où sont les informations sur les permis et bétonneuses que l’on voit déjà à l’action ? Que prévoient les promoteurs ? Nous manquons de débat public. Quand privée parmi les étages de la tour WTC le temps sera venu de moissonner toutes les idées germées dans le giron d’une initiative privée, le Bral espère au moins que Perspective Brussels se saisira de l’occasion pour y puiser les meilleures d’entre afin de les rendre profitables à tous.

Le BRAL reste attentif au quartier Nord ainsi qu’au quartier Masui tout près. Le premier borde le périmètre du PAD – dit PADMAX - en cours d’élaboration et le second y est inclus. L’enquête publique devrait avoir lieu a priori après l’été. Nous ne manquerons certainement pas de revenir vers vous à l’approche de ce moment. Et d’ici là, cadeau : Jan Denoo, bruxellois curieux dont la thèse portera sur le quartier Nord[3] jouera l’ envoyé spécial pour publier d’ici peu des nouvelles du quartier Nord, merci à lui.

[1] La lutte n’est pas nouvelle pour le BRAL. Albert Martens n’est pas seulement co-fondateur du BRAL, ce professeur en sociologie se battait pendant des décennies pour un meilleur quartier Nord. https://bral.brussels/nl/artikel/45-jaar-noordwijk-quartier-nord-online et http://www.quartiernord.be/ et https://www.bruzz.be/samenleving/balans-van-45-jaar-noordwijk-2011-04-01

[2] Un Contrat de Rénovation Urbaine (CRU),  sorte de « super contrat de quartier » car son périmètre ne se limite pas à une seule commune, est un plan d’investissement public mis en place par la Région en 2017 pour programmer et financer une série de projets de rénovation urbaine dans une temporalité bien précise. La grande taille du périmètre vise à traiter les territoire frontaliers entre communes et quartiers, visant à désenclaver les quartiers les uns par rapport aux autres. Un Plan d’Aménagement Directeur (PAD) est aussi un nouvel outil mis en place par la Région en 2017. Le PAD peut être décrit comme étant un document hybride entre schéma directeur et plan particulier d’affectation du sol (PPAS) Il comprend une série de principes et d’objectifs d’aménagement sur un certain périmètre, et donne valeur réglementaire à certains de ces principes. Zie ook https://bral.brussels/fr/artikel/explore-masuivergote-le-compte-rendu)

[3] Jan Denoo suit actuellement un master en Urban Studies à la Vrije Universiteit Brussel et à l’Université Libre de Bruxelles. Nous avons fait un bout de chemin ensemble lors de notre enquête.