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Quels chiffres! Le Réseau Financité dénombre 14 monnaies locales en circulation et 3 en construction[1] à Bruxelles et en Wallonie. La Zinne vient d’intégrer cette liste depuis le 21 mars 2019. Les lieux où la dépenser sont abondants et de nombreux citoyens sont intéressés par la démarche. « Aujourd’hui la Zinne est portée par un collectif citoyen d’environ septante personnes, constitué en l’asbl Zinne, dont une trentaine de personnes actives au niveau de la coordination » nous explique Sophie, membre de cette association sans but lucratif (asbl). « Parmi les bénévoles du collectif, on retrouve notamment des citoyens faisant partie d’autres mouvements, tels que les groupes en transition ou les groupes locaux. »

Explications et interviews autour d’un outil citoyen de plus en plus apprécié des Bruxellois.

Une monnaie locale, qu’est-ce que c’est ? Ce n’est autre que la mise en place d’une économie parallèle locale, qui fonctionne en circuit fermé. En effet, la monnaie locale ne circule que sur un territoire géographiquement délimité afin de s’assurer qu’elle reste dans l’économie réelle (biens et services), sans être captée par une banque ou sujette à de la spéculation. Ce sont donc les commerçants, artisans et prestataires de services locaux qui en bénéficient. Les monnaies locales voient le jour grâce à la création de collectifs de citoyens ou à l’engagement des villes et des régions.

En réalité, il faudrait davantage parler de « monnaie complémentaire » que de « monnaie locale ». « La Zinne n’a pas vocation à remplacer l’euro, précise Sophie, elle vise principalement à sortir une partie de la richesse du circuit traditionnel « euro » pour l’injecter en monnaie locale dans un réseau de partenaires présents sur le territoire concerné afin de générer davantage de flux que si l’on faisait des transactions en euros.» Nous comprendrons par la suite la raison de cette multiplication des flux.

Pour la petite anecdote, à la question « savez-vous ce que signifie avoir une « zin » en Belgique ? », la plupart des interviewés ont fait savoir qu’il s’agissait d’une lubie, d’un coup de folie, d’une idée folle, d’une envie soudaine, etc. La Zinne porte donc bien son nom car il en faut un peu de folie pour se lancer dans un tel projet ! Par ailleurs, « zinne » [ou « zenne » en flamand] signifie « Senne » en bruxellois, soit le cours d’eau traversant la ville et qui a été voûté dans sa quasi-totalité dans le courant du 19ème siècle.

La Zinne va aujourd’hui au-delà d’une simple lubie : elle est désormais bel et bien ancrée à Bruxelles, et remplie de sens. Pourtant, la Région Bruxelles-Capitale gardait quelques souvenirs plutôt mitigés de l’ancienne monnaie complémentaire locale, l’éco-iris, ayant circulé entre 2012 et 2014 dans cinq communes bruxelloises. Cette monnaie n’a pas tenu dans le temps et « certains citoyens et prestataires ont été refroidis » affirme Sophie. Il serait tentant aujourd’hui de vouloir apparenter la Zinne à l’éco-iris, mais ce sont en réalité deux monnaies aux fonctionnements différents. L'éco-iris est une monnaie qui a été lancée par Bruxelles Environnement pour rétribuer des éco-gestes, des initiatives éco-responsables. Concrètement, si un Bruxellois se fournissait en électricité verte, prenait un abonnement Villo !, ou créait un potager, il lui était alors possible d’envoyer la preuve à Bruxelles Environnement qui lui retournait en contrepartie des éco-iris, pouvant être dépensés dans certains commerces. Aujourd’hui, pour se procurer des Zinnes, il suffit d’aller convertir vos euros dans l’un des 37 comptoirs de change[2] répartis dans la Région Bruxelles Capitale selon le principe : 1 € = 1 Zinne. Une autre différence donc : le taux de conversion pour les éco-iris était de 1 € = 10 éco-iris. Un élément plus "complexe" pour les utilisateurs qui font deux avec les mathématiques ! Enfin, les éco-iris provenaient entièrement du subside de Bruxelles Environnement, c'était un projet géré par une institution publique. « La Zinne, quant à elle, connaît une forte adhésion, explicite Sophie, car c’est un véritable projet citoyen, qui n'est dépendant d'aucun subside. »

Tout le challenge aujourd’hui est donc de rendre la Zinne pérenne ! « Dans un premier temps, nous nous sommes centrés sur le marché de l’alimentaire. Puis nous avons progressivement élargi la démarche à d’autres secteurs, tels que les actions liées au « zéro déchet », les services, etc » développe Sophie. Après trois mois de fonctionnement, 50 000 Zinnes[3] circulent à Bruxelles. Prochains secteurs cibles : le culturel, le bien être, la santé.

A quoi sert une monnaie complémentaire locale ? Quelle est sa valeur ajoutée par rapport à l’euro ? Stéphane, citoyen utilisateur de la Zinne depuis peu, nous raconte son expérience : « Quand j’ai commencé à entendre parler de la Zinne sur les réseaux sociaux, je me suis posé beaucoup de questions. Ma première réaction, et celle que je retrouve souvent dans mon entourage, a été « mais qu’est-ce que c’est ? Est-ce que cela n’engendrerait pas du repli sur soi ? » Mais maintenant je suis convaincu : ça aide vraiment à inciter les gens à réfléchir à ce qu’ils achètent et à ce qu’ils consomment. On comprend alors l’intérêt de faire vivre le local, de tendre vers une certaine résilience. C’est un super outil qui ne nous empêche pas d’être ouvert sur le monde. »

Suite aux différents entretiens, six grands objectifs identifiés par les Bruxellois ont été dégagés :

  1. Encourager le commerce local et valoriser les circuits courts

Rendons nous à l’évidence, notre économie actuelle peut très facilement défavoriser les petits producteurs locaux et les commerces de proximité au profit des grandes multinationales, dans une logique que l’on pourrait qualifier de prédatrice. La monnaie locale peut remédier à cela en tant qu’alternative à l’économie mondialisée. Ainsi, pour Philippe de la cantine de quartier Refresh à Ixelles, la Zinne permet de « se rendre compte que le capital reste ici, sur notre territoire ». La monnaie locale empêche la fuite de l’argent dans l’évasion fiscale, la spéculation ou les dividendes des actionnaires de grandes sociétés. « Je suis sûr que l’argent reste dans l’économie locale, qu’il ne part pas chez Uber aux Etats-Unis par exemple. Cela fait tourner l’économie des petits commerçants de la région bruxelloise. Même si c’est parfois un peu plus cher, cela permet de faire vivre les locaux » explique Stéphane. Victoria du Boentje Café à Schaerbeek affirme que « cela a un intérêt direct car l’argent est forcément utilisé dans un commerce de proximité, il rentre dans la boucle de l’économie circulaire ». Carine du marché bio en vrac Symbiose à Ixelles va également dans ce sens : « nous sommes toujours ouverts à des projets innovants et alternatifs qui favorisent le commerce local ». Les échanges économiques sont ainsi relocalisés sur le territoire, à échelle humaine. La monnaie locale permet de diminuer considérablement les intermédiaires et la réduction de ceux-ci peut permettre d’être compétitif sur le prix d’achat. En effet, la monnaie locale circule alors simplement entre les consommateurs, les prestataires de biens et de services et les producteurs, et circule plus rapidement que l’euro, étant donné qu’elle ne peut être épargnée, immobilisée ou captée par des systèmes financiers. L’accroissement de la vitesse de circulation d’une monnaie - via un nombre d’échanges croissant - est essentiel dans la création de richesse pour un territoire.

  1. Favoriser les initiatives d’entraide

La monnaie locale redevient alors cet outil qui privilégie les échanges de proximité et renforce le maillage des nombreuses initiatives durables qui fleurissent sur le territoire. La Zinne tendrait même à se rapprocher des systèmes de timebanking[4] et de troc. « Aujourd’hui, un groupe de travail réfléchit à la question des échanges de savoirs pour lesquels les citoyens pourraient utiliser des billets de zéro Zinne. Ces derniers pourraient également être une sorte de passe permettant d’obtenir certains services ou produits pour un public fragilisé particulier, par exemple » explique Sophie. Affaire à suivre…

  1. Adopter une démarche écologique, éthique et humaniste

La monnaie locale favorise les échanges de biens et services locaux qui répondent à une Charte respectueuse de l’homme et de l’environnement. Elle fait vivre des structures qui produisent autrement pour avoir des impacts positifs sur le monde dans lequel nous vivons. Ainsi, cette Charte est signée par tous les prestataires de biens et de services qui acceptent la monnaie locale. Dans le cas de la Zinne, ceux-ci s’engagent à respecter certains critères - établis collégialement au sein de l’asbl Zinne – allant de la valorisation des circuits courts, à l’amélioration du bien-être, en passant par l’utilisation raisonnable des ressources de notre planète.

  1. Inciter le citoyen à se réapproprier les questions économiques et, de manière plus globale, l’avenir de son territoire

La monnaie locale donne du sens aux achats quotidiens, et fait naître de nombreux consomm’acteurs et consomm’actrices. Le citoyen peut choisir de dire non à une standardisation des marchandises et à la pression sur les producteurs exercée par la grande distribution. Il peut choisir de sortir de la filière classique de production et de consommation. En utilisant la Zinne, il est alors certain de savoir où part son argent. « Le changement des mentalités est en cours… » assure Philippe. Quand à Stéphane, il se considère bel et bien comme un consomm’acteur : « Même si ce n’est pas encore à temps plein, mais ça viendra ! »

  1. Renforcer le lien social grâce à la mise en réseau des acteurs locaux

Philippe explique qu’il travaille notamment avec Bulk, le magasin bio de la rue Malibran : « lui aussi est un « zinneman », si c’est comme ça qu’on dit ! ». Le concept des « apéros Zinne » facilite tout particulièrement cette meilleure connexion entre les producteurs, les prestataires et les consommateurs, une fois par mois dans une commune différente. « C’est organisé chez un prestataire, ce qui permet notamment de promouvoir les produits des fournisseurs de la zone concernée, mais aussi de créer du lien (nouveau ou à renforcer) entre prestataires et fournisseurs. » précise Sophie. « Ces apéros sont un temps pour se rencontrer, se découvrir sous un angle plus festif, tant pour les prestataires que pour les bénévoles et les citoyens. Faire tourner ces apéros de commune en commune, chaque mois, nous permet d’être plus proches des quartiers, de ne léser personne et de couvrir l’ensemble du territoire bruxellois. »

  1. S’inscrire dans une véritable transition économique

La monnaie locale est, sans nul doute, un outil de communication pour un modèle de société différent.       « Chez nous, on explique aux clients ce qu’est la Zinne, on leur propose de leur rendre la monnaie en zinne, on les prévient que c’est la même chose, on affiche à plusieurs endroits le logo de la Zinne, … » déclare Philippe. De son côté, Carine raconte que « lorsque les clients voient le dépliant ou le sticker de la Zinne, ils posent des questions, ils s’intéressent. » Les prestataires interviewés, qui ont majoritairement commencé avec 500 Zinnes dans leurs caisses, nous affirment tous que la monnaie locale s’intègre très bien dans leurs projets. « C’est très cohérent, assure Victoria, et c’est pour cela que le Boentje Café fait beaucoup de communication sur la Zinne ! »

Conclusion et recette de la réussite 

« Avec davantage de commerces dans la boucle, ça commence à grossir, et ça devient plus facile d’utiliser ses Zinnes. » conclut Philippe. Le plus important serait alors de créer, de manière stratégique, un réseau cohérent et structuré, avec des connexions très fortes sur le territoire, pour que les prestataires de biens et de services se sentent en confiance pour se lancer dans la démarche et que les consommateurs aient de multiples possibilités d’utiliser la monnaie dans leurs quotidiens. « Nous avions 89 prestataires le jour du lancement, ils sont aujourd’hui 135[5]. Cela est en grande partie dû à une organisation en groupes locaux particulièrement efficace : le projet a bien avancé parce que les collectifs étaient déjà constitués, la Zinne est venue prendre appui sur ces piliers fondateurs » nous explique Sophie. L’asbl Zinne vise aujourd’hui à renforcer la communication auprès des citoyens utilisateurs. « Plus de communication sur la Zinne semble nécessaire pour le bruxellois » remarque Carine. Les apéros Zinne vont dans ce sens. « Nous souhaitons aller vers l’interculturel et l’inter-classes, soutenir ceux qui sont déjà convaincus et développer l’accompagnement des autres vers la transition en cours » ajoute Sophie. « Ce projet est en co-construction, c’est un projet qui évoluera avec les membres de l’asbl… » finit-elle par conclure.

Plus d’informations sur le site de l’asbl Zinne : http://www.zinne.brussels/

Rédactrice : Victorine Hannebicq

[1] au 31 juin 2019 https://www.financite.be/fr/article/monnaies-citoyennes
[2] au 26 juillet 2019  http://www.zinne.brussels/le-reseau/
[3] juin 2019
[4] Time Bank est une plateforme où les groupes et individus peuvent partager leur temps et leurs compétences, contournant la monnaie comme système de valeur.  http://imaginationforpeople.org/fr/project/time-bank-banque-du-temps/
[5] juin 2019

Quelle est l’importance que vous accordez aux espaces verts Bruxellois? Quels espaces verts utilisez-vous et pourquoi? Que faites-vous dans ces espaces?
VUB, ULB & Innoviris cherchent des participants pour une enquête en ligne sur l'utilisation des espaces verts à Bruxelles. A travers cette enquête, nous espèrons mieux comprendre le rôle que jouent les espaces verts dans la vie des Bruxellois et comment différentes personnes apprécient ou non les différents espaces verts et leurs caractéristiques.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour participer à l'enquête!
https://www.co-nature.org/questionnaire

ORGANISATION : Les Amis du Champ des Possibles est un projet communautaire innovant qui compte 400 membres. Ceux-ci gèrent une friche, qu’ils ont baptisée Le Champ des Possibles, dans une perspective socioécologique. Ils assurent ainsi la préservation d’un pan de nature sauvage au cœur de Montréal. Toute la difficulté consiste à mettre les habitants du quartier en contact avec la nature sans trop perturber celle-ci. Dans ce cadre, les membres du collectif sont en constante recherche de la synergie idéale entre l’humain qui utilise l’espace et la nature. Le respect pour la nature (sauvage), les interventions artistiques et la protection du patrimoine industriel (vestiges d’un dépôt ferroviaire aujourd’hui disparu) constituent les piliers de leur fonctionnement. Qui comprend également un volet pédagogique (promenades sur le thème des plantes médicinales, observation des insectes avec les enfants, etc.).

PROJET : Le Champ des Possibles est une ancienne friche d’environ 1 ha qui se situe dans la partie est du Mile End. Elle a été menacée par un projet de construction d’un parking, mais grâce aux protestations des membres du projet et à un changement de majorité politique, le terrain a été protégé. Un accord a finalement été conclu entre la commune et la communauté en vue de conserver cet espace vert. Pour Les Amis du Champ des Possibles, il importe avant tout de limiter au maximum les interventions afin de préserver au mieux le caractère vert, calme et sauvage des lieux. Aujourd’hui, la ville projette cependant d’y aménager un véritable parc. À l’heure actuelle, il est donc impossible de prédire l’avenir du Champ des Possibles, patience donc !

« C’est un moyen de lutter contre les espaces planifiés conventionnels. C’est un endroit où se rencontre un grand nombre d’humains, d’insectes et de plantes. À nous de comprendre que ces espaces sont malléables, que nous pouvons les partager avec tout le monde. Dans nos discussions, la question centrale est de savoir ce que nous voulons pour notre ville. » - Kelly Vu

Fabriquer la Ville est le fruit d’une semaine de rencontre de 10 jeunes liégeois.es et bruxellois.es partis à la découverte de Montréal en juillet 2019. L’équipe s’est construite autour d’un intérêt partagé : réfléchir ensemble à la fabrique de la ville en commun. Avant-propos par Chloé Mercenier, Sasha-ULB

Une exploration collective

Le point de départ de ce projet est la rencontre en octobre 2018 de jeunes québécois.es en visite en Belgique autour de la question de la réappropriation citoyenne de l’espace public, organisée par le Bureau International de la Jeunesse (BIJ). C’est suite à cet échange que j’ai proposé à d’autres jeunes de monter un projet semblable pour partir à la découverte de Montréal en commun. Très vite une équipe d’explorateurs se construit, passionnés par la fabrique de la ville, tant dans ses enjeux spatiaux que sociaux. Ils sont de profils variés (architecte, conseiller en développement durable, illustrateur, sociologue, géographe, chercheur.e, paysagiste, urbaniste, chargé.e de projets, anthropologue, photographe... et tous citoyen.ne.s engagé.e.s) et d'horizons divers (BRAL, Periferia, UrbAgora, Comptoir des Ressources Créatives, Pro Velo, Toestand, Atelier CUP et Sasha-ULB).

La richesse des échanges résulte tant de la diversité des profils au sein de l’équipe que de la comparaison de projets de trois villes : Montréal, Bruxelles et Liège. La confrontation des contextes et des points de vue a permis aux jeunes d’enrichir leurs connaissances et de créer des liens non seulement entre eux mais aussi avec les acteurs québécois rencontrés.

Cette semaine d’exploration collective a traversé une série d’enjeux urbains : les modalités d’interaction entre différents acteurs qui fabriquent et transforment la ville (habitants, artistes, experts, organismes[1], élus, fonctionnaires, investisseurs…), notamment en découvrant des démarches de co-design et de co-gestion d’espaces publics (La Pépinière, Les amis du Champs des Possibles) ; l’occupation transitoire de bâtiments vacants en vue d’en définir les usages futurs (Entremise); les impacts de la gentrification fulgurante de Montréal où poussent une série de condos[2] de luxe, contraignant à terme des artistes et des habitants à déménager (Atelier Créatifs Montréal); les tensions liées à la privatisation temporaire d’un espace public pour des événements attirant un public non représentatif du quartier (Aire Commune); l’organisation d ‘Opérations Populaires d’Aménagement’[3] par les habitants de la Table de concertation du quartier Pointe-Saint-Charles ; etc.

La fabrique de la ville en commun… mais de quel(s) commun(s) parle-t-on ?!

Le mouvement des communs émerge d’un intérêt croissant chez des acteurs de la société civile, parfois soutenus par des pouvoirs publics, pour produire, gérer et partager des ressources matérielles (eau, semences, terres, logement…) et immatérielles (logiciels, données numériques…) de façon plus collaborative, ouverte et inclusive[4]. Les diverses initiatives qui participent de ce mouvement, dont les contours ne sont pas clairement définis, se présentent notamment comme des alternatives aux logiques néolibérales qui impactent nos territoires et nos sociétés (augmentation des inégalités d’accès aux ressources, privatisation, marchandisation de l’espace…).

La notion de communs recouvre une diversité de processus et évolue au cours du temps. Si la gestion partagée d’une ressource n’est pas quelque chose de nouveau (par exemple les pâturages communaux au Moyen Âge), le regain d’intérêt pour les communs arrive notamment suite aux travaux de l’économiste Elinor Ostrom qui définit une « ressource commune » (common-pool resource)[5] comme une ressource partagée, gérée par une communauté et selon des règles définies par cette communauté.

Dans la dernière décennie, la notion s’élargit au-delà de la définition économique et juridique des « biens communs »[6] et est appropriée par les sciences sociales : l’accent est davantage mis sur le processus « d’agir commun », le faire ensemble, que sur la nature de la ressource en elle-même[7]. Dardot et Laval soulignent  que le commun est inappropriable et qu’il « est à penser comme co-activité, et non comme co-appartenance, copropriété ou copossession »[8]. Les communs ne sont pas désignés comme tels uniquement de par leur nature, mais bien parce qu’ils sont produits, défendus et revendiqués. Un commun peut apparaître et disparaître, c’est son appropriation et sa gestion par une communauté qui le définissent et le font perdurer. Cette dimension processuelle des communs transparaît d’ailleurs bien à travers le terme anglais commoning[9]. Cette nouvelle définition du concept devient rapidement le coeur et l’âme de différentes luttes anti-capitalistes (altermondialistes, sociales, écologistes), grâce à sa dimension politique. Ces mouvements mobilisent le concept du commun pour exiger « une nouvelle forme de gestion ‘communautaire’ et démocratique des ressources communes, plus responsable, plus durable et plus juste »[10], qu’elles soient gérées jusqu’ici par le privé ou par le public.

Les communs urbains, des ressources en perpétuelle négociation

La pensée des communs s’est peu à peu déclinée en plusieurs « sous-catégories » (communs naturels, virtuels, sociaux…) dont celle des communs urbains apparue plus récemment, de l’anglais urban commons[11]. Les communs urbains ne se caractérisent pas uniquement par leur ancrage dans un espace urbain qui serait clairement délimité, mais correspondent plutôt à une diversité de collectifs composites et fluctuants agissant autour de ressources en perpétuelle négociation[12], revendiquant notamment un espace autonome de la mainmise de l’État et du marché.

Les communs urbains recouvrent donc une diversité de thématiques (logement, mobilité, gestion de l'eau, agriculture urbaine...), se déclinent sous diverses formes (jardin partagé, cartographie libre, coopérative d’habitat, occupation transitoire, tiers-lieu, monnaie locale…) et expérimentent de nouveaux modes de faire (processus de co-design, de co-gestion, assemblées citoyennes…). C’est sans limite stricte quant à la définition des communs, leur nature ou leur propriété juridique, et par l’intérêt partagé de découvrir la diversité des processus et des initiatives qui fabriquent la ville, particulièrement avec et par ses usagers, que le groupe est parti à la découverte de Montréal en commun.

Chloé Mercenier, Sasha-ULB

 

Notes

[1] Au Québec, les termes « organisme à but non lucratif » (OBNL), ou « organisme sans but lucratif » (OSBL), sont équivalents pour désigner une « association sans but lucratif » (ASBL) en Belgique.

[2] Un « condo » (diminutif de « condominium ») désigne au Québec un appartement d’un immeuble en copropriété.

[3] Pour plus d’info voir chapitre un, rencontre: Table du quartier Point-Saint-Charles - Action Gardien

[4] Brossaud C., Fiori S. & Simay P. (2019). Les communs urbains : nouveau droit de cité ? Métropolitiques.

[5] Ostrom E. (1990). Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action. Cambridge-New York : Cambridge University Press.

[6] Dans les années 1970, des économistes classent les biens selon leurs qualités de rivalité et d’exclusivité et ajoutent deux catégories à celles des “biens privés”  (exclusifs et rivaux, ex: un vêtement) et des “biens publics” (non exclusif et non rivaux, ex:  la qualité de l’air):  les “biens de club” (exclusifs et non rivaux, ex : une autoroute à péage) et les “biens communs" (non exclusifs et rivaux, ex: une zone de pêche).

[7] Brossaud C., Fiori S. & Simay P. (2019). Les communs urbains : nouveau droit de cité ? Métropolitiques.

[8] Dardot P. & Laval C. (2014). op. cit. p 48.

[9] Bollier D. & Helfrich S. (2015). Patterns of Commoning.

[10] Dardot P. & Laval C. (2014). op. cit. p 97.

[11] Borch C. & Kornberger M. (2015). Urban commons : Rethinking the city. New York : Routeledge.

Dellenbaugh M., Kip M., Bienok M., Müller A. K. & Schwegmann M. (2015). Urban Commons: Moving Beyond State and Market. Gütersloh : Bauverlag ; Basel : Birkhäuser.

[12] Eynaud L. (2019). De quoi les communs urbains sont-ils le nom ? Métropolitiques.

A travers une série d’articles, le BRAL vous partage son expérience pour la mise en œuvre d’une rue scolaire. Astuces, étapes indispensables et timing : vous aurez tous les éléments en main pour mettre en place ce projet dans votre quartier. Ce planning est spécifique à un projet de rue scolaire mais peut évidemment être une inspiration pour tout autre projet co-créatif que vous souhaitez mettre en place près de chez vous !

Construire un réseau fort est la première étape primordiale pour assurer un projet positif. En rassemblant un maximum de personnes autour de ce projet, vous lui permettez d’évoluer dans un climat de confiance et d’échanges.

La temporalité des étapes sera fortement influencée par le stade de développement actuel de votre réseau. Si vous connaissez déjà tout le monde, ça ira plus vite. Sinon, il faudra compter un peu plus de temps !

2 à 3 mois avant l’introduction de la demande : discussions autour d’un café

Au début, pas besoin de beaucoup de frivolités. Commencez par rencontrer quelques personnes clés autour d’un café pour discuter ouvertement des thématiques du projet : mobilité, sécurité routière, déplacements quotidiens, etc. Préparez quelques questions pour apporter un peu de structure à la discussion si nécessaire. Terminez votre entrevue en demandant quel degré d’implication cette personne aimerait avoir dans le projet et comment elle souhaite être tenue au courant de la suite.

Après ces premières rencontres, vous pourrez mieux définir les alliés forts de votre projet, c’est-à-dire les personnes avec qui vous allez co-construire la rue scolaire. A côté de ce premier groupe, vous pourrez également déterminer les personnes à « simplement » tenir informées. Ces dernières devront être tenues au courant de l’avancement du projet, mais nécessiteront moins de communication active que le premier groupe.

Mais alors, qui faut-il absolument rencontrer ? Voici une liste des personnes « de base » avec qui nous vous conseillons d’aller boire un café. A vous d’y ajouter les personnes plus spécifiques à votre projet.

  • Résidents du quartier, soit sous forme du comité de quartier, soit individuellement
  • Parents de l’école, via le comité de parents et/ou à la sortie de l’école pour une discussion en face à face
  • L’équipe de l’école : directeurs, enseignants, etc.
  • La commune, via l’échevinat de la mobilité en premier lieu
  • Les commerçants

1 à 2 mois avant l’introduction de la demande : première rencontre collective

Maintenant, il s’agit de créer ce réseau. Pour cela, un rassemblement de tous les alliés lors d’un atelier convivial est le plus efficace. Inviter chacun.e lors d’un petit drink afin de penser aux premières étapes du projet et se projeter vers un objectif final. Laissez aussi de la place pour des discussions informelles et des échanges « humains ». Commencez, par exemple, avec l’exercice du porte-clés : chaque participant explique la petite histoire derrière un des objets pendus à ses clefs.

Lors de cette première rencontre, l’objectif est de placer quelques balises pour le projet : quel est l’objectif principal, quels sont les éventuels sous-objectifs, quels sont les jalons temporels, qui fait partie ou devrait faire partie du réseau. Vous trouverez énormément d’inspiration pour organiser ce premier workshop (et les suivants, d’ailleurs) sur ces plateformes:

  • Looper Toolbox, un projet cocréatif auquel le BRAL a participé et qui regroupe certains des sites mentionnés ci-dessous : https://looperproject.eu/tools/
  • HyperIsland, où vous pouvez trier les activités selon l’objectif, le temps imparti et le nombre de personnes: https://toolbox.hyperisland.com/
  • Le collective action toolkit, où vous pourrez trouver des activités en fonction de l’étape de votre projet

Durant les 1 à 2 mois avant l’introduction de la demande : rencontres thématiques

Grâce à ce premier atelier, vous pourrez définir d’autres moments d’échanges sur base des balises identifiées. Si vous pouvez donner un objectif général à chaque rencontre future, cela vous aidera à donner de la structure aux rencontres.

De plus, il permettra également aux membres du réseau de choisir de venir aux ateliers où ils se sentent appelés et pourront mettre en valeur leurs connaissances. De cette manière, vous éviterez de surexploiter le temps et l’énergie des participants. Cependant, il est important d’assurer un retour d’information à tous après chaque atelier.

Quelques thématiques :

  • Renforcer et développer le réseau
  • Mise en place et création d’un plan de communication
  • Collecte et analyse de données
  • Développer la collaboration avec les acteurs des pouvoirs publics
  • Rédaction et envoi du dossier

Ces étapes seront différentes par projet car le niveau d’implication des différents acteurs du quartier y joue un grand rôle. Si la relation avec les instances communales est aisée, par exemple, il ne faudra peut-être pas prévoir d’échange spécifique avec cet acteur. Dans le cas contraire, un atelier est sans doute nécessaire avant de se lancer.

Élément important : les objectifs personnels

Outre le planning général, l’idéal est que chacun.e ramène, à la fin de chaque atelier, un élément d’action concret à la maison, afin de donner envie de revenir à la prochaine rencontre avec un résultat à partager. Par exemple : contacter des connaissances du quartier pour les rallier au projet, rencontrer d’autres acteurs du quartier pour un échange (par exemple, des commerçants), écrire un mini compte-rendu de la rencontre, rédiger une communication pour le quartier, etc. Cette action devra venir de la personne elle-même, qui a la meilleure vue sur ses compétences et son temps disponible.

Ces quelques personnes clés vous suivront tout au long du processus, c’est donc important de les valoriser. Apprenez-en davantage sur eux, leurs envies et leurs points forts. C’est en se basant là-dessus que vous permettrez à chacun de se développer au mieux dans le projet et donnerez envie de rester jusqu’à la fin !

Et n’oubliez pas : une petite activité fun, en dehors du cadre du projet, peut avoir un énorme impact positif et renforcer les liens. L’appartenance à un groupe et le partage d’un objectif commun est non seulement source de motivation mais aussi un remède efficace contre le sentiment de solitude face aux grands défis de demain !

Florence Lepoudre

La ministre fédérale de l’Environnement et du Développement durable Marie-Christine Marghem gèle la procédure de reconnaissance des coupoles environnementales. Ce n’est pas acceptable, clament les auteurs dans cette lettre ouverte à Sophie Wilmès.

Par Sylvie Meekers, directrice générale Inter-Environnement Wallonie; Danny Jacobs, directeur général Bond Beter Leefmilieu; Chloé Deligne, co-présidente Inter-Environnement Bruxelles; Raf Pauly, coordinateur BRAL

Publié dans Le Soir

Madame la Première Ministre

En décembre 2019, nos quatre fédérations environnementales belges (Inter-Environnement Wallonie, Bond Beter Leefmilieu, BRAL et Inter-Environnement Bruxelles) ont appris de Madame la Ministre Marghem que leur financement fédéral pour l’année écoulée ne serait pas octroyé, alors que l’ensemble des activités prévues avaient été réalisées.

Une année de travail intense au service des questions environnementales et climatiques, menée d’ailleurs en bonne collaboration avec la Ministre elle-même et le SPF Environnement, se voyait ainsi sanctionnée par la perte sèche du subside pourtant dûment budgété.

Une Ministre en défaut

Ce n’est pas tout : la Ministre vient de décider unilatéralement de geler la procédure de reconnaissance des coupoles environnementales. Ce faisant, elle interrompt une procédure qu’elle a elle-même lancée et à laquelle nos organisations ont répondu dans les formes. La Ministre se met ainsi en défaut par rapport à l’arrêté royal qu’elle a elle-même fait approuver en 2019. Elle rend ainsi impossible la poursuite du financement fédéral des coupoles environnementales en 2020, et potentiellement pour toute la législature dans le cadre légal existant. Décision lourde de conséquences.

« Il n’a jamais été dans mes intentions ni dans celles du gouvernement de supprimer définitivement les subventions des fédérations environnementales dont nous reconnaissons le travail important », affirmait ce 30 juin à la Chambre la Ministre Marghem, interpellée sur cette situation.

Un argument irrecevable

Ses décisions vont pourtant exactement dans le sens inverse : dans les faits, elle est en train de mettre fin à la poursuite d’un travail associatif dont la qualité est largement reconnue, sur les questions cruciales de l’environnement et du climat. Des licenciements vont devoir être signifiés.

Madame la Première Ministre, votre Ministre se retranche paradoxalement derrière le fait que le Gouvernement serait en affaires courantes. Cet argument est irrecevable au vu des pouvoirs de plein exercice dont votre Gouvernement dispose, comme vous l’avez vous-même affirmé lors de votre discours de politique générale, le 17 mars 2020.

Un montant modeste mais indispensable

Les sommes en jeu sont d’ailleurs symboliques pour l’Etat belge : moins de 200.000 euros par an pour les quatre fédérations. Un montant modeste, et pourtant indispensable pour abattre un travail considérable, réalisé avec compétence par des chargés de mission motivés et à l’expertise reconnue.

Se pose dès lors la question de la volonté politique.

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que nos fédérations environnementales jouent, comme d’autres acteurs de la société civile, un rôle important pour le bon fonctionnement de notre démocratie. Au-delà de leur rôle de sensibilisation auprès du grand public, elles représentent auprès des pouvoirs publics une multitude d’acteurs non lucratifs engagés dans la protection de l’environnement et ce sont elles qui amènent le point de vue environnemental dans les organes de consultation officiels. Parfois contre-pouvoir, souvent force de proposition, les fédérations d’associations environnementales ont leur place comme interlocutrices du gouvernement au même titre que les fédérations patronales et syndicales, même si leur poids est bien plus modeste.

Pour autant qu’une volonté politique existe….

Le gouvernement souhaite-t-il supprimer de manière structurelle la totalité des financements fédéraux aux fédérations environnementale ? Doit-on aujourd’hui se résoudre à ce qu’une Ministre se retranche derrière des arguments procéduriers – fort peu valides – pour lâcher le secteur environnemental et le priver des moyens nécessaires pour qu’il puisse jouer son rôle ?

Nous ne pouvons y croire

C’est pourquoi nous nous adressons à vous, Madame la Première Ministre, en dernier recours

Vous avez fait preuve de hauteur de vue et démontré votre capacité à tenir les rênes en pleine crise ces derniers mois. Nous espérons que vous prendrez le temps de faire de même pour débloquer ce dossier. Si une volonté politique existe, une solution pourra être trouvée rapidement.

Yves, de MacGyver van de Brabantwijk

Op het kruispunt van de Groenstraat en de Dupontstraat in Schaarbeek ligt het Wijklokaal. Het is een intergenerationele en multiculturele plek waar iedereen welkom is: de deur staat altijd open, letterlijk en figuurlijk. Iedere week worden er tal van activiteiten georganiseerd, zoals een kledingbeurs, schoolondersteuning of een Repair Café.

Doe-het-zelver Yves wordt in de Brabantwijk erkend voor zijn handigheid: problemen met het sanitair of de verf hebben voor hem geen geheimen. Hij heeft bovendien al meerdere personen geholpen: “Ik kom vaak mensen tegen op straat bij wie ik al ben gaan klussen. We babbelen even, zo heb ik veel contact.” Na een ontmoeting met Andréa, die bij CitizenDev werkt, raakte hij betrokken bij het Wijklokaal. Aanvankelijk had hij geen idee in welke staat het was: “Ik dacht dat het in orde was. Maar nadat ik het bezocht, heb ik voorgesteld om werken uit te voeren.” Hij heeft zijn vaardigheden ten dienste gesteld van het project door twee maanden lang het pand op te knappen: “Ik zat alleen thuis en dus kwam ik met mijn caddie en al mijn gereedschap, ik werkte heel de dag en dan ging ik naar huis. Dat was leuk.”

Yves trekt zijn plan. Zijn atypische levensloop werd gekenmerkt door veranderingen en unieke ervaringen: een stage in Zweden, werken in een bedrijf voor lasdraad, chauffeur voor het Koninklijk Paleis in Brussel, daarna buschauffeur voor kinderen van scholen uit de wijk en hier en daar vrijwilligerswerk. Hij kwam wat obstakels tegen op zijn pad, maar daar legt Yves zich niet bij neer. Hij is de eerste om de handen uit de mouwen te steken en ziet het glas halfvol: “Ik zie altijd het positieve.” Hij is altijd blijven doorgaan en heeft zijn kansen gegrepen, onder andere via de ontmoetingen die hij deed.

Yves is met pensioen en schenkt zijn vrije tijd aan het Lokaal. “Wat mij motiveert, is dat ik me nuttig kan maken. Ik onderhoud ook contacten, kan een babbeltje slaan en heb iets omhanden. Als ik niets te doen heb en thuis opgesloten zit, kan ik niet bijdragen. Ik heb 47 jaar gewerkt, ik woon alleen en het Lokaal, dat geeft me een doel.” Voor het Lokaal was Yves al betrokken bij de wijk. Hij is niet alleen de ‘Repair Café-man’, zoals M’Feddal zegt, een ander actief lid van het project, maar heeft ook groene vingers, die hij voor de gemeenschappelijke wijkmoestuin aan het werk heeft gezet: “Toen ik toekwam in de gemeente had ik contact met een dame die werkt bij Soleil du Nord. Zij vroeg me of ik gewassen wilde telen. Ik had thuis zelf een moestuin, dus ik wil vooral tonen aan anderen hoe ze eraan moeten beginnen.”

Voor hem is de band met de mensen essentieel en het Lokaal is dé plek voor ontmoetingen en wederzijdse verrijking: “Ik ben graag onder de mensen. Dat is voor mij het belangrijkste en ik krijg veel terug van hen. Het echte probleem dat hij graag wil verhelpen, is dat het project niet zou blijven bestaan: “Wat ik wil bijdragen, is dat het project permanent wordt, want wat zouden wij doen als het stopt?”

Portret door Montaine Kayaert, Romane Marchal en Lucie Roba, studenten van Université Saint-Louis-Bruxelles

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