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En octobre 2021, 3.000 Bruxellois.es ont pris part à la plus grande recherche jamais menée sur la qualité de l’air en Région de Bruxelles-Capitale. Sélectionnés sur plus de 5.000 inscriptions, ce sont des particuliers, des familles, des écoles, des entreprises et des associations qui pendant un mois ont mesuré la qualité de l’air dans la région. En effet, tous étaient soucieux de connaitre la qualité de l’air qu’ils respirent dans leur rue, leur quartier, leur ville. Cette curiosité se justifie notamment au regard des recommandations de l’OMS revues à la baisse récemment à la suite de nouvelles découvertes scientifiques.
Le vendredi 18 mars, 6 mois après le début de campagne, l’heure de vérité est arrivée, les résultats vont être dévoilés au public et nous souhaitons vous inviter à vous joindre à nous pour une soirée d'info des résultats CurieuzenAir.
Le BRAL a le plaisir de vous inviter à une soirée d'information de CurieuzenAir dans votre quartier. Lors de cet événement, vous pourrez vous renseigner sur la qualité de l'air dans votre quartier ou votre rue. Vos questions les plus pressantes trouveront une réponse. Et vous pourrez débattre des mesures qui pourraient améliorer la qualité de l'air.
En pratique :
Cette année, BRAL soutient à nouveau le Belgian Housing Action Day. Nous vous invitons à nous rejoindre. Aujourd’hui, plus que jamais, nos revendications restent d’actualité. Ces derniers mois, marqués par la crise sanitaire du COVID-19, ont encore accentué une situation déjà intolérable et si le confinement a bien montré une chose, c’est que le logement est un besoin fondamental. Que nous avons toutes et tous besoin d’un toit, d’un endroit où nous reposer, prendre soin de nous, nous sentir en sécurité, nous sentir chez nous.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de porter nos revendications dans la rue et dans le débat public. Il est temps de mettre le droit au logement à l’agenda. Nous – un collectif d’associations et d’individus – avons décidé de relayer en Belgique l’appel à action européen pour le droit au logement du 27 mars : le Housing Action Day. Voici l'appel complet.
Appel
Se loger est un droit fondamental. Pourtant, aujourd’hui en Belgique, des milliers de personnes dorment dans la rue. Des milliers de personnes n’arrivent pas à payer leur loyer. Des milliers de personnes vivent dans un logement insalubre, ou trop petit, et des milliers d’autres ont PEUR de ne pas trouver à se loger ou à se reloger dans des conditions décentes. Souvent, nous nous sentons seul·e·s et désarmé·e·s devant les difficultés liées au logement, nous avons honte, et pourtant il s’agit bien là d’un problème collectif.
En Belgique comme dans de nombreux pays d’Europe, nous sommes confronté·e·s aux mêmes dynamiques, qui toutes nous appauvrissent, excluent celles et ceux qui n’ont pas assez d’argent et discriminent celles et ceux qui n'ont pas le bon genre, la bonne couleur de peau ou les bons papiers. Nos villes et nos espaces de vie sont vendus, transformés en action boursières. Partout, les loyers augmentent, les prix de vente des appartements et des maisons explosent et nos salaires stagnent. Nous payons donc une part de plus en plus importante de nos revenus pour nous loger. Le nombre de logements sociaux, lui, augmente à peine, voire diminue dans certains endroits. En même temps, nous sommes des milliers à nous être endetté·e·s auprès d’une banque pour devenir propriétaires alors que nous n’en avons pas vraiment les moyens, parce que tout nous pousse vers la propriété privée. Face à cette situation, certains trouvent le squat comme solution. Mais le squat a été rendu illégal, alors qu’il s’agit juste d’occuper des bâtiments que des propriétaires laissent vides ! Dans nos villes, on construit des appartements trop chers, qui font augmenter le prix de tous les logements. On transforme des logements en bureaux ou en appartements de vacances ! Dans nos villes, on change les quartiers, on "rénove" les quartiers populaires, on en fait des espaces rentables : les anciens cafés sont fermés, remplacés par des lieux plus chics, plus branchés. Dans nos villes et nos campagnes, les rares terrains publics sont vendus à des promoteurs privés. Dans nos villes et nos campagnes, nous sommes des milliers à galérer, à nous faire expulser, à louer des appartements trop petits, en mauvais état pour des loyers trop élevés. Partout, nous sommes des milliers à rembourser des crédits hypothécaires illégitimes, à craindre la fin du mois, voire même à louer notre grenier mal isolé à quelqu'un·e de plus pauvre que nous, simplement pour "joindre les deux bouts".
Des familles sont expulsées de chez elles, certaines personnes n’ont pas d’autre choix que la rue.
Nous ne voulons plus tolérer cette injustice et cette violence. Nous résistons et faisons preuve de solidarité. La vente des villes et villages dans l’intérêt de quelques-un·e·s n’est pas une loi de la nature, mais la conséquence de choix, d’un système économique débridé et d’une politique qui semble avoir perdu son sens de la responsabilité sociale. Ensemble, nous pouvons changer cela ! Ces dernières années, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer des politiques de la ville et du logement équitables, la dernière fois pour la Journée européenne d’action le 6 avril 2019 dans presque cinquante villes. Suite à ces mobilisations, à Berlin, iels ont obtenu le gel des loyers ! Nous pouvons également obtenir une victoire en Belgique : nos loyers n’ont pas à augmenter pour des logements vétustes et mal isolés !
Nous, une alliance nationale d’associations et de collectifs actifs dans la santé, la lutte contre la pauvreté, le droit à la ville et le droit au logement exigeons :
- Une baisse immédiate et un encadrement des loyers. Le logement n’est pas une marchandise.
- La fin des expulsions et un logement pour toutes les personnes sans-abri. Des logements dignes, salubres abordables et adaptés aux besoins des familles et des individus.
- La fin des logements vides ! Nous voulons que les sanctions contre les propriétaires qui laissent leurs logements vides en attendant que la valeur de leur bien augmente soient réellement appliquées. La fin de la criminalisation des occupations et du squat ! Nous demandons l’abrogation de la loi anti-squat tout en réfutant l’idée que squatter constitue une solution structurelle. L’immobilisme politique doit cesser.
- Une véritable gestion collective de nos logements et de nos lieux de vie, la reconnaissance de droits collectifs pour les locataires. Nous refusons que nos lieux de vie ne soient que le produit d’intérêts privés et de grands investisseurs.
- La construction massive de logements sociaux et la rénovation du parc social vétuste. Nous voulons plus de terrains et de bâtiments publics. Nous appelons au développement de coopératives de locataires, et à la gestion collective de nos immeubles. Le logement est trop important pour être laissé aux mains du marché.
- Un développement urbain et rural solidaire et écologique ! Un environnement de qualité, une isolation des bâtiments, une garantie d’accès à l’eau et à l’énergie pour toutes et tous.
FOCUS 2022 : "POUR UNE BAISSE DES LOYERS !"
Se loger est la base d’une vie décente.
Le bien-être, la santé physique et mentale, le niveau d’éducation des enfants et l’accès aux droits sociaux sont directement liés à un logement décent.
Avec l'explosion des loyers et les revenus qui augmentent trop peu voire baissent), de plus en plus de ménages se fragilisent, voire basculent dans la précarité car mal-logés. La pression sur les loyers est un problème qui ne touche plus seulement les ménages précaires, elle menace l’ensemble de la population.
En effet, un bien de première nécessité tel que le logement est considéré comme un placement sûr et rentable par les investisseurs. Cette spéculation grandissante sur le marché immobilier entraîne une hausse générale des prix de vente qui rend toujours plus impossible l’accès à un logement décent et abordable. [Notons que parmi les pays de l'OCDE, la Belgique est le pays qui a connu la pire augmentation de la part du coût du logement par rapport aux revenus (x350% pour les 20% des ménages les plus pauvres entre 1988 et 2020 selon l'enquête Eurostat 2020 sur le budget des ménages)].
A cette crise structurelle du logement sont venus s'ajouter la crise économique liée à la pandémie, l'explosion du coût de la vie et particulièrement des prix de l'énergie, ainsi que le drame des inondations qui ont détruit des milliers de foyers en Wallonie.
Le logement est un droit fondamental, et c’est à ce titre que la régulation du marché locatif est un objectif légitime d’intérêt public : le logement n’est pas, et ne devrait pas être considéré comme un bien marchand comme un autre.
Parmi tous les marchés relatifs à l’accès à des biens de première nécessité, le marché locatif est celui qui est sans doute le moins bien régulé. Malgré l’existence de nombreuses normes (salubrité, non-discrimination, PEB, enregistrement du bail,…), le contrôle effectif est absent.
En matière de logement l'intérêt général devrait toujours primer sur l'intérêt privée alors que c'est l'inverse qui se passe de manière flagrante, au détriment des couches sociales les plus précaires Le propriétaire privé est complètement libre de fixer le montant du loyer sans aucune limite. Tout ceci dans un pays où le taux de logements sociaux est excessivement bas.
Les mesures en vigueur pour amadouer les propriétaires bailleurs et les promoteurs montrent leur inefficacité d’année en année. Elles créent très peu de logements abordables, coûtent de l’argent public et accentuent la dynamique d’investissement lucratif qui met la pression sur le marché locatif. Ces mesures sont d’autant plus insensées que les revenus locatifs ne sont pas taxés à hauteur du bénéfice qu’ils procurent.
Il n'est pas normal que les détenteurs de logements à louer considèrent ces biens comme un investissement à faire fructifier, tout en faisant porter les coûts et les risques de leur exploitation sur la collectivité ! Il n'est pas normal que les locataires doivent se saigner pour payer leur loyer !
Il est temps que les pouvoirs publics prennent des mesures pour faire baisser effectivement les loyers et se dote d’un arsenal effectif de contrôle des obligations pesant sur les propriétaires.
Le logement est un droit fondamental, nous exigeons qu’il soit reconnu comme tel. Il devrait être considéré comme un des piliers de la sécurité sociale au même titre que la santé et l’éducation. La marchandisation de nos lieux de vie nous prive de ce droit et nous sommes là pour le défendre.
Venez aussi à la manifestation nationale pour le droit au logement ! Rdv le dimanche 27 mars à 16h place du Jeu de balle à Bruxelles !
CurieuzenAir, la plus grande enquête citoyenne jamais réalisée sur la qualité de l'air à Bruxelles, a publié ses résultats aujourd'hui. 3 000 habitants de Bruxelles ont mesuré la concentration de dioxyde d'azote dans l’air en octobre 2021. La carte avec les résultats peut être consultée ici. Le BRAL est un fier partenaire de CurieuzenAir. Pour nous, c'est le point culminant d'années de travail sur la qualité de l'air à Bruxelles. Raf Pauly, coordinateur BRAL, réagit aux résultats de CurieuzenAir.
Enfin, les résultats de CurieuzenAir sont là. Le résultat d'un effort collectif de milliers de Bruxellois et Bruxelloises. Le BRAL est extrêmement fier du travail accompli. Non seulement pour cette campagne, mais aussi pour le combat pour une meilleure qualité de l'air que de nombreux Bruxellois·es ont mené ces dernières années. Bruxelles possède une société civile particulièrement forte et active, et sans leurs années d'efforts pour mettre la qualité de l'air à l'ordre du jour, CurieuzenAir n'aurait pas vu le jour.
Que nous apprennent ces résultats ? Qu'il y a des progrès dans la qualité globale de l'air à Bruxelles. Nous en sommes très heureux. En même temps, il y a encore beaucoup de travail à faire. La carte à points montre une grande disparité à Bruxelles, entre un centre "rouge-jaune" et une périphérie "bleu-vert". Plus on s'éloigne du centre, plus l'air est bon. Nous connaissons trop bien cette représentation des inégalités à Bruxelles. Nous voyons des cartes similaires lorsque nous examinons les inégalités économiques, la qualité du logement, l'accès à des espaces verts de qualité, l'éducation et l'emploi, ... Que cette inégalité si caractéristique de Bruxelles se reflète également dans les résultats de CurieuzenAir n'est donc malheureusement pas surprenant.
La pollution atmosphérique nous affecte tous. Les tubes de mesure sont fixés à un endroit, mais les gens ne restent pas immobiles, bien sûr. Les CurieuzenAirs ont principalement mesuré leur lieu de résidence, mais les gens se déplacent dans la ville pour travailler, faire de l'exercice, se détendre, etc. L'impact de la qualité de l'air sur la santé publique est important pour chaque habitant de Bruxelles. En outre, l'OMS a récemment renforcé les normes relatives au dioxyde d'azote, car il est de plus en plus évident que l'impact sur la santé commence déjà à partir d'une concentration de dioxyde d'azote dans l'air beaucoup plus faible que ce qui était supposé auparavant (10 µg/m³ au lieu de 40 µg/m³). Si l'on prend cette nouvelle norme comme référence, plus de 98 % de la population bruxelloise vit, étudie ou travaille dans un environnement où la qualité de l'air est nocive.
Alors, que faut-il faire ? On sait depuis longtemps que le trafic motorisé est la principale source de pollution par le NO2. La campagne CurieuzenAir montre une fois de plus clairement que la qualité de l'air est la plus mauvaise dans les endroits où la circulation est intense et la ventilation insuffisante : les rues étroites avec de hautes façades (les "canyons de rue"). La bonne nouvelle, c'est que la Région bruxelloise a déjà pris de nombreuses mesures pour améliorer la qualité de l'air dans tout Bruxelles : il existe un plan de mobilité visant à rendre les quartiers plus apaisés (Good Move), et il y a déjà une zone à faibles émissions qui empêche les voitures les plus polluantes d'entrer dans Bruxelles. Cependant, ce plan de mobilité a encore du chemin à parcourir. Il appartient maintenant aux 19 communes de Bruxelles de concevoir des quartiers qui diminuent le trafic de transit et donc réduisent les émissions. Ce processus est ... laborieux. Il existe une proposition d’un péage urbain visant à réduire le trafic automobile total à Bruxelles (Smart Move). Là aussi, les négociations politiques sont difficiles. La zone de faible émission a été mise en œuvre depuis un certain temps, et a certainement un effet. La question est de savoir si tout cela ne peut pas être fait plus rapidement et plus strictement.
Que CurieuzenAir aide donc surtout les Bruxellois.es à faire valoir leurs revendications pour une ville saine et vivable. Quiconque doute du soutien à une politique urbaine ambitieuse peut s'appuyer sur la mobilisation massive des CurieuzenAirs. Le BRAL contribuera à faire avancer la cause ! Vous pouvez nous aider. En influençant la politique, en partageant les connaissances et en bougeant.
- Raf Pauly
PS : Nous sommes heureux·euses de vous inviter à une soirée d'information et de débat gratuite et bilingue sur les résultats. Vérifiez où et quand nous serons près de chez vous et inscrivez-vous sur www.bral.brussels/presentscurieuzenair.
CurieuzenAir est une initiative de l'Université d'Anvers, de BRAL et de l'Université Libre de Bruxelles, en étroite collaboration avec Bloomberg Philanthropies, Leefmilieu Brussel, De Standaard, Le Soir et BRUZZ.
- Pendant un mois, 3 000 Bruxellois ont cartographié la concentration de dioxyde d'azote dans leur rue, un indicateur clé de la pollution atmosphérique due au trafic.
- L'ensemble de données unique de CurieuzenAir montre en détail l'impact du trafic, mettant en évidence que les quartiers socio-économiquement vulnérables sont plus susceptibles de souffrir d'une mauvaise qualité de l'air.
- CurieuzenAir montre que la qualité de l'air à Bruxelles s'est améliorée, mais que l'impact sur la santé reste important
- Les résultats de CurieuzenAir ne fournissent pas seulement des informations détaillées sur Bruxelles, mais montrent également des modèles et des tendances pertinents pour d'autres villes européennes.
Du 25 septembre au 23 octobre 2021, 3 000 Bruxellois ont participé à CurieuzenAir, la plus grande enquête citoyenne jamais menée sur la qualité de l'air dans notre capitale. Les citoyens scientifiques ont mesuré la concentration de dioxyde d'azote (NO2) dans leur rue pendant un mois à l'aide d'un appareil de mesure placé sur leur façade. Le projet se traduit par un ensemble de données unique qui permet de dresser une carte très détaillée de l'influence du trafic sur la qualité de l'air à Bruxelles. Les résultats vont d'une qualité de l'air "excellente" à une qualité de l'air "extrêmement mauvaise" dans tout Bruxelles, avec un contraste marqué entre les quartiers socio-économiquement vulnérables et les quartiers verts et aisés. Enfin, CurieuzenAir apporte également de bonnes nouvelles : les données montrent que la qualité de l'air à Bruxelles s'est considérablement améliorée ces dernières années.
Des différences significatives et marquantes à travers Bruxelles
Sur la carte interactive à points, chaque point de mesure s'est vu attribuer une couleur correspondant à la valeur mesurée. En observant la carte, il est étonnant de constater que la qualité de l'air diffère fortement d'un quartier à l'autre, et même d'une rue à une autre. Des points bleus (0-15 µg/m3 ; "très bon") à un certain nombre de points noirs (>50 µg/m3 ; "extrêmement mauvais"), l'ensemble des données de CurieuzenAir indique clairement que ces différences s'expliquent par les émissions du trafic bruxellois.
La plus faible concentration de NO2, 6,2 µg/m3, a été mesurée au milieu de la forêt de Soignes, un endroit épargné des émissions du trafic. La plus faible concentration de NO2 dans une zone résidentielle (8,1 µg/m3) a été mesurée sur une façade de la Rue Chant d’Oiseaux à Anderlecht. Il s'agit d'une valeur remarquable pour un environnement urbain, où les valeurs mesurées inférieures à 10 µg/m3 sont généralement moins fréquentes. Cette valeur indique qu'il existe également des zones résidentielles à Bruxelles où la qualité de l'air est très bonne.
À l'autre bout du spectre, il y a aussi des valeurs aberrantes. La valeur de mesure la plus élevée (60,5 µg/m3) a été enregistrée le long du très fréquenté Boulevard de Nieuport, mais certains points de mesure le long du Petit Ring dépassent également la limite de 50 µg/m3. Ces valeurs élevées s'expliquent par la combinaison d'un trafic intense et d'une faible circulation de l'air due aux immeubles de grande hauteur. Olivier Brasseur, expert qualité de l’air à Bruxelles Environnement, explique que : “Les concentrations les plus élevées en dioxyde d'azote sont atteintes dans les sites à trafic dense et amplifiées par un "effet canyon", c'est-à-dire la présence de bâtiments de part et d'autre de la rue qui limite la dispersion des polluants. On constate aussi, et c’est plus surprenant, que les concentrations de NO2 peuvent varier significativement au sein d'une même rue. Cela peut s'expliquer par la configuration de la rue qui peut être plus ou moins ventilée suivant l'endroit considéré.” En outre, la circulation aux carrefours et les embouteillages aux heures de pointe du matin et du soir provoquent une augmentation des émissions et des pics élevés. Cela se traduit par des points rouges et violets sur la carte à points de CurieuzenAir.
Le télétravail et un parc automobile plus propre contribuent à améliorer la qualité de l'air
Grâce au grand volume de données récoltées, Curieuzenair peut estimer l'exposition au NO2 de toute la population de Bruxelles. CurieuzenAir a constaté que 1,4% des Bruxellois (17.000 personnes) sont exposés à une qualité de l'air dépassant les 40 µg/m3 des normes européennes de qualité de l'air. En outre, 98,4 % de la population (1 200 000 habitants) vivent ou travaillent dans des zones exposées à une pollution supérieure à la nouvelle valeur seuil de l'Organisation mondiale de la santé, c’est-à-dire supérieure à 10 µg/m3, ce qui montre le large impact de la pollution atmosphérique sur la santé publique de la population.
“Il n'est certainement pas agréable d'apprendre que l'on vit ou travaille dans un endroit rouge”, déclare le professeur Filip Meysman (UAntwerpen), coordinateur de CurieuzenAir. “Mais c'est aussi l'objectif de notre recherche : rendre visible les hotspots de la pollution atmosphérique et faire en sorte que les responsables politiques au niveau local puissent améliorer la situation du trafic. En revanche, nous sommes surpris de constater qu'il s'agit d'un pourcentage relativement faible. Il y a seulement deux ans, on estimait qu'il était d'environ 10 %, et il y a dix ans, même la moitié de la population bruxelloise était au-dessus de la norme. Les stations de mesure officielles de Bruxelles Environnement montrent la même tendance à la baisse. La qualité de l'air à Bruxelles est donc en nette amélioration.” Les chercheurs voient un certain nombre d'explications importantes à cette récente amélioration. L'effet corona a entraîné du télétravail et donc moins de trafic pendant la période de mesure. Mais le parc automobile de plus en plus propre, l'utilisation accrue de la bicyclette et la zone à basses émissions jouent également un rôle, et ce sont des effets durables. Les données de CurieuzenAir montrent que de telles mesures améliorent effectivement la qualité de vie dans une grande ville.
Malgré les résultats de mesure encourageants, il faut continuer à agir pour améliorer la qualité de l'air en ville. En septembre 2021, l'Organisation mondiale de la santé a présenté une nouvelle valeur seuil : au-delà de 10 µg/m3, les premiers effets sur la santé sont perceptibles. Il y a matière à réflexion : sur base des données de CurieuzenAir, 98,4 % de la population, soit 1 200 000 Bruxellois, vivent ou travaillent dans des zones exposées à une pollution supérieure à cette norme sanitaire.
Alain Maron, Ministre bruxellois chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l’Action sociale et de la Santé: “CurieuzenAir est un excellent exemple de l'importance de la science citoyenne. Grâce à tous les citoyen.ne.s qui ont participé au projet, nous avons recueilli des résultats sans précédent sur la pollution atmosphérique à Bruxelles, afin de mieux comprendre ce problème dans notre ville. Si nous constatons que la situation s'améliore doucement, les concentrations mesurées restent encore inacceptables, et appellent à des actions fortes rapidement. Nous devons agir pour que tous les Bruxellois .es, quels que soient leurs revenus et le quartier dans lequel ils vivent, puissent respirer un air pur et sain.”
“Nous savons que l'on ne peut pas gérer ce que l'on ne mesure pas - et ces données et recherches de grande valeur permettront à la Région de Bruxelles-Capitale, à Bruxelles Environnement et à la société civile de lutter contre cette crise de la pollution de l’air ", a déclaré Antha Williams, responsable du programme environnement et climat à Bloomberg Philanthropies. "S'attaquer à la pollution de l'air à Bruxelles permettra de sauver des vies, et profitera particulièrement aux plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées qui sont les plus vulnérables aux effets néfastes d'une mauvaise qualité de l'air.”
Une bonne qualité de l'air, c’est important pour tous les Bruxellois
La base de données CurieuzenAir fournit une image très détaillée de la qualité de l'air dans les différents quartiers de Bruxelles. Les concentrations de NO2 montrent des différences remarquables entre les quartiers, les rues et parfois au sein d'une même rue. Les chercheurs de l'Université libre de Bruxelles ont comparé les données de CurieuzenAir aux caractéristiques socio-économiques des différents quartiers. “Les trois quartiers où la qualité de l'air est la meilleure de la région sont situés à Uccle et les trois quartiers où la concentration de NO2 est la plus élevée se trouvent dans le centre-ville et près de la Peinte Ceinture.” explique Dirk Jacobs, professeur en sociologie à l'ULB.
Les quartiers à forte densité de population ont tendance à être moins bien lotis en termes de qualité de l'air. En outre, il existe un lien évident entre les revenus et la qualité de l'air de là où l'on vit : plus le quartier est pauvre, plus la qualité de l'air est mauvaise. "Ironiquement, cela signifie également que dans les quartiers où le nombre de voitures par ménage est plus faible, la qualité de l'air est tout de même plus mauvaise en raison de l'impact du trafic à proximité.”
“Les résultats de CurieuzenAir montrent que les effets sur la santé des Bruxellois sont inégaux. Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne”, déclare Raf Pauly du BRAL, mouvement urbain bruxellois et co-initiateur de CurieuzenAir. “Mais le résultat du point de mesure dans votre rue n'est pas égal à votre propre exposition quotidienne. Nous ne passons qu'une partie de notre temps à la maison. Les habitants de la périphérie bleu-vert vont également étudier, travailler ou faire des achats dans le Pentagone. Nous avons donc tous intérêt à voir la qualité de l'air à Bruxelles s'améliorer considérablement et nous devons travailler dur pour y parvenir.”
CurieuzenAir est une initiative de l’Université d’Anvers, le BRAL- mouvement citoyen et de l’Université libre de Bruxelles, en étroite collaboration avec Bruxelles Environnement, De Standaard, Le Soir et BRUZZ. Ce programme est soutenu par le Brussels Clean Air Partnership de Bloomberg Philanthropies.
Nous connaissons les résultats de Curieuzenair, nous avons une image claire de la qualité de l'air. Le 25 avril, les citoyen.nes entreront en dialogue avec les politicien.nes. Que peut-on faire pour améliorer la qualité de l'air ? Au niveau régional et local ? Comment le faire de manière sociale ?
Depuis sa naissance, début 2020, la plate-forme citoyenne Bas-les-PAD (1) dénonce la nature anti-démocratique et destructrice des PAD, tant sur le plan environnemental que social. Cela, face à un gouvernement qui invoque les bienfaits de la densification pour faire front à l‘évolution démographique bruxelloise et qui n’hésite pas à taxer ceux qui s’opposent de NIMBY! BAS-les-PAD et les associations signataires1 attendent que le gouvernement bruxellois soit en cohérence avec les réalités d’aujourd’hui, avec les attentes des bruxellois.es, avec la nécessité de protéger les espaces naturels en ville et de réaliser des logements sociaux. Puisque la croissance démographique annoncée est désormais divisée par 5, divisons les volumes bâtis des PAD par 5 aussi pour se concentrer sur la réalisation de logements sociaux et laisser la place à la nature en ville.
En 2018, le gouvernement de la Région bruxelloise sort de son chapeau réglementaire le Plan d’Aménagement Directeur (PAD), l’outil magique de régulation pour déréguler. L’objectif affiché : l’urgence à répondre à la croissance accélérée de la population bruxelloise en densifiant certains territoires. Depuis, cette croissance s’est effondrée, passant de 10.000 habitant.es par an à 2.000 selon les prévisions de Statbel élaborées en 2022(2). La crise sanitaire doublée d’une crise environnementale et climatique est passée par là, incitant plus que jamais de nouvelles vagues d'habitant.es à quitter la ville dense pour s’installer en périphérie.
Il est vrai que les projets imaginés par les ministres en charge de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire n’avaient pas de quoi faire rêver les habitants de notre Région de Bruxelles-Capitale : escadrilles de nouvelles tours, construction de logements spéculatifs peu accessibles, densification supplémentaire des quartiers populaires centraux déjà denses et destruction d’espaces naturels remarquables (friche, forêt urbaine, habitats de biodiversité, etc…) au prétexte d’une croissance démographique qui est surtout le fait des plus précaires, lesquels sont incapables de se payer les logements privés planifiés par les PAD.
Ce programme peu convaincant met à mal tant les espaces naturels que l’offre en logement public accessible, deux fonctions dites « faibles » de la ville c‘est-à-dire peu rentables économiquement (3). Elles se trouvent mises en concurrence, dans une logique libérale, avec les fonctions « fortes » que sont le bureau, et depuis quelques années le logement privé. Mise en concurrence renforcée par un marché de l’immobilier de plus en plus financiarisé et déconnecté des besoins réels. Face à ces évolutions, le collectif Bas-les-PAD demande de préserver, voire d’augmenter, les espaces verts en ville et que le foncier public, restant définitivement public, comporte au moins 60 % de logements sociaux. Les PAD visaient à la création de 20.000 nouveaux logements privés et publics confondus mais dont une large majorité était privés. Produisons sur ces terrains 4000 logements sociaux et préservons les espaces de biodiversité tout en travaillant aux mesures permettant le recyclage et la réquisition des espaces vacants pour les affecter à ces fonctions « faibles » mais essentielles à la vie urbaine. Pour Bas-les-PAD et les associations signataires, faire face aux urgences consiste à défendre un aménagement du territoire démocratique soucieux de protéger et de développer les fonctions vitales de la ville, sans avoir à se mesurer toujours aux fonctions marchandes et rentables.
Contacts presse :
ARAU / Marion Alécian, m.alecian@arau.org 0472 542 917
Bas-les-PAD : marco schmitt, marco.schmitt@mar-sch.net 0497 122 770
BRAL : Steyn Van Assche, steyn@bral.brussels, 0498 132 586
IEB : Claire Scohier, claire.schohier@ieb.be 0473 667 505
Natagora : Amandine, amandine.tiberghien@natagora.be 0476 297 208
RBDH : Werner Van Mieghem, werner@rbdh.be 02 502 84 63
(1) Bas-les-PAD soutenu par l’ARAU, le BRAL, IEB, Natagora et le RBDH.
(2) Selon les chiffres de Statbel de 2022, alors que le nombre d’habitants dans la Région de Bruxelles-Capitale a augmenté en moyenne de 9 000 habitants par an sur la période 1992-2020, cette augmentation est de 2 000 habitants par an sur la période 2021-2070.
(3) Les espaces naturels et le logement social sont des fonctions faibles au même titre que les équipements de la petite enfance, les écoles, certaines activités productives,... lesquels doivent également être prises en considération dans les arbitrages à opérer au sein des priorités de la planification urbaine.
Au cours du Bomencafé, notre premier BRALcafé en présentiel de l'année, Amy Philips, Simon de Muynck et Ans Persoons ont présenté les arbres sous différents angles. Les arbres dans la ville : ils sont plus que simplement de la nature et touchent différents aspects de la ville.
Quelles sont les questions que nous prenons en compte ?
Amy Philips, la chercheuse de la VUB et CoNature a commencé par énumérer un certain nombre de points :
- Les avantages des arbres comprennent leur valeur esthétique, le rafraîchissement qu'ils apportent, la biodiversité qu'ils attirent et maintiennent et le fait que les gens se sentent plus heureux grâce à leur présence. Ces avantages sont communément appelés les "services écosystémiques" et ils font référence aux bienfaits pour les êtres humains.
- Le projet de recherche CoNature montre que de nombreux bruxellois·es sont favorables à la création d'espaces verts dans leurs quartiers et sous différentes formes. L'option la moins populaire est le parklet, où une place de parking est supprimée. La principale raison étant une crainte liée au manque d’entretien du dispositif. Ce qui est frappant, c'est que les personnes âgées sont particulièrement moins favorables à la plantation d'arbres. La justification du pourquoi ? n’a pas été donnée.
- Les arbres peuvent également avoir un impact négatif. Par exemple, ils peuvent endommager l'infrastructure qui devra alors être entretenue.
- Diverses études ont montré que la verdure peut rendre un quartier plus attrayant et donc plus cher. Il est donc nécessaire que le verdissement aille de pair avec une politique bien pensée qui protège les citadins de la flambée des prix des logements.
- L'espace et les ressources (eau, temps et argent pour l'entretien) sont limités en ville. Cela signifie que nous devons faire des choix. Quel espace et quel investissement accordonsnous aux arbres ?
Simon de Muynck du Centre d'Ecologie Urbaine a balancé quatre projets en quinze minutes. Arboriculture Régionale Bruxelloise pour une Résilience Écologique et Solidaire (ARBRES), Carbone (Recircularisation des déchets végétaux bruxellois), Sonian Wood Coop et INEG sur l'inégalité environnementale à Bruxelles. Simon a survolé sa présentation, nous vous recommandons de la lire en entier car ça vaut vraiment la peine.
- La variété des arbres fruitiers dans l'arrièrepays bruxellois est très faible. Cette tendance se manifeste également au niveau de Bruxelles et de la Belgique. Un manque de diversité n'affaiblit pas seulement le patrimoine génétique. Une trop faible diversité affecte également la résilience et la capacité d'adaptation des plantes pour faire face aux maladies ou au changement climatique. Et cela menace la sécurité alimentaire à Bruxelles. Le projet ARBRES vise à accroître la sécurité alimentaire en plantant des arbres adaptés à la pollution des sols et fournissant certains services écosystémiques, et dont la gestion est adaptée au contexte local bruxellois.
- Aujourd'hui, les déchets verts ménagers, municipaux et régionaux quittent la Région de BruxellesCapitale et sont traités comme des déchets. Il est nécessaire d'opérer un changement pour qu'il ne soit plus considéré comme un déchet. En limitant le nombre de kilomètres parcourus, nous pouvons réduire les coûts financiers et environnementaux. Aujourd'hui, nous n'avons aucune idée de l'évolution de ce processus une fois que les déchets auront quitté la région. La qualité du flux de déchets doit également être améliorée. Par exemple, il y a aujourd'hui beaucoup de microplastiques dans les déchets naturels. Cela est dû, par exemple, au fait que le sac orange se mélange aux déchets organiques "propres". La distribution de copeaux de bois par municipalité serait une bonne idée.
- Dans un passé récent, la Région a vendu d'importants volumes de bois (de hêtre) de la forêt de Soignes à la Chine et au reste de l'Asie. La coopérative Sonian Wood remet en question ce modèle mondial. La coopérative souhaite utiliser cette richesse naturelle bruxelloise de manière locale et durable.
- Il existe un lien étroit entre les inégalités sociales et la nature en ville. La comparaison entre le revenu des habitant·es de Bruxelles et les problèmes environnementaux donne lieu à des résultats intéressants. Par exemple, les habitant·es aux revenus les plus faibles souffrent le plus des conséquences négatives de la crise climatique et ont en même temps le moins accès à la verdure. À Forest, par exemple, on constate que les îlots de chaleur se trouvent principalement dans les parties les plus pauvres de la commune.
Ans Persoons souligne un certain nombre de lacunes qu'elle rencontre dans son travail d'échevine du Développement urbain et d’espaces publiques.
- Les arbres ont des racines et ces racines ont besoin d'espace. Afin de mieux connaître les possibilités de plantation d'arbres, la Ville de Bruxelles travaille à une cartographie du soussol. Cela est dû au fait qu'il est rempli d’impétrants qui n'ont pas été disposés de manière structurée. L'idée est de planter un arbre partout là où ils le peuvent. Toutes les communes devraient disposer d'une telle carte, estime le BRAL.
- Lorsque la ville de Bruxelles se penche sur le réaménagement des espaces publics, elle commence depuis peu par une étude phytosanitaire. Il s'agit d'une étude des arbres existants pour voir s'ils peuvent être conservés. Ils sont arrivés à la conclusion, par exemple, qu'il n'y avait aucune raison de couper les arbres de la place de Ninove.
- La ville mène également une étude ambitieuse visant à utiliser une partie du tube de béton souterrain de la Jonction NordSud comme tampon face aux eaux de pluie qui descendent de la ville haute. De cette façon, une partie de l'avenue Pacheco pourrait être réaménagée en une zone d'infiltration humide allongée, avec des plantes et des arbres. Cela réduirait la quantité d’eau de pluie évacuée par les égouts.
- Les valeurs historiques et l'importance des arbres sont souvent en conflit. Par exemple, l'étude historique de la Place de la Liberté montre qu'il n'y avait aucun arbre à cet endroit il y a 100 ans. La commission des monuments et des sites a alors émis l'avis contraignant (!) - qu'ils devaient être retirés.
- Les arbres ne doivent pas obstruer la vue des bâtiments historiques. Mais il y a des bâtiments historiques un peu partout dans le centre de Bruxelles. Il est donc de facto difficile de planter des arbres à de nombreux endroits.
- N'y at-il pas lieu de prévoir des règles imposées par la Région pour encadrer la plantation d'arbres par les municipalités ? Et pour partager les connaissances sur les plantes qui prospèrent ?
Réflexions
Selon Ans Persoons, le vent a tourné et le changement de mentalité des politiques a commencé à prendre en compte le changement climatique et ses conséquences. L'étude phytosanitaire, la connexion ferroviaire comme tampon d'eau et la cartographie souterraine sont certainement des pas dans la bonne direction ! Mais notre public reste sur sa faim.
Les décideurs politiques prennent-ils le changement climatique suffisamment au sérieux et le considèrent-ils comme une question urgente ? Tout ne se passe-t-il pas trop lentement ? Où en est le partage des connaissances et des bonnes pratiques au niveau municipal et régional, par exemple sur le type d'arbres à planter à tel ou tel endroit ? Où est la coordination entre les différents services pour réguler les flux de déchets - ou mieux, la coordination pour transformer les déchets en une ressource pour les jardins locaux ?
Il est clair que notre public ne veut pas seulement continuer à planter des arbres, mais qu'il a envie de planter des graines à plus grande échelle.
Enfin, tous les membres du panel partagent le point de vue selon lequel il est indispensable de rendre un quartier plus agréable et plus vert. Tout le monde profite d'une ville plus verte. En particulier les habitants des zones densément bâties de la ville qui n'ont pas de jardin. Mais cela signifie que des interventions sont nécessaires pour contrer la hausse des prix de l'immobilier. De quoi alimenter une autre discussion !
Le 12 mars 2022 sera retenu comme la première journée des quartiers populaires à Bruxelles. Au programme : huit balades démarrant de six lieux autour du canal, un repas offert aux participant·es une fois arrivé·es au Centre Communautaire Maritime (CCM) et une après-midi dédiée au partage d’expériences et à l’élaboration de pistes d’actions. Au total, ce sont une petite centaine habitant·es débordant d’énergie, de tous les âges et venant de différents quartiers populaires à Bruxelles qui auront animé cette journée inspirante. Le tout dans une ambiance conviviale et une salle décorée avec des affiches reprenant nombreuses luttes urbaines bruxelloises.
Deux tours à vélo et six balades auront d’abord permis aux groupes de s’imprégner du paysage changeant autour du canal. Loyers exorbitants, nouvelles constructions façon gated communities ou encore du pain à 5€ dans une boulangerie branchée font partie des éléments ayant marqué les esprits. En arrivant au CCM, les participant·es ont imprimé les photos prises lors des balades et indiqué où ils habitaient sur une carte de Bruxelles.
Suite au repas convivial et un premier moment d’échange en petits groupes abordant des questions plutôt générales, nous nous sommes rassemblés en quatre plus grandes tables pour penser concret et par thématique : l’encadrement des loyers, le logement (vraiment) social, la participation citoyenne dans les quartiers populaires et les promoteurs immobiliers. Chaque table a préparé des slogans, dessiné des affiches et a présenté son travail à la salle.
J’y suis, j’y reste – et on continue !
Si chaque quartier fait face à des transformations et des pressions émanant de diverses sources, les ressentis partagés aux tables de discussion se rejoignaient. Les réaménagements prévus et les développements immobiliers (souvent privés et hors de prix) ne correspondent pas à leurs besoins. L’impression d’une ville devenant de plus en plus lisse et un centre-ville destiné aux touristes. Des commerces qui changent de visage et de gamme de prix. Pourtant, l’envie de rester dans les quartiers populaires est forte. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que la plupart des discussions tournaient au tour des questions de logement abordables et décents.
L’énergie débordante ressentie par les associations et les participant·es doit à présent être canalisée en actions concrètes. Il est essentiel de ne pas en rester là et de trouver des méthodes pour s’organiser et mobiliser les troupes. Tout en gardant en tête les actions précédentes qui n’ont pas abouties et éviter de les répéter. Une prochaine journée est prévue après l’été mais la forme qu’elle prendra reste à définir : dans quel commune/quartier l’organiser ? Faut-il interpeller le politique ? Quelles actions mener ?
Au-delà d’une belle collaboration entre 12 associations, cette journée était surtout un moment mêlant émotions, vécus et connaissances du terrain en vue d’activer des habitant·es ne se sentant pas écouté·es. Découvrez le reportage de BX1 en attendant celui d’IEB et Molenzine qui arrivera prochainement.
Belgian Housing Action Day
Cette année, nous concentrons nos revendications autour de la baisse des loyers. Le logement pour les gens, pas pour le profit ! RDV dimanche 27 mars, 16:00, Place du Jeu de Balle. Venez ! https://fb.me/e/1dUTbttxP. Lire l’appel sur www.housing-action-day.be
Benjamin Delori
La demande de permis d’urbanisme pour le Métro 3 concerne la deuxième phase du projet : la construction d’un tunnel de 4,5km, sept stations et un dépôt pour le stockage et l’entretien des métros à Haren. L’enquête publique à lieu dans les communes de Schaerbeek, Evere et la Ville de Bruxelles.
Voici une première réaction du BRAL à l’enquête publique en trois points. On vous encourage à réagir massivement !
Trois points sur l’enquête publique
- Trop peu de temps a été donné au gens pour lire ce dossier important. Le citoyen est-il vraiment pris au sérieux si on attend qu’il ou elle lise 7.000 pages en un mois ?
- Quid des déplacements locaux ? Quels choix restera-t-il pour les personnes souhaitent se déplacer sur des courtes distances ?
- Cette nouvelle ligne régionale est-elle suffisamment "efficace" ?
Le métro permet de se déplacer rapidement sur des longues distances. Il est donc illogique de prévoir des arrêts si profonds aussi proches les uns des autres. La vitesse que le Métro Nord promet d’atteindre sera inutile pour les déplacements locaux si sa construction implique également la suppression du tram 55.
La réaction complète du BRAL suivra. L’enquête publique continue jusqu’au 7 avril. N’hésitez pas à réagir en masse ! Notre argumentaire de 2018 peut encore servir d’inspiration. Tous les dossiers peuvent être consulté via https://metro3.be/fr/article/07-03-2022/le-metro-3-lenquete-publique.
Le 18 mars, le BRAL et ses partenaires (UA, ULB, Bruzz, Le Soir et De Standaard, Bruxelles Environnement et Bloomberg Foundation) ont présenté les résultats de CurieuzenAir, la plus grande recherche citoyenne sur la qualité de l’air organisé par notre mouvement à ce jour. Mais quand et comment la qualité de l’air est-elle devenue un motif de lutte pour le BRAL et par extension la population bruxelloise ?
Mutinerie à Heembeek
La qualité de l’air est un enjeu important pour le BRAL depuis des années déjà. Nous avons fait nos premiers pas dans ce domaine à l’arrivée de l’incinérateur à Neder-Over-Heembeek.
Nous sommes alors en 1985. L’incinérateur doit brûler tout ce dont la population ne veut plus. En l’absence de filtres, des flocons nocifs tombent en tourbillonnant sur Neder-Over-Heembeek. En 1989, la Coordination sociale Heembeek Mutsaard, le KAV, la BGJG, le KBG, le Chiro, la maison des jeunes De Klink aidés du Bond Beter Leefmilieu et du BRAL réalisent une affiche « Stop de vervuiling! » (Halte à la pollution !, photo) à coller aux fenêtres et nous organisons un débat. Figure emblématique de Neder-over-Hembeek, Jean-Pol Van Steenberghe (qui reste à ce jour un membre très apprécié du conseil administratif du BRAL) rédige pour le magazine « Uilenspiegel » une série d’articles destinés à avertir les Heembeekois et Heembeekoises des dangers de cette pollution causée par l’incinération, notamment la libération de chlorure d’hydrogène. « Sortez votre poubelle à Uccle et votre problème est résolu. Alors qu’il ne fait que commencer pour la population de Heembeek. » Précisons qu’à l’époque, l’IBGE, l’actuel Bruxelles Environnement, a entre autres organismes approuvé cette politique et que le surnom du ministre de l’Environnement Didier Gosuin était le « ministre bruxellois des promesses environnementales ». Nous revenons donc de loin.
C’est la mutinerie organisée à Heembeek par le Werkgroep Leefmilieu Heembeek (membre officiel du BRAL) et autres « complices » qui provoque un retournement de situation : un spectacle sur une péniche sur le canal, une pêche à la pollution avec des seaux d’eau suivie d’un séchage et d’un envoi à l’administration, des vidéos filmées de nuit au parc à conteneurs, des protestations avec des pancartes aux slogans percutants contre les camions qui transportent des déchets non couverts (avec un Heembeekois célèbre, pour ceux et celles qui le reconnaissent), des compteurs de fabrication maison pour mesurer la pollution, etc. You name it, they did it. Leurs actions font la une des journaux presque chaque semaine. Et ça marche ! Le filtre deNOx qui empêche les oxydes d’azote de s’échapper dans l’air est installé, et puis il y a les limites européennes qui doivent petit à petit commencer à être respectées.
Action en justice contre les pics d’ozone
Avant 1999, nous rédigeons déjà des communiqués de presse sur le dépassement des limites relatives aux particules fines. À l’été 2000, le BRAL et IEB, deux mouvements urbains, intentent une action en justice contre les gouvernements bruxellois et fédéral en raison des pics d’ozone à Bruxelles. À l’époque, nous nous prévalons de l’obligation pour le gouvernement de protéger la santé de la population comme fondement juridique (à comparer au fondement du Clean Air Case plus bas). Nous perdons cette action en justice, car elle est déclarée irrecevable pour des raisons principalement procédurales. Mais elle nous offre malgré tout l’occasion de politiser la pollution de l’air : en effet, le juge ne conclut pas que le fond de l’affaire, l’urgence d’agir contre la pollution de l’air, est non pertinent. Les responsables politiques reprennent à leur tour certaines des mesures proposées.[1]
En 2005, l’Union européenne nous impose une valeur maximale pour les particules fines. Extrait du rapport annuel du BRAL de 2006 :
« Dès la première année, nous dépassons allègrement ce plafond. Et voici le pire : Bruxelles et la Belgique ont peu de plans, voire aucun, pour faire baisser la concentration en particules fines. Des démarches prudentes destinées à promouvoir les transports en commun ou le vélo sont utiles mais insuffisantes. Même l’administration procède à un calcul détaillé dont il ressort que ces mesures n’auront que peu d’effet sur la qualité de l’air. Mais personne n’ose toucher au principe roi du tout-à-l’auto. C’est donc le BRAL qui s’y colle. »
Nous rédigeons alors un plan complet pour la qualité de l’air en collaboration avec notre organisation sœur, Inter-Environnement Bruxelles. Nous présentons les dix points qui le composent à la radio et lors d’un débat sur TV Brussel, puis nous nous joignons aux travaux de réflexion pour la rédaction d’un plan d’urgence. « Eh bien, nous pensons principalement à un "plan d’urgence structurel". »
En 2006, nous siégeons également au sein du groupe de pilotage du VIBE (Vlaams Instituut voor Bio-Ecologisch Bouwen) et réfléchissons à un instrument pour mesurer la qualité de l’air à l’intérieur des logements.
Dans les années qui suivent, le sujet gagne toujours plus en importance. En 2007, nous dénonçons le fait que les concentrations en particules fines ne baissent plus. Chaque année, nous profitons du Dimanche sans voiture et de la Semaine de la mobilité pour organiser des actions. Nous saisissons également toutes les occasions offertes par l’actualité, notamment le dieselgate (en 2015 avec une piqûre de rappel 3 ans plus tard, en 2018, sous la forme d’un gâteau d’anniversaire pour la FEBIAC) et les salons de l’auto (entre autres en 2009, 2011, 2020, 2022).
En 2010, nous menons des actions en faveur d’une meilleure qualité de l’air, dont une action ludique avec des aspirateurs pour exiger la mise en œuvre de l’indispensable changement modal et une réduction de la pression automobile. Plus de 10 ans ont passé et nous frappons encore sur le même clou.
En 2010 toujours, la Région de Bruxelles-Capitale annonce un premier plan en cas de pic de pollution. Le BRAL réagit, la politique est beaucoup trop laxiste et applique des seuils nettement plus hauts que la valeur cible européenne. Aujourd’hui, ces valeurs sont à nouveau au cœur du débat. L’Europe va-t-elle reprendre à son compte les normes de l’OMS ? Alors que nous affinons nos connaissances sur l’impact de la qualité de l’air sur notre santé, nous devons également nous y adapter.
En 2015, le BRAL noue un partenariat avec Bruxelles Environnement. Le projet est baptisé ExpAIR. Il va évoluer quelques années plus tard en une vaste campagne de mesure sur tout le territoire bruxellois. À l’époque, il s’agit de la première expérience du BRAL dans le domaine des sciences participatives et le projet se limite au boulevard Anspach. Le BRAL recrute des volontaires et leur demande d’arpenter le boulevard à différents moments harnachés d’un appareil mesurant le black carbon (particules de suie). Bruxelles Environnement et le BRAL entendent ainsi évaluer l’impact du piétonnier sur la qualité de l’air. Nous présentons les résultats de cette recherche en octobre 2016 au Beursschouwburg, pour le lancement de la campagne de mesure de plus grande ampleur.
Clean Air BXL : une action en justice menée par des citoyens et citoyennes
Dans l’intervalle, un premier mouvement citoyen en faveur de la qualité de l’air voit le jour. En 2015, Karin De Schepper remarque que la pollution commence à lui jouer des tours lorsqu’elle se déplace à vélo. Avec d’autres personnes, notamment Lies Craeynest, elle décide de lancer une action baptisée Schone Lucht Bruxsel Air Propre. Plus tard, cette action sera mieux connue sous le nom de Clean Air BXL. Le collectif organise des actions ludiques pour tenter de faire enfin figurer la question à l’ordre du jour politique. Il se retrouve notamment devant le parlement pour servir de l’eau polluée aux responsables politiques par comparaison avec l’air dont la pollution est invisible. Vous ne boiriez jamais un verre d’eau polluée, alors pourquoi tolérez-vous le fait que la population bruxelloise doive respirer de l’air pollué ? BRAL signe avec le collectif une lettre ouverte en 2015 et en décembre, nous manifestons ensemble devant les ministres de l’environnement de l’UE.
Le plan Air Climat Énergie (PACE) de la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) et les préparatifs de la COP21 de 2015 à Paris sont pour le collectif l’occasion d’insister sur l’importance de mesures susceptibles d’améliorer la qualité de l’air. Clean Air BXL lance une pétition pour exiger plus d’ambition dans ce dossier. La pétition mise en ligne au milieu des grandes vacances de 2015 et soutenue par le BRAL récolte rapidement 10 000 signatures. La même année, Clean Air BXL effectue également des mesures. Mais à cette époque, le thème n’intéresse absolument pas le monde politique. Il est glissé sous le tapis, comme en témoigne la formule historique du ministre Picqué : « En Chine, c’est bien pire. »
Le collectif se heurtant à ce mur de mauvaise volonté décide en 2016 d’insuffler un nouveau souffle à son projet initial : citer le gouvernement devant un juge pour cause de manquement. Sur le conseil du BRAL, il demande à Client Earth, un cabinet d’avocats qui se bat en faveur d’un monde plus sain et plus résilient face au changement climatique, d’intenter avec lui une action en justice contre la région bruxelloise. Le procès se compose de deux volets. Le fondement juridique est le non-respect par Bruxelles de la législation européenne. Le collectif et le cabinet d’avocats contestent la justesse des mesures de la qualité de l’air, puisque le gouvernement n’en a effectué aucune dans les lieux les plus pollués de Bruxelles. D’autre part, ils remettent en question le Code bruxellois Air Climat Énergie (le fameux PACE) parce qu’il ne respecte pas la directive européenne sur la qualité de l’air. Aux yeux de Clean Air BXL, le PACE de l’époque est une sorte de menu à la carte sans budget, sans responsabilités et sans engagements. Bref, un zéro pointé.
L’action en justice semble enfin pousser le monde politique à prendre la question au sérieux. L’action passe du tribunal bruxellois à l’Europe et retour. Le tribunal de première instance finit par donner raison à Clean Air BXL : toutes les stations de mesure à Bruxelles doivent répondre aux normes européennes. Le fait que les moyennes de ces stations sur l’ensemble du territoire respectent la norme ne suffit pas. Client Earth démontre que l’infraction dans une seule station de mesure (Trône en l’occurrence) prouve la nécessité d’un plan politique avec des objectifs concrets. La Cour européenne confirme l’interprétation de Client Earth un an plus tard, créant ainsi un précédent. Elle conclut en 2019 : « Le respect des valeurs limites en matière de pollution de l’air doit être contrôlé dans des stations de mesures où l’exposition de la population à la pollution est la plus élevée, et pas sur la base d’une moyenne sur une zone » (traduction non officielle).
Faisons maintenant un bond dans le temps pour nous retrouver au début de l’année 2021. Lors d’une deuxième audience qui suit ce jugement, le tribunal bruxellois de première instance n’est pas en mesure de confirmer l’infraction. La valeur annuelle de la station de mesure Trône est en effet passée sous la norme européenne. Les valeurs plus élevées enregistrées dans la station de mesure Rue de la Loi ne peuvent malheureusement pas être prises en compte, car cette station n’est pas homologuée (entérinée). Dans son jugement, le tribunal impose dès lors à la RBC d’installer une station de mesure dans les endroits les plus pollués. À ce jour, ces stations n’ont toujours pas vu le jour. Si l’action en justice fait bouger les choses, Clean Air éprouve néanmoins une certaine déception à constater que l’aspect social est trop souvent oublié dans les mesures politiques. Le collectif espère que CurieuzenAir pourra à nouveau avoir un impact afin d’orienter la politique dans la bonne direction.
« J’espère que des questions seront adressées aux politiques, que prévoyez-vous de faire ? Et en gardant le contexte social de Bruxelles à l’esprit. » - Karin Deschepper, Clean Air Brussels
Mouvements parallèles du BRAL
Clean Air BXL représente la première grande prise de conscience de la qualité de l’air dans notre capitale. Le projet lance un mouvement citoyen de vaste ampleur. Lies et Karin soulignent également l’importance des événements parallèles. Grâce à eux, le monde politique ne pouvait plus se rire de leurs demandes.
Le BRAL a soutenu la demande des collectifs citoyens en les aidant à mesurer la qualité de l’air. ExpAIR découle de l’expérience menée dans le piétonnier (voir plus haut). Avec Bruxelles Environnement, nous voulions mesurer la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire bruxellois. Des groupes de personnes ont à nouveau accroché à leur ceinture des appareils destinés à mesurer le black carbon et ont marché, pédalé ou roulé dans toute la ville. Citons notamment la collaboration avec le EU Cycling Group. Un groupe de travailleuses et travailleurs du quartier européen a commencé à effectuer des mesures lors de leurs déplacements domicile-travail afin d’évaluer la situation dans la zone entre Schuman et Loi. Ils et elles ont collecté des données pour brosser un tableau détaillé de la qualité de l’air dans la capitale. Quelle est-elle dans chaque rue ? Et quel effet a-t-elle sur la ville dans son ensemble ?
Cette campagne aboutit en 2017 au rapport ExpAir de Bruxelles Environnement.
Le BRAL ne s’est pas contenté de mesurer. Le projet a aussi été l’occasion de réunir des groupes, de s’immerger plus en détail dans cette matière afin d’acquérir des connaissances et de mobiliser la population en faveur de la qualité de l’air.
Bruxsel’Air
L’un de ces groupes allait évoluer jusqu’à devenir un deuxième vaste mouvement citoyen en faveur d’une meilleure qualité de l’air à Bruxelles : Bruxsel’Air. Bruxsel’Air voit le jour lorsque Benjamin François et Lucas Demeulenaere commencent à se poser des questions sur la pollution aérienne. Ils discutent avec un professeur norvégien spécialiste des mesures mais il apparaît à ce moment qu’il est très compliqué d’en effectuer dans la réalité. Grâce au BRAL, déjà fortement sensibilisé à la question, ils rencontrent d’autres personnes qui partagent leurs points de vue. Parallèlement, ils ressentent aussi le besoin d’agir. En février 2017, ils mènent leur première action : ils posent des masques sur quelque 400 statues dans toute la ville et organisent une campagne de communication à vaste échelle. En juin 2017 suit une parade de poussettes. Avec, dans les coulisses, les membres du BRAL pour donner un coup de main en cas de besoin.
Ils démarrent ensuite leur lobbying et interpellent les différents niveaux politiques. Ils comprennent vite que la prise de conscience est encore très faible parmi les politiques, ce qu’avait déjà montré Clean Air BLX. Maggie De Block leur répond même que « la qualité de l’air n’est pas un problème de santé. » Le jour du verdict dans l’affaire de Clean Air BXL, ils mènent une action devant le palais de justice. Plusieurs personnes forment ensemble les mots « clean air now » avec leurs smartphones et leurs briquets, le tout filmé par un drone. Ils organisent également un festival sur la qualité de l’air, Révolution’Air. Leur dernière action, c’est l’apéro de la rue de la Loi en 2019. Benjamin estime que le résultat principal de leur travail est la sensibilisation à la qualité de l’air et son ajout à l’agenda politique. Ce qui est à prendre au pied de la lettre : en 2018, Bruxsel’Air, le BRAL, Greenpeace, IEW, stRaten-generaal et Ademloos sont invités au Sénat. Devant l’assemblée, nous prononçons un plaidoyer enflammé en faveur d’un Comité interministériel pour la qualité de l’air, car celle-ci transcende les frontières de la politique belge. Le rapport du Sénat est consultable ici.
“Tu peux pas être contre la qualité de l’air,” - Benjamin François, Bruxsel’AIR
Revenons aux résultats du projet ExpAIR. Outre le groupe de Bruxsel’Air, il y a aussi le chouchougroep, dans le cadre duquel le BRAL soulève le problème de la qualité de l’air au sein de la population et dans les quartiers où l’impact sur la santé est le plus lourd. Pour découvrir le déroulement des mesures, n’hésitez pas à lire le témoignage de Habiba. Dans un premier temps, nous nous concentrons sur les Marolles et Anneessens par le biais de maisons médicales et de maisons de quartier.
Ces premières expériences poussent le BRAL à poursuivre sur cette voie. Les mesures du black carbon se passent bien, mais les possibilités d’inciter d’autres personnes à collecter des connaissances sont restreintes. Le protocole de Bruxelles Environnement est compliqué, les appareils sont chers et disponibles en nombre limité, ce qui laisse peu d’opportunités à la population d’effectuer ses propres recherches.
Le BRAL décide alors de mesurer lui-même les particules fines dans le cadre d’un autre projet, AirCasting, en partenariat avec Cosmopolis (VUB), qui s’inscrit dans une recherche-action européenne, SmarterLabs. Cette aventure nous permet d’explorer en profondeur toute la puissance de la science citoyenne pendant 3 ans (2016-2019). Nous décidons d’utiliser l’AirBeam de HabitatMap, une ONG new-yorkaise. Les appareils sont peut-être moins fiables, mais grâce à eux, tout part du vécu et du ressenti des citoyennes et citoyens. Faciles d’emploi avec une application sur un smartphone, ils titillent aussi la curiosité de la population. De nombreuses connaissances sont diffusées par la cocréation, la recherche et l’action. Visionnez les vidéos de quelques personnes ayant participé au projet pour comprendre comment la prise de mesures a changé leur vie.
Nous aussi, nous avons apporté notre contribution. Ces projets de mesure de la qualité de l’air ont souligné la nécessité des connaissances. Elles sont indispensables pour pouvoir agir. En 2017, le BRAL décide dès lors de réunir plusieurs sources dans son catalogue « Qualité de l’air. Savoir pour agir ». Le BRAL présente sa méthode de travail dans sa publication « Citizen science. Collective knowledge empowers » de 2019.
«Explique-moi, j’oublie. Montre-moi, je retiens. Offre-moi l’expérience, je comprends,» - Habiba (dans la publication du BRAL « Citizen Science »)
Grâce à tout le savoir accumulé, les citoyens et citoyennes parviennent à peser sur le débat politique.
En 2018, nous mettons en œuvre notre concept novateur, le « citizen lobby ». Une cinquantaine de personnes rencontrent une vingtaine de parlementaires pour discuter de la qualité de l’air. Nous les réunissons en trois phases. La première consiste en un speed dating : qui parmi les politiciens et politiciennes pourra séduire les personnes présentes ? À une deuxième phase, les citoyennes et citoyens se posent en coachs des politiques. Nous obtenons toute une gamme de mesures envisageables. Les politiques en choisissent une et la mettent en œuvre, avec l’aide des expert·e·s-citoyen·ne·s. Le parlement, qui accueille souvent les chamailleries des partis politiques, devient ainsi un lieu de dialogue entre la société civile et le monde politique, au-delà des clivages partisans. Tout ce qui précède constitue une bonne préparation à l’étape 3, une évaluation publique qui se tient en novembre 2018.
Pour Liévin Chemin, ex-collaborateur du BRAL, ces projets démontrent toute la force de la cocréation.
« Ils nous ont donné l’occasion de concevoir une méthode pour réagir, pour mobiliser, pour problématiser la santé et la qualité de l’air, pour aller beaucoup plus loin que la simple problématisation de la circulation automobile. » Liévin Chemin – ex-collaborateur du BRAL
Le mouvement citoyen s’étend : la naissance de Filter Café Filtré
En mars 2018, « Pano » diffuse un reportage sur la qualité de l’air dans les écoles belges dans le cadre d’un projet de Greenpeace « Mon air, mon école », pour lequel BRAL entre en contact avec les écoles bruxelloises et collabore à la rédaction du rapport.
Quelques parents d’enfants qui fréquentent l’école primaire Maria-Boodschap (l’une des 222 écoles étudiées) décident spontanément de mener une action et de fermer la rue le lendemain matin. Les protestations n’en restent là : dans les mois qui suivent, pas moins de 170 établissements participent à des actions ludiques le vendredi matin. Le mouvement citoyen Filter Café Filtré était né.
Filter Café Filtré entend agir mais aussi concevoir des solutions concrètes et des visions spatiales pour l’avenir par le biais de la recherche en design et les proposer aux politiques et aux habitantes et habitants. Le premier atelier « Air for Schools » se tient en juin 2018 et Filter Café Filtré Atelier (FCF-a) voit le jour. FCF-a estime que l’amélioration de la qualité de l’air doit être mise en lien avec une multitude de thèmes comme la mobilité, des espaces adaptés aux enfants, des villes vivables, la sécurité routière, l’urbanisme, etc. Elle juge que la clé de tout ceci se trouve dans la rue et lui porte donc un intérêt tout particulier.
FCF-a mise énormément sur la représentation. Des ateliers permettent de créer des plans qui montrent ce qui est possible. La zone du canal, l’avenue Charles-Quint et la barrière de Saint-Gilles bénéficient ainsi d’une nouvelle vision pour leur avenir. Mais le FCF-a ne se contente pas de faire des plans. Il met en œuvre l’urbanisme tactique pour que la population puisse voir et sentir dans la réalité ce qu’implique une nouvelle fonction de l’espace public. À l’été 2020, alors que les besoins en espaces publics augmentent en raison du confinement, l’ASBL lance l’expérience de la rue d’été avec son projet « rue PICARD straat ». L’année suivante, elle organise OpenStreets21, une collaboration avec des maisons de la culture bruxelloises et Cultureghem, qui fait entrer l’atelier d’imagination mais aussi la culture et la cuisine en commun dans sept rues d’été de la capitale. Il faut pouvoir éprouver le potentiel de la rue pour permettre le changement. Une bonne qualité de l’air reste le moteur de toutes les actions de Filter Café Filtré Atelier.
En 2020 et 2021, Filter Café Filtré, Heroes for Zero et le BRAL profitent des États généraux pour la sécurité routière pour créer « Beyond Vision Zero ». Sous le nom « L’Autre Atelier », ces trois collectifs collaborent pour organiser une série de conférences données par des spécialistes du monde entier, des marches boots on the ground et un atelier cocréatif. Il en résulte une publication qui regroupe des propositions concrètes pour une ville vivable et durable où règne la sécurité routière. Nous comptons bien poursuivre sur notre lancée en 2022. Suite au prochain épisode !
« Nous allons continuer de taper sur le même clou, le plus possible, jusqu’à ce qu’il y ait un changement effectif » Lotte Luyckx – Filter Café Filtré
En 2019, le BRAL organise des États généraux de l’air. Une conférence scientifique, un Airckathon, une Kidical Mass, des actions Filter Café Filtré, des présentations et des débats avec des collectifs citoyens, un débat politique, la cerise sur le gâteau d’une année de citizen lobby… Les premiers États généraux de l’air ont été tout cela à la fois. Mais ils ont surtout envoyé un signal fort : la population, la communauté scientifique, les intervenants et intervenantes de terrain et les responsables politiques veulent penser notre ville autrement. Pour sa qualité de vie et notre santé. Si les États généraux poursuivaient une ambition globale, c’était de confirmer l’intérêt porté à la qualité de l’air (un mois avant les élections). Un débat politique constituait dès lors la conclusion parfaite de ces deux journées. À l’occasion de ces séances, nous avons remarqué que toutes les parties comprennent l’importance d’une bonne qualité de l’air et y voient aussi l’un des grands défis à relever lors de la législature suivante. Enfin !
Chercheurs d’air
Les chercheurs d’Air, un projet de Bruxsel’Air, voir le jour en 2019. Le collectif met d’emblée la pression sur les politiques par des communiqués de presse et des messages sur les réseaux sociaux, qui sont parfois partagés par le BRAL. Fort de l’expérience acquise avec Bruxsel’Air, il sait que la qualité de l’air préoccupe la population et qu’il faut la mesurer.
Les chercheurs d’air mesurent la qualité de l’air en 2020-2021. Une année durant, le collectif quantifie le NO2 sur quelque 134 sites de la région, contrairement au projet CurieuzenAir du BRAL et de ses partenaires qui calcule le taux de NO2 pendant 1 mois sur près de 3000 sites. Les données récoltées par les deux projets sont donc complémentaires. À l’instar de Filter Café Filtré, Les chercheurs d’air vont se concentrer sur les rues.
« Notre projet était plutôt qualitatif parce que nous avons fait des mesures pendant un an. CurieuzenAir était quant à lui plutôt quantitatif, ce qui est génial parce que ça permet de les combiner. Notre projet a montré que la qualité de l’air pose problème toute l’année, mais nous ne savons pas précisément où. Grâce à CurieuzenAir, nous pouvons identifier ces points névralgiques. Nous sommes ainsi en mesure d’apostropher les responsables politiques : regardez, ici, la pollution est trop élevée. » Pierre Dornier – Les chercheurs d’air
CurieuzenAir
En mai 2018, l’université d’Anvers et De Standaard lancent une recherche citoyenne d’envergure sur la qualité de l’air en Flandre, CurieuzeNeuzen. Bruxelles reste donc une tache aveugle sur la carte à points qui en résulte. Liévin, un ancien collaborateur du BRAL, établit les premiers contacts avec la Bloomberg Foundation, l’université d’Anvers, l’ULB et Bruxelles Environnement pour cartographier la capitale (un projet qui à l’époque porte le nom anglais de Curious Noses…). CurieuzenAir démarre en octobre 2021, c’est le plus grand projet de science participative sur la qualité de l’air qui ait jamais été mené à Bruxelles. Plus de 5000 personnes s’inscrivent pour prendre part à la recherche, un chiffre finalement ramené à 3000 sur tout Bruxelles. Les résultats sont publiés en mars 2022. La plus mauvaise qualité de l’air est enregistrée dans les lieux qui conjuguent une forte circulation et une faible ventilation, c’est-à-dire les rues étroites bordées de hautes façades (les fameux canyons urbains). Les quartiers densément peuplés obtiennent généralement de moins bons résultats. Il y a en outre un lien clair entre le revenu et la qualité de l’air de l’endroit où vous habitez : plus le quartier est pauvre, plus la qualité de l’air est mauvaise. La politique va dans la bonne direction, mais le travail n’est pas encore terminé.
Nous espérons dès lors que les responsables politiques poursuivront dans cette voie, car si l’on veut respecter les nouvelles directives de l’OMS pour tout le monde à Bruxelles, il reste du pain sur la planche.
Que nous réserve l’avenir ?
Il y a donc encore beaucoup à faire à Bruxelles. Il reste primordial de poursuivre la réduction des émissions et nous devrons continuer de veiller à ce que les mesures prises soient socialement responsables. Toute une série d’instruments sont disponibles (taxe kilométrique intelligente, quartiers à circulation apaisée, zones de basses émissions, etc.), mais il faut naturellement faire preuve d’ambition dans leur mise en œuvre. Avec beaucoup d’autres Bruxellois et Bruxelloises, nous devrons maintenir la pression. Si une évidence a émergé ces dernières années, c’est bien que les réactions publiques de citoyennes et citoyens peuvent avoir un impact concret. De même, la pertinence de la science participative en tant que stratégie de changement social s’affirme clairement grâce notamment à CurieuzenAir, à petite comme à grande échelle.
Au BRAL, nous allons poursuivre le travail avec nos membres et notre base en faveur d’une ville durable où il fait bon vivre pour toutes et tous. De nombreux défis attendent encore Bruxelles qui méritent notre attention et pour lesquels nous pouvons heureusement compter sur l’aide de la population et de la société civile bruxelloises.
Vous voulez mesurer la qualité de l’air dans votre rue ? Vous pouvez encore emprunter un AirBeam au BRAL. Pour nous contacter : info@bral.brussels. Envie de découvrir les résultats et débattre avec la politique ? Nous organisons une débat politique le 23 mai 2022 au KVS à 20h.
Pour rappel, le projet de siège SNCB dans l'ancien Centre de Tri Postal se dessine sous la forme d’une longue barre de 236 m de long et 60 m de haut à front de l’avenue Fonsny.
Face à ce projet démesuré, les habitant.e.s du du quartier dénoncent ses incidences négatives sur leur cadre de vie et l'opération immobilière spéculative dans laquelle il s'inscrit. Ils savent depuis la Commission de concertation du 11 janvier que les Communes de Saint-Gilles et Anderlecht partagent nombre de leurs critiques. Le permis n'est pas encore délivré. Midi Moins Une ! et les associations continuent de défendre une alternative plus respectueuse du cadre urbain.
Dans un précédent communiqué, Midi Moins Une !, IEB, l’ARAU, le BRAL, le CRU et le Codes dénonçaient la vaste opération immobilière par laquelle la SNCB libérait du foncier semi-public au profit de promoteurs privés. En effet, si le permis du siège SNCB est octroyé au consortium Immobel/BPI/Besix, ceux-ci obtiendront en contrepartie la propriété de 150.000 m² de parcelles actuellement occupées par la SNCB sur 4 îlots (Tri Postal, Atrium Midi, Delta et France-Bara) (1).
Une salve de critiques de la part des communes concernées
Suite à la Commission de concertation, Saint-Gilles et Anderlecht ont rendu des avis qui rejoignent en grande partie les réserves des citoyen.ne.s. Saint-Gilles a clairement émis un avis défavorable et la Commune d’Anderlecht un avis favorable mais assorti de conditions tellement contraignantes qu'il s'apparente pratiquement à un avis défavorable.
Selon la Commune de Saint-Gilles, le projet de siège conduit de facto à une privatisation de foncier semi-public qui laisse craindre des opérations de démolitions-reconstructions peu durables. Elle considère que cette vaste opération immobilière devrait être cadrée par le PAD Midi toujours en cours d'adoption. La Commune s’oppose au fait que « le gabarit de l’immeuble déroge au titre I du Règlement régional d’urbanisme (..) », et ne tient pas compte des alternatives. Elle estime que le projet génère son lot d’impacts négatifs et non-négligeables sur le quartier, en termes de mobilité et de cadre de vie des riverains. En particulier, la prégnance de la construction « fortement visible depuis de nombreuses perspectives », qui nuira à « bon nombre de logements et d’immeubles sis sur le territoire communal », notamment au niveau de l’ensoleillement : perte en fin de journée côté Est, réflexion des matériaux de façade sur les quartiers environnants mais également pour les conducteurs de trains, ou les oiseaux qui peuvent s’y percuter.
Quant à la Commune d'Anderlecht, elle demande de réduire les incidences du bâtiment sur le microclimat local » ; de diminuer la superficie allouée aux bureaux; d’actualiser et modifier l’étude d’incidences environnementales, et étudier en profondeur les alternatives morphologiques (barre moins haute ou encore casser l’aspect monolithique) ; et enfin de veiller à ne pas rompre la liaison entre Anderlecht, la gare et le territoire communal de Saint-Gilles.
Le permis n'est pas encore délivré. Il est encore temps que la Région bruxelloise prenne acte de cette salve de critiques et demandes de celles et ceux qui sont concernés au premier chef par ce projet et en subiront les effets délétères. Délivrer le permis du siège SNCB, serait sceller le sort de plus de 150.000 m2 du quartier (plus que la tour du Midi) à des fins essentiellement spéculatives alors que tant Midi Moins Une !, les associations et les Communes pointent qu'il existe des alternatives plus respectueuses du quartier et de ses habitant.e.s.
Un autre siège SNCB est possible !
Pour rappel, Midi Moins Une ! démontrait dans son avis que des alternatives crédibles, et nettement plus respectueuses des habitants et usagers du quartier, sont possibles ! Fondamentalement, rien n’empêche la SNCB de conserver sa présence historique dans le quartier en pensant sa réorganisation en fonction, d’une part, des espaces offerts par le Centre de Tri Postal et, d’autre part, de conserver et rénover une partie de ses bureaux sur un deuxième site, sans qu’il y ait nécessité de construire de nouveaux immeubles plus hauts?
Pour les habitants et associations, le principe fondamental à suivre est celui de la rénovation respectueuse du patrimoine du Centre de Tri Postal pour y regrouper la majeure partie des bureaux et services que souhaite y implanter la SNCB mais sans surélévation des bâtiments actuels. Sachant que l’ensemble correspond à une surface disponible de 50.432 m², que la demande de la SNCB pour l’ensemble de ses fonctions est de 72.239 m², il s’agit de trouver à proximité les 23.000 m² manquants. Ces 23.000 m² pourraient prendre place dans le complexe « Delta-Flot de Senne » (Flot de Senne construit en 1960 rénové en 2014 et Delta construit en 1996), propriété de la SNCB, qui a une surface nette de 26.000 m², comprend 138 places de parking et est situé en bordure de voie ferrée, ce qui se prête peu à d’autres usages que le bureau.
Une autre configuration, qui permettrait de rencontrer les besoins en superficie et d’utiliser quand même une partie des immeubles de l’av. Fonsny pour y installer un hôtel de 9.000 m² comme le demande les promoteurs, serait de continuer à occuper l’immeuble « Atrium » (rue de Russie, construit en 2000) dont la surface nette est de 38.468 m² et offrant 141 places de parkings. Reste également l’option des immeubles de bureaux à front de la rue Bara (construits en 1991) avec plus de 300 places de parking.
A ce stade, aucune de ces alternatives n’a été étudiée….
Il s’agit tout simplement de réfléchir au mieux à partir de l’existant, le tout pour un coût économique et environnemental bien moindre, un chantier moins long et complexe et sans spéculer sur la possibilité encore hypothétique d’une rehausse très critiquée des immeubles de l’avenue Fonsny.
Contacts :
Midi moins une ! : – Raphaël Rastelli – 0484 94 20 61
IEB : – Claire Scohier – 0473 66 75 05 – claire.scohier@ieb.be
ARAU : – Jean-Michel Bleus – 02 219 33 45
CRU : – Benayad Abderazzak – 0468 49 90 84
BRAL : – Benjamin Delori (NL) – 0471 47 42 72
L'asbl Heroes for Zero veut réaliser le projet "L'Autre Atelier 2022 - d'une vision à son exécution" et cherche – en collaboration avec le BRAL en Filter Café Filtré Atelier - un coordinateur (H/F/X).
Situation
Avec l'Autre Atelier 2022, Heroes for Zero, Filter Café Filtré Atelier et le BRAL veulent contribuer à une politique de mobilité durable dans la région de Bruxelles. Par le biais de “sticky issues” - conférences, promenades de travail et ateliers d'horizon destinés à des quartiers spécifiques de Bruxelles - l'Autre Atelier contribue là où Good Move initie ou veut initier le changement. Le plan de mobilité Good Move du gouvernement bruxellois veut en effet réduire la pression du trafic motorisé dans les zones résidentielles de Bruxelles. À cette fin, la carte de Bruxelles a été divisée en 50 mailles. Un plan de circulation a été établi pour chaque maille, qui explique concrètement comment la pression peut être réduite.
Les municipalités sont chargées de l'élaboration de ces plans, la région leur fournissant des conseils. Les municipalités font d'importants efforts pour organiser des possibilités de participation à la création de ces plans de circulation. Heroes for Zero, le BRAL et Filter Café Filtré Atelier ont été impliqués de différentes manières dans cette participation. En même temps, en tant qu'organisations citoyennes, nous pensons que l'élaboration de ces plans doit être alimentée et enrichie par un débat social plus large. De cette façon, les plans ont une base plus solide. Ils s'appuient sur l'expérience quotidienne de la ville par ses habitants et ses usagers. C'est pourquoi les organisations citoyennes Heroes for Zero, Filter Café Filtré Atelier et le BRAL ont créé l'Autre Atelier. En 2020-21, dans le cadre du plan d'action régional pour la sécurité routière, cette formule a donné lieu à la publication "Beyond Vision Zero", qui expose notre vision.
Aujourd'hui, nous voulons traduire la vision en pratique : l'heure est à la mise en œuvre.
D'une part, l'Autre Atelier souhaite impliquer les citoyen.nes, les collectifs et les organisations qui ne viennent pas nécessairement aux réunions de consultation sur les plans de circulation. D'autre part, l'Autre Atelier veut utiliser le pouvoir qu'est l'imagination pour porter la mise en œuvre des plans de circulation à un haut niveau d'ambition.
L'Autre Atelier regarde au-delà des frontières nationales pour voir ce qui s'y passe et travaille de manière co-créative avec les exemples inspirants et les découvertes faites sur le terrain afin de les rendre concrets à Bruxelles. Ce faisant, nous nous alignons autant que possible sur les processus de planification actuels de Good Move.
L'Autre Atelier suivra trois voies en parallèle :
- Sticky issues (Questions ardues) : Si l'on veut que les mailles donnent ce que Good Move promet - sécurité, espace pour respirer, paix et tranquillité - les plans de circulation doivent être à la fois ambitieux et réalistes. D'autres villes ont précédé Bruxelles, comme Gand et Louvain. Ces expériences nous ont appris que la prise de décision et la mise en œuvre de ces plans se heurtent à de nombreuses résistances. Et cette résistance tourne souvent autour d'un nombre limité de thèmes sensibles et récurrents, ce que l'on appelle les "questions ardues". Ces questions portent notamment sur le stationnement, les principaux axes de circulation motorisée, la ville "productive" (travail, l’industrie et commerces dans une ville sans voiture) et la crainte de voir les groupes vulnérables déplacés par l'introduction de quartiers sans voiture (phénomène de gentrification). Afin d'apporter de la clarté à ces discussions souvent sensibles, il peut être utile de rassembler des informations factuelles et des points de vue d'universitaires. Nous voulons y parvenir en invitant des conférenciers inspirés et inspirants qui ont de l'expérience et de l'expertise de ces thématiques. Pour éviter que cela ne devienne purement théorique, nous présenterons les idées à un panel d'experts et de personnes qui connaissent et "pratiquent" Bruxelles.
- Promenades de travail : pour intégrer le point de vue des citoyens dans le processus de planification, il est essentiel de quitter la salle de réunion et d'aller sur le "terrain". Des collectifs de citoyens locaux sont actifs dans presque toutes les mailles. Ces collectifs utilisent leur connaissance du terrain pour faire comprendre les enjeux aux différents groupes cibles. Nous nous adressons à la fois aux professionnels impliqués dans l'élaboration des plans de circulation - tels que les responsables de la mobilité et la police - et aux groupes cibles qui ne sont traditionnellement pas ou rarement entendus dans le cadre de ces plans - tels que les enfants.
- Horizon : le pouvoir de l'imagination est exploité. Des images de rêves alimentent le débat. Des images existantes peuvent aussi être utilisées (Barrière, Charles Quint, les parvis et les rues des écoles, ...) mais aussi de nouvelles images et visions seront développées pour stimuler le débat.
Les résultats des trois voies ci-dessus seront traités dans un rapport contenant des recommandations pour les mailles qui pourront également être appliquées dans les mailles qui seront lancées à l'avenir.
Pour de plus amples explications, nous vous renvoyons au formulaire de demande ci-joint.
Tâches
En tant que coordinateur (H/F/X) de projet, vous êtes responsable de la coordination opérationnelle de l‘Autre Atelier. Vous rendrez compte au responsable de Heroes for Zero, en concertation avec Filter Café Filtré Atelier et le BRAL.
- Vous planifiez et garantissez l'exécution du calendrier des différentes étapes du projet.
- Vous gérez et contrôlez le budget du projet.
- Vous consultez les sous-traitants afin qu'ils fournissent des services et des produits de qualité dans les délais impartis.
- Vous êtes responsable de l'organisation pratique et logistique des événements (location de salle, restauration, etc.).
- Vous vous concertez avec Bruxelles Mobilité pour assurer le suivi administratif.
Profil
Nous recherchons un coordinateur de projet (H/F/X) possédant les qualités suivantes :
- Avoir un profil de chef de projet qui peut également suivre le budget ;
- Être un bon communicateur, capable de travailler en groupe et de mobiliser de nombreux personnes et volontaires différent.es ;
- Avoir une affinité avec le thème de la mobilité et de l'espace public.
Le bilinguisme NL/FR est un atout.
Timing
- Mai 2022 : lancement
- Juin / septembre / octobre : conférences et débats sur des questions ardues
- Mai-juillet : promenades de travail
- Juin-novembre : développement et affinage des "visions"
- Juin/septembre/octobre/novembre : débats et événements
- Décembre : rédaction du rapport final
Notre offre
Vous contribuerez à construire un Bruxelles plus sûr, plus agréable et plus sain. Vous recevez un salaire compétitif que nous payons via smartbe.be. Vous pouvez travailler à domicile ou dans les bureaux du BRAL, au centre de Bruxelles.
Postulez !
Les candidats soumettent une offre avec CV au plus tard le 19 avril via jobs.heroesforzero@gmail.com. Les trois candidats ayant obtenu les meilleures notes seront invités à un entretien le 22 avril dans l’après-midi. Si vous avez des questions, veuillez contacter Annekatrien Verdickt de Filter Café Filtré Atelier (0477 25 86 38).
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