Croissance démographique : des chiffres à la baisse

12/07/2019

...Et personne ne semble s’en rendre compte.

...Et personne ne semble s’en rendre compte.

“Il faut bien construire pour répondre à la croissance démographique!”

Voilà ce qu’on entend dans toutes les bouches, tant des promoteurs que des instances publiques, lorsque sont défendus les nombreux projets de logements qui voient le jour depuis une dizaine d’années à Bruxelles.

Les chiffres officiels

Mais qu’en est-il des chiffres qui justifient tant de projets? Y-a-t-il vraiment une croissance démographique ? Il semble que les chiffres officiels - ceux publiés dans le Plan Régional de Développement Durable de 2018 (PRDD), et que la Région continue à utiliser-, ne seraient plus actuels. Le Bureau Fédéral du Plan qui les produit a en effet depuis lors modifié ses pronostics : d’une croissance annuelle escomptée de 10.000 personnes (chiffres repris dans le PRDD mais qui dataient déjà de 2016), on serait aujourd’hui descendu à ...3.600 personnes par an. Notre source est le rapport « Perspectives demographiques 2018-2070 » du Bureau Fédéral du Plan de janvier 2019, page 12.

En cause? Une diminution du solde migratoire international. Tendance à la baisse donc, qui se confirme en fait depuis 2013, en fait juste après que les premières évocations d’un possible “boom démographique” à Bruxelles aient impulsé la construction de logement comme un axe majeur structurant l’élaboration du PRDD.

En attendant, la construction va bon train

A la regarder dans son centre, Bruxelles est pleine comme un œuf et on manque de parcs. Pourtant, rien que le long du canal à hauteur de Molenbeek, zone dense de Bruxelles, on compte près de 2000 logements actuellement en projet ou en cours de construction.

Tandis que l’on en planifie des milliers dans les dernières grandes zones urbanisables (les “PADs”, vous connaissez?) On plafonne aujourd’hui un peu en dessous des 4000 logements pour lesquels un permis de construction est octroyé chaque année. Fort bien, mais si c’est pour ne loger que 3600 nouveaux arrivants, n’est-ce pas un peu beaucoup ?

Chassé-croisé

Et puis, ces logements construits visent un public clairement aisé, tandis que les pronostics, eux, font allusion à un public qui l’est beaucoup moins. Normal, si l’on sait qu’un tiers des Bruxellois vivent avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté et que la moitié répondent aux conditions d’accès à un logement social. Alors, qui va les habiter, ces nouveaux logements ?

Marie Couteaux

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