Une journée ensoleillée dans le bois du Laerbeek ...
Il était une fois, par une belle journée d'automne, dans le bois du Laerbeek ... une autoroute bruyante et polluante.
Bien que cela ne ressemble pas à un début de conte de fées agréable, il est prévu de rendre cette autoroute bruyante et polluante encore plus grande. Or, les conséquences ne doivent pas être sous-estimées. Le trafic supplémentaire que cet élargissement attirera augmentera les émissions d'azote et de gaz à effet de serre. Sans parler de la pollution des sols et des nuisances sonores pour les humains et les animaux.
Pourtant, le 8 mars 2024, le gouvernement flamand a décidé d'approuver le plan régional de mise en œuvre spatiale Ring Nord. Le Ring, en tant qu'infrastructure logistique, semblait primer sur l'habitabilité. Dryade, une organisation sans but lucratif qui utilise le pouvoir de la loi pour protéger la nature, a décidé d'introduire un recours devant le Conseil d'État. Le BRAL et l'IEB sont montés au créneau. Dryade, quant à elle, avait déjà mis en place un crowdfunding, également soutenu par le BRAL et l'IEB. Ensemble, nous recherchions au moins 4 000 euros pour financer la majeure partie de la procédure. Plus de 5 000 euros ont finalement été récoltés. Non seulement cela permet à Dryade de couvrir les frais de justice, mais cela envoie également un message fort : autant de donateurs qui, comme nous, ne sont pas d'accord avec les plans.
Assourdissant
En guise de soutien supplémentaire, le BRAL et l'IEB ont décidé d'organiser une promenade couplée à une action de mesure. Un moment pour voir à quoi nous sommes confrontés. Mais aussi pour se rencontrer. Nous étions donc au Chalet Laarbeek le 30 novembre à 10h, en compagnie de militants du BRAL et de l'IEB et de comités d'action locaux tels que Ronkel et Les Jardins de Jette.
Nous avons commencé par une promenade sensorielle dans la forêt de Laarbeek, guidée par l'artiste transdisciplinaire Marie Muehombo (M I M I). Cette expérience sensorielle nous a permis de nous détendre dans la forêt d'une part, et d'autre part, nous avons été submergés par la pollution sonore causée par le trafic sur le Ring. D'autant plus que cette promenade nous a conduits à quelques mètres de l'autoroute.
Plus de béton signifie plus de trafic : c'est aussi simple que cela.
Alors que nos souffrances et nos membres frémissaient sous le rugissement tonitruant des camions et des voitures qui passaient, nous avons expliqué nos problèmes avec le GRUP à venir. Plus de béton signifie plus de trafic : c'est aussi simple que cela. Les grands complexes d'accès et de sortie sur les voies d'accès à Bruxelles menacent également d'accroître le trafic autour du Ring, sans que des mesures suffisantes soient prises pour contrer le trafic rampant. Cet impact se fera également sentir à Bruxelles. Mais Bruxelles a également intérêt à ce que le Ring fonctionne bien. Dans le scénario Good Move, le trafic bruxellois empruntant le R0 augmenterait de 18 %. Dans le même temps, ce même trafic ne représente que 5 % du total des flux de trafic sur le R0. Cela montre l'importance de la coopération entre les régions.
Les autoroutes sont pour la plupart des « camionostrades », dont la congestion est un symptôme de l'explosion de ce complexe logistique et économique. Ainsi cet élargissement du Ring nord a déjà été évoqué dans les années 1990 et a refait surface début des années 2000 avec le départ de DHL et le plan « START » avec comme objectif majeur de fluidifier trafic dont le fret par camion. Dans cet histoire il faut comprendre le Ring comme pas seulement important pour la desserte de Bruxelles et l'économie belge (Zaventem-Anvers) mais également dans son importance européenne (> réseau trans-européen de transport). Le ring est une infrastructure « en étoile » qui dispatche vers le bassin parisien, les ports d'Anvers et Rotterdam et la Ruhr.
Impact des infrastructures sur le climat
L'électrification du flotte automobile et surtout des camions n'est pas pour demain. L'augmentation du trafic continue donc de provoquer davantage d'émissions de CO2, ce qui va à l'encontre des objectifs climatiques actuels. En outre, la construction d'infrastructures a elle-même un impact considérable sur le climat. Pour chaque mètre linéaire d’autoroute, il faut en moyenne extraire 30 tonnes de sable et de gravier et déplacer au moins 100 mètres cubes de terre de terrassement. Parfois beaucoup plus. L’emprise des autoroutes est également considérable : en moyenne, la construction d’une autoroute de deux fois deux bandes, soit 34 mètres de plateforme bitumée, induit une emprise au sol de 100 mètres.
Les données concernant ces émissions d'azote du Ring du bois du Laerbeek sont basées sur la modélisation. Elles ne proviennent donc pas directement d'un point de mesure physique.
Enfin, il y a la pollution. Dans le cas de la circulation, il s'agit surtout du dioxyde d'azote. Cette substance provient des processus de combustion dans le moteur et est nocive pour notre santé (voir ExpAIR). Mais elle a aussi un impact considérable sur la nature. Le bois du Laerbeek, comme d'autres forêts de la région, s'acidifie en raison du dépôt d'azote dans le sol. La proposition de creuser le Ring plus profondément à proximité du bois du Laerbeek joue un rôle à cet égard. On espère ainsi réduire les émissions d'azote, en particulier celles des camions dont les moteurs doivent travailler dur pour gravir la pente.
Action de mesure
L'impact de cet azote n'a pas été suffisamment examiné dans le rapport d'impact environnemental du GRUP. Cela a permis de repousser la patate chaude à la phase de conception. Des valeurs indicatives dépassées ont également été utilisées pour déterminer s'il était possible de les respecter.
Par ailleurs, les données de l'Irceline, la Cellule interrégionale pour l'environnement, concernant ces émissions d'azote du Ring du bois du Laerbeek sont basées sur la modélisation. Elles ne proviennent donc pas directement d'un point de mesure physique. Nous avons donc placé nous-mêmes un point avec des tubes de mesure pendant la promenade, à quelques mètres de l'autoroute. Nous avons fait la même chose la veille à d'autres endroits le long du Ring. De cette manière, nous pouvons trouver des indices sur la proximité de ce modèle par rapport à la réalité.
A suivre dès que nous aurons les résultats, au printemps 2025.