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Jean-Pol Van Steenberghe est un habitant de Heembeken, et qui a une longue expérience. Il était présent dans les premières années de la BRAL et en était encore administrateur jusqu'au début de cette année. Il s'est battu pendant des années pour un incinérateur plus propre. Il l'a fait à partir de son poste au centre communautaire de Heembeek et de l'association d'habitants « Werkgroep Leefmilieu Heembeek ».

 

portret Tim

Tim Cassiers est membre du personnel du BRAL. Il travaille sur le thème de la qualité de l'air depuis près de dix ans. Il a participé à l'élaboration d'actions scientifiques citoyennes telles qu'ExpAIR et CurieuzenAir et se concentre désormais sur la politique de mobilité. 

 

Jean-Pol 

Pour moi, l'engagement pour un air plus sain a débuté en 1988 avec l'exposition sur Heembeek-Mutsaert organisée par la Fondation Roi Baudouin. À l'époque, nous avions mené une enquête environnementale depuis le centre communautaire. Les résultats ont montré un réel problème de pollution à Haren. Dès lors, l'urbanisme et l'environnement sont devenus nos priorités, et nous avons travaillé intensément sur le projet de l'incinérateur. Ce qu’il faut savoir, c’est que le cahier des charges de l’incinérateur avait été approuvé dès 1976 et que sa construction a débuté en 1979. En 1985, Annemie Neyts, alors secrétaire d'État à Bruxelles, a lancé l’incinérateur en publiant un communiqué affirmant qu'il n'y avait aucun souci. 

Pourtant, nous avons constaté que très peu de normes étaient imposées à cet incinérateur. C'est ainsi que le combat a commencé, une lutte juridique, accompagnée d’actions citoyennes. 

En matière de politique environnementale, il est essentiel d’écouter les citoyens. Récemment, j’ai lu un article de la VUB qui expliquait que la mobilisation des citoyens est cruciale pour faire avancer les problèmes de santé et de qualité de l’air dans l’agenda politique. C'est ce que fait actuellement BRAL pour la qualité de l'air, et nous avions cette même dynamique il y a bien des années.

Notre groupe de travail sur l’environnement était très compétent, avec une grande diversité de profils, allant de l’ingénieur civil aux simples citoyens qu’ l’on croisait dans la rue… Tous étaient témoins de la pollution : une voiture nettoyée était de nouveau couverte de suie dès le lendemain. 

L’IBGE (l’ancienne appellation de Bruxelles Environnement) affirmait que la poussière provenait de la cokerie « Carcoke » et non de l’incinérateur. Cependant, cette poussière avait une forme différente. J'ai alors collecté cette poussière avec mon voisin, l’ai séchée, mise dans une enveloppe et envoyée à l’IBGE. Nous n’avons jamais reçu de réponse, mais j'imagine le désarroi de l'agent qui a dû ouvrir cette enveloppe… et faire un sacré brin de ménage ! 

Nous avons également lancé des pétitions et sensibilisé la population, notamment avec une affiche montrant une cheminée nouée. Le BRAL nous a soutenus dans cette démarche. 

Nous avions aussi installé nos propres dispositifs de mesure à différents endroits. Nous avons ainsi découvert que la pollution principale ne se trouvait pas à Heembeek, mais sur le rooftop du centre communautaire Evernia à Evere ! Cette découverte a révélé un autre problème et les mesures de nos appareils correspondaient étroitement avec celles de l’IBGE. 

Nous avions aussi échangé avec des lobbyistes ou des défenseurs des incinérateurs. Un professeur m’a un jour qualifié de « philosophe », ce qui illustre bien l’ambiance des débats. En résumé, les normes imposées à cet incinérateur ont été sans cesse assouplies. 

Ce n’est qu’avec la directive européenne, et grâce à l’Europe, que Bruxelles a été rappelée à l’ordre. On pourrait dire que quatorze années ont ainsi été perdues. Mais il faut comprendre que la conception de cet incinérateur était pensée pour qu'il fonctionne en continu ; sinon, Bruxelles aurait fait face à un problème de gestion des déchets. Avant 1985, tout était simplement déversé ! 

 

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Jean-Pol: “We hebben petities gedaan en mensen proberen te sensibiliseren, met de affiche met de knoop in de schouw.”


 

Tim 

Je comprends bien ce que tu dis au sujet des normes. Nous avons observé la même chose avec la révision de la législation européenne. Tout le monde connaît les normes recommandées par l’OMS, et il semble évident d’aligner les normes européennes en conséquence. Mais ensuite, les responsables politiques se demandent « ce que notre économie peut supporter » ou « ce que deviendront nos efforts d’ici 2030 si on n'en fait pas trop ». Les normes européennes et le rappel à l’ordre de Bruxelles ont été précieux ces dernières années. 

La mobilisation citoyenne a fait une réelle différence il y a cinq ou six ans, en lançant le mouvement. Cette mobilisation forte autour de la qualité de l'air, qui portait sur notre santé et celle de nos enfants, a eu un impact considérable. D'un côté, il y a le travail institutionnel : où mesurer et où intervenir ; de l’autre, le cri des citoyens qui disaient : « Nous n’acceptons plus cela. »

En impliquant les citoyens, on instaure un dialogue différent et plus enrichissant.
Tim

Ton exemple des enveloppes avec la poussière me rappelle nos groupes de mesure de la qualité de l’air. Un laveur de vitres parmi nous disait : « Je sais que l’air est pollué. Il suffit que je regarde mon seau. » Et puis, il y avait les plus techniques, qui voulaient interpréter les chiffres et comprendre leur signification par rapport aux normes. Cette différence de perspective est fascinante. 

C’est exactement ce que nous souhaitions réaliser en impliquant les citoyens dans les mesures : qu’ils puissent ensuite transmettre ces observations directement aux politiques. Nous avons organisé un « lobby citoyen » avec des groupes qui mesuraient la qualité de l’air depuis un an et demi. Ils ont organisé une rencontre dans un café avec des politiciens, non pas sous forme de débat, mais en dialogue individuel. Les élus étaient surpris mais intéressés. Ils s’attendaient à entendre des revendications générales, mais les citoyens sont allés beaucoup plus loin : ils ont parlé de l’impact de la direction du vent, des canyons urbains, et de la façon d’en tenir compte… Au final, ces politiciens, bien qu’ils aient une certaine connaissance sur le sujet, sont aussi des citoyens qui, par hasard, occupent ces fonctions et n’ont pas toujours toutes les réponses. En impliquant les citoyens, on instaure un dialogue différent et plus enrichissant.

Jean-Pol 

Oui, on se sent soutenu par les citoyens. Et tu as vu que même les politiciens de Neder-Over-Heembeek ont fini par comprendre que quelque chose n’allait pas.

Tim 

Cette mobilisation citoyenne a eu lieu pendant la mise en œuvre de la première zone à faibles émissions à Bruxelles. L'accord de coalition prévoyait initialement une application limitée à certaines zones, mais la décision a été prise de l'étendre à tout le territoire. Je ne sais pas si c'est directement lié à cette mobilisation, mais tout de même ...

Jean-Pol 

C’était en fait notre désavantage. L’incinérateur est fixe, il ne peut pas bouger. C’est un point qu’on ressentait dans la mobilisation. Les habitants de Watermael-Boitsfort n’avaient qu’à sortir leurs sacs poubelles pour que leur problème soit résolu. Mais à Heembeek, la pollution tombait directement sur les habitants. 

Je dois avouer que de nombreuses actions auxquelles j’ai participé, en tant que membre du centre communautaire et du groupe environnemental, étaient inspirées par les mouvements de jeunesse comme le KSJ et mes propres enfants (avec émotion). Il y a eu même une manifestation, où 200 personnes ont défilé dans les rues de Heembeek ! 

Le soutien du BRAL, de Greenpeace, et d’autres institutions a été constant et essentiel pour porter nos revendications à un niveau plus élevé. 

Tim 

Il m’est difficile de dire quelle a été la meilleure action que j’ai vue. Il y en avait tellement ! Bien sûr, il y avait les groupes de mesure, un petit nombre de personnes, mais qui suivaient un parcours très intense. Élaborer la méthodologie était l'une des parties les plus intéressantes. Nous avons d'abord utilisé les éthylomètres de Bruxelles Environnement, mais ces appareils étaient encombrants et les résultats prenaient trop de temps à être obtenus, ce qui agaçait les gens. Nous avons alors organisé une conférence pour déterminer quel appareil de mesure serait nécessaire : il devait être instantané et visuel. Nous avons ensuite présenté cela à Bruxelles Environnement et au VITO. 

Après cela, nous avons réfléchi à la manière et aux raisons de mesurer. Pour nous, il ne s’agissait pas seulement de collecter des données, mais aussi de permettre aux citoyens de se réapproprier la question de la qualité de l’air. C’est en prenant des mesures que les gens commencent à réfléchir à la qualité de l’air, à mieux la comprendre, et peuvent ainsi participer à un débat plus informé. Avec le BRAL, nous avons ainsi réalisé un travail très approfondi et de qualité. 

Nous avons aussi participé à CurieuzenAir. Ce projet était en réalité bien moins axé sur la science citoyenne, car les participants ne faisaient que demander qu'un appareil soit installé chez eux, tandis que toute la partie scientifique était gérée par l'Université d'Anvers, notre partenaire. Cependant, nous avons ainsi touché beaucoup plus de personnes. Nous avions besoin de 3 000 points de mesure à travers tout Bruxelles, ce qui nous a conduit à lancer une grande campagne pour recruter autant de participants. Ce projet a permis à un nombre accru de personnes de réfléchir à la question de la qualité de l’air. Mais finalement, ces personnes étaient beaucoup moins engagées dans la mobilisation autour de la qualité de l’air. Contrairement à la première campagne de mesure, cette deuxième campagne n’a pas vu naître de groupes comme Bruxsel’air ou Filter Café Filtré, qui eux, menaient des actions et poussaient la question bien plus loin, y compris sur le plan politique. CurieuzenAir nous a toutefois permis de créer une carte très précise de la qualité de l’air à Bruxelles, montrant clairement où se situe le problème, et cette carte aide à orienter les futures décisions politiques. 

Le plaisir de faire campagne, il en faut aussi, même si le message est grave ! 
Tim

Le succès réside aussi dans les collaborations qui émergent de ces actions, comme avec Greenpeace et Filter Café Filtré, qui organisent des manifestations, ou avec le groupe Bruxsel’air, composé de personnes extraordinaires déterminées à changer les choses tout en prenant du plaisir. Leur devise est que l’activisme doit être amusant, même s’il sert une cause sérieuse. Pensez aux statues ornées de masques – c’était non seulement marquant mais aussi amusant. 

Il y a eu aussi la manifestation en poussette, une joyeuse parade de gens, avec des slogans créés par les enfants eux-mêmes et des jeux de mots formidables autour du mot « air » en français. Ce type de mobilisation est vraiment nécessaire, surtout quand le message est grave ! 

Avec CurieuzenAir, nous avons vu qu’il était en fait très facile de mobiliser les gens, en termes géographiques, dans chaque commune. Les habitants d’Uccle, par exemple, voulaient aussi savoir ce que cela représentait pour eux, car il en va de leur santé et de celle de leurs enfants. 

Il a été plus difficile de mobiliser les personnes pour qui la qualité de l'air n'est pas une priorité, notamment dans les quartiers où la pauvreté et les problèmes de santé sont plus présents. Nous avons également constaté que l'organisation pratique de CurieuzenAir n'était pas si accessible : il fallait s'inscrire en mai pour des mesures en octobre, en prévoyant qu'une fenêtre au premier étage serait disponible pour l’appareil... La collaboration avec des organisations locales et des maisons médicales a donc été essentielle. Pourtant, l'objectif initial était que chacun puisse effectuer des mesures chez soi. Mais cela pose aussi la question : qu'est-ce qu’un « chez soi » ? 

 

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Tim: “Actievoeren moet ook leuk zijn, al die maskers hangen op al die standbeelden, dat is gewoon plezant.”

 

Jean-Pol 

À notre époque, les associations comptaient bien plus de membres. C'était principalement la KWB qui passait encore au domicile des habitants. À l'époque, Heembeek était en grande majorité catholique. Cela a beaucoup joué. 

Il existait aussi une certaine opposition entre les « natifs » de Heembeek, qui avaient connu le développement du canal et voyaient Heembeek comme un village agréable, et les nouveaux arrivants, qui avaient une perspective différente. Cette cohabitation ne se passait pas toujours sans heurts. On se voyait comme éloignés de la ville, en quelque sorte en dehors de son agitation. Il restait alors beaucoup d'espaces libres. 

Quand je fais le bilan, je constate que la qualité de l'air s'est nettement améliorée. C’est ce que j’ai pu observer avec CurieuzenAir. Et pourtant, l’incinérateur reste une source de pollution, aussi minime soit-elle. 
Où il y a du feu, il y a de la fumée, et de la fumée sort encore aujourd’hui de cette cheminée. 

En observant Bruxelles aujourd’hui, Tim, quelle est ta stratégie pour réduire le trafic automobile ? 

Tim 

Cela résume un peu la législature précédente. Durant la législature de 2014-2019, la question de la qualité de l'air a réussi à s'imposer dans les discussions. Tout le monde s'accordait à dire qu'il fallait améliorer la qualité de l'air. Mais lorsqu'on aborde concrètement les actions nécessaires pour y parvenir, comme le renforcement de la zone à faibles émissions, la réduction du nombre de voitures ou l'instauration d'un plan de circulation, d'autres intérêts que ceux liés à la santé entrent en jeu, comme les préoccupations concernant les déplacements et le confort des citoyens.

Personnellement, quand je peux être rebelle et militer, je me sens vraiment vivant.
Jean-Pol

Jean-Pol 

Je pense que si l'incinérateur était une voiture, il ne serait plus autorisé à rouler dans la zone à faibles émissions. On parle ici d'une vieille carcasse à laquelle on a rajouté toutes sortes de choses. La vraie question est : combien de temps cela va-t-il encore fonctionner ? Il faut se souvenir que l’épurateur de gaz de combustion a été installé en 1999. Cela fait donc déjà 25 ans qu’il est en activité ! 

Tim 

Il est parfois essentiel de se demander comment on peut tenir si longtemps avant de passer à l'action. Pour moi, il est tout aussi important de célébrer les succès en interne, en reconnaissant les efforts accomplis. Il est également crucial de continuer à évoluer, en mettant davantage l’accent sur les solutions plutôt que sur les seules mesures. 

Jean-Pol 

J’ai eu la chance de compter sur un groupe de volontaires très enthousiastes et diversifiés, prêts à agir à tout moment : une femme au foyer, un ingénieur, un architecte, un biologiste, un technicien de laboratoire… 

Je suis vraiment heureux de voir que le BRAL s’investit désormais fortement dans la question de la qualité de l'air et ne se limite plus aux seuls enjeux d'aménagement du territoire, même si ceux-ci restent importants. Personnellement, quand je peux être rebelle et militer, je me sens vraiment vivant. 

Mon engagement dans l'activisme m'a aussi offert de nombreuses opportunités. J'ai étudié l'écologie humaine à la VUB, suivi un cours de droit de l'environnement pour non-juristes, ainsi qu'une formation en assainissement environnemental pour non-biologistes à l’UGent. J'ai toujours cherché à me former davantage. 

Tim 

Je trouve également qu'il est essentiel de continuer à apprendre. Récemment, cela s’est illustré dans notre projet ExpAIR à Schaerbeek. Une de nos premières participantes a présenté ce projet à l'échevine de la mobilité. Sa manière de partager ce qu’elle avait appris sur la qualité de l’air, ancrée dans son expérience de voisine, était vraiment remarquable. Il est fondamental de pouvoir se développer, tant dans ce que l'on exprime que dans la manière de l’aborder politiquement. C'est ce qui me rend heureux au BRAL. 

 

bio Sophie

 

An

Comment as-tu pris contact pour la première fois avec le BRAL ?

Sophie

Cela doit remonter à mes études d’architecture, lorsque j'ai travaillé sur mon mémoire portant sur les contrats de quartier. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à explorer les archives d’ALERT.

An

Avais-tu déjà une idée de ce que faisait le BRAL à l’époque ?

Sophie

Oui, je crois que c’était assez clair. . Ce qui m’avait surtout marqué, c’était la manière dont BRAL s’efforçait de connecter différentes personnes — citoyens, autorités publiques, acteurs locaux — pour générer un débat intéressant. Par exemple, le projet autour de Tour et Taxis a été fascinant : voir que cela a pris des décennies pour en arriver au site actuel. Le parc y est bien plus petit que BRAL l’avait imaginé, mais il est là.

An

Et tu as par la suite aussi pris contact avec BRAL en tant que citoyenne, en tant que Bruxelloise engagée…

Sophie

Oui, c’était à travers le collectif « Commons Josaphat », qui rassemblait différents acteurs ayant un intérêt commun pour l’urbanisme et les biens communs, et qui pensaient : « Nous devons faire quelque chose ensemble ici ». Une étudeportait sur les terrains vacants, et c’est comme cela que nous avons commencé à travailler sur Josaphat. Le BRAL s’y est ensuite pleinement impliqué.

An

Si je me souviens bien, vous aviez contacté le BRAL pour réfléchir à la manière dont nous pourrions intégrer ces biens communs dans le développement urbain, en croisant notre expertise et notre connaissance des capacités régionales.

Sophie

Au final, plus d'une décennie s'est écoulée et le quartier, qui devait voir le jour rapidement, n’existe toujours pas. Nous sommes maintenant en 2024, et il n’y a toujours aucun bâtiment, mais un magnifique espace naturel s’est développé et la conscience des enjeux a grandi. Cela a suscité des ajustements dans le plan directeur et ouvert des débats intéressants. Prendre le temps de réfléchir à un projet peut souvent enrichir l’approche urbanistique.

Pour le gouvernement de l'époque, la situation était très claire : c'est le gouvernement ou le privé qui fait la ville.
An 

An

Josaphat est un excellent exemple de la manière dont le BRAL fonctionne et des sujets qu'il aborde. Ce qui était formidable, c'est que cette démarche vienne de citoyens bruxellois qui ressentaient le besoin de modeler la ville autrement, sans impulsion directe du secteur public ou privé. 

La nouveauté de « Commons Josaphat » résidait dans le fait qu’il ne s’agissait pas seulement de faire des manifestes pour dicter aux autorités ce qu'elles devaient faire, mais d'élaborer ensemble un plan et de réaliser cette coproduction. Nous nous sommes heurtés à un mur du côté du gouvernement. Lors d’un débat politique, quand nous avons demandé : « Qu’entend-on par biens communs ? », aucun parti n’a su répondre. C’était triste à voir. Pour le gouvernement de l'époque, la situation était très claire : c'est le gouvernement ou le privé qui fait la ville. 

Sophie

Ailleurs, le concept des biens communs était déjà mieux connu, ce qui nous a beaucoup inspirés. Ici, ce n'était pas du tout le cas. Quelques années plus tard, on voit que le gouvernement commence à soutenir les biens communs et à en percevoir les aspects positifs. Il en va de même pour les coopératives de logement. Dix ans après avoir présenté le modèle suisse de coopérative d'habitation « Kalkbreite » au cabinet du ministre Vervoort, plusieurs politiciens et architectes recommandent désormais les coopératives d’habitation. C’est plaisant de voir comment ces idées finissent par prendre racine et inspirer. Maintenant, il ne manque plus que des fonds.

 

« Le droit à la ville » est le fil conducteur du parcours professionnel et militant de Sophie Ghyselen. En tant qu'activiste urbaine, elle est impliquée dans plusieurs initiatives de biens communs telles que Commons Josaphat, Beescoop et d'autres collectifs de citoyens plus petits. Dans le cadre de son emploi actuel au Community Land Trust Brussels, et auparavant en tant qu'architecte, elle milite en faveur de logements innovants et abordables et d'un urbanisme inclusif.

 

bio An