Thème

Avec beaucoup d’autres Bruxellois et Bruxelloises, nous devrons maintenir la pression. Si une évidence a émergé ces dernières années, c’est bien que les réactions publiques de la population peuvent avoir un impact concret. De même, la pertinence de la science citoyenne en tant que stratégie de changement social s’affirme clairement grâce notamment à CurieuzenAir, à petite comme à grande échelle.

Au BRAL, nous allons poursuivre le travail avec nos membres et notre base en faveur d’une ville durable où il fait bon vivre pour tout le monde. Bruxelles fera encore face à de nombreux défis et ceux-ci méritent toute notre attention. Heureusement, nous pouvons compter sur l’aide de la population et de la société civile.

Il reste énormément de questions

CurieuzenAir, c’est fini, mais il reste énormément de questions. Quel impact ont eu les séquelles de la période COVID-19? Une hausse de la pollution de l’air est par exemple observée dans les stations de mesure officielles. La tendance générale à la baisse se poursuit-elle ou va-t-elle à nouveau s’inverser? Les lieux les plus pollués restent-ils à la traîne de l’assainissement global? Le fossé de la justice environnementale se creuse-t-il encore? La situation s’améliore-t-elle assez rapidement sachant qu’en 2022, nous sommes toujours focalisés sur les valeurs de l’UE alors qu’elles sont dépassées par les connaissances scientifiques? La politique actuelle, Good Move ou Renolution, accélère-t-elle le changement?

Des questions à foison pour continuer à étudier la qualité de notre air. Mais aussi à sensibiliser et à mobiliser autour d’un air sain. Car une grande partie de la population reste mal informée de l’impact négatif d’un air pollué sur la santé des adultes et des enfants. Nous entendons peu parler des pics de pollution qui rendent parfois la vie impossible aux personnes atteintes de problèmes respiratoires. Trop d’habitant·e·s considèrent encore la pollution de l’air comme une donnée quasi "naturelle" en ville. Le monde politique et les décisionnaires répètent à l’envi qu’un air sain est nécessaire tout en contestant les mesures qui devraient nous le garantir.

ExpAIR is back!

Le BRAL et Bruxelles Environnement ont donc convenu de lancer un nouveau projet de mesure sous le nom déjà connu d’ExpAIR. Après l’image globale de CurieuzenAir, nous optons aujourd’hui pour des mesures ciblées du NO2 aux endroits probablement les plus pollués et pour des minicampagnes en fonction des changements dans l’espace public. Avec ExpAIR, nous comptons à nouveau former des coalitions entre la population, des associations, des décisionnaires, des scientifiques, etc., bref entre toutes les personnes concernées par une amélioration de l’air à Bruxelles. Vous entendrez donc encore parler de nous dans les prochaines années!

Lisez comment vous pouvez contribuer sur www.bral.brussels/fr/expairisback.

 

Contenu ‘C’était CurieuzenAir'

 

Nous y avons entre autres revendiqué une baisse immédiate des loyers, la production de davantage de logements sociaux, la régularisation des personnes sans-papiers et la fin des expulsions.

Après un parcours haut en couleurs, en musique, en témoignages et en slogans depuis Molenbeek, où la gentrification fait rage le long du canal, le cortège festif est arrivé à la Place du Jeu de Balle. Nous avons pu y entendre plusieurs témoignages et interventions sur le mal-logement et les moyens pour en sortir. La journée de manifestation s’est conclue en musique et en fanfare.

Nous devons malgré tout déplorer une violente répression policière suite à l’occupation d’un ancien hôtel rue de Stalingrad, rendue publique en marge de la mobilisation. Nous invitons toute personne qui aurait été témoin ou victime de ces violences et qui se sentirait isolé·e face à cela à écrire à info@housing-action-day.be. Nous exprimons tout notre soutien aux personnes qui ont subi, de près ou de loin, ces violences inacceptables.

La presse, régionale comme nationale, s'est emparée de nos revendications pour les porter à l'attention du grand public. Témoignagesprésences en plateau, relai de notre carte blanche... Ce sont plus de vingt publications qui sont à découvrir dans notre revue de presse "HAD 2023" et à partager dans vos réseaux.

Le BRAL a reçu un financement pour travailler sur le patrimoine d’après-guerre de l’administration régionale Urban.brussels en 2022. Parler d’architecture d’après-guerre évoque souvent le modernisme, le fonctionnalisme et le phénomène de la bruxellisation. Si ces mouvements ont souvent laissé des souvenirs douloureux sur la capitale, laissons Charly De Pauw et Paul Van Den Boeynants derrière nous cette fois-ci.   

Nous avions organisé une projection du film Mr Etrimo en juillet 2022 dans une brasserie vide de la place Martin Luther King. Cette fois-ci, le BRAL et ses membres ont été sur le terrain pour comprendre comment le Park System a vu le jour et a donné forme à des quartiers fort différents de ce qu’on a l’habitude de voir à Bruxelles. Avant de vous plonger dans les récits de Michel, Gérald et Vincent, quelques mots sur la commune qui nous accueilli ce samedi 11 février où le temps était gris mais sec.

Anderlecht est la troisième plus grande commune de la Région après la Ville de Bruxelles et Uccle. On y compte environ 10% de la population bruxelloise sur 11% du territoire régional. Séparée par le Canal Bruxelles-Charleroi à l’est, elle présente une densité de population plus faible que la moyenne régionale (6.842 vs 7.527 habitants par km²). C’est à l’ouest de cette commune qu’un réseau de parcs est venu structurer son développement au début des années 50.

Séminaire sur l'intégration des transports publics en Belgique

Un transport public fluide de Hannut à Anderlecht ? Cela nécessite des bus, des trains et des métros réguliers et parfaitement coordonnés. Cela nécessite un seul réseau, un seul horaire et un seul billet pour l'ensemble du trajet. Et cela nécessite une forte coopération et une planification coordonnée entre les différents niveaux de gestion.

La Belgique est-elle prête pour cela ? Que pouvons-nous apprendre d’autres pays comme la Suisse ? Et comment les experts, les décideurs politiques et les opérateurs de transport conçoivent-ils cette intégration ?

Durant ce séminaire, nous nous immergeons dans les besoins et les opportunités d’un système de transport public intégré et discuterons des étapes nécessaires pour la Belgique lors d’un débat stimulant.

Inscrivez-vous au séminaire

Programme

  • 12h45-13h00 : Accueil
  • 13h00-13h45 : Quels objectifs les niveaux fédéraux et régionaux se fixent-ils en matière de coordination des transports publics ?
    • Bernard Swartenbroekx (cabinet du ministre Gilkinet)
    • Stefan Vandenhende (cabinet de la ministre Van den Brandt)
  • 13h45-14h15: Présentation d’un modèle par nœuds de correspondance pour la Belgique par Guy Hendrix d’Integrato
  • 14h15-14h45: Pause
  • 14h45-15h30: Présentation du modèle suisse par Luigi Stähli (Director consulting, SMA und Partner AG) : Quels sont les résultats et les conditions préalables à la réussite d'un modèle intégré ?
  • 15h30-17h00: Table ronde animée par le politologue Dave Sinardet
    • Koen Kerckaert (Directeur général Direction Passenger Transport & Security, SNCB)
    • Cécilia Maes (Head of Capacity Management, Infrabel)
    • Koen De Broeck (Manager Markt & Mobiliteit, De Lijn)
    • Martin Duflou (directeur Autorité Organisatrice des Transports collectifs et partagés)
    • Yves Fourneau (Transversal and Intermodal Studies Manager STIB)

complété par l’expertise de :

  • Kobe Boussauw (professeur en aménagement du territoire et mobilité, VUB)
  • Peter Meukens (président, TreinTramBus)

Inscrivez-vous au séminaire

Les inscriptions seront clôturées le 12 mai. Inscrivez-vous rapidement car le nombre de places est limité.

En pratique

  • Quand ? Mercredi 17 mai 2023 de 12h45 à 17h00
  • Langue ? Français et néerlandais. Aucune traduction n'est prévue.
  • Où ? SNCB, Salle A-B, Rue de France 85, 1060 Saint-Gilles
  • Comment s'y rendre ? Le lieu est situé à 6 minutes à pied de la gare de Bruxelles-Midi. Avez-vous besoin d'un soutien particulier (par exemple, d'une assistance en fauteuil roulant) ? Veuillez nous en informer à l'adresse suivante : info@canopea.be.
  • Prix ? L’évènement est gratuit.
Anderlecht Parksysteem

Le Park System d’Anderlecht

Par Michel Duponcelle, guide pour l’asbl Patrimoine & Traditions  

Partis du square Egide Rombaux, nous avons traversé le Scherdemael et ses arbres classés comme remarquables avant de rejoindre la place Martin Luther King par la rue des Vignes.

Bruxelles s’est d’abord urbanisée de la manière plutôt classique qu’on connait bien : des maisons mitoyennes avec jardins arrières et parfois avants. Plusieurs courants urbanistiques et architecturaux ayant marqué le 20ième siècle ont également laissé leur marque sur Bruxelles et on peut retrouver plusieurs témoins de ces époques à Anderlecht.

La fin de la guerre 14-18 a marqué un premier tournant dans cette manière dont la ville grappillait du terrain. Les cités jardins, venues d’Angleterre, viennent fondamentalement bousculer l’aménagement du territoire en sortant les ouvriers des quartiers centraux, insalubres et populaires. Le quartier de la Roue à Anderlecht en est un bon exemple. C’est également à ce moment que les premières villas pavillonnaires avec jardins privés destinés aux classes bourgeoises ont fait leur apparition.

Le Corbusier, un des pères de l’architecture moderne du 20ème, apporte sa patte révolutionnaire à l’architecture entre les deux guerres : les constructions « domino » et sur pilotis pour éviter de créer des pièces de vie dans l’obscurité du rez-de-chaussée voient le jour. Lors du Congrès International d’Architecture Moderne de 1933, c’est également Le Corbusier qui a rédigé la Charte d’Athènes. Celle-ci pose les bases de l’architecture moderniste et cite que l’architecture doit assurer une séparation stricte des fonctions tout en garantissant l’espace, le soleil et la nature.

Le concept du Park System est né dans la foulée de ces congrès. Au sein d’un espace où une séparation stricte des fonctions est respectée, les habitant·es vont partager un espace public et autant leurs habitations que les équipements d’intérêt public seront disséminés au sein du Park System.

L’idée est très simple : les fonctions de base (logement, école primaire, espaces de détente, magasins, etc.) se trouvent à distance à pied et sont intégrées dans un réseau d’espaces verts et la voiture est externalisée sur les voiries périphériques du Park System. Aucune école secondaire ne se trouve dans cet arrangement d’espaces verts. L’enfant qui grandit quitte le village pour poursuivre son développement.  

Comment un tel réseau est-il né ici à Anderlecht alors que le reste de la ville s’est urbanisée de manière plus « urbaine » ?

S’il a fallu attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour sa mise en œuvre, la commune d’Anderlecht crée déjà sa Régie Foncière en 1935. Elle vend progressivement les terrains bâtissables dont elle est propriétaire jusqu’à la guerre où le développement de la ville est mis sur pause pendant quelques années. C’est alors qu’Anderlecht se retrouve avec un gros pactole permettant de rénover ses vieux quartiers et développer des nouveaux, comme ceux du Park System.

Les éléments structurants ce nouvel ensemble sont évidemment les parcs dans lesquels on s’est baladés. Ceux-ci ont été méticuleusement planifiés (plutôt que d’avoir survécu à l’urbanisation) et sont gorgés d’arbres remarquables, souvent d’origine exotique. On compte une centaine d’essences remarquables à Anderlecht et le Scherdemael en est riche

La ville fonctionnelle vise à mélanger la morphologie des bâtiments et les classes socio-économiques dans un même périmètre. D’où la présence de tours de logements et de maisons style villa/cottage, de logements sociaux, moyen ou élevés au sein du Park System.  

Au niveau architectural, le courant fonctionnaliste domine les constructions. Il n’y a que peu de considération pour l’esthétique, la décoration n’est pas centrale. C’est plutôt la lumière, via l’absence de murs et de grandes baies vitrées qui est privilégiée. Cela présente également des avantages au niveau du confort et des économies lors de la construction.

Autre fait marquant du Park System : la grande concentration d’éléments du fonctionnalisme ludique, style « Expo 58 » ou encore de l’architecture « Spirou ». Cela a marqué les esprits et suscité de nombreuses questions chez les participants lors de la balade. L’idée est d’intégrer des petits éléments architecturaux, relativement discrets, qui apportent une touche ludique aux habitations. On peut penser à certaines formes de balcons, des auvents diagonaux, des mosaïques ou la des pierres décoratives qu’on colle sur une façade de manière ornementale.

Etrimo

 Etrimo, une histoire

Par Gérald Ledent, professeur d’architecture à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme (LOCI) (UCLouvain)

Gérald nous raconta ce qui suit entre deux bâtiments construits par la société et avec une vue sur l’Amelinckx de 27 étages, le plus grand rival commercial d’Etrimo à l’époque. Ces deux grandes entreprises immobilières auront marqué la période d’après-guerre par la construction d’innombrables immeubles faisant aujourd’hui partie du patrimoine immobilier bruxellois. Toutes les photos ci-dessous proviennent des archives de Gérald ! Merci de nous les avoir partagées.

Architecte, homme d’affaires, promoteur, politicien libéral, Jean-Florian Colin était l’homme aux multiples casquettes se cachant derrière la société Etrimo – une contraction de Études et réalisations immobilières. Il compte tout de même plus de 14.000 logements à son actif à Bruxelles et ce autant avant la deuxième guerre mondiale qu’après celle-ci. Si cela en étonnera plus d’un·e, cet homme ne doit pas qu’être associé aux tours de logements privés de la deuxième couronne bruxelloise. Il réalisa plusieurs bâtiments iconiques comme le Palais du Congo et la Résidence Ernestine à Ixelles, s’insérant dans la mouvance Art Déco des années 30.

Se présentant comme visionnaire, il avait des idées arrêtées et développées sur l’émancipation sociale des populations. Celle-ci passait par l’accès à la propriété et tout le monde devait avoir la possibilité de devenir propriétaire. Son rêve était de fournir à chaque belge de classe moyenne l’opportunité d’accéder à un logement ...

Il profita de l’incertitude que marqua la deuxième guerre mondiale pour fondamentalement changer le fonctionnement de son entreprise et réaliser son rêve. Son empire économique pris réellement une autre dimension lorsqu’il décida de tout réaliser d’A à Z. Etrimo comptait en son sein de nombreux pôles : urbanisme, gestion et mandats, études et recherche, crédits hypothécaires ou encore le nettoyage des bâtiments. Il restait même le syndicat des immeubles qu’il vendait ! Autre concours de circonstance, l’âge de gloire du promoteur immobilier coïncida avec l’arrivée de nombreuses jeunes familles sur le marché de l’immobilier, le retour de nombreuses belges ayant travaillé au Congo cherchant à s’installer à Bruxelles ou des commerçants du centre-ville ne souhaitent plus vivre au-dessus de leur magasin où les logements étaient mal aménagés et les conditions de vie assez pauvres.

Cette maitrise complète du processus de construction lui permettait également de négocier directement avec les communes. Certains de ses anciens employés ont relaté que M. Colin venait avec une certaine confiance dans les bureaux des échevins et demandait très clairement « quelle construction voulez-vous à cet endroit ? » « Jusqu’à quelle hauteur pouvons-nous construire sur ce site ? » Etrimo proposait d’ailleurs trois types de constructions : des villas, des bungalows (surtout en dehors de Bruxelles) et des tours d’appartement, toujours entourées d’espaces verts.

Outre son sens de l’entreprenariat, Etrimo proposait également un tout nouveau modèle de développement de la ville. L’entreprise achetait des grands terrains mais maximum 10% de ceux-ci étaient bâtis. Le reste était réservé à des espaces verts et de détente pour les habitant·es ou pour le grand public lorsque les bâtiments étaient construits dans un parc public, comme c’est le cas dans le parc Vivès à Anderlecht.

Revenons au rêve de M. Colin… pour que les classes moyennes accèdent à la propriété privée, il fallait leur offrir des appartements bon marché et qui donnait envie.

Ce n’est pas pour rien que les pavillons (segments de barre de logement) Etrimo sont orientées Nord-Sud ! Etrimo achetait souvent des terrains qui n’étaient pas facilement constructibles comme des marais ou des anciennes décharges. Dans l’obligation de creuser des fondations profondes pour soutenir le poids du bâtiment, l’entreprise avait un argument de taille pour monter jusqu’à ses 13 niveaux habituels. Impossible de construire des buildings peu élevés sur un tel sol et maintenir un prix d’achat accessible. Offrir un logement accessible passait également par une rationalisation des matériaux et une conception des étages réfléchie pour être modulable et répétée presque à l’infini, à en croire les ambitions de Jean-Florian Colin.  

Ce modèle économique de vente sur plans fonctionna du tonnerre jusqu’à ce que les banques décidèrent un jour de ne plus suivre l’entreprise. Était-ce lié à des raisons politiques ? Ou les banques craignaient elles réellement un effondrement de la société ? Etrimo ne pouvait dans tous les cas plus sécuriser les fonds requis pour faire tourner la machinerie et c’est 1200 propriétaires qui se sont retrouvés sur le carreau. Sans appartement mais avec un simple bout de papier leur promettant un bien… C’est d’ailleurs après cette débâcle que la loi Breyne fut rédigée en 1971 pour protéger les propriétaires ayant acheté sur plan d’une éventuelle faillite du promoteur.

S’il a également construit en Afrique ou à la côte d’Azur, offrant presque le package complet résidence principale-secondaire, c’est particulièrement à Bruxelles qu’il a laissé une trace indélébile. Entre les 92 Etrimos qui se trouvent dans un parc, le quartier de maisons du Chant d’Oiseau à Woluwe ou les imposants bâtiments Art Déco des années 30, on peut facilement parler d’un des plus grands promoteurs immobiliers ayant marqué l’histoire de notre ville-Région.

Windturbine op het dak Anderlecht Marius Renard