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Le Park System d’Anderlecht
Par Michel Duponcelle, guide pour l’asbl Patrimoine & Traditions
Partis du square Egide Rombaux, nous avons traversé le Scherdemael et ses arbres classés comme remarquables avant de rejoindre la place Martin Luther King par la rue des Vignes.
Bruxelles s’est d’abord urbanisée de la manière plutôt classique qu’on connait bien : des maisons mitoyennes avec jardins arrières et parfois avants. Plusieurs courants urbanistiques et architecturaux ayant marqué le 20ième siècle ont également laissé leur marque sur Bruxelles et on peut retrouver plusieurs témoins de ces époques à Anderlecht.
La fin de la guerre 14-18 a marqué un premier tournant dans cette manière dont la ville grappillait du terrain. Les cités jardins, venues d’Angleterre, viennent fondamentalement bousculer l’aménagement du territoire en sortant les ouvriers des quartiers centraux, insalubres et populaires. Le quartier de la Roue à Anderlecht en est un bon exemple. C’est également à ce moment que les premières villas pavillonnaires avec jardins privés destinés aux classes bourgeoises ont fait leur apparition.
Le Corbusier, un des pères de l’architecture moderne du 20ème, apporte sa patte révolutionnaire à l’architecture entre les deux guerres : les constructions « domino » et sur pilotis pour éviter de créer des pièces de vie dans l’obscurité du rez-de-chaussée voient le jour. Lors du Congrès International d’Architecture Moderne de 1933, c’est également Le Corbusier qui a rédigé la Charte d’Athènes. Celle-ci pose les bases de l’architecture moderniste et cite que l’architecture doit assurer une séparation stricte des fonctions tout en garantissant l’espace, le soleil et la nature.
Le concept du Park System est né dans la foulée de ces congrès. Au sein d’un espace où une séparation stricte des fonctions est respectée, les habitant·es vont partager un espace public et autant leurs habitations que les équipements d’intérêt public seront disséminés au sein du Park System.
L’idée est très simple : les fonctions de base (logement, école primaire, espaces de détente, magasins, etc.) se trouvent à distance à pied et sont intégrées dans un réseau d’espaces verts et la voiture est externalisée sur les voiries périphériques du Park System. Aucune école secondaire ne se trouve dans cet arrangement d’espaces verts. L’enfant qui grandit quitte le village pour poursuivre son développement.
Comment un tel réseau est-il né ici à Anderlecht alors que le reste de la ville s’est urbanisée de manière plus « urbaine » ?
S’il a fallu attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour sa mise en œuvre, la commune d’Anderlecht crée déjà sa Régie Foncière en 1935. Elle vend progressivement les terrains bâtissables dont elle est propriétaire jusqu’à la guerre où le développement de la ville est mis sur pause pendant quelques années. C’est alors qu’Anderlecht se retrouve avec un gros pactole permettant de rénover ses vieux quartiers et développer des nouveaux, comme ceux du Park System.
Les éléments structurants ce nouvel ensemble sont évidemment les parcs dans lesquels on s’est baladés. Ceux-ci ont été méticuleusement planifiés (plutôt que d’avoir survécu à l’urbanisation) et sont gorgés d’arbres remarquables, souvent d’origine exotique. On compte une centaine d’essences remarquables à Anderlecht et le Scherdemael en est riche
La ville fonctionnelle vise à mélanger la morphologie des bâtiments et les classes socio-économiques dans un même périmètre. D’où la présence de tours de logements et de maisons style villa/cottage, de logements sociaux, moyen ou élevés au sein du Park System.
Au niveau architectural, le courant fonctionnaliste domine les constructions. Il n’y a que peu de considération pour l’esthétique, la décoration n’est pas centrale. C’est plutôt la lumière, via l’absence de murs et de grandes baies vitrées qui est privilégiée. Cela présente également des avantages au niveau du confort et des économies lors de la construction.
Autre fait marquant du Park System : la grande concentration d’éléments du fonctionnalisme ludique, style « Expo 58 » ou encore de l’architecture « Spirou ». Cela a marqué les esprits et suscité de nombreuses questions chez les participants lors de la balade. L’idée est d’intégrer des petits éléments architecturaux, relativement discrets, qui apportent une touche ludique aux habitations. On peut penser à certaines formes de balcons, des auvents diagonaux, des mosaïques ou la des pierres décoratives qu’on colle sur une façade de manière ornementale.
Etrimo, une histoire
Par Gérald Ledent, professeur d’architecture à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme (LOCI) (UCLouvain)
Gérald nous raconta ce qui suit entre deux bâtiments construits par la société et avec une vue sur l’Amelinckx de 27 étages, le plus grand rival commercial d’Etrimo à l’époque. Ces deux grandes entreprises immobilières auront marqué la période d’après-guerre par la construction d’innombrables immeubles faisant aujourd’hui partie du patrimoine immobilier bruxellois. Toutes les photos ci-dessous proviennent des archives de Gérald ! Merci de nous les avoir partagées.
Architecte, homme d’affaires, promoteur, politicien libéral, Jean-Florian Colin était l’homme aux multiples casquettes se cachant derrière la société Etrimo – une contraction de Études et réalisations immobilières. Il compte tout de même plus de 14.000 logements à son actif à Bruxelles et ce autant avant la deuxième guerre mondiale qu’après celle-ci. Si cela en étonnera plus d’un·e, cet homme ne doit pas qu’être associé aux tours de logements privés de la deuxième couronne bruxelloise. Il réalisa plusieurs bâtiments iconiques comme le Palais du Congo et la Résidence Ernestine à Ixelles, s’insérant dans la mouvance Art Déco des années 30.
Se présentant comme visionnaire, il avait des idées arrêtées et développées sur l’émancipation sociale des populations. Celle-ci passait par l’accès à la propriété et tout le monde devait avoir la possibilité de devenir propriétaire. Son rêve était de fournir à chaque belge de classe moyenne l’opportunité d’accéder à un logement ...
Il profita de l’incertitude que marqua la deuxième guerre mondiale pour fondamentalement changer le fonctionnement de son entreprise et réaliser son rêve. Son empire économique pris réellement une autre dimension lorsqu’il décida de tout réaliser d’A à Z. Etrimo comptait en son sein de nombreux pôles : urbanisme, gestion et mandats, études et recherche, crédits hypothécaires ou encore le nettoyage des bâtiments. Il restait même le syndicat des immeubles qu’il vendait ! Autre concours de circonstance, l’âge de gloire du promoteur immobilier coïncida avec l’arrivée de nombreuses jeunes familles sur le marché de l’immobilier, le retour de nombreuses belges ayant travaillé au Congo cherchant à s’installer à Bruxelles ou des commerçants du centre-ville ne souhaitent plus vivre au-dessus de leur magasin où les logements étaient mal aménagés et les conditions de vie assez pauvres.
Cette maitrise complète du processus de construction lui permettait également de négocier directement avec les communes. Certains de ses anciens employés ont relaté que M. Colin venait avec une certaine confiance dans les bureaux des échevins et demandait très clairement « quelle construction voulez-vous à cet endroit ? » « Jusqu’à quelle hauteur pouvons-nous construire sur ce site ? » Etrimo proposait d’ailleurs trois types de constructions : des villas, des bungalows (surtout en dehors de Bruxelles) et des tours d’appartement, toujours entourées d’espaces verts.
Outre son sens de l’entreprenariat, Etrimo proposait également un tout nouveau modèle de développement de la ville. L’entreprise achetait des grands terrains mais maximum 10% de ceux-ci étaient bâtis. Le reste était réservé à des espaces verts et de détente pour les habitant·es ou pour le grand public lorsque les bâtiments étaient construits dans un parc public, comme c’est le cas dans le parc Vivès à Anderlecht.
Revenons au rêve de M. Colin… pour que les classes moyennes accèdent à la propriété privée, il fallait leur offrir des appartements bon marché et qui donnait envie.
Ce n’est pas pour rien que les pavillons (segments de barre de logement) Etrimo sont orientées Nord-Sud ! Etrimo achetait souvent des terrains qui n’étaient pas facilement constructibles comme des marais ou des anciennes décharges. Dans l’obligation de creuser des fondations profondes pour soutenir le poids du bâtiment, l’entreprise avait un argument de taille pour monter jusqu’à ses 13 niveaux habituels. Impossible de construire des buildings peu élevés sur un tel sol et maintenir un prix d’achat accessible. Offrir un logement accessible passait également par une rationalisation des matériaux et une conception des étages réfléchie pour être modulable et répétée presque à l’infini, à en croire les ambitions de Jean-Florian Colin.
Ce modèle économique de vente sur plans fonctionna du tonnerre jusqu’à ce que les banques décidèrent un jour de ne plus suivre l’entreprise. Était-ce lié à des raisons politiques ? Ou les banques craignaient elles réellement un effondrement de la société ? Etrimo ne pouvait dans tous les cas plus sécuriser les fonds requis pour faire tourner la machinerie et c’est 1200 propriétaires qui se sont retrouvés sur le carreau. Sans appartement mais avec un simple bout de papier leur promettant un bien… C’est d’ailleurs après cette débâcle que la loi Breyne fut rédigée en 1971 pour protéger les propriétaires ayant acheté sur plan d’une éventuelle faillite du promoteur.
S’il a également construit en Afrique ou à la côte d’Azur, offrant presque le package complet résidence principale-secondaire, c’est particulièrement à Bruxelles qu’il a laissé une trace indélébile. Entre les 92 Etrimos qui se trouvent dans un parc, le quartier de maisons du Chant d’Oiseau à Woluwe ou les imposants bâtiments Art Déco des années 30, on peut facilement parler d’un des plus grands promoteurs immobiliers ayant marqué l’histoire de notre ville-Région.
Les communautés d’énergie comme moteur de la transition écologique
Par Vincent Spruytte, directeur chez Managimm, le syndic de la haute tour Amelinckx dans le Parc Vivès
Vincent nous a d’abord brièvement parlé de la tour elle-même avant d’aller se réchauffer dans les caves du bâtiment pour observer l’unité de cogénération. Nous avons ensuite eu droit à une vue imprenable sur son toit et, malgré le brouillard dense, nous avons pu observer la Tour du Midi au loin.
Le grand problème des tours datant de l’après-guerre réside dans leurs coûts élevés de rénovation et d’entretien. Les copropriétés pas toujours fortunées ne permettent pas facilement de procéder aux travaux nécessaires pour maintenir ces immeubles debout et de faire face aux défis climatiques actuels. Vincent, syndic motivé et dynamique, nous a parlé avec énormément d’enthousiasme d’une solution trouvée dans cette tour en périphérie d’Anderlecht.
Le bâtiment en question est une tour de 27 étages avec 450 appartements. La communauté d'énergie mise en place dans ce bâtiment a été le fruit d'un processus réglementaire long et complexe. Il a fallu tout d'abord retranscrire et appliquer une directive européenne dans la loi régionale bruxelloise, ce qui a été fait en avril 2022.
La résidence a mis en place une unité de cogénération dans sa cave qui permet une production simultanée de chaleur et de courant. Cette cogénération est alimentée par du gaz de ville qui actionne un alternateur, lequel tourne pendant environ 6 000 heures sur les 8 700 heures d'une année. L’installation a été acquise via un tiers investisseur qui est remboursé grâce aux certificats verts de la région. Cette cogénération fonctionne depuis décembre 2018 et produit environ 1,2 million de kWh/an, ce qui couvre une grande partie des besoins annuels de la résidence. Environ 200.000 kWh concernent les communs dans lesquels on compte 11 ascenseurs, l'éclairage des couloirs, la chaufferie, les pompes de circulation, la porte de garage, etc. Les kWh restant sont revendus au réseau, et depuis janvier 2022, aux habitants Membres de la communauté d’énergie.
L'objectif des communautés d’énergie n'est pas de redistribuer l'argent qui arrive sur son compte, mais plutôt de le réinvestir dans la rénovation du bâtiment.
Ainsi, la copropriété a pu réaliser des investissements importants depuis l’installation de la cogénération pour améliorer sa performance et production énergétique. En 2022, une éolienne en phase test a été installée sur le toit, en 2023 ce ne seront pas moins de 24 éoliennes de toit qui profiteront des vents ascendants. Des panneaux solaires seront prochainement installés sur les balcons orientés sud. Le syndic étudie également la possibilité d’installer une batterie à grande capacité pour faire correspondre la production et la consommation.
La copropriété est un lieu où la mise en place d'une communauté d'énergie peut s'avérer difficile sans le soutien et la participation du syndic. En effet, les copropriétaires sont demandeurs mais ont besoin que le syndic vienne avec le projet, l'explique, et s’occupe de la centralisation des informations. Dans le cas présent, seulement 150 des 450 copropriétaires ont adhéré à la communauté d’énergie et ce malgré les avantages évidents que cela représente comme les économies sur sa facture d'énergie et la réutilisation des fonds versés à la copropriété. La rénovation des pignons a été citée comme exemple. Celle-ci comprend l'isolation et la pose des panneaux solaires mais il a été difficile de faire comprendre aux copropriétaires que même si un voisin bénéficiera à priori plus de l’isolation d’un côté, il est nécessaire d'isoler tous les pignons pour obtenir une véritable enveloppe isolée.
Il est important de noter que la réplicabilité de ce type de projet peut être étendue à d'autres endroits. Une petite copropriété de 100 appartements peut déjà accueillir une cogénération. Par ailleurs, il n'est pas nécessaire d'avoir un immeuble de 27 étages pour profiter des vents ascendants. Cela dépendra plus du contexte urbain et l’orientation du bâtiment. La difficulté réside dans la recherche d'un gestionnaire qui accepte de faire le travail de sensibilisation, administratif, etc. et les syndics semblent être moins réceptifs à l'idée de la CE.
Un participant a demandé si l’argent public était encore nécessaire pour que ce soit rentable puisque la Région réduit la vanne des subsides petit à petit. Vincent a expliqué que les subsides n’étaient plus nécessaires depuis la directive européenne. Les subsides sont par contre plus élevés à Bruxelles que dans les autres régions pour motiver les habitant·es à investir dans le renouvelable puisque les copropriétés présentent souvent un frein pour le développement plus rapide de la production locale d’énergie renouvelable.
Conclusion
Le Park System à Anderlecht est le témoin d’une volonté politique d’urbaniser la ville en s’assurant que ses différentes fonctions s’y retrouvent de manière équilibrée. D’autres ensembles similaires peuvent se trouver à Ganshoren ou à Jette mais aucun ne couvre une superficie comme celui-ci. C’est à travers la maitrise du foncier et la poursuite d’une vision que la commune d’Anderlecht a réussi à créer ce maillage d’espaces verts qui accueille des équipements et une diversité de logements en son sein.
Si les conditions de vie aux alentours et dans le Park System offrent un accès rapide à un réseau espaces verts et des équipements collectifs à celles et ceux qui y vivent, les défis auxquels font face les habitant·es sont pareil qu’ailleurs dans la Région.
Et ce particulièrement dans les grandes copropriétés comme celle visitée dans le cadre de notre visite. Les circonstances socio-économiques difficiles au sein des copropriétés ne permettent pas de facilement et rapidement rénover ces immeubles au bâti vieillissant.
Le syndic proactif du Marius Renard 27 a permis sur l’espace de quelques années de monter une structure permettant de financer la rénovation partielle de cette tour de logements. De nouveaux investissements financés par les revenus générés par la communauté d’énergie rendront la copropriété encore plus autonome énergétiquement et, à terme, d’être reliée à d’autres bâtiments dans les environs.
Loin d’être exemplaires sur tous les fronts, ces tours offrent tout de même une certaine qualité de vie à leurs habitant·es grâce à l’accès direct aux espaces verts environnants, la terrasse privative bien orientée, l’isolation acoustique lorsque ces travaux ont été réalisés ou encore le fait d’avoir 2 à 4 chambres. Elles font également partie intégrante du patrimoine de la deuxième couronne bruxelloise. Il nous semble donc essentiel de prendre exemple sur le cas d’étude à Marius Renard pour accélérer la rénovation du bâti d’immeubles similaires, publics ou privés, en Région de Bruxelles-Capitale et atteindre nos objectifs climatiques de réduction des gaz à effets de serre.
Un grand merci à Urban, tous les participants et participantes, habitants et habitantes et aux intervénants qui ont nous inspiré!
Benjamin Delori
Un grand merci à Elise Beke (géographe) et Martin Binon (jurist) du Departement Eau de Bruxelles Environnement, Amandine Tiberghien de Natagora, Tim Van Cauwenberghe de la Coordination Senne, Patrick Panneels d’Ecotechnic et Etats Generaux de l’Eau à Bruxelles (EGEB) et Pieter Elsen de Canal It Up pour leurs contributions.
En ce qui concerne les prochaines étapes : Lieselotte, la responsable de l'environnement et de la mobilité du BRAL, a rédigé une réponse au plan de gestion de l'eau péliminaire, ce que vous pouvez trouver en annexe (en néerlandais). Vous pouvez également trouver la présentation (NL + FR) de Bruxelles Environnement en pièce jointe.
Tout ça afin que vous ayez le temps de rédiger votre réaction. Il peut s'agir d'un simple copier-coller de ce que nous avons écrit, ou vous pouvez l'adapter à ce qui vous semble important.
Les enquêtes publiques sont un droit important des habitants de Bruxelles. Nous vous encourageons donc à y répondre vous aussi !
L'enquête publique sur ce sujet est en cours jusqu'au 30 avril. Le résumé non technique est disponible ici.
Participez à l’Enquête publique jusqu’au 30/04/2023 :
- Par la poste :
« Plan de gestion de l’eau 2022-2027 - EP », Bruxelles Environnement
Site de Tour et Taxis
Avenue du Port 86C/3000
1000 Bruxelles
- Par e-mail à l’adresse :
eau_water@environnement.brussels. Votre réaction nous intéresse aussi, donc n'hésitez pas à mettre info@bral.brussels en CC.
Réaménagement du Quartier Nord : le passé se répète-t-il ?
Des citoyens schaerbeekois soucieux de l’avenir du quartier Nord, soutenus par IEB et le BRAL, déposent une interpellation citoyenne au Conseil Communal du mercredi 26 avril. Cette interpellation citoyenne dénonce le projet de modification du Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS) englobant la gare du Nord. Elaboré sans aucune forme de participation citoyenne, ce projet ressemble davantage à un cadeau aux propriétaires privés du site qu’au développement d’une vision pour l’aménagement futur du quartier. Et fait étrangement écho aux déboires du Plan Manhattan des années 60 et 70.
Conception opaque taillée sur mesure
Jusqu’en 2019, la Région était copropriétaire à majorité publique du Centre de Communication Nord (CCN). Le bâtiment, qui accueillait l’administration régionale, est désormais la propriété des groupes privés Atenor et AG Real Estate. Suite à un concours d’architecture privé lancé par le consortium, une demande de permis est introduite avant l’été 2022 pour la construction de quatre tours sur le site du CCN. Quelques mois plus tard, en novembre 2022, une demande de modification du PPAS encadrant la même zone est introduite par la commune de Schaerbeek et le scénario préférentiel retenu autorise justement la construction de quatre tours pouvant atteindre 110m de haut sur le socle existant du CCN ! Les citoyens et les associations se demandent si on doit comprendre que cette très forte densité, allant bien au-delà de ce qu’autorisent les règles urbanistiques classiques, a donc été décidée à huis clos entre acteurs publics et privés lors de la vente du CCN.
C’est ce que laisse en tous cas penser le rapport d’incidence environnemental du projet. Alors que le bureau d’étude en charge du dossier recommandait de diminuer la densité prévue sur le site pour limiter les effets néfastes sur le quartier, le dernier PV du Comité d’accompagnement stipule que « des choix stratégiques et accords préalables n’ont pas permis de suivre certaines recommandations du chargé d’études ». Selon les citoyens et associations, la vente d’un bâtiment détenu publiquement au privé est un véritable aveu d’échec pour la Région. Elle avait pourtant toutes les cartes en main pour redévelopper ce site stratégique afin d’en faire un pôle multimodal autour de la gare du Nord et d’apporter les espaces publics et équipements collectifs dont le quartier a tellement besoin.
Écrasement de la gare, des passant·es et des habitant·es
Le quartier Nord mérite mieux que de subir encore les méthodes du passé ayant marqué le quartier depuis les dérives du Plan Manhattan dans les années ‘60 et ‘70. Il est totalement irresponsable de laisser entre les mains du privé le réaménagement d’une zone aussi stratégique que celle de la gare du Nord. Les riverains, déjà fortement impactés par les travaux de reconstruction des tours WTC, ainsi que les dizaines de milliers de voyageurs qui passent chaque jour sur le site ont besoin de projets clairs, cohérents et respectueux. Il faut doter le quartier Nord d’une véritable vision et celle-ci se doit d’être en décalage avec le côté inhumain et monofonctionnel de l’actuel centre d’affaires. Dans cette optique, la construction de quatre nouvelles tours allant jusqu’à 110m de haut et comportant a minima 40 % de bureaux ne peut être une option acceptable.
Les habitants et associations demandent donc au conseil communal de revoir en profondeur l’actuel projet de modification du PPAS pour se doter d’un plan capable de répondre aux enjeux sociaux, environnementaux, patrimoniaux et de mobilité que représente la gare du Nord et ses abords.
Contacts presse
- Résidence Nord (FR) : Fabian Stévenne – 0486 40 05 89
- Résidence Nord (FR/NL) : Arnout Pauwels – 0476 03 88 62
- Inter-Environnement Bruxelles asbl (FR) : Martin Rosenfeld – 0476 38 88 34
- BRAL vzw (FR/NL) : Benjamin Delori – 0471 47 42 72
L'Eau dans la ville?
Dans le Plan de gestion de l'eau 2022-2027, on peut lire : "en raison des changements climatiques, on peut s'attendre à davantage de précipitations en Europe, avec des précipitations particulièrement courtes et extrêmes, un climat pluvieux toute l'année, un climat plus chaud en toutes saisons, une diminution de la recharge des nappes phréatiques, avec une baisse de la nappe phréatique moyenne de près d'un mètre d'ici 2100[1]." Dans la présentation de Bruxelles Environnement, nous avons vu des graphiques montrant des projections de précipitations, d'évaporation et de remplissage des nappes phréatiques, ces dernières donnant une légère tendance à la baisse pour les 75 prochaines années.
Bruxelles est construite sur des marais - d'où notre nom "Broek-zele", la colonie sur le marais. Si le canal est le cours d'eau artificiel le plus connu, la Zenne, le Maelbeek, la Woluwe et le Molenbeek sont les plus grands cours d'eau naturels. Ces cours d'eau ont créé des vallées qui présentent le plus grand risque d'inondation. On le voit bien sur la carte avec les interventions des pompiers pour les inondations résidentielles. Il est donc encourageant que la coopération avec safe.brussels soit renforcée.
Nous avons également reçu le tableau de l'état actuel de la qualité des eaux de surface, où le rouge - "mauvais" prédomine, seuls les polluants spécifiques dans la Woluwe ont été étiquetés "bons". Vous pouvez lire la présentation complète ci-jointe.
Le plan de gestion de l'eau 2022-2027 compte pas moins de 800 pages et repose sur huit piliers :
- les eaux de surface,
- les eaux souterraines,
- zones protégées,
- l'eau abordable,
- le changement climatique,
- l'eau dans l'environnement,
- ressources en eau,
- la coordination des politiques et le partage des connaissances.
Une réponse cocréative
Comme nous ne sommes pas nous-mêmes des experts en la matière, nous avons invité le 19 avril un certain nombre d'acteurs du paysage bruxellois à donner leur avis et à lancer la discussion. Grâce aux contributions critiques mais constructives d'Amandine Tiberghien de Natagora, de Tim Van Cauwenberghe de Coordination Zenne, de Patrick Panneels d'Ecotechnic, de l'EGEB, de Super Terram, ... et de Pieter Elsen de Canal It Up, nous avons pu rédiger notre réponse.
En bref :
Le plan de gestion de l'eau 2022-2027 est actuellement en cours sans approbation, couvrant à peine six ans. Comme la qualité de l'eau doit être bien meilleure, nous devons en fait nous projeter plus loin dans l'avenir. À Copenhague, par exemple, le plan de gestion des tempêtes est prévu pour les 20 prochaines années.
Bien que ce plan soit assez holistique, nous insistons sur le fait que les mesures sociales et écologiques peuvent être mieux combinées - par exemple, nous demandons une attribution automatisée de l'allocation sociale. Un plan transversal nécessite également une coopération transversale entre les acteurs avec et sans connaissances. Cela nécessite de nombreux cafés autour d'une table avec tous les acteurs concernés afin de planifier et d'exécuter les projets le mieux possible et de faire appel à des hydrologues supplémentaires pour partager leurs connaissances. Les fréquents hommes rouges - le symbole qui indique un manque de personnel - nous incitent à plaider pour des ressources et une main-d'œuvre suffisantes.
Le plan a besoin des municipalités pour réussir, alors qu'il ne fait que présumer de la bonne volonté de ces dernières. Un retour en arrière sur le Plan régional de mobilité ? Ce n'est pas seulement l'engagement des communes qui est nécessaire, mais aussi l'implication des Bruxellois dans sa mise en œuvre qui est nécessaire pour l'acceptation du plan et pour augmenter ses chances de succès. Malheureusement, le plan ne fixe pas d'objectifs quantifiés à ce qu'il vise à atteindre, de sorte que son succès sera difficile à évaluer. Par exemple, aucun chiffre n'est associé à la réduction des débordements que l'on souhaite atteindre.
Relation avec l'aménagement du territoire
La Région de Bruxelles-Capitale, on le sait, est aujourd'hui un territoire urbanisé : les deux tiers de la Senne sont voûtés et 47 % du territoire sont couverts. Plus de 50 % des espaces ouverts sont compactés. Il s'agit de zones très fréquentées comme les parcs ou les zones bâties. Le sol bruxellois régule le cycle de l'eau grâce à l'infiltration. Les zones pavées sont plus exposées aux inondations[2].
Cette forte couverture et ce durcissement de notre sol nous rendent vulnérables à la chaleur et aux inondations. Il est donc nécessaire de créer de l'espace pour l'eau à partir d'une vision globale et spatiale.
Nous saluons l'inclusion de la gestion intégrée de l'eau dans le plan, malgré l'absence de projets concrets. Nous craignons que l'accent soit mis sur les bassins d'orage et que la gestion intégrée des eaux de pluie soit laissée de côté. Nous plaidons pour l'ajout plus explicite de la gestion intégrée de l'eau avec la participation et la co-création, car les questions explicitement écrites ont une bien meilleure chance d'être mises en œuvre.
Nous mettons en garde contre une approche fragmentée. Certains instruments de planification tels que le Plan Régional d'Aménagement du Territoire (PRAS) et le Code de l'Aménagement du Territoire de Bruxelles (BWRO) n'ont pas été suffisamment pris en compte dans ce plan. Ces réformes, qui sont maintenant en cours, devraient mieux faire partie de ce plan.
La préoccupation va également dans l'autre sens : aujourd'hui, l'eau n'est pas suffisamment prise en compte dans ces instruments de planification et l'on pourrait être encore plus ambitieux en ce qui concerne l'eau. Le plan de gestion de l'eau dépend de la mise en œuvre d'autres plans tels que l'ordonnance sur le développement urbain régional.
La question clé reste de savoir ce qui peut être rendu juridiquement valide avec ce plan, quel est son pouvoir ? Nous espérons tous que l'importance de l'eau dans la ville et l'intérêt qu'elle suscite pourront s'accroître.
C'est pourquoi, malgré la taille et l'exhaustivité du plan, nous souhaitons que certaines choses soient clarifiées, ajustées et intégrées. Vous pouvez lire notre réponse complète en annexe.
Il y a un ans, nous avons envoyé une enquête sur la rénovation urbaine et la gentrification. Merci aux 27 membres qui ont pris le temps de remplir l’enquête ! Nous vous présentons aujourd’hui les résultats.
Les réponses nous ont donné une image plus claire sur plusieurs choses. Nous savons à présent que les membres qui ont répondu, savent de quoi ils et elles parlent. Les répondant·es trouvent la position du BRAL autour de la rénovation urbaine et la gentrification assez claire, bien que pour une partie importante, on pourrait encore l’affiner. Et les répondant·es ont envie d’assister ou participer à des activités sur les deux thèmes.
Grâce à leurs réponses, nous nous sommes mis au travail. La première activité sera une visite à Gand le vendredi 9 juin sur le logement, les luttes sociales et les déplacements dans le cadre de notre cinquantième anniversaire. Vous pouvez vous inscrire ici. Vous pouvez vous attendre à un compte-rendu par après, comme toujours. Nous avons hâte de vous y voir.
Encore un grand merci aux membres pour leur collaboration !
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