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Plus de 24 000 arbres à hautes tiges disparus au cours des 5 dernières années et plus de 2 700 en danger aujourd’hui. 

L’analyse de la base de données OpenPermitsi révèle que, si l’on exclut les abattages effectués dans le cadre de la gestion de la Forêt de Soignes, plus de 62 000 arbres à haute tige ont disparu en 13 ans (plus de 24 000 au cours des 5 dernières années) et que, toujours selon ces mêmes données, seuls 3 254 arbres auraient été replantés sur la même période, ce qui paraît dérisoire. Des abattages massifs ont déjà eu lieu (comme les 500 arbres disparus du Parc de Woluwe en 2020) et d’autres sont aujourd’hui à l’instruction : à Bruxelles, 1 seule demande prévoit d’abattre 208 arbres, 109 à Watermael-Boistfort, 107 à Ixelles… en tout, près de 2 700 arbres supplémentaires devraient disparaître prochainement. 

iLa base de données OpenPermits reprend les demandes de permis d’urbanisme et d’environnement. L’analyse a été faite sur les données « arbres » de 2010 à 2022 et exclut les abattages liés à la gestion de la Forêt de Soignes. 

 

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Uccle, Bruxelles-Ville, Watermael-Boitsfort, Woluwe Saint-Pierre championnes des abattages. 

Si Uccle reste une des communes les plus vertes, elle est aussi une des plus affectées par les abattages : 14 635 arbres depuis 2010. Bruxelles-Ville (à l’inclusion de Laeken) : 12 400, Watermael-Boitsfort : 5 466, Woluwe Saint-Pierre : 5 141 (pour 1 881 permis d’abattage). On abat, la plupart du temps, sous la pression des pouvoirs publics, en zones encore boisées. La Ville de Bruxelles s’est dotée d’un « plan canopée », Ixelles, d’un « plan arbres », d’autres communes prennent individuellement des initiatives liées aux arbres… pourtant, le constat est sans appel : malgré la motion d’urgence climatique votée par toutes les communes, depuis 2019, plus de 3 000 permis d’abattage ont été délivrés, dont 25 % par Urban : la Région de Bruxelles Capitale, en perdant ses arbres, perd de son "vert" et un précieux allié dans la lutte climatique. 

 

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22 institutions gèrent indépendamment les arbres bruxellois : ce labyrinthe administratif menace directement le patrimoine arboré de la capitale 

Pour établir un bilan « arbres » de la Région de Bruxelles capitale (nombre d’arbres vivants, abattages, replantations…), il faut s’adresser à 22 institutions : les 19 communes (espaces verts et voiries communales), Bruxelles Environnement (parcs et espaces verts régionaux), Bruxelles Mobilité (voiries régionales) et Urban (arbres remarquables) qui ne mettent pas leurs données en commun. En réponse à l’absence d’une cartographie centralisée des arbres vivants, disparus ou menacés, une initiative citoyenne contributive a été lancée récemment par IEB : arbres.cartobru.be. Mais ce n’est pas suffisant et il appartient au pouvoir public de la réaliser. 

En l’absence d’un cadastre des arbres régional, les communes et la Région prennent leurs décisions d’abattage à l’aveugle 

Si Bruxelles Environnement met pléthore d’outils en ligne (surtout cartographiques) établissant un état des lieux, ces outils ne permettent pas d’en apprécier l’évolution. Bruxelles Mobilité ii 2informe de son activité par voie de communiqués de presse : nombre d’arbres en gestion et plantations… mais rien sur les abattages. Par conséquent, les décisions d’abattages prises par les communes et par la Région se prennent à l’aveugle. Cet intolérable mille-feuille administratif augmente la vulnérabilité des arbres en ville

Les arbres de Bruxelles Capitale en danger - Chiffres-clés

  • 62 268 arbres à haute tige admis à l’abattage de 2010 à 2022. Plus de 24 000 arbres à haute tige disparus au cours des 5 dernières années et plus de 2 900 en danger aujourd’hui. (source)
  • Les communes les plus concernées par les abattages sont Uccle (14 635 arbres), Bruxelles Ville/Laeken (12 400 arbres), Watermael-Boitsfort (5 466 arbres), Woluwe Saint-Pierre (5 141 arbres), Anderlecht (3 679 arbres) et Auderghem (3 274 arbres) (source)
  • Avec pour conséquences, en 13 ans : 3,2 km² de zones de chaleur supplémentaires créées en ville (1 arbre à haute tige = 50 m² de canopée) (source)
  • et un déficit théorique cumulé sur 13 ans de 2,9 mégatonnes d’oxygène en moins 
    ​ (1 arbre à haute tige = a minima 10 kg d’oxygène produit par jour). (source)
  • 22 institutions gèrent les arbres de la Région : ce labyrinthe administratif menace directement le patrimoine arboré de la capitale.  

25 ans est le temps nécessaire à un jeune arbre replanté pour produire les mêmes bénéfices qu’un arbre à haute tige. Trop tard au rythme du changement climatique. (source Francis Hallé, Du Bon usage des arbres, p.43)

 

Un jeune arbre planté met 25 ans à produire les mêmes bénéfices qu’un arbre à haute tige. Trop tard au rythme du changement climatique 

La Région annonce 21 000 arbres et arbustes plantés en 2021… Les pouvoirs publics avancent souvent que la (re)plantation compense les abattages : rien n’est moins vrai. Décider d’abattre un arbre, c’est se priver immédiatement des nombreux bénéfices qu’il procure sur le temps long : bienfaits sur la santé mentale, ombre, fraîcheur par évapotranspiration, limitation des vents froids, absorption de 25 kg de carbone par arbre par an, production de 10 kg d’oxygène par arbre par jour, rétention d’eau… ce qu’un arbre nouvellement planté, s’il survit, mettra 25 ans a minima à restituer. Sans compter leur rôle essentiel dans l’embellissement du paysage urbain, les arbres sont indispensables au maillage vert et au maintien de la biodiversité en ville puisqu’ils offrent des abris aux animaux. 

Signataires :  

HELP4Trees, IEB, Bruxelles nature, Fondations pour la vallée de Neerpede et du Vogelzang, Fondations pour la Nature et la Biodiversité à Bruxelles🌿, ​ Save Bergoje Trees, We Are Nature (WAN), Save Donderberg, ​ QuartierWielsWijk, asbl Marais Wiels Moeras, CPN Brabant, CEBE, ACQU 

Le projet Move’Hub mis à l’enquête publique est le résultat d’une longue saga urbanistique entamée en 2010. En 2021, suite à de nombreux échanges entre les administrations et les promoteurs, un accord est trouvé sur un scénario privilégiant un programme sans tour. Or, force est de constater que le scénario mis à l’enquête publique préserve une tour de 18 étages (77 m de haut). 

Le projet sur la table ne respecte pas les balises du gouvernemen

En mars 2023, le gouvernement régional s’est doté de balises pour encadrer les projets immobiliers autour de la Gare du Midi suite à la mise au frigo du projet de PAD Midi. Ces balises prévoient que les projets à venir doivent être conformes au Règlement Régional d’Urbanisme (RRU) et éviter les nuisances potentielles que pourraient créer des bâtiments élevés (vent, ombrage, effet canyon). Selon les mêmes balises, l’îlot Tintin ne doit pas contenir de tours/immeubles plus hauts que les hauteurs du quartier. Or, exception faite de la Tour du Midi (150 m), on descend rapidement à des bâtiments de l’ordre de 10 étages (30 m) et il faut se rendre à plus de 500 m (dans les Marolles, quartier de la Querelle) pour trouver des bâtiments de 20 étages. Autrement dit, le projet Move’Hub n’est pas dans les clous. 

Autre entorse aux balises : le projet ne prévoit pas le moindre logement social alors que les lignes directrices stipulent qu’un objectif de 25 % de logements sociaux et assimilés doit être soutenu par Urban dans les projets d’une certaine ampleur. Move’Hub qui atteint 54.500 m² de superficies construites, ne prévoit que du logement Citydev, certes public mais nullement social. Il s’agit de logements acquisitifs qui repartiront totalement et sans contrainte de prix sur le marché privé après 20 ans.    

Rater la rare opportunité de créer un parc dans le quartier 

Nous sommes dans un quartier terriblement dense (20.400 habitants/km² selon le Monitoring Quartier 2022 contre une moyenne régionale de 7.527 habitants/km²) et le projet vient encore doubler la densité du site par rapport à son ancienne affectation (anciens ateliers et bureaux). Les espaces verts sont inexistants et le périmètre du PAD Midi est déjà imperméabilisé à 95 %. Dans son avis du 17 mars 2022 sur le PAD Midi, la Commission Régionale de Développement (CRD) insistait dès lors sur la création d'un espace vert suffisamment grand comme pendant indispensable à la densification du quartier. Elle demandait d’examiner les possibilités de créer un parc accessible et de taille suffisante. 

L’aménagement proposé crée certes un espace vert mais il est limité à 2.658 m² dont seulement 1.584 m² de pleine terre. Il sera totalement enserré à l’intérieur de l’îlot et entièrement privatif. Tandis que la parcelle de plus de 9.000 m² du projet sera imperméabilisé à 83 % ! 

Faut-il rappeler que lors des discussions autour du PAD Midi, le Conseil de l'Environnement de la Région bruxelloise (CERBC) a pointé cet îlot comme possédant un potentiel pour y créer un parc bien configuré et accessible. Selon lui, l’îlot Tintin est tout à fait adapté à la création d’un espace vert bénéficiant à la fois aux habitants du quartier et aux usagers de la gare. 

L’étude d’incidences du projet ne dit pas autre chose : « un parc serait cohérent avec le concept de gare habitante et avec le développement régional du maillage vert. Il pourrait s’inscrire dans la continuité verte que le projet de PAD Midi ambitionne » (p. 174). « Il permettrait d’arriver à une situation plus favorable sur le plan de la biodiversité puisqu’elle maintiendrait un espace de pleine terre en intérieur d’îlot. Celui-ci autoriserait l’implantation de davantage d’arbres (et d’espèces) sans contrainte liée à l’enracinement. » (p. 401) « Cette alternative aurait un impact positif sur l’ensoleillement dans le quartier et sur le facteur de vue du ciel du fait de l’absence de constructions. En comparaison au projet, cette alternative jouerait un rôle positif dans la lutte contre l’échauffement urbain en diminuant l’effet d’îlot de chaleur. » (p. 437). En réalité, les points négatifs de cette alternative sont liés au caractère privé du site et non au parc en lui-même. 

C’est pourquoi, le collectif des habitant.es Midi Moins Une !, IEB, le BRAL, le CRU et l’ULAC demandent : 

  • la création d’un parc public d’une taille digne de ce nom au bénéfice des habitants et de tous les usagers du quartier. 
  • à défaut : le respect des lignes directrices de mars 2023 et donc la limitation des gabarits aux prescriptions du RRU et l’intégration de 25 % de logements sociaux dans le projet. 

Le prolongement du métro de la ville de Bruxelles vers les communes de Schaerbeek et d'Evere, avec la construction d'un tunnel de 5 km et de 7 nouvelles stations, fait à nouveau l'objet d'une enquête publique. Lors de la précédente enquête publique, en mars 2022, les remarques et objections ont été si nombreuses que la Commission de concertation a décidé que Beliris et la STIB devaient revoir fondamentalement leurs plans, notamment en ce qui concerne la surface.  

Ces plans modifiés sont maintenant présentés au public. Notre première analyse montre que les changements concernent principalement la construction en surface autour des stations de métro. Il n'y a donc pas eu de révision fondamentale du projet de métro lui-même. 

Formellement, l'enquête publique a débuté le 15 janvier 2024. Mais les plans étaient déjà consultables sur le site de metro3 (www.metro3.be)  depuis la mi-novembre. Beliris et la STIB répondent ainsi quelque peu aux critiques émises lors de la précédente enquête publique, où les citoyens et les associations avaient dû se pencher sur un dossier de plus de 7.000 pages.  

Cette nouvelle demande de permis intervient alors que la permis du métro du Palais du Midi est remise en question et que le financement de l'extension par la Région n'est toujours pas clair. 

L’enquête publique se déroule du 15 janvier au 13 février 2024. Vous pouvez trouver plus d’infos sur https://metro3.be/fr/enquetepublique2024 . Vous devriez également pouvoir trouver les informations sur le site OpenPermits. 

Attention, il faut réagir à la demande du permis d’urbanisme de Beliris par les communes impliquées :  

Contact: Tim Cassiers, collaborateur mobilité et qualité de l’air