Synthèse de la journée de réflexion: plans de circulation en milieu urbain: quelles suites?

25/08/2023
Aperçu Synthese denkdag circulatieplannen
Aperçu 2023 Denkdag circulatieplannen Good Move
Aperçu Denkdag Circulatieplannen Ayanda Collins Islington London
Aperçu 2023 Denkdag circulatieplannen rondetafel
Aperçu 2023 Denkdag circulatieplannen rondetafel 2

Cette journée d’étude a été organisé par BRAL, le Brussels Studies Institute (BSI), Clean Cities Campaign (CCC) et Heroes for Zero (H4Z). Elle a réuni des chercheurs et chercheuses, des membres d'associations, de bureaux d’études et d'administrations – parmi lesquelles Bruxelles Mobilité dont une partie de l’équipe a participé à l’entièreté de la journée –, des citoyens et citoyennes, et des étudiant.es. Le grand nombre des personnes qui ont participé, les échanges intéressants et les contacts amicaux qui se sont noués ce jour-là ont montré que cette journée répondait à un besoin partagé par une large majorité des participant.es. Cette synthèse a vocation de partager les productions et réflexions de cette journée, et d'y donner suite par des actions qui répondent aux questions soulevées et capitalisent sur la dynamique qui s’est mise en place.

A l’origine de cette journée se trouve la publication “Le quartier apaisé, 7 principes pour les plans de circulation”, rédigée et publiée par BRAL, CCC et H4Z, sur base d’une étude commandée à TML (Transport & Mobility Leuven). La publication consiste de sept principes organisationnels qui, selon ces organisations, sont nécessaires pour que les plans de circulation fassent la différence. Vous pouvez trouver la publication ici

Ces 3 organisations ont ensuite contacté le BSI pour mettre leur publication en discussion critique avec les académiques et les acteurs et actrices de terrain. Suite à une première rencontre début décembre 2022 avec des académiques des 5 universités du réseau BSI (ULB, VUB, USL-B, KU Leuven, UClouvain), ont émergé les 5 thèmes clés qui devaient être discutés durant la journée de réflexion :

  1. Echelle
  2. Sociologie des quartiers et des usages
  3. Transition
  4. Participation et gouvernance
  5. Communication et narratif

Cette journée de réflexion avait 3 intentions principales :

  • rassembler des acteurs et actrices qui s'impliquent dans la question des plans de circulation
  • poser un cadre théorique tout en mobilisant des expériences concrètes
  • apprendre des expériences préalables (GoodMove et autres)

Résultats attendus de la journée :

  • identifier des questions, pour leur apporter des réponses, aujourd’hui ou plus tard
  • mettre en évidence des pratiques à déployer/tester, ou des besoins concrets auxquels répondre (méthodologie…)
  • initier un processus, des nouvelles collaborations, pour ouvrir de nouvelles perspectives à court ou moyen terme (projets de recherche, recommandations, commande d’études…)

Cette journée a rassemblé 100 personnes qui ont participé et contribué :

  • 31 membres d'administrations publiques (communes, Région, Bruxelles Mobilité)
  • 28 membres d'associations (mobilité, urbanisme)
  • 16 académiques (enseignants, chercheurs)
  • 9 praticiens (bureaux d’étude…)
  • citoyens et citoyennes, étudiant.es…

Les participants avaient fait part de leurs attentes pour cette journée :

verwachtingen denkdag

En terme de méthodologie, la journée a été découpée en 2 parties :

  • une matinée de plénière visant à poser les cadres et les enjeux de la journée. D’une part par le biais de keynotes présentant différentes programmes de politiques publiques et leurs réalisations concrètes ; d’autre part au moyen de pitches de 10 minutes donnés par des chercheurs et chercheuses du réseau BSI, avec l’objectif de donner des cadres conceptuels et méthodologiques pour outiller les participant.es au sujet des 5 thèmes clés.
  • une après-midi au cours de laquelle les participants ont pris part à l’une des 5 tables de discussion en parallèle, chacune portant sur l’un des 5 thèmes clés. À chacune des tables étaient présents 1–2 experts du pratique de terrain, 1 expert académique (qui avait donné le pitch sur le sujet le matin), 1 membre de Bruxelles Mobilité qui présentait, pour certaines tables, un cas précis bruxellois, et une quinzaine de participants (assos, administrations, société civile…). Les discussions étaient encadrées par un modérateur ou une modératrice.

Programme de la matinée

Keynotes

  • Dirk Engels (Transport & Mobility Leuven) Les quartiers apaisés, éléments constitutifs d'un paysage urbain agréable et fonctionnel | Leefwijk als onderdeel van een aangenaam en functioneel stadslandschap 
  • Marie-Charlotte Debouche (Clean Cities Campaign ) De leefwijk, 7 principes voor circulatieplannen | Le quartier apaisé, 7 principes pour les plans de circulation
  • Bruno van Loveren (Bruxelles Mobilité) Présentation de Good Move |Presentatie van Good Move
  • Ayanda Collins (Islington) People-friendly streets à Islington, Londres| People-friendly straten in Islington, Londen

Pitches

  • Thérèse Steenberghen (KULeuven, SADL) Transitiepaden | Voies de transition
  • Geoffrey Grulois (ULB, LoUIsE) & Claire Pelgrims (Université Eiffel ; ULB, LoUIsE) Echelle | Schaal
  • Emmanuelle Lenel (USL-B, CASPER & CESIR) Sociologie des quartiers et des usages | Sociologie van de wijken en van gebruiken
  • Eva Van Eenoo (VUB, Cosmopolis) Autogebruik door het perspectief van Social Practice Theory | L'utilisation de la voiture du point de vue de la Théorie des pratiques sociales
  • Olivier Paye (USL-B, CReSPo) Gouvernance et participation | Governance en participatie
  • Simon Bothof (VUB, Mobilise) Bereikbaarheid, reisgedrag en tevredenheid rond de uitbreiding van de Brusselse voetgangerszone | Accessibilité, comportement en matière de déplacement et satisfaction autour de l’extension du piétonnier de Bruxelles

L’ensemble des interventions de la plénière a été filmé et est visible en ligne, ainsi qu’une version pdf (FR, NL) des diapositives de chaque présentation ci-dessous.

 

Programme de l’après-midi

 

Thème de la table

Praticiens de terrain

Académique(s)

Modération

1. Echelle

loulia Pankratieva (Perspective.Brussels), Dirk Engels (TML)

Geoffrey Grulois (ULB)

Marie-des-Neiges de Lantsheere (Brussels Academy)

2. Sociologie des quartiers

Sophie Feyder (Heroes for Zero), Thyl Van Gyzegem (IEB),

Emmanuelle Lenel (USL-B)

Michel Hubert (USL-B)

3. Transition

Jean-Michel Bleus (ARAU), Lluis Martinez (Smarthubs)

Thérèse Steenberghen (KUL), Simon Bothof (VUB)

Bas De Geus (UCLouvain)

4. Participation et gouvernance

Marik Lahon (Pro Velo), Thibaut Philippe (BRAT)

Olivier Paye (USL-B), Eva Van Eenoo (VUB)

Marie-Charlotte Debouche (CCC)

5. Communication et narratif

Lotte Luykx (FCFA), Philippe Serruys (Imagine.brussels)

Claire Pelgrims (ULB)

Raf Pauly (BRAL)

Nous proposons ci-dessous une synthèse générale qui donne une esquisse des discussions, le lecteur pouvant accéder à des résumés plus exhaustifs pour chacune des tables dans des pdfs tout en bas.

Table 1 Echelle

Acteurs de terrain : Ioulia Pankratieva (Perspective.Brussels), Dirk Engels (TML) ; Académique : Geoffrey Grulois (ULB) ; Modération : Marie-des-Neiges de Lantsheere (Brussels Academy).

Les participants ont partagé la difficulté à définir l’échelle d’étude des quartiers, qui est par ailleurs renforcée par un morcellement des politiques d’intervention sur l’espace publique, ce qui rend souvent les changements difficiles. A contrario, certains éléments récurrents semblent jouer un rôle fortement structurant dans la mise en œuvre des plans de circulation : réseau viaire existant, transports en communs, fonctions sociales claires (p.ex. hyper-centres). Pour rassembler ces deux constats apparemment opposés, les participants s’accordent sur l’idée que s’il est nécessaire d’envisager la globalité de la Région dans les nouveaux plans, il ne faut pas essayer de trouver d’échelle unique sur les réalités diverses des quartiers : la ville à 10/15 minutes semble être un modèle de base intéressant à faire évoluer en fonction des contextes plus locaux, en essayant de créer des synergies encore peu exploitées entre les divers acteurs et plans d’actions sur l’espace public.

Table 2 Sociologie des quartiers

Acteurs de terrain : Sophie Feyder (Heroes for Zero), Thyl Van Gyzegem (IEB) ; Académique : Emmanuelle Lenel (USL-B) ; Modération : Michel Hubert (USL-B).

La discussion a mis en exergue la nécessité de mieux tenir compte de la diversité sociologique des habitants et des usagers des quartiers : leur rapport et leurs usages de l’espace public étant différents, la modification des plans de circulations ont aussi des impacts différents et inégaux (question de justice sociale). En outre, la rapidité du changement ou la perception différente de l’espace public peuvent être à l’origine de tensions plus ou moins importantes. Pour visibiliser et tenir compte de cette diversité socio-culturelle/économique, la participation apparait vraiment nécessaire lors de l’élaboration des plans mais aussi de leur mise en œuvre. En outre, l’implication de personnes outillées (sociologues, anthropologues, acteurs intermédiaires) et la mise en œuvre d’outils spécifiques permettraient de garantir une prise en compte de la diversité sociologique des quartiers.

Table 3 Transition

Acteurs de terrain : Jean-Michel Bleus (ARAU), Lluis Martinez (Smarthubs) ; Académiques : Thérèse Steenberghen (KUL), Simon Bothof (VUB) ; Modération : Bas De Geus (UCLouvain).

Les discussions ont mis en avant plusieurs thèmes importants en terme de transition vers une mobilité durable. D’abord la notion de temporalité, qui se manifeste aussi bien par le choc du déploiement parfois brutal des nouveaux plans de circulation, que par la tension entre la lenteur des procédures administratives bruxelloises et le calendrier politique de transition peu réaliste. Ensuite, la multiplicité des acteurs et institutions, qui ne doit pas empêcher de donner une direction claire, assumée et coordonnée dans la gestion de la mobilité, et dont la fragmentation pourrait être mise à profit pour tenir compte des contextes locaux. Enfin, la question de l’histoire singulière des habitants et des usagers, qu’il faut pouvoir accompagner tant leurs préoccupations quotidiennes peuvent sembler éloignées des ambitions en terme de changement de mobilité.

Table 4 Participation et gouvernance

Acteurs de terrain : Marik Lahon (Pro Velo), Thibaut Philippe (BRAT) ; Académiques : Olivier Paye (USL-B), Eva Van Eenoo (VUB) ; Modération : Marie-Charlotte Debouche (CCC).

Les participants à cette table – membres d’administrations communales, de bureaux d’étude – ont témoigné des difficultés qu’ils ont rencontrées lors de la mise en place de processus participatifs. Afin de répondre à cet enjeu, les discussions ont permis de définir 3 phases de mise en œuvre, chacune requérant une attention particulière pour améliorer la qualité de la dynamique participative. En amont, il est primordial de définir de manière claire et transparente le cadre de participation : motivations, contexte, “règles du jeu”… Lors de la mise en place du processus participatif, il faut disposer d’une gamme d’outils variés et adaptables au contexte, mais aussi de stratégies (acteurs intermédiaires, rôles des parties prenantes) garantissant une diversité du public participant. Enfin, une phase d’évaluation doit permettre de vérifier que le dispositif participatif remplit son rôle, ou d’ajuster le cadre pour améliorer ses effets.

Table 5 Communication et narratif

Acteurs de terrain : Lotte Luykx (FCFA), Philippe Serruys (Imagine.brussels) ; Académique : Claire Pelgrims (ULB) ; Modération : Raf Pauly (BRAL).

Le groupe autour de cette table a discuté des enjeux de scénarisation et de communication au cœur du changement des plans de circulation. Les participants ont d’abord discuté de la nécessité de créer un narratif général compréhensible (objectifs clairs) et avec une connotation positive sans être irréaliste (vocabulaire adapté, tension entre réalisme et rêve). En s’appuyant sur le travail de Imagine.Brussels, les participants ont discuté du potentiel des ateliers participatifs, cette démarche permettant de scénariser la mise en œuvre de nouveaux plans, tout en produisant des visuels qui sont à même de donner une vision concrète des politiques publiques. Par ailleurs, l’usage de phases tests  a aussi été discuté,  de leur fonction (tactical urbanism) et de leur usage comme dispositif critique pour explorer (collectivement) les limites et potentiels de scénarios.

Merci à tous les participants et participantes. A la prochaine fois !

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