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En mai, le BRAL a lancé une mini enquête pour interroger son réseau par rapport à la crise et ses effets, mais aussi le futur. Le silence est la grande expérience positive de cette crise, à côté de la diminution du trafic et de la pollution. Quelles actions peut-on mettre en place pour les maintenir ?

Malgré les moments difficiles, la crise sanitaire nous a permis de découvrir la vie et la ville sous un autre angle. Par le biais d’une courte enquête, le BRAL a interrogé son réseau sur ses expériences durant cette crise. Quels éléments ont été ressentis comme positifs pendant la crise sanitaire et devraient être conservés par la suite ? Quelles mesures et/ou initiatives personnelles sont nécessaires pour cela ?

A quelque chose malheur est bon

Le silence. Voilà l’élément qui a le plus marqué lors de cette période. En effet, la majorité des répondants estime que la réduction des nuisances sonores sous toutes ses formes (trafic automobile et aérien, son amplifié, etc.) est le grand point positif. Non loin derrière se trouve la diminution du trafic automobile, fortement appréciée car elle laisse place aux cyclistes et piétons, et accroit la sécurité routière. La meilleure qualité d’air n’est, elle aussi, pas passée inaperçue !

La nature a également repris ses droits et son importance, ainsi que la solidarité entre voisins et membres de la famille. Pour plusieurs répondants, la ville en général semblait plus apaisée, le rythme de vie moins frénétique. Le télétravail, malgré ses débuts difficiles, est finalement perçu comme une opportunité.

Sur le plan économique également, certaines expériences ont été positives : moins de publicité, moins de surconsommation. L’essentiel est revenu sur le devant de la scène, dans une ville où le sentiment d'espace était plus grand.

L’avenir, c’est ce que nous allons faire

Afin de maintenir ces points positifs, les répondants proposent diverses mesures et/ou initiatives personnelles à mettre en place.

Au niveau de la mobilité tout d’abord : il faut plus de place pour les modes actifs, afin que les Bruxellois.es continuent à se déplacer plus souvent à pied ou à vélo, et ce en toute sécurité. Il s'agit notamment de restreindre (voire d'interdire à certains endroits) la circulation automobile, mais aussi de promouvoir les moyens de transport écologiques.

Le trajet le moins polluant reste celui que l'on ne fait pas : le télétravail devrait donc avoir lieu plus souvent et plus facilement. Afin d'améliorer la sécurité routière, il convient de passer à une ville où la norme est de 30 km/h (et ici et là même de 20 km/h). Une taxe kilométrique est une autre mesure proposée pour réduire la pression automobile en ville.

Le trafic aérien doit diminuer, surtout la nuit, tandis que l'offre de transports en commun doit augmenter. Les voitures de société, elles devraient complètement disparaitre.

En outre, la biodiversité mérite plus de place dans la ville. Il y a une réelle demande pour plus d'espace public, de parcs et d’espaces verts. Le commerce local doit devenir une priorité et être soutenu tant par le gouvernement que par les consommateurs. La publicité devrait également être moins présente dans l'espace public.

Bruxelles selon le BRAL

A certains niveaux, la ville « corona » correspond à la ville « vision » du BRAL : une ville compacte et tournée vers la nature, à la mobilité alternative où les habitants consomment moins et plus localement.

Cette vision, devenue réalité pendant quelques semaines, semble avoir charmé plus d’un.e Bruxellois.e. Notre rêve semble plus que jamais à portée de main. En effet, depuis plus de 40 ans, le BRAL se bat pour une autre capitale via sa mission, ses projets en ses argumentaires. Aujourd’hui est l’opportunité idéale pour concrétiser ces propositions. Nous vous en présenterons d’ailleurs bientôt un vue d’ensemble. Stay tuned ! Si vous devenez membre, vous le recevrez en priorité !

Florence Lepoudre

Les voitures n’ont pas leur place dans le poumon vert de notre capitale. BRAL appelle tou·te·s les Bruxelloix·ses à signer la pétition en faveur d’une fermeture définitive du bois de la Cambre aux voitures. Celui-ci pourrait ensuite servir de modèle pour un Bruxelles à circulation apaisée, comme le prévoit le nouveau plan régional de mobilité Good Move.

Des citoyen·ne·s se mobilisent dans le but de garder les voitures à l’écart de leur bois. Ils·elles ont lancé une pétition et organisé une action en plein air. Lors de la crise liée au coronavirus, le grand public a pris goût à un bois sans voitures (voir aussi les résultats de notre mini enquête). Mais aujourd’hui, la Région, la Ville de Bruxelles et la commune d’Uccle font déjà machine arrière.

La pétition a en tout cas permis que la partie sud du bois de la Cambre reste fermée à la circulation tout l’été. Une solution définitive devra être trouvée par la suite. Ce qui signifie que les négociations dans les coulisses politiques battent déjà leur plein. Le moment est donc particulièrement bien choisi pour demander aussi la libération de la partie nord du bois. BRAL soutient sans réserve les auteur·e·s de la pétition, les voitures doivent être bannies du bois de la Cambre !

Nous vous invitons à signer la pétition et à en parler autour de vous. Battons-nous ensemble pour un Bruxelles nouveau et une circulation apaisée !

Un circuit de course à travers le poumon vert ?

En fait, c’est la logique même. Ce parc, où des milliers de Bruxelloix·ses viennent respirer chaque jour, est l’un des poumons verts de Bruxelles, et on ne fait pas passer des autoroutes urbaines dans ce type d’endroits. Au lieu du calme espéré, les Bruxelloix·ses doivent subir des nuisances sonores[1] et respirer un air pollué, sans compter qu’il est souvent difficile, voire impossible de passer d’une partie du parc à l’autre, sans même parler de la sécurité des piéton·ne·s et des cyclistes qui circulent le long d’une infrastructure conçue comme un circuit de course.

Good Move, une oasis après des années de désert

Dans le même temps, le bois de la Cambre peut devenir un modèle de ce que Good Move apporte à Bruxelles. Comme nous l’expliquions dans notre lecture du nouveau Plan régional de mobilité, ce plan nous fait miroiter des quartiers à circulation apaisée : le trafic de transit doit être cantonné sur les axes principaux afin de libérer de la place dans les quartiers au profit des espaces publics, des piéton·ne·s et des cyclistes. Le bois de la Cambre compte au nombre des endroits où cette vision peut être déployée. La circulation locale en est totalement absente. Si bien que rien n’empêche de le transformer en une grande zone sans voitures où les Bruxelloix·ses pourraient venir prendre l’air et où la faune et la flore[2] auraient toute leur place.

Créé au 19e siècle comme lieu de détente pour la bourgeoise, ce parc boisé s’est transformé en un gigantesque carrefour autoroutier à l’époque du tout à l’auto. Ses avenues sont devenues de larges autoroutes qui voyaient passer toute une partie de la circulation automobile dans le sud-est de Bruxelles. En effet, les arbres ne sont pas en mesure de se plaindre, contrairement aux commerçants de la chaussée de Waterloo.

Lors de la crise liée au coronavirus, la Ville de Bruxelles a fait preuve de leadership. Suivant l’exemple de Central Park à New York, elle a fermé le bois à la circulation, créant ainsi un lieu préservé où les promeneur·se·s et les cyclistes ont pu venir respirer et se détendre pendant le confinement.

Au moment du déconfinement, cette fermeture a été remise en question. Les commerçant·e·s ont repris leur activité et exigé des places de parking ainsi qu’un espace de circulation pour leur clientèle. Sans compter les navetteur·se·s qui ont fait leur retour, même si c’est dans une moindre mesure. La concertation entre la commune d’Uccle, la Ville de Bruxelles et la Région a débouché sur un compromis bancal. La partie sud reste fermée à la circulation, tandis qu’au nord, l’avenue de Diane, l’avenue de la Belle Alliance, l’avenue de la Laiterie, l’avenue de Flore et l’avenue de Cérès ont été rouvertes, comme un double appendice au R21. Au moment même où les vacances d’été commencent et où les besoins en espaces de détente augmentent sensiblement…

La Ville de Bruxelles a cependant annoncé qu’il s’agissait d’une première phase avant de transformer en septembre 80 % du bois en zone sans voitures. La circulation de transit ne serait plus autorisée que sur l’avenue de Diane, qui deviendrait alors une voie à double sens. Le MR a néanmoins sauté sur l’occasion pour affirmer qu’il s’agit d’un des scénarios et que rien n’a encore été décidé.

Ce qui est parfait, car nous avons ainsi la possibilité de demander une nouvelle fois que le bois de la Cambre soit 100 % sans voitures !

Le plan Good Move est clair : le bois de la Cambre constitue une grande maille unifiée au sein de laquelle aucune circulation de transit n’est souhaitée. Faisons donc de ce parc arboré un modèle pour ce Bruxelles apaisé et attrayant que Good Move nous dépeint. 

Vous êtes d’accord ? Signez la pétition et accrochez notre affiche à votre fenêtre ! Vous en trouverez une version en français et une en néerlandais dans les annexes au bas de cette page.

Tim Cassiers

[1] Nulle part dans le bois, les mesures de bruit n’enregistrent une moyenne journalière inférieure à l’indice Lden de 55 dB, le seuil à partir duquel l’Organisation mondiale de la Santé considère que le bruit devient nocif pour la santé, alors même que le plan Bruit le désigne comme zone de confort. Source : Bruxelles Environnement
[2] Le bois de la Cambre est une zone Natura 2000. Il accueille notamment 16 espèces de chauves-souris.

Paris brille avec ses mesures pour le climat et le développement durable. Alors que le Ministre en charge de la Transition élabore notre Plan Climat à Bruxelles, voici un petit reportage sur celui de Paris dont nous avons pu prendre connaissance lors de notre voyage en février. 

De grandes ambitions et une belle transversalité

Tout d’abord, le plan doit une part de sa crédibilité à la grande transversalité dont il a bénéficié entre les administrations. Paris est arrivé à formuler une vision forte dont nous savons, ici, qu’elle ne peut émerger sans une collaboration rapprochée entre les divers services et secteurs d’activité -liés à la mobilité, à l’urbanisme, à l’énergie, à la biodiversité ou au logement, par exemple. Chacune des actions et chacun des plans de ces services sont subordonnés au Plan Climat, avec des exigences ambitieuses. Les Zones d’Aménagement Concerté (les “ZACs”,  lisez aussi le chapitre 1 de notre trilogie sur Paris), cet outil phare de la politique d’aménagement, sont par exemple considérées par la Mairie de Paris comme des “vitrines” pour la mise en oeuvre du Plan Climat. Si seulement nos PADs Bruxellois pouvaient en faire autant !

Des objectifs clairs par secteur d’activité

Le Plan Climat guide Paris vers la neutralité carbone en 2050 avec des objectifs exprimés pour chacun de ces secteur d’activité, ce qui n’est pas le cas pour Bruxelles et qui permettrait pourtant à chacun d’entre eux de communiquer clairement sur ce qu’il doit atteindre tout en faisant le lien avec la contribution des autres secteurs. Le travail de communication graphique, non négligeable à Paris, facilite aussi les choses.

Les avions et émissions délocalisées aussi dans le calcul

Autre atout, les émissions de ces secteurs sont rassemblées en une empreinte carbone comprenant les émissions directes et “indirectes” de gaz à effet de serre, c’est à dire même les émissions hors Paris. On pense à celles des avions ou de la production alimentaire liées à la consommation des parisiens par exemple.

Et de quoi rêver sur bien d’autres domaines

On notera aussi la mise en place d’une large consultation citoyenne, l’implication d’entreprises, et parmi les objectifs celui d’atteindre 40% du territoire en surfaces perméables végétalisées d’ici 2050, l’ajout de 20 000 arbres et 50 nouvelles zones humides d’ici 2030, l’ouverture au public d’au moins 300 îlots et d’un parcours de fraîcheur d'ici 2030 (cela fait un îlot de fraîcheur à moins de 7 minutes de chaque habitant), l’utilisation de 100% d’énergies renouvelables en 2050, et d’enterrer définitivement le diesel (d’ici 2024) et l’essence (d’ici 2030) dans une ville “100% cyclable”. Lisez aussi notre précédent compte-rendu “Ça bouge à Paris !?”.

Oui mais comment ?

Tant d’ambitions n’ont bien sûr pas manqué d’éveiller l’admiration, la curiosité et les questions de notre délégation Bruxelloise. Comment mettra-t-on toutes ces bonnes idées en œuvre ?

Par exemple, concernant la production d’énergie. Dans une vision de mobilité où l’électrique aura une place et alors que la France dépend majoritairement du nucléaire aujourd’hui, quelles seraient les implications concrètes et financières de cette transition énergétique? 

Qui va suivre ?

Concernant la participation, un nombre important de citoyens et collectifs ont été rencontrés avant la validation des objectifs. 

Le “plus dur” nous semble cependant encore à venir. Sensibiliser, inviter et aider tous les parisiens -citoyens, élus, entreprises et administrations- à contribuer à l’effort collectif que représente le changement radical d’habitudes impliqué par le plan n’est pas une bagatelle. Il s’agira pour les pouvoirs publics de dresser transversalement un plan d’actions garni d’indicateurs et d’évaluer avec transparence le travail en cours des acteurs.

Mais oui mais oui, et puis ?

De retour chez nous, une nouvelle législature s’entame aujourd’hui à Paris. Nous sommes très curieux de la suite que les parisiens -citoyens, élus, entreprises et administrations donc- donneront à cet ambitieux plan !

 

Si vous restez normalement (avant la crise corona) à la maison pendant au moins deux jours par semaine, veuillez remplir ce questionnaire avant le 6 juillet. 

Il faut environ 8-10 minutes pour remplir le questionnaire.  Ce questionnaire ne concerne pas seulement la crise corona (COVID-19), mais on en pose quand-même également quelques questions.

Le questionnaire se compose de 3 parties :

1.      Questions générales concernant vous-même et votre famille (19 questions) ;

2.      Questions concernant vos possibilités de transport (avant la crise corona) (9 questions) ;

3.      Questions concernant l'impact de la crise corona (COVID-19) sur vos options de transport (pendant la corona) (5 questions).

Parmi les participants, 25 bons d'achat (30 euros à HEMA) seront tirés au sort. 

Ce questionnaire est une collaboration entre l'Université de Gand (Dirk Lauwers, Sidharta Gautama, Frank Witlox), l'Université Libre de Bruxelles (Kobe Boussauw, Imre Keserü, Koos Fransen), l'Université d'Anvers (Thomas Vanoutrive), l'Université de Toronto Scarborough (Steven Farber, Matthew Palm), le Netwerk Duurzame Mobiliteit (Miguel Vertriest) et Mobiel 21 (Anke Bracke). Nous voulons rechercher des indicateurs de la pauvreté dans les transports en Belgique afin de pouvoir conseiller les politiques. Votre participation rend cette recherche possible. 

L'association de protection de la nature CCN Vogelzang CBN milite depuis des années pour la protection de la nature dans la vallée de Vogelzangbeek à Anderlecht. Après l'assouplissement des mesures de confinement, nous avons été surpris de découvrir qu'un important corridor vert sur le site situé chaussée de Mons, 1425, à Anderlecht avait complètement disparu. Le site est adjacent à la réserve naturelle de Vogelzang. Ce corridor vert était constitué de hautes tiges de différentes espèces datant de plusieurs décennies et constituait ainsi un lien indispensable pour la migration de la faune et de la flore dans l'environnement urbain. Le couloir ressemblait à une "mini-forêt". Précisément maintenant que la plantation d'arbres occupe une place de choix dans les plans politiques visant à rendre la ville plus résistante au climat, cette mini-forêt pouvait-elle bien disparaître ?

Les arbres contre les panneaux solaires

Après enquête auprès du service de l'urbanisme, il est apparu que le 30/3/2017, le Collège des Bourgmestre et Echevins avait délivré un permis d'abattage d'une validité de 2 ans. Bien que les arbres étaient sains, l'administration communale a trouvé 4 raisons pour justifier l'abattage. La raison la plus étonnante était le souhait du propriétaire d'installer des panneaux solaires alors que les arbres cachaient 70 % du toit. Si des responsables politiques estiment que les grands arbres doivent être remplacés par des panneaux solaires, les objectifs climatiques risquent de ne jamais être atteints. En plus, un simple clic sur Google Earth montre que c'est absolument faux.
Le permis n'a pas tenu compte de la valeur naturelle de ce corridor vert et l'obligation pour le propriétaire de planter 25 nouveaux petits arbres montre le manque de connaissances sur la fonction des grands arbres dans l'écosystème. En tout état de cause, le permis avait expiré le 30/3/2019 !

Tous les arbres ne sont pas égaux devant la loi

La Région de Bruxelles-Capitale applique à juste titre une législation stricte pour protéger la faune et la flore dans les réserves naturelles. En dehors des réserves, c'est l'inverse qui se produit, et les règlements d'urbanisme existants permettent de plus en plus que la nature soit ignorée pour pouvoir réaliser toutes sortes de projets privés et publics.
Ainsi, un permis d'abattage dans la réserve est soumis à une procédure stricte et est interdit après le 1er mars. Le même arbre en dehors de la réserve peut être abattu jusqu'au 1er avril et sa valeur naturelle ne compte visiblement pas. Pour les sites privés, le permis n'a pas à être annoncé publiquement alors que ces arbres font tout autant partie de l'écosystème général. Ces 22 arbres ont probablement été abattus pendant la période de reproduction, mais personne ne le sait car le demandeur n'est pas tenu d'informer la Commune de la date du début des travaux. De nombreuses autres associations de protection de la nature à Bruxelles doivent également faire face au fait que leurs efforts pour conserver la nature, sont menacés par toutes sortes de projets et par le bétonnage continu de l'espace ouvert restant. Les espaces naturels de Bruxelles risquent de devenir des îles isolées au détriment de la biodiversité.
Une leçon importante de la période du coronavirus est que nous avons tous besoin de plus de nature et qu'à Bruxelles, il faut radicalement renverser la vapeur.

Contact

Association Nature asbl CCN Vogelzang CBN :
Bernadette Stallaert: stallaert@gmail.com; 0478/344 142
CCN-vogelzang-CBN : ccnvogelzangcbn@gmail.com
http://users.edpnet.be/ccnvogelzangcbn/
http://observations.be/gebied/view/32592
https://www.facebook.com/ccnvogelzangcbn/

Une grande partie des habitants de Bruxelles n'ont pas accès aux lieux de décisions, sont méfiants à l'égard des autorités et font l'objet de discriminations. Comment impliquer ces personnes dans le développement de leur quartier ?

Une poignée de travailleurs de terrain et de chercheurs, ainsi qu'un certain nombre de personnalités clés, ont travaillé sur cette question dans trois communautés à Bruxelles. Leur mission : développer une culture de l'initiative citoyenne et de la solidarité à partir de la base. Leurs mots de code : valorisation, connexion, autogestion, analyse de groupe, interpellation politique... Leurs résultats : de quoi remplir une publication entière.

Bientôt sur votre table de chevet ?

La publication est maintenant prête. Après trois années intenses d'expérimentation autour du développement communautaire basé sur les atouts des quartiers, les partenaires du projet CitizenDev, dont le BRAL, ont rassemblé leurs expériences et recommandations.  Cette publication relate de notre recherche pour de nouvelles façons de transformer les citoyens en acteurs de leur environnement. Les habitants des quartiers défavorisés se sentent-ils capables de s'engager dans une initiative citoyenne ? Comment faire naître des projets à partir des atouts et des rêves des habitants d'un quartier ? Quelle est l'importance d'un lieu de rencontre géré par les citoyens ? Et en tant que professionnel, peut-on attendre des gens qu'ils s'engagent gratuitement dans un projet de quartier ?

Le BRAL et ses partenaires ne se limitent évidemment pas à une analyse. Les auteurs amènent aussi des recommandations. Qu'est-ce que tout cela signifie pour les appels à projets du gouvernement ? Pour les contrats de quartiers durables ? Pour les travailleurs sociaux dans les maisons de quartier ou les centres culturels ?

Portraits

La publication est entrecoupée de portraits de six personnalités clés des trois communautés et de deux portraits d'initiatives citoyennes issues du projet. L'ensemble décrit les attentes, les luttes et les succès des "connecteurs" des trois communautés. Avec les nombreuses photographies et dessins, ces témoignages colorés vous donneront, nous l'espérons, le désir de contribuer à un développement communautaire plus « bottom-up » !

Télécharger la publication ci-dessous, ou commandez votre exemplaire en papier de 'Faire collectif à Bruxelles , l’initiative citoyenne et l’expérience «CitizenDev»' gratuitement via info[a]bral.brussels.

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 - Il était une fois : trois comunautés, une nouvelle approche

CHAPITRE II - Assembler des "briques méthodos", pour accompagner l'émergence et la pérennisation d'une culture 'initiatives citoyennes

Portrait : Yves, le " MacGyver " du quartier Brabant
Portrait : Maryem, Ce projet représente beaucoup pour moi. C'est ma vie, c'est ma fierté
Portrait : Léonor, une cuisinière qui a les pieds sur terre
Portrait : Marianne, à cent à l'heure pour le local
Portrait Sérigne, un passeur de cultures à Matongé
Portrait : Papa Victor, un rérérent pour les coiffeurs de Matongé
Portrait : Le Local, que se passe-t-il au 97 rue Verte à Schaerbeek ?
Portrait : La Green Cantine, où se rencontrent passion de la cuisine et destins de femmes

CHAPITRE III - Perspectives : l'ABCD dans notre société

Le projet CitizenDev a été réalisé par le BRAL, EVA bxl, Community Landtrust Brussels et les partenaires de recherche Sasha/ULB en CES/USaint Louis. Le projet a été financé par Innoviris dans le cadre de Co-Create.

Avez-vous parfois aussi l’impression de pouvoir goûter la pollution atmosphérique de Bruxelles ? La qualité de l'air à Bruxelles doit s'améliorer. C'est une priorité pour le BRAL. En 2015, il manquait de mesures pour cartographier la qualité de l'air. Les Bruxellois.e.s ne connaissaient pas non plus les effets du mauvais air sur la santé. C'est pourquoi le BRAL et Bruxelles Environnement ont commencé une collaboration : ExpAIR. Par le biais des initiatives de mesure d'ExpAIR, nous voulons sensibiliser les Bruxellois à l'impact de la pollution de l'air.

De la mesure …

Dans le cadre du projet ExpAIR, et en partenariat avec Bruxelles Environnement, nous avons commencé à mesurer avec des compteurs mobiles de black carbon au cours des premières années. Ces appareils sont très sensibles et mesurent la quantité de suie de diesel dans l'air. C'est ainsi que nous avons voulu alimenter les connaissances scientifiques sur la pollution de l'air à Bruxelles. Plus tard, nous avons mis en place le projet AirCasting avec la VUB et l'Airbeam. Il s'agissait de la citizen science 2.0 : il ne s'agissait pas seulement de mesurer mais aussi d'impliquer les citoyens dans la conception de la recherche scientifique. En conséquence, l'ensemble du protocole de recherche, des données et du traitement est accessible au public. Grâce aux actions de mesure, nous avons recueilli beaucoup de nouvelles données.

À l’action !

Mais pour le BRAL, il ne s'agissait pas seulement de mesurer. Mesurer n'est qu'une première étape. C'est une façon d'apprendre, de se mobiliser et de débattre des problèmes et des solutions pour une Bruxelles saine. Après avoir outillé les Bruxellois de ces connaissances, ils sont eux-mêmes passés à l'action. Le groupe Bruxsel'Air, par exemple, est issu d'une de ces campagnes de mesure. Il est toujours actif aujourd'hui. Les premiers États généraux sur la qualité de l'air et le lobby des citoyens (des citoyens qui font pression sur les politiciens pour un air plus pur à l'approche des élections) en sont également des émanations.

Le BRAL présente Piek-a-boo

Grâce à ExpAIR, les pics de pollution ne peuvent plus se cacher. Au cours de nos recherches, nous avons fait un certain nombre d'observations frappantes. L'importance des espaces ouverts pour réduire la pollution, par exemple, mais aussi ses limites.

Rejoignez notre promenade digitale Piek-a-boo pour en apprendre davantage sur les points pollués de Bruxelles. Dans trois films Piek-a-boo, nous vous emmenons, Airbeam à la main, dans des endroits de Bruxelles que vous connaissez bien pour montrer comment la qualité de l'air évolue. Avec ExpAIR, nous continuons à nous impliquer pour un débat informé à propos de la qualité de l'air.

Ce film Piek-a-Boo a été réalisé avec le soutien de Bruxelles Environnement, dans le cadre d'ExpAIR.

Rejoignez-nous !

Vous voulez aussi mesurer ? Venez emprunter un Airbeam du BRAL ! Appelez-nous (02 217 56 33) ou envoyez-nous un e-mail (info at bral.brussels) pour plus d'informations. Vous pouvez emprunter l'Airbeam pour une durée de 2 à 6 semaines. Nous vous expliquerons comment le relier à votre smartphone (tout en respectant votre vie privée) et comment interpréter les données de vos mesures par la suite.

dessin: VAINSAN

L'ancien site de l'OTAN à Evere et les sites adjacents de la défense Belge seront bientôt démilitarisés, libérant ainsi quantité d'hectares à cheval sur Bruxelles et la Flandre.  Pour la première fois, ces 2 Régions élaborent ensemble des plans pour le site et ses environs. Yes we can. Que prévoient-elles ? Où en sont les projets ? Que s'y passera-t-il ? Et …y aura-t-il oui ou non des moutons qui paîtront sur le domaine militaire ?

>>Exclusif ! Venez le découvrir au tour à vélo interrégional du BRAL. Autour et à travers du magnifique domaine militaire !

En présence de: Perspective Brussels, Ruimte Vlaanderen, la Défense Belge, Bruxelles Environnement, des associations, des riverains et d’autres  encore.

Langue :  chacun parle sa langue (FR+NL)

Début: 13h45 à l’entrée du cimetière de Bruxelles, avenue du Cimetière de Bruxelles 159 (pas à Bruxelles donc). Fin prévue à 17h30 avec un apéro-débat.

Pour info: Evenement corona-proof si vous venez avec votre masque (et gel désinfectant)

S'inscrire n'est plus possible. Nous demandons vos coordonnées pour des raisons de corona et de Défense.

Vous trouvez plus d'info sur le site de Perspective.

Intro

Vous êtes un citoyen désireux de vous engager pour votre quartier, mettre sur pied des activités accessibles et bénéfiques au plus grand nombre ? Ou un travailleur social qui souhaite impliquer davantage les habitants, de manière bottom-up ? Vous êtes un fonctionnaire ou élu et vous estimez que des projets pensés et portés par des citoyens solidaires ne peuvent que venir enrichir le tissu publique ou associatif existant ? Si vous avez répondu “oui” à une de ces questions ou si vous êtes tout simplement curieux et intéressés par ces démarches, cette publication est pour vous !

Au printemps 2017, cinq partenaires se lancent dans l’aventure CitizenDev pour stimuler et accompagner la mise sur pied d’initiatives citoyennes de tous types. Cette recherche-action participative mêle trois associations bruxelloises Eva Bxl, CLTB et le BRAL, le monde de la recherche scientifique (Centre de Recherche Sociologique de l’Université Saint-Louis et le laboratoire Sasha de l’Université Libre de Bruxelles) et enfin les citoyens. Chacun détient une partie de la connaissance, et il s’agit d’essayer de recomposer l’édifice ensemble. Comment est-ce que des habitants en apparence très différents peuvent combiner leurs forces, envies et connaissances, travailler côte à côte pour mettre sur pied des projets collectifs qui bénéficient à la collectivité ? Quelles sont les différences et similitudes observées à travers les terrains ? Est-ce que les initiatives citoyennes construites par les habitants vont survivre à la fin du projet? Et peut-on envisager une transférabilité vers d’autres quartiers, d’autres groupes ?

Les trois associations ont chacune développé leurs projets dans un lieu et un contexte spécifique, ce que nous appelons des ‘living labs’, des lieux d’expérimentations collectives. Notre publication fera le tour de ces différences et mettra en exergue les points communs qui sont ressortis au bout des trois ans qu’a duré le projet.

Dans le chapitre ‘Il était une fois: trois communautés, une nouvelle approche’ nous vous présentons nos trois “living labs”: le “Quartier Brabant”, la “Communauté sub-saharienne à Matongé”, et la “Communauté des membres du Community Land Trust de Bruxelles”. Nous vous expliquons notre démarche, à savoir partir des atouts, des compétences des gens en présence en utilisant l’approche Asset-Based Community Development, dite approche ABCD, et nous vous présentons comment nous l’avons articulé à l’interpellation et l’implication de pouvoirs publics.

Dans le chapitre ‘Assembler des “briques méthodos”, pour accompagner l’émergence et la pérennisation d’une culture d’initiatives citoyennes’ nous vous expliquons les différentes “briques méthodologiques” qui composent notre cocréation. Pour chacune de ces briques, nous fournirons une analyse des aspects qui ont été positifs et porteurs de sens et/ou d’actions ainsi que de ce qui s’est avéré être compliqué, tendu, voire impossible. Enfin, nous proposerons quelques perspectives d’action, en tenant compte du paysage institutionnel bruxellois. De plus, au fil de la publication, afin d’illustrer nos propos, nous vous proposons une série de portraits de personnes impliquées au sein de CitizenDev d’une part, et d’initiatives concrètes d’autres part.

Dans l’idée de proposer un guide de bonnes pratiques qui pourrait servir à d’autres, nous discuterons des leçons que nous avons tirées de ces trois années sur le terrain. Dans le dernier chapitre, les Perspectives, nous présenterons certaines recommandations pour tenter de rassembler nos “briques” en une boîte à outils.

Les citations dans le texte proviennent des entretiens qualitatifs réalisés par les chercheuses ou travailleu.se.rs ou de prises de notes faites durant les moments de réunions collectives.

Lisez la publication complète ici

Il était une fois : trois communautés, une nouvelle approche

Bruxelles en 2017. Pour une grande partie de sa population un emploi salarié et stable n’est plus accessible; la relation avec les autorités est tendue; des discriminations profondes font partie de leur quotidien. Dans ce contexte une poignée de travailleu.ses.rs et chercheuses ainsi qu’une phalange de “leaders” communautaires se mettent au travail. Leur mission: voir le verre à moitié plein et faire émerger des solutions bottom-up.

Quartier Brabant

Le quartier Brabant, en plein dans le « croissant pauvre » de Bruxelles, est marqué par des phénomènes bien connus, tels que l'insalubrité de nombreux logements, un taux de chômage élevé, une multitude de cultures, nationalités, qui cohabitent sans vraiment se connaître, voire qui se méfient les unes des autres. En 2017, lorsque le projet CitizenDev démarre, deux nouvelles travailleuses sont engagées par EVA Bxl pour trouver des réponses à l’inaccessibilité de l’emploi salarié dans ce quartier. Heureusement, entre 2015 et 2016, cette association menait déjà un projet de travail communautaire dans le même périmètre, créant ainsi au fil du temps un climat de confiance, propice à l’entraide et à la solidarité entre voisins.  En 2017, les 2 travailleuses se mettent à la recherche d’un local, un lieu qui serait propre au projet et donc propre aux habitants eux-mêmes. Dans l’intervalle, elles sont présentes dans l’espace public, dans les associations du quartier et font du porte à porte. C’est lors d’une brocante de quartier, alors qu’elles viennent tout juste de dénicher un local approprié mais dans un état déplorable, qu’elles rencontrent Yves, non seulement bricoleur mais qui de plus vient de prendre sa pension et a du temps à donner. Coup de chance !

A partir de ce moment, leur projet démarre réellement, avec l’opportunité incroyable que les habitants puissent s’approprier le lieu en participant à sa rénovation, chacun à sa manière : qui en nettoyant, qui en bricolant, qui en apportant du thé et des gâteaux, de la peinture, des sacs poubelle... Personne n’est exclu. La rénovation du “Local du Quartier” prend deux bons mois, et son ouverture est fêtée en grande pompe début décembre 2017: le petit local ne pouvant contenir tout le monde, les voisins se pressent sur le trottoir, chacun se réjouissant du rôle (petit ou grand), qu’il ou elle a joué (“tu as vu, c’est moi qui ai peint ce mur-là!” ou bien “encore bien que je leur ai donné toutes ces tasses qui étaient dans ma cave, elles servent bien aujourd’hui”).

Suite à l’ouverture, les travailleuses organisent des réunions ouvertes à tous, en début de soirée, pour que le plus grand nombre puisse participer aux décisions collectives et donner son avis sur la foule de questions qui se posent : qui peut avoir les clés ? Quelles sont les choses qui ne peuvent être tolérées au Local (point qui mènera à la co-rédaction d’un règlement d’ordre intérieur) ? Et surtout, quelles sont les premières activités que les habitants souhaitent lancer ? Ici, c’est véritablement le fait d’avoir un local qui a propulsé les habitants à s’emparer du projet. La « Team » du Local du Quartier est lancée.

La communauté sub-saharienne à Matongé

Au même moment, un artiste/journaliste radio/travailleur communautaire issu lui-même de la diaspora Congolaise, engagé par le BRAL[1] pour faire émerger des initiatives citoyennes, s’installe avec une caravane dans les rues de Matongé, le quartier à Ixelles qui est le point de rencontre d’une communauté issue de l'Afrique sub-saharienne.

Le BRAL est un ‘Mouvement Urbain pour Bruxelles’, dont le slogan est ‘Citizens Action Brussels’. Il défend et soutient depuis 1973 des actions citoyennes pour un meilleur environnement urbain et est désireux de tester une nouvelle méthode pour construire le développement urbain d’en bas.

Avec le collègue d’Habitat et Rénovation, le nouveau travailleur sert du café aux passants à Matongé, papote avec toutes et tous et enregistre leurs propos, ce qu’ils aiment faire, leurs idées, leurs envies. Tantôt il oriente un groupe de chant à la recherche d’un local vers un centre culturel proche, tantôt il met en connexion un amateur-menuisier et un comité de rue qui veulent mettre des bacs de fleures pour ralentir le trafic.

Le choix de travailler ici, avec cette communauté, n’était pas un hasard. Quoique relativement bien qualifiée et diplômée, la communauté sub-saharienne est confrontée à des discriminations, de profonds sentiments d'injustice et une situation économique relativement faible. De plus, le caractère africain du quartier est en détérioration, face à la gentrification et l’augmentation constante des loyers. Quand le travailleur parle d’une nouvelle approche de développement communautaire qui valorise les atouts locaux, nombreux réagissent de manière enthousiaste. Finalement un projet qui prend en compte leurs savoirs-faire, leurs rêves et les caractéristiques du quartier! Rapidement un groupe d’une vingtaine de personnes ressources dans le quartier se rassemble dans ce que nous appelons la ‘Table des Connecteurs’, comité de pilotage et de mise en réseau du projet. Des personnes intéressées par une thématique centrale au quartier, “la valorisation de Matongé”, sont identifiées. Un premier brainstorming rassemble beaucoup de gens et fait émerger quatre initiatives citoyennes. Une douzaine d’autres initiatives suivront, autour de la verdurisation, la culture, le commerce locale… Un effet boule de neige est lancé!

La communauté des membres du Community Land Trust de Bruxelles (CLTB)

Au CLTB, l’histoire est à la fois proche et différente. Cette association développe des projets de logement perpétuellement abordables à Bruxelles pour des personnes à revenus limités, sur des terrains possédés en commun. Par-delà les logements, le CLTB a comme objectif de co-construire, avec les habitants et les associations de terrain, une ville juste et inclusive.

Contrairement aux deux autres living-labs, au CLTB, la dynamique de citizendev ne née pas autour d’un quartier mais autour de la volonté de mettre en lien des personnes qui appartiennent au même mouvement. Inscrits sur une liste en attente d’un logement, membres engagés pour une ville plus juste, associations partenaires,  les profils des uns et des autres sont extrêmement variés. La démarche est la même : ici aussi, des travailleurs sont partis à la recherche des atouts, des compétences et des envies de la communauté des membres pour voir, avec eux, comment renforcer le mouvement et s’entraider.

Travailleurs, bénévoles et stagiaires sont partis progressivement à la rencontre des membres inscrits au CLTB dans l’espoir de mieux les connaître et de voir quels liens pourraient se former entre ces 450 membres.  Mieux parler le français, cuisiner ensemble, découvrir Bruxelles, apprendre à rouler à vélo, organiser des ateliers couture, offrir des services de réparation… Les idées furent rapidement nombreuses. Une ‘Table des Connecteurs’ d’une vingtaine de membres, jeunes et moins jeunes, candidats acheteurs ou non, se sont réunis régulièrement pour réfléchir ensemble aux différents projets à soutenir. Sachant que les candidats acheteurs habitent aux quatre coins de Bruxelles, il n’est pas toujours évident de se rassembler pour une heure ou deux d’activités entre l’école des enfants ou un boulot à horaire décalé… Des bâtiments achetés par le CLTB en attente de rénovation sont venus à point. Leur occupation temporaire a permis d’organiser des tables d’hôtes, des activités pour les enfants, et des rencontres avec le quartier.

Trois communautés, plein d’atouts

Il est clair que les trois communautés que nous avons décrites ci-dessus présentent de nombreuses différences, mais elles ont en commun le fait de rassembler en leur sein des habitants ayant un capital économique relativement faible. Nombreux sont ceux pour qui un emploi stable n’est plus accessible ou ceux qui sont confrontés avec des discriminations profondes ; on peut parler d’un dénis de reconnaissance culturelle. Quoi que les quartiers populaires ont leurs propres réseaux sociaux, leurs propres « centralités [2]»[1] , on constate que leurs habitants sont souvent déconnectés des réseaux dominants de la société urbaine.

CitizenDev part du constat que les politiques publiques actuelles, si elles tentent de trouver des solutions viables, sont insuffisantes et peuvent également renforcer le sentiment qu’en tant qu’habitant, nous n’avons parfois aucune prise sur notre cadre de vie. Par exemple, les politiques liées à la mise à l’emploi obligent une fraction croissante de la population à courir derrière un emploi, souvent inaccessible, plutôt que d’encourager le développement et l’exercice des talents et envies personnels. De manière similaire, les outils dits de revitalisation urbaine réfléchissent et agissent en terme de problèmes à résoudre, plutôt que comme potentiels à mobiliser.

Dans ce contexte, CitizenDev a fait le pari de renverser la dynamique avec une approche venant des USA, la « Asset-Based Community Development (ABCD) ». Cette méthode de travail social communautaire alternative, que nous avons testé pour la 1e fois à Bruxelles, s’organise à partir d’un “inventaire des atouts” à l’échelle locale, des « gifts » ou « dons » du quartier dans un sens large : connaissances et savoirs-faire des habitants, du tissu associatif et des commerçants, ou encore, les atouts physiques propres à un quartier. Le but est de créer ensuite, sur base de ces atouts, une culture d’initiative citoyenne et d’entraide.

Dans l’ABCD, il n’y a aucune prédétermination en termes de résultat attendu ; toutes les initiatives sont valables, pour autant que celles-ci soient pensées et portées par des habitants désireux de donner de leur temps et énergie, de partager leurs expériences ou d’apprendre de nouvelles choses. Une fois que des initiatives voient le jour, une autre étape consiste à les mettre en réseau, à la fois entre elles, et avec la société qui les entoure, avec le but de petit à petit les amener vers une forme d’autonomisation et de reconnecter des réseaux. Sans nier les conflictualités, il s’agit de rechercher de nouveaux modes de mobilisation, capacitation, coopération.

En travaillant de cette manière, il s’agit de passer de l’activation externe à une auto-activation, c’est-à-dire à des projets pensés et créés par des habitants pour des habitants, par opposition aux projets créés par des professionnels à destination de publics spécifiques et fragmentés. Par ce biais, le citoyen devient un acteur de son cadre de vie et entame un processus de capacitation. En participant à la création d’initiatives qui seront utiles ou nécessaires au quartier, le citoyen retrouve de son pouvoir d’agir, même si c’est à une petite échelle, celle de son quotidien.

Les pouvoirs publics dans le bain !

L'initiative citoyenne n’est pas, pour nous, un prétexte à une déresponsabilisation des pouvoirs publics. Il est impensable que des communautés locales et/ou culturelles soient laissées seules en charge de la solidarité et du bien-vivre. C’est pourquoi nous avons complété l’approche ABCD, dans un deuxième temps, par une interpellation politique. Cette interpellation se base sur une analyse commune de nos expériences réalisée par le biais de la Méthode d’Analyse en Groupe (MAG)[3], qui a pris le nom de “Metalab”. Au terme des cinq séances de ce Métalab, nous avons organisé un Metalab final, où une série d’acteurs externes ont été invités pour entendre les questionnements soulevés par CitizenDev et les mettre sur l’agenda d’acteurs publics.[4] En plus nous avons fait de même avec une visite/table ronde en février 2020. Ensemble nous avons évalué si le processus peut être un modèle pour enrichir le développement urbain de demain, en cocréation, entre les citoyens, les pouvoirs publics et l’associatif.

 

[1] A Ixelles le BRAL collabore avec les travailleurs de l’asbl ixelloise Habitat & Rénovation, dans le cadre d’un financement supplémentaire par le Contrat de Quartier Durable Athénée.
[2] Voir aussi le concept “centralité populaire”, développé par le collectif de  chercheurs ‘Rosa Bonheur’, selon lequel les quartiers populaires, souvent périphériques et perçus comme étant “à problèmes” sont en réalité centraux pour les classes ouvrières qui les peuplent. http://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2014-1-page-125.htm
[3] Voir le chapitre ‘briques 7 et 8, analyse en groupe et interpellation politique’.
[4] Entre autres Actiris, Direction de la Rénovation Urbaine, Perspective Brussels, Bruxelles Environnement, Fondation Roi Baudouin…

 

Yves, le MacGyver du quartier Brabant

C’est au carrefour de la Rue Verte et de la Rue Dupont, à Schaerbeek, que se trouve le Local de Quartier. Ce lieu intergénérationnel et multiculturel est mis à disposition de toutes et tous : la porte y est toujours ouverte au sens propre comme au figuré. Chaque semaine, une multitude d’activités y sont organisées, comme une Bourse à Vêtements, du soutien scolaire ou encore un Repair Café.

Dans le quartier Brabant, Yves le bricoleur, est reconnu pour son savoir-faire : les problèmes de plomberie et de peinture n’ont pas de secrets pour lui. D’ailleurs, il a déjà apporté son aide à plus d’une personne : « Je croise souvent des gens dans la rue chez qui j’ai été faire un bricolage. On papote un peu : j’ai beaucoup de contacts par ce biais ». C’est la rencontre avec Andréa, une travailleuse de CitizenDev, qui l’a impliqué dans le projet du Local de Quartier . Au début, il ignorait son état: « Je croyais qu’il était en ordre. Après l’avoir visité, j’ai proposé de faire des travaux. ». Ses compétences, il les a mises au service du projet en travaillant durant deux mois pour remettre le lieu à neuf : « J’étais tout seul chez moi et du coup, je venais avec mon caddie et tous mes outils, je bricolais la journée et je rentrais le soir à la maison. J’aimais bien ».

Yves, c’est un débrouillard. Son parcours de vie atypique a été marqué par des rebondissements et des expériences uniques : stage en Suède, travail dans une entreprise de fil à souder, chauffeur pour le Palais royal à Bruxelles, puis chauffeur de bus pour les enfants d’écoles du quartier et bénévolat par-ci par-là. Un parcours jalonné de quelques embûches, mais Yves n’est pas du genre à baisser les bras : c’est même le premier à se relever les manches et à voir le verre à moitié plein : « Moi je vois toujours le positif. » Il a toujours su rebondir en saisissant les opportunités qui s’offraient à lui, notamment via ses rencontres.

Pensionné, Yves a la possibilité de consacrer du temps au Local. « Ce qui me motive, c’est le fait de rendre service. Cela m’apporte aussi des contacts, du dialogue et je ne suis pas sans rien faire. Parce que si je reste sans rien faire, enfermé chez moi, je ne sers à rien. Après avoir travaillé 47 ans, tu comprends, je vis tout seul maintenant et le Local, ça me donne un but. » Avant le Local, l’engagement dans le quartier faisait déjà partie de sa vie. En plus d’être le « Repair café man » comme dit Feddal, un autre membre actif du projet, Yves a aussi la main verte. Il l’a d’ailleurs mise au service des potagers collectifs du quartier: « Quand je suis arrivé dans la commune, j’ai eu contact avec une dame qui travaille au Soleil du Nord et elle m’a demandé si ça m’intéresserait de faire des cultures. J’avais un jardin potager chez moi à la maison, alors c’est surtout pour montrer aux gens comment il faut s’y prendre. »

Ce qui est capital pour lui, c’est le lien car ce Local est un véritable lieu de rencontres et d’enrichissements mutuels : « J’aime bien être en contact avec les gens. Pour moi, c’est ça le plus important et ils me le rendent bien. » Le vrai hic, le nœud qu’il aimerait résoudre, c’est le fait que le projet puisse devenir permanent: « Ce que je voudrais apporter, c’est que le projet continue, parce que si ça s’arrête, qu’est-ce qu’on va faire, nous ? »

Portrait réalisé par Montaine Kayaert, Romane Marchal et Lucie Roba

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